Soeurs noyées à Kingston
Re: Soeurs noyées à Kingston
Désolée, j'avoue que le topic a dévié de son sujet initial, mais comme on a plus de nouvelles fraîches sur le meurtre, je pensais pas que ça pouvait déranger. Et je trouvais notre conversation intéressante quand même...Mais bon, je vais cesser de scrapper
Re: Soeurs noyées à Kingston
Ben non, la conversation à simplement un peu évoluer...Comme toutes dailleurs hihi!
On reviens aux principaux interessés
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- fleurtropicale
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Re: Soeurs noyées à Kingston
Moi vois-tu c'est le contraire.rachel a écrit : [...]
ca fait longtemps que je ne suis plus la conversation a cause de ca, ch'comprends meme plus rien a la conversation d'ailleurs
J'adore cette discussion même si je n'y participe pas. Activement du moins, car je lis chaques posts et je trouve que c'est un bel échange fait dans le respect et qui me permet de me forger ma propre opinion.
Je demeure dans une region où il y en a pas ou tellement peu d'immigrés. Donc ma seule vision sur le sujet est celle que je vois ou entend ou lis par les médias. C'est plaisant de lire ici la perception de plusieurs.
Parfois je suis du même avis d'une telle et par après.. Oups je change quelque peu d'avis car la personne a réussi à me faire voir la situation différemment.
J'en apprend beaucoup et c'est plus facile pour moi par la suite d'étayer mes opinions avec des faits ou d'expliquer ma perception sur le sujet quand il y a des discussions entres amies ou en famille car j'ai les deux côtés de la médaille et/ou des nuances à apporter selon les opinions de ce que j'ai adhéré ou pas ici.
Je trouve réellement que s'instruire ici, en quelque sorte, est moins biaisé que de le faire via les médias ou un livre fait par une seule personne selon sa propre et unique perception.
Comme je voulais depuis longtemps le faire et que comme toujours je ne le fais pas , je veux remercier tous ceux et celles qui participent à ce topic. Merci beaucoup .
Dernière modification par fleurtropicale le lun. août 10, 2009 12:43 am, modifié 2 fois.
Re: Soeurs noyées à Kingston
Ça ne dérange pas...tipet a écrit : Désolée, j'avoue que le topic a dévié de son sujet initial, mais comme on a plus de nouvelles fraîches sur le meurtre, je pensais pas que ça pouvait déranger. Et je trouvais notre conversation intéressante quand même...Mais bon, je vais cesser de scrapper
Re: Soeurs noyées à Kingston
En voilà un beau message!!!fleurtropicale a écrit : [...]
Moi vois-tu c'est le contraire.
J'adore cette discussion même si je n'y participe pas. Activement du moins, car je lis chaques posts et je trouve que c'est un bel échange fait dans le respect et qui me permet de me forger ma propre opinion.
Je demeure dans une region où il y en a pas ou tellement peu d'immigrés. Donc ma seule vision sur le sujet est celle que je vois ou entend ou lis par les médias. C'est plaisant de lire ici la perception de plusieurs.
Parfois je suis du même avis d'une telle et par après.. Oups je change quelque peu d'avis car la personne a réussi à me faire voir la situation différemment.
J'en apprend beaucoup et c'est plus facile pour moi par la suite d'étayer mes opinions avec des faits ou d'expliquer ma perception sur le sujet quand il y a des discussions entres amies ou en famille car j'ai les deux côtés de la médaille et/ou des nuances à apporter selon les opinions de ce que j'ai adhéré ou pas ici.
Je trouve réellement que s'instruire ici, en quelque sorte, est moins biaisé que de le faire via les médias ou un livre fait par une seule personne selon sa propre et unique perception.
Comme je voulais depuis longtemps le faire et que comme toujours je ne le fais pas , je veux remercier tous ceux et celles qui participent à ce topic. Merci beaucoup .
Je t'invite à prendre ta place et à donner aussi ton avis sur les différentes sujets... Si tu te sens à l'aise bien sûr!...
Re: Soeurs noyées à Kingston
Merci à toi de lire!fleurtropicale a écrit : [...]
Moi vois-tu c'est le contraire.
J'adore cette discussion même si je n'y participe pas. Activement du moins, car je lis chaques posts et je trouve que c'est un bel échange fait dans le respect et qui me permet de me forger ma propre opinion.
Je demeure dans une region où il y en a pas ou tellement peu d'immigrés. Donc ma seule vision sur le sujet est celle que je vois ou entend ou lis par les médias. C'est plaisant de lire ici la perception de plusieurs.
Parfois je suis du même avis d'une telle et par après.. Oups je change quelque peu d'avis car la personne a réussi à me faire voir la situation différemment.
J'en apprend beaucoup et c'est plus facile pour moi par la suite d'étayer mes opinions avec des faits ou d'expliquer ma perception sur le sujet quand il y a des discussions entres amies ou en famille car j'ai les deux côtés de la médaille et/ou des nuances à apporter selon les opinions de ce que j'ai adhéré ou pas ici.
Je trouve réellement que s'instruire ici, en quelque sorte, est moins biaisé que de le faire via les médias ou un livre fait par une seule personne selon sa propre et unique perception.
Comme je voulais depuis longtemps le faire et que comme toujours je ne le fais pas , je veux remercier tous ceux et celles qui participent à ce topic. Merci beaucoup .
Je dois t'avouer que je ne pensais pas que le sujet était lu par des personnes non impliquées dans le débat.
