Procès de Guy Turcotte

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ZoeBelle
Modeste Jacasseur
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Re: Procès de Guy Turcotte

Message par ZoeBelle »

OAS a écrit : [...]



C'est un peu complexe, mais essentiellement, la défense de troubles mentaux doit d'abord être examinée pour déterminer si ce moyen de défense a été prouvé en vertu de l'article 16, à savoir que ses troubles mentaux le rendaient incapable de juger de la nature et de la qualité de ses actes, ce qui résulterait en un acquitement - non responsabilité criminelle.

Si le jury détermine que l'accusé, selon la prépondérance des probabilités, n'était pas atteint de troubles mentaux dans la mesure nécessaire pour pouvoir prononcer le verdict de non‑responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux, il doit considérer encore la preuve des troubles mentaux et tous les autres éléments de preuve pour déterminer s'il avait l’intention spécifique de commettre l’infraction de meurtre, ou si c'était un homicide involontaire coupable.

La Cour Supréme explique, dans Jacquard (1997), cité plus de 250 fois dans d'autres cas:
"Le jury a reçu des directives appropriées sur la façon dont la preuve des troubles mentaux s’appliquait à chacune des questions juridiques soulevées. Dans son exposé, le juge du procès a clairement indiqué qu’il incombait au ministère public de prouver hors de tout doute raisonnable l’existence de tous les éléments du meurtre au premier degré, y compris la «préméditation et [le] propos délibéré», et qu’il s’agissait là d’une obligation différente de celle imposée à l’accusé dans le contexte du moyen de défense fondé sur l’art. 16. Les jurés ont aussi parfaitement compris que même s’ils concluaient que l’accusé n’avait pas établi suffisamment l’existence d’un moyen de défense fondé sur l’art. 16, il y avait encore lieu d’examiner les autres moyens de défense. Le juge du procès n’a pas dit au jury de ne pas tenir compte de la preuve des troubles mentaux si l’existence du moyen de défense fondé sur l’art. 16 n’était pas établie. En fait, il a expressément donné des directives contraires . De plus, le juge du procès n’a pas à aviser le jury des distinctions plus subtiles qui existent entre la manière dont l’incapacité mentale d’un accusé peut miner sa capacité de former une intention par opposition à sa capacité d’agir avec préméditation et de propos délibéré. Il suffit que, dans leur ensemble, ses directives fassent prendre conscience au jury que la preuve des troubles mentaux de l’accusé doit être examinée relativement à chacune des questions en litige, et ne l’amènent pas à croire à tort que conclure à l’existence de l’intention oblige nécessairement à conclure qu’il y a eu préméditation et propos délibéré. En l’espèce, le jury a reçu des directives appropriées sur le sens, la portée et l’effet de l’expression «avec préméditation et de propos délibéré»."


De plus, il y a aussi la question d'homicide involontaire coupable pour cause d'intoxication, à examiner.
La défense a essayé tous les moyens possibles, en espérant que quelque chose colle ....
OK, avant d'écrire, j'ai aussi fait mes devoirs et je suis retournée lire le code criminel, pour bien comprendre tes explications.

Pour résumer vite fait:

- le meurtre au 2e degré se distingue principalement du meurtre au 1e degré par le fait qu'il s'est accompli soit sans la préméditation, soit sans l'intention, soit sans le propos délibéré

- alors que l'homicide involontaire coupable est accompli sans l'intervention d'aucun de ces 3 éléments; en d'autre mots, c'est pas mal un "homicide accidentel", genre un accident de chasse par exemple...)

Dis moi si je suis dans le champs. Mais bon, je pense que j'ai saisi que le jury, pour déclarer un verdict de meurtre au 1e degré doit pouvoir être convaincu hors de tout doute de la préméditation, l'intention et le propos délibéré.

Mais quand tu dis que le jury doit "quand même considérer la preuve de troubles mentaux..." Est-ce que, par définition, si le jury rejette l'hypothèse de l'art.16, la "preuve de troubles mentaux" ne devient pas automatiquement "preuve de santé mentale" et doit être considérée comme telle par le jury quand il envisage les autres verdics possibles? C'est ce que j'ai compris du premier passage que j'ai surligné dans la citation que tu as apportée...
Dernière modification par ZoeBelle le mer. juin 29, 2011 11:31 pm, modifié 1 fois.
ZoeBelle
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Re: Procès de Guy Turcotte

Message par ZoeBelle »

