La télé vue par Madame Louise
Bonjour la police! Bienvenue dans mon salon!
Louise Cousineau / TV Hebdo - 2011-02-07 12:51:23
Ma maison a été cambriolée plus d'une fois. Ma voiture chérie, une Jetta six cylindres, a été volée dans mon entrée de garage. La police est venue constater, et j'ai vite compris que ce genre de crime n'était pas pris au sérieux.
Deux fois j'ai ramassé des portefeuilles bien garnis - je suis plus chanceuse que la Charlotte qui prie Notre-Dame - et, instinctivement, j'ai décidé de ne pas appeler la police. J'imaginais la paperasse à remplir. Et, surtout, pardonnez-moi messieurs et mesdames les polices, je me suis demandé si les malheureux propriétaires des portefeuilles retrouveraient leur bien. Après tout, je n'ai jamais revu les miens.
J'ai retrouvé moi-même les propriétaires des portefeuilles. Ça ne prenait pas Columbo pour faire enquête.
Un métier infernal
Tout ça pour vous dire que ma méfiance envers les gardiens de l'ordre est grande. Récemment, une policière a enquêté sur la démolition accidentelle de ma clôture. J'ai perdu l'usage de la parole quand elle m'a annoncé avoir trouvé le coupable, qui avait commis un délit de fuite. J'ai été éperdue d'admiration. Mais j'ai fini par conclure que c'était l'exception qui confirme la règle.
Par ailleurs, chaque fois que les nouvelles à la télé me montrent une maison où un enfant a été maltraité ou même assassiné, je me dis que les enquêteurs qui entrent là ont un courage extraordinaire. Comment vont-ils arriver à dormir? À oublier?
Pourquoi font-ils ce métier?
La réalité des policiers
Voilà pourquoi je regarde avec autant d'admiration la série 19-02, qui a débuté en février à Radio-Canada. Elle nous amène dans cet univers inconnu des honnêtes gens. Deux flics débarquent au beau milieu de drames intenses dans un quartier chaud de Montréal. Des chicanes de ménage. Des hold-up où les malfrats leur collent le fusil sur la tempe.
On les voit essayer de calmer des gens survoltés. Tout en espérant ne pas se faire descendre. Les scènes de crimes sont tournées avec réalisme. Le spectateur se dit qu'il faut être fou pour faire ce métier impossible.
Des personnages complexes
Les deux héros de la série ne sont pas fous, mais ils ont des bébites qui les hantent.
Le personnage joué par Réal Bossé est particulièrement amoché. Son partenaire est resté lourdement handicapé à la suite d'une opération policière, et Nick a sombré dans la culpabilité. Lorsque le vilain chef du poste lui impose la présence de Ben (Claude Legault) dans l'auto-patrouille, Nick déteste d'emblée ce «chevreuil» qui vient de la SQ.
J'ai regardé beaucoup de séries policières, mais j'ai l'impression que celle-ci va me faire comprendre ce qui pousse des gens sensés à faire ce métier infernal. On constate qu'ils ne sont vraiment à l'aise qu'avec leurs collègues. Les soirées dans le boui-boui tenu par Louise Portal sont les seules occasions où ils relaxent vraiment.
Pas étonnant: c'est la veuve d'un flic. Il n'y a que dans la confrérie qu'on peut se comprendre.
Et comme le snack-bar est dans notre salon, peut-être arriverons-nous à pénétrer leurs secrets.