Pour ma part, j'adore ce sujet. Les débats me rappellent l'université. Quoi que je dois avouer que dans les classes de cours, c'est plus animé, à la limite de l'agressif!
C'est ce qui rend la chose aussi agréable ici car comme tu dis, c'est fait dans le respect.
Re: Soeurs noyées à Kingston
Marisopa, je ne partage paston avis sur tout les point, mais je dois dire que vraiment tu semble une fille de conviction. Tu défends tes idées avec brillio, et tu ne lâche pas le morceaux !! Tu as tjrs des arguments pesant:) J'aime te lire, même si des fois je grince des dents sur certains points :P hihi
Parait qu'un jour, la douleur s'estompe...
Re: Soeurs noyées à Kingston
Merci, c'est gentil.ChEw a écrit : Marisopa, je ne partage paston avis sur tout les point, mais je dois dire que vraiment tu semble une fille de conviction. Tu défends tes idées avec brillio, et tu ne lâche pas le morceaux !! Tu as tjrs des arguments pesant:) J'aime te lire, même si des fois je grince des dents sur certains points :P hihi
Je t'avoue qu'en général, je ne me bats à ce point là. Mais, la religion musulmane, l'intégration des immigrants sont des sujets qui me touchent particulièrement.
J'ai beaucoup voyagé et j'ai vécu dans d'autres pays dans lesquels j'ai tenté bien que mal de m'intégrer. J'ai pu constater que même si tu respectes beaucoup la culture à laquelle tu veux t'intégrer, tu ne peux renier tes racines.
En voyageant et en discutant ici, j'ai aussi constaté que les gens ne sont pas racistes ou intolérants, mais qu'ils ont peur. Si on focusse sur nos différences au lieu de nos ressemblances, c'est bien difficile d'en arriver à se connaitre.
Bien sûr, je suis Québecoise et l'égalité hommes-femmes, j'y tiens. Ma grand-mère s'est battue pour ça et je ne veux pas abolir tous ces efforts. C'est juste que des fois, je trouve qu'on ne s'y prends pas de la bonne manière. Je pense qu'il faut profiter de la présence des femmes musulmanes dans notre pays pour apprendre à les connaitre, briser des tabous et leur tendre la main, si elles en ont envie.
Pis, les immigrants, la vie, ils l'ont dure. Ils viennent souvent de pays en guerre, de pays ou il y a la famine, la dictature. Ils arrivent ici plein d'espoir parce que le Canada se vend très bien à l'étranger. Et ils se retrouvent ici en bas de l'échelle avec des salaires de crèves-faim et leur famille là-bas croit que parce qu'ils sont en sol Canadien, ils sont riches et leur demande beaucoup d'argent.
Par ailleurs, j'ai connu beaucoup d'immigrants qui étaient vraiment fiers de venir au Canada et qui demandait juste à s'intégrer et à faire partie du développement du Canada.
En fin, j'ai toujours pensé en voyageant qu'il y aurait moins de guerre si les gens entraient en contact avec les autres. Quand on ne parle de eux seulement comme étant, par exemple, les musulmans, ils deviennent un groupe homogène fermé et non plus des individus qui ont une vie, des valeurs, des espoirs, des peurs.
Je crois que je suis assez à contre-courant ici et que j'ai pas mal aidé à entretenir le débat. Je l'ai déjà dit et je me répète, je crois fermement que nos perceptions de la réalité sont influencées par notre passé. Le peur que certains ont de perdre nos acquis fondamentaux est plus forte chez certains et les poussent à envisager le problème sous un certain angle. Tandis que certains, comme moi, voit la situation sous un angle différent.
Bon, voilà, je crois avoir un passé assez peu commun. Mes études, mes voyages, le fait d'avoir vécu dans d'autres pays et d'une façon plus subtile, mais bien déterminante, le fait d'avoir survécu à une agression plus jeune représentent autant d'expériences qui font de moi une personne qui a un point-de-vue différent. Et comme ce sujet me touche particulièrement, je m'exprime!
Comme j'ai déjà dit, ce n'est pas une question d'avoir tort ou raison car on est plus dans l'opinion que dans les faits. Mais, bon, les débats d'idées, c'est cool, non?
T'inquiètes pas, moi aussi en lisant certains posts, je grince des dents souvent!
Re: Soeurs noyées à Kingston
Oui, c'est clair que nos perceptions sont clairement influencées pas notre vécu. C'est normal et ainsi pour tout les sujets. Et en effet, c'est en jasant avec des gens d'opinions différentes qu'il est possibles de se faire une images juste de la réalité.
Ok, On peu recommencer à s'astiner maintenant
Ok, On peu recommencer à s'astiner maintenant
Parait qu'un jour, la douleur s'estompe...
Re: Soeurs noyées à Kingston
ChEw a écrit : Oui, c'est clair que nos perceptions sont clairement influencées pas notre vécu. C'est normal et ainsi pour tout les sujets. Et en effet, c'est en jasant avec des gens d'opinions différentes qu'il est possibles de se faire une images juste de la réalité.
Ok, On peu recommencer à s'astiner maintenant
Re: Soeurs noyées à Kingston
Mon doux doux qui'a des gens sages ici!!!
Non sérieux, c'est plaisant de vous lire et je suis le sujet avec grand intérêt avec ses déviances itou.
C'est un sujet intéressant et ça l'est encore plus quand les gens se parlent dans un respect certain.
Non sérieux, c'est plaisant de vous lire et je suis le sujet avec grand intérêt avec ses déviances itou.
C'est un sujet intéressant et ça l'est encore plus quand les gens se parlent dans un respect certain.