OAS a écrit : Si la défense de troubles mentaux n'est pas prouvée, l'accusé est présumé ne pas avoir été atteint de troubles mentaux de nature à ne pas engager sa responsabilité criminelle à l’égard d’un acte ou d’une omission de sa part survenu alors qu’elle était atteinte de troubles mentaux qui la rendaient incapable de juger de la nature et de la qualité de l’acte ou de l’omission, ou de savoir que l’acte ou l’omission était mauvais. Sa responsabilité criminelle est engagée et il ne peut être acquité.
:crazy:
Attend là. "présumé NE PAS avoir été atteint... survenu alors qu'elle ÉTAIT ATTEINTE..."
Ce que tu dis, c'est qu'il peut être reconnu ne pas être atteint d'un trouble qui anhile sa responsabilité criminelle mais en même temps être atteint d'un trouble qui le rend incappable de juger de la nature et de la qualité de l'acte ou de l'omission.
Donc, il est responsable, mais pas nécessairement capable de juger si ses gestes étaient "bons ou mauvais"?
C'est pour ça que tu évoquais la question de l'intoxication volontaire? Au sens où "trouble mental qui rend incapable de juger..." peut référer à un état d'intoxication?
ZoeBelle
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Re: Procès de Guy Turcotte

Message par ZoeBelle »

OAS a écrit : À mon avis, la délibération sera brève et portera sur le degré de meurtre.

La théorie des trouibles mentaux est farfelue et n'a aucune substance et ne réussira même pas, à la lumière des faits, à atteindre le niveau de doute raisonnable quant à l'intention de tuer les enfants. De même pour la théorie d'intoxication.

L'accusé lui-même l'a dit, que son intention était d'amener les enfants dans la mort.
OK, pour m'amuser et voir si je comprends comment les jurés doivent considérer les verdicts possibles. En premier lieu, ils devront se pencher sur la question du trouble mental. S'ils éliminent cette possibilité (1- aquittement), ils devront donc considérer l'ensemble de la preuve en présumant que Turcotte était sain d'esprit et en principe, apte à formuler l'intention + la préméditation/propos délibéré. À moins justement qu'ils adhèrent à la théorie d'intoxication, comme tu disais, en quel cas... 2-homicide involontaire coupable (celle-là, je ne la comrpends tjrs pas, malgré les explications que tu as amenées plus haut... dans l'extrait que tu as reproduit/commenté, c'est pas dit que les 1e et 2e degrés d'intoxication n'empêchent pas de formuler l'intention, alors que le 3e ne peut être invoqué qu'en cas de crime non violent? Anyway). C'est donc là que se joue le propos délibéré en fait? Genre: il en formule l'intention mais pas de propos délibéré, et c'est pour ça qu'on tombe à homicide involontaire?
Si cette 2e possibilité est éliminée, reste à se pencher sur la préméditation (3 et 4: meurtre au 1e ou 2e degré).

C'est donc là-dessus que Me Carbonneau devait surtout insister, la préméditation, car c'est là que c'est p.e. moins évident, du moins pour la plupart des gens. Puisque, même s'il était en maudit depuis quand même plusieurs jours (et que ça n'est pas arrivé plus tôt), ce sont surtout les heures précédant le drame qui comptent: les coups de téléphones juste avant les faits, le fait qu'il a couché les enfants très tôt, et surtout, le fait qu'il ait prit et aiguisé 2 couteaux plus le fait qu'il se soit dit: "je vais les amener avec moi" (et p.e. aussi un fait qui ne semble pas avoir été soulevé, mais que j'estime important: toute la maison était barrée: les policiers ont du briser une fenêtre pour entrer).
Bon ben, à mes yeux, de la préméditation, il y en a plein! Je ne suis pas prête à compter les chicanes et menaces dans les courriels parmi des indices de préméditation, mais il y a quand même préméditation. Pas dans la longue durée, en tout cas, l'intention n'était pas formulée de longue date, mais dans les minutes qui ont précédé, il y a défénitivement eu une intention de formulée, donc préméditation.
Donc meurtre au 1e degre.

Si on exclue le trouble mental et l'intoxication, le fait qu'il ait donc dit la phrase que tu rapportes et que j'ai surlignée prouve purement et simplement la préméditation.
Voilà pour moi!
:lol: :fume: :lol:
Dernière modification par ZoeBelle le jeu. juin 30, 2011 1:21 am, modifié 4 fois.
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Re: Procès de Guy Turcotte

Message par ZoeBelle »

OAS a écrit : Non! Je devais mettre des guillemets:
Si la défense de troubles mentaux n'est pas prouvée, l'accusé est présumé ne pas avoir été atteint de troubles mentaux " de nature à ne pas engager sa responsabilité criminelle à l’égard d’un acte ou d’une omission de sa part survenu alors qu’elle était atteinte de troubles mentaux qui la rendaient incapable de juger de la nature et de la qualité de l’acte ou de l’omission, ou de savoir que l’acte ou l’omission était mauvais " .

