Publié le 11 mars 2009 à 05h00 | Mis à jour à 05h00
Le choix de Patrick Roy
Kevin Johnston
Le Soleil
(Québec) La nouvelle du congédiement de Guy Carbonneau s'est répandue comme une traînée de poudre en fin d'après-midi, lundi. Et le téléphone de Patrick Roy s'est mis à sonner. À sonner. Et à sonner encore. Tous voulaient connaître les réactions du 33 concernant la mauvaise fortune de son pote Carbo. Mais il n'avait pas le goût d'en parler.
«J'ai répondu à quelques appels de proches et d'amis, a-t-il déclaré après la séance d'entraînement des Remparts, hier matin. Mais à un moment donné, j'ai fermé mon cellulaire. Ça ne me tentait pas de commenter. Mais j'ai moi-même tenté de joindre Guy. Je trouvais important qu'il sache que j'étais là pour lui, que je pensais à lui. L'amitié, c'est quelque chose de précieux. Je suis déçu que ça se termine de cette façon.»Roy dit comprendre ce qui a mené au départ de Carbonneau. Du moins, jusqu'à un certain point. «À quelque part, je sais où le hockey est rendu, a-t-il lancé sur un ton sec. Mais ce que je trouve gratuit, ce sont les gens qui portent des jugements sans être au courant de tout ce qui se passe au sein d'une équipe comme le Canadien.»
Selon Roy, c'est l'économie qui tient le gros bout du bâton dans le hockey professionnel d'aujourd'hui. Les masses salariales dictent les stratégies des directeurs généraux, qui n'ont pas de marge de manoeuvre. Les budgets sont serrés et souvent, tous doivent se serrer la ceinture, sauf les joueurs.
Une situation qui a même mené Patrick Roy à dire non à son ami Carbonneau lorsqu'il lui a offert un poste d'adjoint avec le Tricolore au printemps 2006.
On avait entendu parler de cette proposition. Mais il nous manquait des détails. «
Ça s'est passé pendant notre marche vers la Coupe Memorial, a-t-il raconté. Guy venait d'être nommé entraîneur-chef (début mai 2006). Il voulait que je me joigne à son groupe. Mais du même souffle, il m'a dit qu'il n'avait pas un gros budget pour la job. Ça m'a vite refroidi. J'ai dit non tout de suite. C'est le seul reproche que je peux adresser à Bob Gainey. Il n'a pas débloqué le budget pour bien entourer Guy. Ça lui aurait pris au moins un gars d'expérience pour l'aider en début de carrière. Et je trouve inadmissible que le Canadien n'ait pas d'entraîneur des défenseurs.»
Roy a ajouté du même souffle qu'il n'aurait jamais accepté de travailler avec Doug Jarvis, «un protégé de Gainey». Et que Kirk Muller «avait été embauché à rabais». Mais c'est ce qu'on semblait vouloir là-bas.
Tant qu'à dévoiler des secrets, pourquoi pas continuer. La prochaine est bonne, et pas à peu près à part ça. Imaginez-vous que l'été suivant, en 2007, Roy a reçu un coup de fil de Long Island. À l'autre bout de la ligne, c'était Ted Nolan, avec qui il avait eu maille à partir pendant le tournoi de la Coupe Memorial, l'année précédente. «Il m'a vraiment surpris en m'offrant un poste d'adjoint avec les Islanders, a-t-il confié. Il voulait que je m'occupe de Rick DiPietro. Disons que je n'y ai pas pensé bien longtemps. Et de toute manière, je ne me vois pas comme adjoint.»
Puis, ce fut l'épisode concernant l'Avalanche du Colorado, l'année dernière. Cette fois-là, Roy n'a eu aucun contact avec un membre de l'organisation de Denver. C'est un chroniqueur bien en vue qui lui a lâché un coup de fil afin de s'enquérir de son intérêt. Un pétard mouillé, parce que l'intérêt était nul.
Ce qui n'empêchera pas les rumeurs de se multiplier au Québec au cours des prochains mois. Sauf que pour l'instant, ce n'est pas Roy qui va les alimenter. «Mes pensées doivent être ici avec les Remparts et elles sont ici, a-t-il jeté. Je n'ai pas le goût d'embarquer dans ce jeu-là. Ça ne me donne absolument rien. De toute manière, ça ne fait même pas partie de mes pensées.»
Roy se dit heureux à Québec, où il bénéficie d'une qualité de vie peu commune. Il dirige ses deux fils et est le patron de son club. Mais surtout, il s'amuse. «Je ne travaille pas avec un but précis, a-t-il ajouté. J'ai du fun dans le junior et j'ai l'impression d'apprendre chaque jour. Y a-t-il vraiment une si grande différence entre le travail de directeur général et d'entraîneur-chef dans la Ligue nationale ou dans le hockey junior? Je ne crois pas.»
Est-ce dire que tu serais capable d'assumer un des deux rôles dans le circuit Bettman dans un proche avenir? « Je viens de vous le dire, je n'embarque pas là-dedans.» OK. Mais c'est une histoire à suivre.
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