Re: Soeurs noyées à Kingston
Je vais être honnête, si j'avais eu cette discussion dans un cadre privé ou il n'y a pas de régles et ou les gens ne peuvent pas etre bannis, je ne suis pas sûre que la discussion aurait été si respecteuse. En ce sens, je trouve fantastique les régles du domaine car elles nous ont donné à tous l'occasion de pousser nos argumentations et de développer un vrai débat.Savvy a écrit : Mon doux doux qui'a des gens sages ici!!!
Non sérieux, c'est plaisant de vous lire et je suis le sujet avec grand intérêt avec ses déviances itou.
C'est un sujet intéressant et ça l'est encore plus quand les gens se parlent dans un respect certain.
Re: Soeurs noyées à Kingston
Je pense la même chose Marisopa, c'est le fun ici car tous peuvent donner leur opinion dans le respect et la bonne humeur! Vive le domaine pour ca!!!!!Marisopa a écrit : [...]
Je vais être honnête, si j'avais eu cette discussion dans un cadre privé ou il n'y a pas de régles et ou les gens ne peuvent pas etre bannis, je ne suis pas sûre que la discussion aurait été si respecteuse. En ce sens, je trouve fantastique les régles du domaine car elles nous ont donné à tous l'occasion de pousser nos argumentations et de développer un vrai débat.
Re: Soeurs noyées à Kingston
bon ok on a fait notre B.A. de belle parole alors la on commence a Bitcher ???
Re: Soeurs noyées à Kingston
On ne bitch pas ici ! On se tire les cheveux échange en adulte!!
Dernière modification par ChEw le lun. août 10, 2009 3:05 pm, modifié 1 fois.
Parait qu'un jour, la douleur s'estompe...
Re: Soeurs noyées à Kingston
ChEw a écrit : On ne bitch pas ici ! Onse tire les cheveuxéchange en adulte!!
Re: Soeurs noyées à Kingston
vendredi 7 août 2009
Comment guérir le "cancer" des crimes d’honneur
par Tarek Fatah
On ne peut nier que l’islam, dans sa version contemporaine, soit obsédé par la sexualité des femmes et la considère comme un problème capital. Le hijab, le niqab, la burka et la polygamie sont tous des manifestations de cette phobie.
Presque au même moment où on a appris que les meurtres de trois sœurs adolescentes afghano-canadiennes et de la première femme de leur père à Kingston, Ontario, étaient des crimes d’honneur potentiels, des membres de la communauté musulmane ont réagi de la manière la plus prévisible : par la défense et le déni.
Au lieu de condamner l’atrocité des meurtres, deux musulmans m’ont réprimandé durant mon émission de radio à CFRB à Toronto pour avoir parlé de l’affaire, et ont suggéré que j’avais des motivations cachées. « Cela n’a rien à voir avec l’islam », dit un autre, même si personne dans l’émission n’avait jusque- là mentionné le mot « islam », encore moins accusé la religion d’autoriser les crimes d’honneur.
Ils n’étaient pas les seuls. Le dirigeant de la branche canadienne de la Société islamique d’Amérique du Nord (Islamic Society of North America (ISNA)) a raconté à CBC plus ou moins la même chose - que cette histoire n’était pas liée à l’islam, qui n’autorisait pas apparemment les crimes d’honneur.
Ils ont à la fois tort et raison. Il est vrai que le livre saint de l’islam, le Coran, n’autorise pas les crimes d’honneur. Mais nier le fait que de nombreux crimes d’honneur sont conduits par des pères, fils et frères musulmans, et que de nombreuses victimes sont des femmes musulmanes, serait faire preuve de mauvaise foi intellectuelle. Au pire, il s’agit d’une tentative de clore le débat.
Quand à Mississauga, Ontario, l’adolescente Aqsa Pervez fut tuée, tout le monde, des Mollahs jusqu’aux pseudo-féministes musulmans, affirmèrent qu’il ne s’agissait pas d’un crime d’honneur, même s’il y avait des allégations affirmant qu’elle avait des ennuis avec sa famille car elle fréquentait des amies non musulmanes qui ne portaient pas le hijab. Des critiques accusèrent alors ceux qui parlaient du meurtre en ces termes d’être des bigots antimusulmans. Sottise.
Comme je l’ai dit, il est vrai que le Coran n‘autorise pas ce genre de meurtres, mais la loi de la Charia, instituée par l’homme, et qui a illégitimement acquis un statut divin, autorise le meurtre des femmes si elles se laissent tenter par des relations sexuelles consentantes avant ou en dehors du mariage. C’est précisément pourquoi de nombreux musulmans progressifs et libéraux se sont opposés à l’introduction de la Charia au Canada.
On ne peut nier que l’islam, dans sa version contemporaine, soit obsédé par la sexualité des femmes et la considère comme un problème capital. Le hijab, le niqab, la burka et la polygamie sont tous des manifestations de cette phobie.
Les mollahs et les directeurs des mosquées peuvent nier leur rôle dans l’acceptation des femmes musulmanes comme citoyennes de seconde classe au sein de la communauté, mais la place qu’ils leur réservent dans la maison de Dieu, la Mosquée, révèle leurs réelles convictions. À l’exception d’une mosquée à Toronto, pas une seule n’est prête à laisser les femmes musulmanes s’assoir au premier rang. Elles sont envoyées au fond, ou derrière les rideaux, ou poussées au sous-sol ou aux balcons, car elles ne sont pas considérées comme nos mères ou filles ou sœurs, mais comme éléments déclencheurs pouvant enflammer les passions masculines.
