Merci de ta réponse Jassou.
Et de ton encouragement, c'est bien apprécié.
Pour la lubrification qui peut arriver pendant un viol, il s'agit d'un reflexe physique automatique pour se protéger de la douleur. Comme la transpiration protège en parti le corps de l'excès de chaleur, et le frisson (chair de poule) protège en parti le corps de l'excès de froid en faisant redresser la pilosité. C'était davantage vrai pour nos lointains ancêtres qui avaient une plus forte pilosité, mais ce réflexe physique est quand même resté dans notre corps même aujourd'hui. La lubrification qui peut arriver pendant un viol est un peu le même phénomène. Le corps se défend de la douleur, c'est un réflexe d'auto-défense face à la violence, car la lubrification atténue la douleur. Quand j'étais enfant et que les actes arrivaient, c'est souvent un réflexe aussi des victimes de "faire semblant" de se soumettre ou d'être consentant. Car on sait que l'agresseur peut devenir encore plus violent quand on lui résiste, alors le corps des victimes peut avoir le réflexe automatique de se défendre en "faisant semblant" pour éviter que la violence augmente, ce qui peut parfois impliquer aussi une lubrification.
Cet article en anglais d'une revue scientifique explique le phénomène.
https://www.popsci.com/science/article/ ... uring-rape" onclick="window.open(this.href);return false;
L'article ci-dessous paru dans Paris-Match parle de l'article en anglais. Ça se traduit un peu comme ceci.
https://parismatch.be/actualites/societ ... nt-un-viol" onclick="window.open(this.href);return false;
« Le corps d’une victime de violence peut réagir de plein de manières différentes. Cela ne change rien au fait que le viol est un crime ». La journaliste militante Clara Gonzales, créatrice du numéro anti-relous, ensuite : « Le ‘plaisir physique’ parfois ressenti est un mécanisme de défense que votre corps et votre cerveau mettent en œuvre pour vous protéger. Rien à voir avec votre jouissance sexuelle libre qui ne saurait vous être volée, jamais ».
Le corps d’une victime de violence peut réagir de plein de manières différentes. Cela ne change rien au fait que le viol’est un crime. Placer cette phrase alors que l’on parlait de plaisir sexuel donne un sentiment de banalisation de la violence.
— Caroline De Haas (@carolinedehaas) 10 janvier 2018
Le corps a ses raisons que la raison ignore
La presse scientifique a déjà expliqué par le passé ce phénomène troublant pour les victimes, utilisé ici comme un argument massue : « Le corps n’en profite pas – il tente de se protéger », relate ainsi la revue Popular Science, sur base de nombreux entretiens et recherches. « L’orgasme durant le viol n’est pas un exemple de l’expression du plaisir. C’est un exemple d’une réponse physique, que l’esprit soit à bord ou non, comme haleter, transpirer, ou avoir un pic d’adrénaline. Les thérapeutes utilisent souvent l’analogie des chatouilles. Bien que les chatouilles puissent être agréables, quand elles sont faites contre le souhait de quelqu’un, elle peuvent être une expérience très désagréable. Et durant cette expérience désagréable, bien qu’il demande d’arrêter, celui qui est chatouillé peut continuer de rire », explique la journaliste scientifique Jenny Morber. « Dans les rapports violents, l’excitation physique intense provenant de la peur peut augmenter les sensations sexuelles dans un processus appelé ‘transfert d’excitation’ ».
De manière assez simple, nos corps répondent au sexe. Et nos corps répondent à la peur. Nos corps répondent. Ils le font de manière unique et bien souvent entièrement sans notre permission.
L’article assure : « La sensation n’est pas l’expression d’un plaisir ou du consentement… c’est simplement un sensation physique ».
Si Popular Science relaie une étude qui fait état d’une proportion de 4 à 5% des viols ponctués par un orgasme, il semblerait que la réalité excède ce nombre. Dans un article daté de 2004, un clinicien rapportait : « J’ai rencontré un plutôt grand nombre de victimes [masculines] qui avaient eu une réponse sexuelle à un viol… J’ai rencontré de nombreuses femmes victimes d’inceste et de viol qui faisaient état de lubrification et d’orgasme ». À vrai dire, toujours selon le site scientifique, on en saurait même encore bien peu sur ce que signifie exactement l’euphorie sexuelle, de manière générale.
Extrait du site belge « Non aux violences », violences sexuelles.be.
L’orgasme comme réaction instinctive et naturelle n’est pas sans conséquence pour les victimes : en plus du trauma que constitue l’expérience d’une agression sexuelle, celles-ci font état d’une honte à ne pas avoir su « contrôler » leur corps et d’avoir ressenti ce climax. Il donne aussi du grain à moudre à ceux et celles qui entendent encore, en 2018, déposséder les personnes ayant subi ces abus de leur statut de victime, pour en faire des complices qui s’ignorent. « La réalité est que la réponse d’excitation sexuelle du corps n’est pas plus une indication de culpabilité ou de maladie mentale qu’une fréquence cardiaque élevée ou qu’un rush d’adrénaline ne le serait dans de pareilles circonstances », conclut Jenny Morber.
Pas de pudibonderie voilée qui ne tienne, donc : c’est physique, imprévisible et inévitable, tout simplement. Et ce ne sera probablement jamais un argument à lancer pour défendre la liberté sexuelle.