Les mots en "oune"
Quelle coincidence... Le blogue sur la langue française que l'on retrouve sur le site cyberpresse.ca a publié dimanche dernier une chronique sur les mots en "oune", avec une introduction qui ressemble étrangement à mon premier message pour lancer le sujet... bizarre...
Quoi qu'il en soit, voici un copier/coller de cette chronique :
Le dimanche 24 avril 2005
Les mots en «oune»
Le saviez-vous ? Dans toute la francophonie, il n’y a qu’au Québec que l’on trouve autant de mots se terminant en « oune ». Non qu’ils soient bien nombreux : sauf erreur, on en compte une petite vingtaine tout au plus. Mais ils sont si familiers (dans tous les sens du terme!) qu’on a peine à croire qu'ils sont inconnus ailleurs. Quelques-uns tirent manifestement leur origine de mots anglais. C’est le cas de balloune (balloon : ballon de baudruche), de baboune (baboon : babouin) et de toune (tune : mélodie). Mais les autres ? On peut soupçonner que « pitoune » a une parenté avec spittoon (crachoir), mais laquelle ? D’où viennent gougoune, noune, foufoune, guidoune et les autres ? Une chose est sûre : tous ces mots appartiennent au registre familier et plaisant. On ne les entend que très peu dans les ambassades! Ils jouent un rôle hypocoristique ou euphémique, c’est-à-dire qu’ils servent à adoucir le discours ou à masquer les réalités. Et notons que le seul du genre masculin est « ti-coune ». Pourquoi? Mystère et boule de gomme (balloune, bien sûr).
On essaie un petit classement? (J’ajoute la « traduction » pour nos amis d’outre-mer, avec mes excuses aux âmes chastes…)
Ceux qui désignent les parties sexuelles :
Bizoune : pénis (se dit aussi « zoune »)
Foufoune : fesse
Noune : vulve
Ceux qui ont une connotation négative ou péjorative :
Baboune : moue boudeuse, lèvres charnues
Guidoune : putain; femme facile; politicien ou artiste cabotin
Moumoune : homosexuel efféminé; personne timorée
Nounoune : godiche, empotée
Pitoune : fille ou femme très apprêtée
Ti-coune : crétin, homme de peu d’envergure
Toutoune : femme grassouillette
Les diminutifs affectueux :
Chouchoune : équivalent féminin de « petit chou »
Floune : féminin de « flo » : enfant, mioche
Poupoune : bébé de sexe féminin; petite fille
Ceux qui désignent des choses de la vie courante :
Balloune : ballon de baudruche ou bulle de gomme à mâcher, dite « gomme balloune »
Doudoune : couette ou manteau de duvet
Gougoune : sandale de plage
Minoune : chatte – le félin! – ou vieille voiture
Toune : air, chanson
J'en oublie? À vous de jouer...
Fabienne Couturier
Quoi qu'il en soit, voici un copier/coller de cette chronique :
Le dimanche 24 avril 2005
Les mots en «oune»
Le saviez-vous ? Dans toute la francophonie, il n’y a qu’au Québec que l’on trouve autant de mots se terminant en « oune ». Non qu’ils soient bien nombreux : sauf erreur, on en compte une petite vingtaine tout au plus. Mais ils sont si familiers (dans tous les sens du terme!) qu’on a peine à croire qu'ils sont inconnus ailleurs. Quelques-uns tirent manifestement leur origine de mots anglais. C’est le cas de balloune (balloon : ballon de baudruche), de baboune (baboon : babouin) et de toune (tune : mélodie). Mais les autres ? On peut soupçonner que « pitoune » a une parenté avec spittoon (crachoir), mais laquelle ? D’où viennent gougoune, noune, foufoune, guidoune et les autres ? Une chose est sûre : tous ces mots appartiennent au registre familier et plaisant. On ne les entend que très peu dans les ambassades! Ils jouent un rôle hypocoristique ou euphémique, c’est-à-dire qu’ils servent à adoucir le discours ou à masquer les réalités. Et notons que le seul du genre masculin est « ti-coune ». Pourquoi? Mystère et boule de gomme (balloune, bien sûr).
