Expulsée du cégep
Le niqab de la discorde
Mise à jour : 04/03/2010 12h35
L’expulsion de Naïma, une Québécoise d’origine égyptienne qui refusait d’enlever son niqab lors d’un cours de français au Cégep de Saint-Laurent à Montréal, suscite de nombreuses réactions autant dans l’opinion publique que chez nos élus. Nombreux sont ceux qui croient que le voile intégral n’a pas sa place dans l’espace public. Jean-Luc Mongrain y a d’ailleurs consacré une partie de son émission ce matin.
«Il est écrit nulle par écrit dans l’islam que la femme doit couvrir son visage, (le niqab) c’est donc un habit culturel. ll faut cesser d’associer le niqab et la burqa à la religion. Si elle (Naïma) croit que c’est un habit religieux, c’est sa façon de voir les choses», explique Souad Bounakhla, qui a fondé l’association Al-Arabiya, il y a cinq ans, afin de promouvoir le rapprochement interculturel.
Madame Bounakhla croît qu’on ne peut pas forcer Naïma à retirer son niqab. «Pour moi le Québec est une terre d’accueil, mais il y a parfois de la méconnaissance». Elle ajoute. «On l’a acceptée (Naïma) avec son indenté culturelle, on ne peut pas la changer toute de suite, l’éducation est de longue haleine, il faut lui donner le temps».
Le regard des hommes
«Le voile est en lien avec le regard de l’homme sur la femme, (il est porté) pour inhiber le désir, les pensées sexuelles que peut avoir l’homme en regardant une femme. Avec le temps, c’est devenu de plus en plus grave, (le niqab) c’est l’inhibition de la femme en tant que corps», nuance Antoinette Layoun. La Québécoise d’origine arabe ne mâche pas ses mots. «Le niqab c’est de l’extrémisme. On a interprété la religion, c’est une forme manipulation pour l’asservissement de la femme».
Naïma affirme se sentir humiliée (regardez notre entrevue) et vivre des moments éprouvants. Madame Layoun comprend que Naïma peut vivre de l’ostracisme. «Je crois qu’elle souffre de notre réaction, pour elle c’est la norme de porter le voile. Il ne faut pas tenter de la convertir, mais il faut l’aider à comprendre qu’il n’y a pas de danger pour elle à retirer son voile dans l’espace public. Ce n’est pas parce que les femmes ne sont pas voilées qu’elles sont violées ».
Pas de niqab à l’école
Luc Perron, président du Syndicat des professeurs de l'État du Québec, a également son point de vue sur le niqab et la controverse que suscite l’histoire de Naïma. «Ça fait quelques années qu’on demande au ministère d’avoir une politique rigoureuse par rapport au port du niqab. On ne devrait pas l’accepter».
Du même souffle l’enseignant ajoute qu’il faut remercier l’étudiante. «Elle nous donne un bon coup de main, car le ministère agit par ce que j’appelle "commodité paresseuse", quand il n’y a pas un cas comme celui-là, on évite de faire une règle ou une directive ».
C’est Québec qui règlera la question. Le gouvernement clarifiera sa position sur le port du voile intégral dans les institutions publiques selon ce qu’a annoncé la vice-première ministre, Nathalie Normandeau.
(TVA Nouvelles)
http://lcn.canoe.ca/lcn/infos/national/ ... 23545.html" onclick="window.open(this.href);return false;