Les crimes d’honneur ont lieu parce que certains musulmans ont été influencés par leurs mollahs : pour eux, le fardeau de l’honneur familial et de la religion est acquis par la virginité de leurs filles et de leurs sœurs. La plupart des mollahs admettent que, selon la Charia, une femme qui a des relations sexuelles consentantes avec un homme hors du mariage mérite d’être fouettée en public ou lapidée jusqu’à la mort par un État ou un tribunal islamique. Ces islamistes ne voient-ils pas comment cette interprétation peut être perçue par les hommes comme une permission de prendre la loi en main ?
Nous ne nous prendrons pas en considération le problème du « cancer » des crimes d’honneur, qui tue plus de 5000 personnes en Asie du sud et Moyen-Orient, tant que les clercs musulmans et les imams n’abandonneront pas cette notion de la femme appartenant à l’homme.
La mentalité sous-jacente (à cette situation) est un problème dans presque tous les endroits du monde. En octobre 2006 par exemple, un imam australien d’origine libanaise, le clerc musulman le plus âgé du pays, a provoqué l’indignation quand il a décrit les femmes qui ne s’habillent pas pudiquement (selon lui) comme de la « viande découverte » qui invite aux attaques sexuelles. Sheikh Taj Al-din al-Hilali, le soi-disant Mufti d’Australie, a condamné les femmes qui, selon lui, « se déhanchent de façon suggestive », se maquillent et ne portent pas le hijab.
Jusqu’en 2007, seuls les hommes avaient traduit et interprété le Coran. Car l’idée même d’une femme traduisant le livre sacré offense les islamistes. Prenons, par exemple, la réaction à la toute première traduction par une femme, Le Coran sublime, de Laleh Bakhtiar, il y a deux ans.
Mohammad Ashraf de la branche canadienne de la Société islamique d’Amérique du Nord (Islamic Society of North America (ISNA)), le même homme qui, cette semaine, a affirmé à CBC qu’il n’y avait pas de dispositions pour les crimes d’honneur dans l’islam, a confié au Toronto Star qu’il n’autoriserait pas la vente du livre Le Coran sublime dans la librairie de l’ISNA. « Notre librairie n’accepterait pas ce genre de traduction », dit-il. « J’envisagerais de le faire interdire… Cette traduction favorable aux femmes n’est pas conforme et n’ira pas loin. »
Qu’avait fait Laleh Bakhtiar pour mériter qu’on la punisse en interdisant sa traduction du Coran dans les librairies islamiques de l’ISNA ? Son erreur, selon les islamistes, est de penser que le Coran ne tolère pas la maltraitance conjugale, comme ils l’affirment eux-mêmes.
Si une traduction du Coran faite par une femme est interdite dans une librairie islamique, quoi d’autre y est disponible ? Dans une librairie de Toronto, le titre d’un livre de poche tape-à-l’œil crie aux passants : Les femmes qui méritent d’aller en Enfer. Le livre, qui est également largement disponible dans les bibliothèques britanniques et les mosquées, fait la liste du genre de femmes qui feront face à la damnation éternelle.
Parmi elles :
“La ronchonne… la femme qui se plaint à son mari de temps à autre appartient à l’Enfer. »
« La femme qui se pare. »
« La femme qui singe les hommes, tatouages, coupe ses cheveux courts et change la Nature. »
Les dirigeants du clergé musulman qui affirment que les crimes d’honneur ne sont pas autorisés par l’islam ne seront pas pris au sérieux tant qu’ils ne prendront pas des mesures pour mettre fin à l’apartheid des sexes et à la misogynie. Ils ne peuvent proclamer que les femmes sont source du péché et qu’elles méritent la mort parce qu’elles ont des relations sexuelles consentantes, et prétendre ensuite que les hommes qui exécutent la condamnation à mort agissent contre la loi islamique.
Source originale en anglais : The National Post, 24 juillet 2009.
Traduction pour Sisyphe : Marine Picard
http://sisyphe.org/spip.php?article3364" onclick="window.open(this.href);return false;
et voilà qui est Tarek Fatah
http://en.wikipedia.org/wiki/Tarek_Fatah" onclick="window.open(this.href);return false;
Comment guérir le "cancer" des crimes d’honneur
par Tarek Fatah
On ne peut nier que l’islam, dans sa version contemporaine, soit obsédé par la sexualité des femmes et la considère comme un problème capital. Le hijab, le niqab, la burka et la polygamie sont tous des manifestations de cette phobie.
Presque au même moment où on a appris que les meurtres de trois sœurs adolescentes afghano-canadiennes et de la première femme de leur père à Kingston, Ontario, étaient des crimes d’honneur potentiels, des membres de la communauté musulmane ont réagi de la manière la plus prévisible : par la défense et le déni.
Au lieu de condamner l’atrocité des meurtres, deux musulmans m’ont réprimandé durant mon émission de radio à CFRB à Toronto pour avoir parlé de l’affaire, et ont suggéré que j’avais des motivations cachées. « Cela n’a rien à voir avec l’islam », dit un autre, même si personne dans l’émission n’avait jusque- là mentionné le mot « islam », encore moins accusé la religion d’autoriser les crimes d’honneur.
Ils n’étaient pas les seuls. Le dirigeant de la branche canadienne de la Société islamique d’Amérique du Nord (Islamic Society of North America (ISNA)) a raconté à CBC plus ou moins la même chose - que cette histoire n’était pas liée à l’islam, qui n’autorisait pas apparemment les crimes d’honneur.