On essaie un petit classement? (J’ajoute la « traduction » pour nos amis d’outre-mer, avec mes excuses aux âmes chastes…)
Ceux qui désignent les parties sexuelles :
Bizoune : pénis (se dit aussi « zoune »)
Foufoune : fesse
Noune : vulve
Ceux qui ont une connotation négative ou péjorative :
Baboune : moue boudeuse, lèvres charnues
Guidoune : putain; femme facile; politicien ou artiste cabotin
Moumoune : homosexuel efféminé; personne timorée
Nounoune : godiche, empotée
Pitoune : fille ou femme très apprêtée
Ti-coune : crétin, homme de peu d’envergure
Toutoune : femme grassouillette
Les diminutifs affectueux :
Chouchoune : équivalent féminin de « petit chou »
Floune : féminin de « flo » : enfant, mioche
Poupoune : bébé de sexe féminin; petite fille
Ceux qui désignent des choses de la vie courante :
Balloune : ballon de baudruche ou bulle de gomme à mâcher, dite « gomme balloune »
Doudoune : couette ou manteau de duvet
Gougoune : sandale de plage
Minoune : chatte – le félin! – ou vieille voiture
Toune : air, chanson
J'en oublie? À vous de jouer...
Fabienne Couturier
Pitoune : une pitoune, c'est une femme, une belle femme de préférence. Le mot n'a aucun sens péjoratif. Il est un peu tombé en désuétude, quoique toujours vivant dans ma tête. Certains se souviennent peut-être du succès de la Bolduc Hourra pour la pitoune, un poème de haute volée.
Le mot pitoune sert aussi à désigner les billots (billes) qu'on fait descendre sur les rivières pour alimenter les usines à papier. Un rapport avec la précédente ? Vignault dans une chanson parle de pitounes de quatre pieds et de pitounes de cinq pieds pour des gars de six pieds. Je me suis déjà baigné aux Piles, dans le Saint-Maurice, avec des centaines de pitounes...
Guidoune : ici, nous avons affaire à une personne humaine de sexe féminin menant une vie dissolue, s'adonnant aux plaisirs défendus, les dispensant même parfois contre rémunération. La guidoune, toujours assez vulgaire, est fort peu recommandable et se faire traiter de telle n'a rien pour relever le moral.
Gougounes : ce sont simplement des sandales de plage en plastique. Quétaine et pas cher. Ce qu'on appelle des thongs ou des santiagsen France et des slashs en Belgique. Avouez que gougounes est bien plus joli !
Moumoune : je crois avoir entendu ce terme encore récemment, il était très utilisé dans ma jeunesse pour désigner des garçons efféminés.
Minoune : la minoune a au moins trois sens. D'abord celui de tacot, bazou, guimbarde. Pourquoi ? Je l'ignore. La minoune, c'est aussi le ou les jokers aux cartes. C'est enfin évidemment une chatte, une vraie, soyons clairs, avec une queue et qui miaule. Du temps de ma vie de bohème, une minoune m'a inspiré des vers touchants que je veux bien vous faire partager ici :
J'me suis acheté une belle minoune
Pour sortir avec ma pitoune
Ma minoune et ma pitoune
Ma pitoune et ma minoune
Ma pitoune et sa bizoune
Ça vaut bin une toune !
Toune : air de musique, chanson, ritournelle (sous l'influence de l'anglais tune). Le mot toune a aussi un autre sens complètement différent. C'est un terme affectueux, du genre poupoule. « Allez, vienz ma toune... »
Toutoune : ici, attention, terme à employer très délicatement. Une toutoune, c'est une femme très enveloppée, plutôt énorme.
