Saturne à son meilleur
par Pierre Chastenay, astronome au Planétarium de Montréal
Du point de vue de la visibilité des planètes en janvier, aucune ne surpasse la géante Saturne, qui sera en opposition le 27 janvier.
Rappelons qu’une planète en opposition se trouve du côté opposé au Soleil par rapport à la Terre, ce qui signifie que la planète se lève au coucher du Soleil et demeure visible toute la nuit jusqu’à l’aube. C’est également à l’opposition que la distance qui nous sépare de cette planète est minimum et qu’elle atteint sa plus grande brillance. Les conditions parfaites, bref, pour observer la planète et ses magnifiques anneaux. Une bonne paire de jumelles vous permettra d’apercevoir Titan, la plus grosse des 46 lunes (!) de Saturne, mais un petit télescope sera nécessaire pour distinguer les anneaux. Titan est le seul satellite du système solaire à posséder une atmosphère importante. C’est là que s’est posée avec succès la sonde Huygens en janvier 2005, il y a exactement un an. La sonde-mère, Cassini, est toujours en orbite autour de la géante et poursuit sa mission jusqu’en 2008, renvoyant vers la Terre des images époustouflantes qui valent bien le détour sur Internet.
La Lune fera deux rencontres très intéressantes en janvier. D’abord, dès le coucher du Soleil, le premier jour de l’an, un joli duo composé de la planète Vénus et d’un très mince croissant de Lune apparaît au-dessus de l’horizon sud-ouest. De très belles photographies astronomiques en perspective, surtout si le Père Noël a déposé au pied de l’arbre l’appareil-photo dont vous rêviez depuis longtemps ! Si les conditions météo sont favorables, la lumière cendrée de la Lune, cette faible lueur réfléchie par la Terre vers notre satellite, devrait rendre l’ensemble de la surface lunaire visible dans la pénombre du soir. Profitez bien de cette occasion pour admirer Vénus avant qu’elle ne disparaisse dans les lueurs du Soleil. Vénus sera en effet en conjonction inférieure avec le Soleil le 14 janvier. En d’autres termes, Vénus passera entre le Soleil et la Terre et deviendra à toutes fins pratiques invisible… jusqu’à son retour, cette fois comme « étoile du matin », dès la fin du mois.
Le second rendez-vous céleste de la Lune a lieu environ une semaine plus tard, soit le 8 janvier, cette fois avec la planète Mars. Dès le coucher du Soleil, le duo se trouve haut au-dessus de l’horizon sud-est. Comme pour Vénus, cette rencontre sera une des dernières occasions d’admirer Mars avant qu’elle ne retombe dans un relatif oubli. La planète rouge était en opposition en novembre dernier et le redeviendra le 24 décembre 2007 (les oppositions de Mars se répètent à 26 mois d’intervalle). Entre les oppositions, la brillance de la planète rouge diminue au point où il devient difficile de la repérer — et peu intéressant de l’observer.
Pour les lève-tôt, Jupiter apparaît au-dessus de l’horizon sud-est vers 3 heures du matin et se tient haut au-dessus de l’horizon sud au lever du Soleil. Les mêmes lève-tôt voudront peut-être passer la nuit blanche dans la nuit du 3 au 4 janvier pour compter les étoiles filantes. Ce sera en effet la nuit des Quadrantides, une pluie méconnue mais tout aussi intéressante que les célèbres Perséïdes du mois d’août. Évidemment, les froides nuits de janvier sont moins invitantes que celles, plus tièdes, de la fin de l’été. Mais les courageux, une fois bien vêtus et bien chaussés, auront la chance d’observer jusqu’à 50 étoiles filantes à l’heure, surtout entre minuit et l’aube, après le coucher du premier quartier de Lune. Pour la petite histoire, cette pluie d’étoiles filantes porte le nom d’une constellation du 19e siècle, Quadrans Muralis, où se trouvait son radiant. Cette constellation disparue occupait une région du ciel où se côtoient aujourd’hui les constellations du Bouvier, de la Couronne Boréale et d’Hercule.
Bonnes observations !