Ils ont à la fois tort et raison. Il est vrai que le livre saint de l’islam, le Coran, n’autorise pas les crimes d’honneur. Mais nier le fait que de nombreux crimes d’honneur sont conduits par des pères, fils et frères musulmans, et que de nombreuses victimes sont des femmes musulmanes, serait faire preuve de mauvaise foi intellectuelle. Au pire, il s’agit d’une tentative de clore le débat.
Quand à Mississauga, Ontario, l’adolescente Aqsa Pervez fut tuée, tout le monde, des Mollahs jusqu’aux pseudo-féministes musulmans, affirmèrent qu’il ne s’agissait pas d’un crime d’honneur, même s’il y avait des allégations affirmant qu’elle avait des ennuis avec sa famille car elle fréquentait des amies non musulmanes qui ne portaient pas le hijab. Des critiques accusèrent alors ceux qui parlaient du meurtre en ces termes d’être des bigots antimusulmans. Sottise.
Comme je l’ai dit, il est vrai que le Coran n‘autorise pas ce genre de meurtres, mais la loi de la Charia, instituée par l’homme, et qui a illégitimement acquis un statut divin, autorise le meurtre des femmes si elles se laissent tenter par des relations sexuelles consentantes avant ou en dehors du mariage. C’est précisément pourquoi de nombreux musulmans progressifs et libéraux se sont opposés à l’introduction de la Charia au Canada.
On ne peut nier que l’islam, dans sa version contemporaine, soit obsédé par la sexualité des femmes et la considère comme un problème capital. Le hijab, le niqab, la burka et la polygamie sont tous des manifestations de cette phobie.
Les mollahs et les directeurs des mosquées peuvent nier leur rôle dans l’acceptation des femmes musulmanes comme citoyennes de seconde classe au sein de la communauté, mais la place qu’ils leur réservent dans la maison de Dieu, la Mosquée, révèle leurs réelles convictions. À l’exception d’une mosquée à Toronto, pas une seule n’est prête à laisser les femmes musulmanes s’assoir au premier rang. Elles sont envoyées au fond, ou derrière les rideaux, ou poussées au sous-sol ou aux balcons, car elles ne sont pas considérées comme nos mères ou filles ou sœurs, mais comme éléments déclencheurs pouvant enflammer les passions masculines.
Les crimes d’honneur ont lieu parce que certains musulmans ont été influencés par leurs mollahs : pour eux, le fardeau de l’honneur familial et de la religion est acquis par la virginité de leurs filles et de leurs sœurs. La plupart des mollahs admettent que, selon la Charia, une femme qui a des relations sexuelles consentantes avec un homme hors du mariage mérite d’être fouettée en public ou lapidée jusqu’à la mort par un État ou un tribunal islamique. Ces islamistes ne voient-ils pas comment cette interprétation peut être perçue par les hommes comme une permission de prendre la loi en main ?
Nous ne nous prendrons pas en considération le problème du « cancer » des crimes d’honneur, qui tue plus de 5000 personnes en Asie du sud et Moyen-Orient, tant que les clercs musulmans et les imams n’abandonneront pas cette notion de la femme appartenant à l’homme.
La mentalité sous-jacente (à cette situation) est un problème dans presque tous les endroits du monde. En octobre 2006 par exemple, un imam australien d’origine libanaise, le clerc musulman le plus âgé du pays, a provoqué l’indignation quand il a décrit les femmes qui ne s’habillent pas pudiquement (selon lui) comme de la « viande découverte » qui invite aux attaques sexuelles. Sheikh Taj Al-din al-Hilali, le soi-disant Mufti d’Australie, a condamné les femmes qui, selon lui, « se déhanchent de façon suggestive », se maquillent et ne portent pas le hijab.
Jusqu’en 2007, seuls les hommes avaient traduit et interprété le Coran. Car l’idée même d’une femme traduisant le livre sacré offense les islamistes. Prenons, par exemple, la réaction à la toute première traduction par une femme, Le Coran sublime, de Laleh Bakhtiar, il y a deux ans.
Mohammad Ashraf de la branche canadienne de la Société islamique d’Amérique du Nord (Islamic Society of North America (ISNA)), le même homme qui, cette semaine, a affirmé à CBC qu’il n’y avait pas de dispositions pour les crimes d’honneur dans l’islam, a confié au Toronto Star qu’il n’autoriserait pas la vente du livre Le Coran sublime dans la librairie de l’ISNA. « Notre librairie n’accepterait pas ce genre de traduction », dit-il. « J’envisagerais de le faire interdire… Cette traduction favorable aux femmes n’est pas conforme et n’ira pas loin. »
Qu’avait fait Laleh Bakhtiar pour mériter qu’on la punisse en interdisant sa traduction du Coran dans les librairies islamiques de l’ISNA ? Son erreur, selon les islamistes, est de penser que le Coran ne tolère pas la maltraitance conjugale, comme ils l’affirment eux-mêmes.
Si une traduction du Coran faite par une femme est interdite dans une librairie islamique, quoi d’autre y est disponible ? Dans une librairie de Toronto, le titre d’un livre de poche tape-à-l’œil crie aux passants : Les femmes qui méritent d’aller en Enfer. Le livre, qui est également largement disponible dans les bibliothèques britanniques et les mosquées, fait la liste du genre de femmes qui feront face à la damnation éternelle.
