Amy Cotton : femme de plusieurs combats

[Stara]

Montréal, 3 août 2004 – La judoka Amy Cotton, de Varennes, participera, dans deux semaines, à ses premiers Jeux olympiques. Pourtant, après ce qui lui était arrivé il y a sept ans, bien peu de gens auraient pu lui prédire un tel succès. Mais c’était bien mal connaître Amy Cotton!

Jusque-là en pleine santé, la judoka originaire de Judique, au Cap-Breton (Nouvelle-Écosse), est soudainement tombée malade. Les résultats des tests subis ont révélé qu’elle était atteinte de la maladie de Still, une forme d’arthrite chronique juvénile. Cette maladie s’attaque principalement aux articulations.

« J’ai toujours été une fille assez forte musculairement, mais ce sont mes articulations qui sont fragiles. Elles peuvent lâcher à tout moment, a avoué la jeune femme de 24 ans. Par exemple, si j’étais trop stressée avant une compétition, je me réveillais le matin et j’étais complètement incapable de bouger mes membres. C’est assez inquiétant quand tu ne sais pas ce qui t’arrive. »

Alors, comment se fait-il qu’elle ait pu poursuivre sa carrière de judoka? Pourquoi ne lui a-t-on pas suggéré de remiser son judogi, la tenue traditionnelle de judo? « Oh! On me l’a suggéré et souvent à part ça! Ma mère me l’a demandé à plusieurs reprises, mais je ne l’ai pas écoutée. J’aime trop le judo! Mon médecin m’a aussi demandé si je croyais faire la bonne chose en continuant le judo. Je lui ai répondu que s’il pouvait garder la maladie sous contrôle (avec des médicaments), j’allais continuer. Si, un jour, la maladie m’empêche de
pratiquer le judo comme je le désire, eh bien là, je m’arrêterai. Tant que cela ne sera que d’être incapable de bouger le matin en me levant, je peux vivre avec cela! », a-t-elle lancé avec conviction.

Et des médicaments, elle en prend! Au moins quatre sortes différentes, qui ont chacune leur fonction bien précise. « Certains apaisent la douleur, d’autres empêchent l’inflammation et ainsi de suite. » Donc, la santé va mieux? « Oui et non. Oui, parce que je connais plus mon corps. Je sais quoi
faire pour moins me stresser avant les compétitions. Je sais que j’ai besoin de repos après les compétitions, ainsi que de petites vacances de temps en temps.

Par contre, lorsque la maladie avait été diagnostiquée, on m’avait dit que cela allait diminuer avec le temps, mais j’ai vraiment l’impression que c’est maintenant pire que jamais. Il faut aussi dire que je n’ai jamais pratiqué le judo aussi intensément que présentement. »

Et cette intensité lui a porté fruit au cours de la dernière année. En plus de sa qualification olympique, Amy a enlevé les grands honneurs à l’Omnium de Belgique, en plus de récolter des
médailles d’argent à l’Omnium de Suède, à l’Omnium de Finlande et au Tournoi de Tre Torri, en Italie. Quelques mois auparavant, elle avait également empoché une médaille de bronze aux Jeux panaméricains, en République dominicaine.

« Je faisais très bien au niveau junior en Nouvelle-Écosse. J’avais un excellent entraîneur en John Angus Campbell et j’avais gagné des médailles internationales, en plus de me qualifier pour les championnats du monde juniors. Mais, pour atteindre le niveau supérieur, comme les Jeux olympiques et les championnats du monde seniors, je devais venir au Québec, a avoué celle qui s’entraîne au Centre national de Varennes, depuis 1999.

« En Nouvelle-Écosse, nous n’avons pas d’aussi grosses équipes qu’ici (au Québec). À la maison, j’étais toujours la numéro un, mais ce n’était plus le cas quand je suis arrivée au Québec.
Il a fallu que je travaille fort pour atteindre les objectifs que je m’étais fixés. »

Celle qui a joint les rangs de l’équipe nationale en 1995 a également admis que l’adaptation à sa nouvelle province d’adoption n’a pas été de tout repos.

« Cela a été très difficile au début. Il n’y avait personne qui parlait l’anglais là où j’habitais! Disons que je m’ennuyais pas mal de ma famille! » a-t-elle lancé en souriant. « J’ai également eu de la difficulté à m’ajuster au style de judo pratiqué ici, ainsi qu’au niveau élevé des entraînements. Par
contre, aussitôt que je m’y suis faite, j’ai vraiment pu apprécier ce qui m’était offert et je suis littéralement retombée en amour avec le judo! »

Nul n’oserait mettre en doute son amour et son dévouement pour le judo!

Une journée bien particulière

Amy, qui oeuvre chez les moins de 78 kg, est sans contredit la plus timide des six judokas qualifiés pour les Jeux olympiques et, peut-être aussi, la plus méconnue du groupe. Pourtant, elle
se retrouvera en plein coeur de la journée de compétition en judo la plus médiatisée au Canada, lors des Jeux, soit le jeudi 19 août. La raison? Elle partagera les tatamis avec le double médaillé olympique Nicolas Gill, qui fera sûrement ses adieux au monde olympique.

« Je sais... (un long silence). Cela fait un petit bout de temps que j’ai vu cela sur le calendrier, ditelle en rougissant. J’espère seulement que cela se transformera en une chose positive pour moi. Si tout le monde pouvait s’occuper de Nicolas, cela serait parfait pour moi. Je pourrais faire ma
compétition tranquille dans mon petit coin », a conclu celle qui, visiblement, ne cherche pas à attirer l’attention.

Écrit par Christian Jutras, de Sportcom, pour Judo Québec