Nounoune : ce n'est pas un compliment, ce n'est pas non plus la grosse injure. Le mot signifie conne, imbécile mais le sens est plus près de gaffeuse. « Voyons, nounoune, prends pas ça comme ça ! » C'est à mon avis, le féminin de nono, qui a tous ces sens au masculin. Notons que notre nono, au sens d'idiot, est inconnu en France. Une pièce de Sacha Guitry a pour titre Nono d'après le nom du principal personnage. C'est vous dire...
Baboune : baboune, on le sent tout de suite est une déformation de babine. « Faire la baboune » veut dire bouder, en gonflant la lèvre inférieure. Bébé qui fait la baboune. Je n'ai jamais entendu baboune au sens de lèvre seulement. On ne dirait pas : je me suis coupé la baboune ; il faut qu'il y ait la moue boudeuse.
Ti-coune : terme légèrement méprisant, employé avec condescendance, à rapprocher de conard et corniaud. Ex. : « Heille, ti-coune, attends ton tour comme tout le monde ! » En s'arrachant les cheveux, on pourrait y voir un glissement de petit con à ti-con et à ti-coune. Mais le prouver ne serait pas facile.
Balloune : au sens de baudruche, ce terme est, je pense, le seul employé au Québec, sous l'influence de l'anglais balloon. Par extension de sens, il désigne aussi l'éthylomètre : « Il a pété la balloune ! » Enfin, le mot balloune a aussi le sens de cuite, soûlerie. Rien à voir avec le sens précédent, il date de bien avant. On part « sur une balloune », on « vire une balloune ».
Noune : ici, nous pouvons (enfin) parler de la chatte au sens figuré. Pour désigner le sexe féminin, le mot noune est un terme plaisant, nullement vulgaire, un peu intimiste. Entre elles, les filles et les femmes emploient volontiers ce terme. Ceux qui veulent plus d'information sur le sujet devraient aller lire le texte qui porte justement ce titre dans L'Urgence au ralenti sous le bouton doré Histoires.
Bizoune : synonyme du précédent en Gaspésie, en tout cas à Bonaventure... Ailleurs, je crois que le mot bizoune désigne plutôt le pénis. On le retrouve dans de jolies chansons de folklore : La bizoune en l'air, J'aime ça qu'on m'chatouille la bizoune, etc. Notons puisqu'on y est le verbe bizouner, qui veut dire, ne rien faire, fourrer le chien, flâner, flâzer, s'occuper à des riens, toutes expressions équivalentes.
Foufounes : enfin, qui n'a pas entendu parler de nos Foufounes électriques (il s'agit d'un cabaret de Montréal). En réalité, les foufounes, ce sont les fesses. Ici encore le terme est du niveau que les dictionnaires qualifient de « plaisant ». Pourquoi les Foufounes électriques ? Ce nom a dû être trouvé, comme bien d'autres, après quelques bières et autant de joints...
Le mot pitoune sert aussi à désigner les billots (billes) qu'on fait descendre sur les rivières pour alimenter les usines à papier. Un rapport avec la précédente ? Vignault dans une chanson parle de pitounes de quatre pieds et de pitounes de cinq pieds pour des gars de six pieds. Je me suis déjà baigné aux Piles, dans le Saint-Maurice, avec des centaines de pitounes...
Guidoune : ici, nous avons affaire à une personne humaine de sexe féminin menant une vie dissolue, s'adonnant aux plaisirs défendus, les dispensant même parfois contre rémunération. La guidoune, toujours assez vulgaire, est fort peu recommandable et se faire traiter de telle n'a rien pour relever le moral.
Gougounes : ce sont simplement des sandales de plage en plastique. Quétaine et pas cher. Ce qu'on appelle des thongs ou des santiagsen France et des slashs en Belgique. Avouez que gougounes est bien plus joli !
Moumoune : je crois avoir entendu ce terme encore récemment, il était très utilisé dans ma jeunesse pour désigner des garçons efféminés.