Parmi elles :
“La ronchonne… la femme qui se plaint à son mari de temps à autre appartient à l’Enfer. »
« La femme qui se pare. »
« La femme qui singe les hommes, tatouages, coupe ses cheveux courts et change la Nature. »
Les dirigeants du clergé musulman qui affirment que les crimes d’honneur ne sont pas autorisés par l’islam ne seront pas pris au sérieux tant qu’ils ne prendront pas des mesures pour mettre fin à l’apartheid des sexes et à la misogynie. Ils ne peuvent proclamer que les femmes sont source du péché et qu’elles méritent la mort parce qu’elles ont des relations sexuelles consentantes, et prétendre ensuite que les hommes qui exécutent la condamnation à mort agissent contre la loi islamique.
Source originale en anglais : The National Post, 24 juillet 2009.
Traduction pour Sisyphe : Marine Picard
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et voilà qui est Tarek Fatah
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Re: Soeurs noyées à Kingston
Quelques mises au point s'imposent sur les crimes dit d'honneur
Sirma Bilge, Professeure, Département de sociologie, Université de Montréal
Le Devoir Édition du mercredi 05 août 2009
Les déclarations de la police ontarienne insinuant que le quadruple meurtre de Kingston puisse être un «crime d'honneur» ont connu un important retentissement médiatique, déclenchant un débat sur ce terme. Si d'aucuns ne semblent pas avoir besoin d'enquête policière pour connaître les mobiles du crime, je propose de scruter ce concept loin des spéculations.
Le terme «crime d'honneur» couvre un ensemble de violences intrafamiliales infligées aux femmes par leurs proches parents masculins pour cause de «comportement immoral» réel ou putatif. Si l'exemple type d'un crime d'honneur est le meurtre d'une femme par son père ou son frère pour avoir eu, ou être soupçonnée d'avoir eu, des relations sexuelles prémaritales ou extraconjugales, d'autres violences (séquestration, enlèvement, mariage forcé, agression...) entrent aussi dans cette catégorie. Parfois, les hommes avec qui ces femmes auraient «fauté» sont également victimes de crimes d'honneur.
Un meurtre d'honneur est souvent prémédité, et ceci joue un rôle déterminant sur les moyens de défense disponibles aux accusés. Si, au Canada, les tentatives d'utiliser la «défense de provocation» (laquelle permet d'obtenir une réduction de peine en transformant l'accusation de meurtre au premier degré à homicide involontaire coupable) dans les cas de meurtre d'honneur échouent, c'est parce que le Code criminel canadien exclut les meurtres prémédités de la défense de provocation.
Aussi, l'auteur d'un meurtre d'honneur agit rarement seul. Il trouve dans son cercle de relations sociales immédiates, au sein de sa famille et de sa communauté (clan, village...), des personnes appuyant son acte, qui sont prêtes à l'ostraciser s'il s'abstient de punir la femme «fautive» et de laver le déshonneur par le sang. Il faut savoir que dans un univers normatif régi par ce type de code qui définit l'honneur à partir de la pureté sexuelle des femmes de la famille, le «comportement immoral» de l'une des parentes jette le déshonneur sur toute la famille et la fait chuter dans un «coma social». Les relations d'amitié, de voisinage, voire commerciales, se trouvent affectées; les hommes de la famille devenant moins que des hommes, à qui personne ne voudra marier ses filles, les femmes de la famille étant perçues comme prêtes à suivre les pas de leur parente immorale. Bref, derrière les crimes d'honneur se profile une toile complexe et extrêmement contraignante de relations et de devoirs; les «confidences» de meurtriers en disent long sur leur obligation morale de tuer leur parente qui a dégradé l'honneur familial, sur la forte pression sociale et psychologique exercée par leurs familles et communautés sous laquelle ils ont commis leur crime. Cette complicité de la collectivité, qui caractérise la plupart des crimes d'honneur, est malheureusement rarement prise en considération.
Complaisance de l'État
Au-delà de la complicité de la collectivité, pour plusieurs pays du Moyen-Orient, de l'Asie du Sud, mais aussi de l'Amérique latine (comme au Brésil et en Uruguay) on peut parler d'une complaisance de l'État qui se manifeste entre autres dans les codes pénaux octroyant exemptions ou réductions de peines aux crimes d'honneur. La situation est différente en Occident, où ce type de crime a rarement bénéficié d'un traitement d'exception; les cas de meurtres où la «culture», dont le sens d'honneur spécifique de l'accusé, a permis de réduire la peine se comptent sur les doigts d'une main. Ces dérives judiciaires ont attiré à juste titre de vives critiques, rendant les magistrats plus attentifs au détournement de la défense de provocation de son objectif. Dans une affaire de meurtre prémédité en 2006, la Cour d'appel d'Ontario a rejeté l'utilisation de la défense de provocation (et des arguments culturels qui s'y insèrent), confirmant la condamnation du mari canadien originaire des Émirats arabes unis à 25 ans de réclusion pour le meurtre au premier degré de sa femme, qu'il disait soupçonner d'adultère. La Cour a déclaré que le droit criminel canadien ne pouvait accepter qu'un système de croyances contraire aux valeurs canadiennes fondamentales, dont l'égalité des sexes, puisse constituer le fondement d'une défense de provocation contre une accusation de meurtre.
Dans un cas de double meurtre commis à Ottawa en 2006, les avocats de l'accusé ont aussi échoué à faire valoir une défense de provocation, précisément la notion d'«atteinte à l'honneur familial» comme source de provocation. Le jugement rendu en mai 2009 déclare coupable le jeune Canadien d'origine afghane, accusé d'avoir tué sa soeur et son fiancé, parce que son père n'approuvait pas leurs fiançailles et que sa soeur avait déménagé chez sa future belle-famille, de meurtre au premier degré, ce qui entraîne une peine automatique de perpétuité sans possibilité de libération avant 25 ans.
