Les nuits des Perséïdes
par Marc Jobin, astronome au Planétarium de Montréal
Les étoiles filantes fascinent. Vous en voulez la preuve ? À chaque année, le Planétarium reçoit de nombreuses demandes, à savoir, « Quand les Perséïdes auront-elle lieu ? » Le mouvement commence timidement dès le printemps — choix des dates de vacances oblige — et prend de l’ampleur de juin jusqu’à la période fatidique de la mi-août. Aucun doute, vous êtes nombreux à faire coïncider un séjour loin de la ville avec la plus appréciée des pluies de météores !
Tous les ans, la Terre croise un nuage de poussières et de petits cailloux libérés par la comète Swift-Tuttle. Cette rencontre a toujours lieu près du même point de l’orbite de notre planète, donc à la même période de l’année : vers le 12 août. Comme un moustique qui frappe un pare-brise sur l’autoroute, la rencontre entre ces particules et l’atmosphère terrestre est brutale : la vitesse de collision est de 60 kilomètres par seconde, plus de 200 000 kilomètres à l’heure ! Même si leur taille dépasse rarement celle d’un petit pois, leur grande vitesse confère à ces minuscules projectiles une énergie étonnante. La friction de l’air freine le caillou, qui s’échauffe et ionise une longue colonne d’air sur son passage. Pendant un bref instant, on aperçoit une traînée lumineuse dans le ciel : un météore, qu’on appelle aussi « étoile filante »… bien que le phénomène n’ait rien à voir avec les étoiles !
Un effet de perspective donne l’impression que tous les météores d’une même pluie semblent émerger du même point du ciel, le radiant. C’est la constellation où se trouve le radiant qui donne son nom à la pluie en question : dans l’exemple qui nous préoccupe, les Perséïdes semblent toutes provenir de la constellation de Persée.
Le nombre de météores qu’on peut espérer voir varie de manière importante en fonction d’une foule de paramètres qu’il n’est pas toujours facile d’évaluer avec précision : la richesse du nuage de poussières, la taille et la composition des particules, si la Terre passe au c½ur ou en périphérie du nuage, le temps écoulé depuis le maximum, etc. Les conditions d’observation, notamment la pureté du ciel et la pollution lumineuse artificielle (villes) et naturelle (Lune) affecteront aussi directement le nombre de météores qu’un observateur comptera.
On peut toutefois affirmer que la pluie des Perséïdes se déroulera dans de bonnes conditions en 2005. Le maximum d’activité se produira cette année vers 13 heures, heure de l’Est, le 12 août. Ce sera le début de l’après-midi au Québec : les deux meilleures nuits pour observer les étoiles filantes seront donc celles du 11 au 12 et du 12 au 13 août. Les conditions d’observation seront meilleures une fois que le premier quartier de Lune se sera couché (vers 22h40 en soirée le 11, 23 heures le 12), et continuent de s’améliorer à mesure que la nuit progresse : le radiant devient de plus en plus haut dans le ciel. L’aube mettra fin à votre nuit sous les étoiles vers 5 heures du matin.
À quelques heures du maximum, sous un ciel modérément sombre, un observateur peut s’attendre à compter une trentaine de Perséïdes par heure, et jusqu'à une cinquantaine dans des conditions excellentes. La pollution lumineuse masque les météores les plus faibles : en banlieue, on ne doit pas s’attendre à voir plus de 10 étoiles filantes à l’heure. Notez qu’il sera également possible d’observer quelques Perséïdes (en moindre nombre) au cours des quelques nuits qui précèdent et qui suivent la période favorable du 11 au 13 août : les Perséïdes sont en effet actives de la fin juillet à la troisième semaine d’août.
Plus de détails à propos des Perséïdes à la section « À voir dans le ciel ».
Les planètes en août
Si vous manquez le spectacle des étoiles filantes, vous pourrez vous reprendre avec les planètes Vénus et Jupiter. En effet, à tous les soirs du mois d’août, au crépuscule, vous pourrez admirer les deux plus brillantes planètes : même en ville, ces astres très lumineux nous donnent un magnifique spectacle… pourvu que votre horizon ouest soit bien dégagé !
Dès que le ciel commence à s’assombrir, Vénus et Jupiter apparaissent. Vénus, la plus à droite, est aussi la plus brillante des deux; Jupiter se trouve un peu plus haut et à gauche. Le 7 août, un mince croissant de Lune repose juste à droite de Vénus : remarquez la lumière cendrée qui éclaire faiblement la face de notre satellite. Magnifique ! Deux soirs plus tard, le 9, c’est au tour de Jupiter de recevoir la visite de la Lune; la lumière cendrée devrait encore être visible.
De soir en soir, l’écart entre les deux planètes se resserre : Vénus maintient son écart par rapport au Soleil, alors que Jupiter s’en approche. À la fin du mois, les deux planètes se rencontrent au crépuscule : le 31 août, Jupiter se trouve à seulement un degré et demi au-dessus de Vénus. Le lendemain soir, les deux planètes seront encore plus près l’une de l’autre ! Spectaculaire !
D’autre planètes visibles à l’½il nu peuvent être observées en seconde moitié de nuit. Bien que Mars se lève maintenant avant minuit, il faut attendre quelques heures pour que la planète rouge gagne de la hauteur. À la fin du mois, on la retrouve très haut au sud lorsque commence l’aube. Dans la nuit du 24 au 25 août, la Lune passe à 5° au-dessus de la planète rouge, qui brille d’un éclat remarquable à l’est. La taille apparente de Mars augmente, car la distance qui nous en sépare diminue de soir en soir : cette fascinante planète commence enfin à montrer des détails dans des télescopes d’amateurs. Mais Mars ne se livre pas facilement : repérer les subtils détails de sa surface exige un ½il exercé, un bon instrument et des conditions presque parfaites.
Saturne, la planète aux anneaux, réapparaît progressivement à compter de la mi-août. Vous la retrouverez à l’aube au-dessus de l’horizon est-nord-est, dans la faible constellation du Cancer, sous les Gémeaux. Le matin du 31 août, le croissant de Lune se trouve à 6° au-dessus de Saturne.
Juste sous Saturne, on pourra apercevoir la planète Mercure à compter du 22 août environ : regardez à l’aube en direction est-nord-est, très bas à l’horizon, environ une heure avant le lever du Soleil. Une paire de jumelles vous aidera dans cet exercice; il va sans dire que le ciel devra être parfaitement dégagé.
Le ciel du mois — Août 2005
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- Manitou de la Parlotte
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