Minoune : la minoune a au moins trois sens. D'abord celui de tacot, bazou, guimbarde. Pourquoi ? Je l'ignore. La minoune, c'est aussi le ou les jokers aux cartes. C'est enfin évidemment une chatte, une vraie, soyons clairs, avec une queue et qui miaule. Du temps de ma vie de bohème, une minoune m'a inspiré des vers touchants que je veux bien vous faire partager ici :
J'me suis acheté une belle minoune
Pour sortir avec ma pitoune
Ma minoune et ma pitoune
Ma pitoune et ma minoune
Ma pitoune et sa bizoune
Ça vaut bin une toune !
Toune : air de musique, chanson, ritournelle (sous l'influence de l'anglais tune). Le mot toune a aussi un autre sens complètement différent. C'est un terme affectueux, du genre poupoule. « Allez, vienz ma toune... »
Toutoune : ici, attention, terme à employer très délicatement. Une toutoune, c'est une femme très enveloppée, plutôt énorme.
Nounoune : ce n'est pas un compliment, ce n'est pas non plus la grosse injure. Le mot signifie conne, imbécile mais le sens est plus près de gaffeuse. « Voyons, nounoune, prends pas ça comme ça ! » C'est à mon avis, le féminin de nono, qui a tous ces sens au masculin. Notons que notre nono, au sens d'idiot, est inconnu en France. Une pièce de Sacha Guitry a pour titre Nono d'après le nom du principal personnage. C'est vous dire...
Baboune : baboune, on le sent tout de suite est une déformation de babine. « Faire la baboune » veut dire bouder, en gonflant la lèvre inférieure. Bébé qui fait la baboune. Je n'ai jamais entendu baboune au sens de lèvre seulement. On ne dirait pas : je me suis coupé la baboune ; il faut qu'il y ait la moue boudeuse.
Ti-coune : terme légèrement méprisant, employé avec condescendance, à rapprocher de conard et corniaud. Ex. : « Heille, ti-coune, attends ton tour comme tout le monde ! » En s'arrachant les cheveux, on pourrait y voir un glissement de petit con à ti-con et à ti-coune. Mais le prouver ne serait pas facile.
Balloune : au sens de baudruche, ce terme est, je pense, le seul employé au Québec, sous l'influence de l'anglais balloon. Par extension de sens, il désigne aussi l'éthylomètre : « Il a pété la balloune ! » Enfin, le mot balloune a aussi le sens de cuite, soûlerie. Rien à voir avec le sens précédent, il date de bien avant. On part « sur une balloune », on « vire une balloune ».
Noune : ici, nous pouvons (enfin) parler de la chatte au sens figuré. Pour désigner le sexe féminin, le mot noune est un terme plaisant, nullement vulgaire, un peu intimiste. Entre elles, les filles et les femmes emploient volontiers ce terme. Ceux qui veulent plus d'information sur le sujet devraient aller lire le texte qui porte justement ce titre dans L'Urgence au ralenti sous le bouton doré Histoires.
Bizoune : synonyme du précédent en Gaspésie, en tout cas à Bonaventure... Ailleurs, je crois que le mot bizoune désigne plutôt le pénis. On le retrouve dans de jolies chansons de folklore : La bizoune en l'air, J'aime ça qu'on m'chatouille la bizoune, etc. Notons puisqu'on y est le verbe bizouner, qui veut dire, ne rien faire, fourrer le chien, flâner, flâzer, s'occuper à des riens, toutes expressions équivalentes.
Foufounes : enfin, qui n'a pas entendu parler de nos Foufounes électriques (il s'agit d'un cabaret de Montréal). En réalité, les foufounes, ce sont les fesses. Ici encore le terme est du niveau que les dictionnaires qualifient de « plaisant ». Pourquoi les Foufounes électriques ? Ce nom a dû être trouvé, comme bien d'autres, après quelques bières et autant de joints...