On ne peut donc pas dire que les crimes d'honneur bénéficient d'un traitement d'exception ou d'une quelconque réduction de peine dans les tribunaux occidentaux. Les magistratures refusent de considérer le sens d'honneur spécifique d'un accusé du fait de sa culture comme circonstance atténuante, et les auteurs de ces crimes prémédités écopent souvent des peines maximales prévues par la loi. Pourtant, la question de l'interprétation du crime d'honneur demeure entière.
Une culture de groupe
Si on se fie aux expériences d'autres pays occidentaux confrontés à ce problème avant le Canada, deux écueils d'interprétation sont à éviter: l'un consiste à individualiser à outrance la question, à tel point que chaque fois il s'agira de la «folie» d'un individu, à la rigueur d'une famille: on parlera d'une déviance, d'une pathologie individuelle. L'autre consiste au contraire à généraliser à outrance la question, à tel point qu'il s'agira d'un problème universel qui n'a aucune spécificité et qui relève d'une domination masculine sans frontières, de l'oppression patriarcale universelle. Certes, les dimensions individuelles et universelles ne sont pas insignifiantes dans la problématique des violences faites aux femmes, mais le grand absent des interprétations axées sur l'une ou l'autre optique est la dimension «groupale». Force est d'admettre que les victimes de meurtres d'honneur ne sont pas tuées uniquement parce qu'elles sont des femmes (la «femme universelle»), mais parce qu'elles sont des femmes appartenant à certains groupes constituant des communautés morales précises, ayant un système de valeurs, disons-le une culture, communs. Ces femmes sont tuées en tant que membres féminins de ces groupes ayant transgressé le code d'honneur.
Cette réticence à parler des crimes d'honneur autrement que comme pathologies individuelles ou exemple supplémentaire de la structure patriarcale universelle cache deux choses. D'une part, on craint que considérer les crimes d'honneur comme des manifestations historiquement et culturellement spécifiques de la violence faite aux femmes ouvre la voie à un relativisme pouvant conduire à leur accommodement (comme des réductions de peines). D'autre part, on redoute de se faire accuser de racisme, plus précisément d'essentialisme culturel, qui consiste à généraliser ces pratiques à un groupe entier et à occulter la diversité et la dissidence à l'intérieur du groupe. Or, si la spécificité culturelle du groupe est approchée d'une manière non essentialiste, les principes moraux mobilisés par les femmes et les hommes luttant contre les crimes d'honneur et issus des communautés touchées par ces pratiques doivent être vus comme faisant autant partie de la culture de ces groupes que le sont les principes utilisés pour les légitimer. Bien entendu, tenir compte de la dimension culturelle des crimes d'honneur ne revient pas à occulter les autres dynamiques (économiques, politiques...) qui s'y déploient. In fine, la manière juste de parler de ces crimes reste à inventer; l'efficacité des luttes à venir en dépend.
http://www.ledevoir.com/2009/08/05/261625.html" onclick="window.open(this.href);return false;
Sirma Bilge, Professeure, Département de sociologie, Université de Montréal
Le Devoir Édition du mercredi 05 août 2009
Les déclarations de la police ontarienne insinuant que le quadruple meurtre de Kingston puisse être un «crime d'honneur» ont connu un important retentissement médiatique, déclenchant un débat sur ce terme. Si d'aucuns ne semblent pas avoir besoin d'enquête policière pour connaître les mobiles du crime, je propose de scruter ce concept loin des spéculations.
Le terme «crime d'honneur» couvre un ensemble de violences intrafamiliales infligées aux femmes par leurs proches parents masculins pour cause de «comportement immoral» réel ou putatif. Si l'exemple type d'un crime d'honneur est le meurtre d'une femme par son père ou son frère pour avoir eu, ou être soupçonnée d'avoir eu, des relations sexuelles prémaritales ou extraconjugales, d'autres violences (séquestration, enlèvement, mariage forcé, agression...) entrent aussi dans cette catégorie. Parfois, les hommes avec qui ces femmes auraient «fauté» sont également victimes de crimes d'honneur.
Un meurtre d'honneur est souvent prémédité, et ceci joue un rôle déterminant sur les moyens de défense disponibles aux accusés. Si, au Canada, les tentatives d'utiliser la «défense de provocation» (laquelle permet d'obtenir une réduction de peine en transformant l'accusation de meurtre au premier degré à homicide involontaire coupable) dans les cas de meurtre d'honneur échouent, c'est parce que le Code criminel canadien exclut les meurtres prémédités de la défense de provocation.
Aussi, l'auteur d'un meurtre d'honneur agit rarement seul. Il trouve dans son cercle de relations sociales immédiates, au sein de sa famille et de sa communauté (clan, village...), des personnes appuyant son acte, qui sont prêtes à l'ostraciser s'il s'abstient de punir la femme «fautive» et de laver le déshonneur par le sang. Il faut savoir que dans un univers normatif régi par ce type de code qui définit l'honneur à partir de la pureté sexuelle des femmes de la famille, le «comportement immoral» de l'une des parentes jette le déshonneur sur toute la famille et la fait chuter dans un «coma social». Les relations d'amitié, de voisinage, voire commerciales, se trouvent affectées; les hommes de la famille devenant moins que des hommes, à qui personne ne voudra marier ses filles, les femmes de la famille étant perçues comme prêtes à suivre les pas de leur parente immorale. Bref, derrière les crimes d'honneur se profile une toile complexe et extrêmement contraignante de relations et de devoirs; les «confidences» de meurtriers en disent long sur leur obligation morale de tuer leur parente qui a dégradé l'honneur familial, sur la forte pression sociale et psychologique exercée par leurs familles et communautés sous laquelle ils ont commis leur crime. Cette complicité de la collectivité, qui caractérise la plupart des crimes d'honneur, est malheureusement rarement prise en considération.
Complaisance de l'État
Au-delà de la complicité de la collectivité, pour plusieurs pays du Moyen-Orient, de l'Asie du Sud, mais aussi de l'Amérique latine (comme au Brésil et en Uruguay) on peut parler d'une complaisance de l'État qui se manifeste entre autres dans les codes pénaux octroyant exemptions ou réductions de peines aux crimes d'honneur. La situation est différente en Occident, où ce type de crime a rarement bénéficié d'un traitement d'exception; les cas de meurtres où la «culture», dont le sens d'honneur spécifique de l'accusé, a permis de réduire la peine se comptent sur les doigts d'une main. Ces dérives judiciaires ont attiré à juste titre de vives critiques, rendant les magistrats plus attentifs au détournement de la défense de provocation de son objectif. Dans une affaire de meurtre prémédité en 2006, la Cour d'appel d'Ontario a rejeté l'utilisation de la défense de provocation (et des arguments culturels qui s'y insèrent), confirmant la condamnation du mari canadien originaire des Émirats arabes unis à 25 ans de réclusion pour le meurtre au premier degré de sa femme, qu'il disait soupçonner d'adultère. La Cour a déclaré que le droit criminel canadien ne pouvait accepter qu'un système de croyances contraire aux valeurs canadiennes fondamentales, dont l'égalité des sexes, puisse constituer le fondement d'une défense de provocation contre une accusation de meurtre.
Dans un cas de double meurtre commis à Ottawa en 2006, les avocats de l'accusé ont aussi échoué à faire valoir une défense de provocation, précisément la notion d'«atteinte à l'honneur familial» comme source de provocation. Le jugement rendu en mai 2009 déclare coupable le jeune Canadien d'origine afghane, accusé d'avoir tué sa soeur et son fiancé, parce que son père n'approuvait pas leurs fiançailles et que sa soeur avait déménagé chez sa future belle-famille, de meurtre au premier degré, ce qui entraîne une peine automatique de perpétuité sans possibilité de libération avant 25 ans.
On ne peut donc pas dire que les crimes d'honneur bénéficient d'un traitement d'exception ou d'une quelconque réduction de peine dans les tribunaux occidentaux. Les magistratures refusent de considérer le sens d'honneur spécifique d'un accusé du fait de sa culture comme circonstance atténuante, et les auteurs de ces crimes prémédités écopent souvent des peines maximales prévues par la loi. Pourtant, la question de l'interprétation du crime d'honneur demeure entière.
Une culture de groupe
Si on se fie aux expériences d'autres pays occidentaux confrontés à ce problème avant le Canada, deux écueils d'interprétation sont à éviter: l'un consiste à individualiser à outrance la question, à tel point que chaque fois il s'agira de la «folie» d'un individu, à la rigueur d'une famille: on parlera d'une déviance, d'une pathologie individuelle. L'autre consiste au contraire à généraliser à outrance la question, à tel point qu'il s'agira d'un problème universel qui n'a aucune spécificité et qui relève d'une domination masculine sans frontières, de l'oppression patriarcale universelle. Certes, les dimensions individuelles et universelles ne sont pas insignifiantes dans la problématique des violences faites aux femmes, mais le grand absent des interprétations axées sur l'une ou l'autre optique est la dimension «groupale». Force est d'admettre que les victimes de meurtres d'honneur ne sont pas tuées uniquement parce qu'elles sont des femmes (la «femme universelle»), mais parce qu'elles sont des femmes appartenant à certains groupes constituant des communautés morales précises, ayant un système de valeurs, disons-le une culture, communs. Ces femmes sont tuées en tant que membres féminins de ces groupes ayant transgressé le code d'honneur.
Cette réticence à parler des crimes d'honneur autrement que comme pathologies individuelles ou exemple supplémentaire de la structure patriarcale universelle cache deux choses. D'une part, on craint que considérer les crimes d'honneur comme des manifestations historiquement et culturellement spécifiques de la violence faite aux femmes ouvre la voie à un relativisme pouvant conduire à leur accommodement (comme des réductions de peines). D'autre part, on redoute de se faire accuser de racisme, plus précisément d'essentialisme culturel, qui consiste à généraliser ces pratiques à un groupe entier et à occulter la diversité et la dissidence à l'intérieur du groupe. Or, si la spécificité culturelle du groupe est approchée d'une manière non essentialiste, les principes moraux mobilisés par les femmes et les hommes luttant contre les crimes d'honneur et issus des communautés touchées par ces pratiques doivent être vus comme faisant autant partie de la culture de ces groupes que le sont les principes utilisés pour les légitimer. Bien entendu, tenir compte de la dimension culturelle des crimes d'honneur ne revient pas à occulter les autres dynamiques (économiques, politiques...) qui s'y déploient. In fine, la manière juste de parler de ces crimes reste à inventer; l'efficacité des luttes à venir en dépend.
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Dernière modification par unpeucommeavant le lun. août 10, 2009 4:40 pm, modifié 3 fois.
[color=#000080]Comme il est doux, à travers les brumes, de voir naître l'étoile..
[size=85]Baudelaire[/size][/color]
[size=85]Baudelaire[/size][/color]