Entre les gullemets, je cite l'artcile 16.
Est-ce plus clair?
Si ce n'est pas prouvé, la conclusion est qu'il n'était pas atteint de troubles mentaux de nature à annuler la capacité de juger de ses actes.
Pas d'acquitement possible.

Prochaine étape: les troubles mentaux allégués peuvent-ils quand même susciter un doute raisonnable à savoir s'il a formulé l'intention de tuer?
Si oui: homicide involontaire coupable. Si non: meurtre.

L'intoxication est une autre affaire, mais l'examen est le même: l'intoxication alléguée suscite-t-elle un doute raisonnable à savoir s'il a formulé l'intention de tuer?
Oui, c'est plus clair comme ça, merci!
:hello:
Donc tant l'intoxication que les troubles mentaux peuvent conduire à un verdict d'homicide involontaire coupable et les 2 possibilités doivent être examinées avant de rejeter cette possibilité de verdict, même si la responsabilité criminelle est engaée... Alors pour le droit, il y a "trouble mental" et "trouble mental"... I see...
C'est quand même toutchy ça.
:gluk:
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Anya
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Re: Procès de Guy Turcotte

Message par Anya »

Procès | Guy Turcotte
Motivé par la colère

Éric Thibault
30/06/2011 05h13

Guy Turcotte «avait un plan» pour «évacuer sa colère envers son ex-conjointe » et n'était pas «déconnecté de la réalité» lorsqu'il a sacrifié les deux enfants du couple.

Me Claudia Carbonneau a livré sa plaidoirie, hier, en demandant au jury de rejeter les «belles théories» de la défense sur le «cerveau détraqué» du cardiologue.

Selon la procureure de la Couronne, ce «bon père» de 39 ans savait ce qu'il faisait quand il a tué son fils Olivier, 5 ans et sa fille Anne-Sophie, 3 ans, le soir du 20 février 2009. Et ce, malgré le côté aberrant des gestes qu'on lui reproche.

«Cohérent avec son plan»

«C'est peut-être difficile de comprendre qu'une personne saine d'esprit puisse agir de façon insensée. Mais ça existe. On n'a jamais prétendu que M. Turcotte était un loup-garou ou un psychopathe. Oui, il était malade. Mais pas au point d'avoir perdu la raison», a fait valoir la procureure.

Le comportement de l'accusé était «tout à fait cohérent avec son plan», l'après-midi, le soir et le lendemain du drame de Piedmont. Me Carbonneau en a donné de nombreux exemples.

Le cardiologue a d'abord dit à Isabelle Gaston, qui venait de faire changer les serrures du domicile familial: «Tu veux la guerre, tu vas l'avoir!». Deux heures plus tard, il alimentait sa colère en relisant les courriels qu'elle avait déjà échangés à son insu avec l'entraîneur Martin Huot, qui le remplaçait maintenant dans «sa» maison.

Puis, il choisissait de boire du lave-glace pour tenter de se suicider, une «méthode peu efficace» qui a 6% de chances de réussite.

Il a annulé deux rendez-vous prévus pour le lendemain et a appelé sa mère pour lui dire à quel point il se sentait «trahi».

Pris pour «cibles»

Me Carbonneau a plaidé que l'accusé n'était pas erratique comme «un gars chaud» quand il a «atteint ses cibles à chaque fois» avec le couteau qu'il avait pris soin d'aiguiser. Une quarantaine de coups et «aucun trou dans les matelas ou les draps» des victimes, après avoir supposément «paniqué» dès les premiers gémissements de son fils.

«À l'hôpital le lendemain, il se souvenait de tout, disait qu'il avait tué ses enfants et qu'il était un criminel. Peut-on vraiment avoir un doute sur l'intention véritable de M. Turcotte quand il poignarde ses enfants à autant de reprises?»

La poursuite a souligné que les gestes horribles reprochés à Turcotte ont été motivés par «un peu d'envie» par rapport à la nouvelle relation amoureuse d'Isabelle Gaston, une passion qu'il n'avait «jamais» eue avec elle. Mais aussi par «beaucoup de colère» à l'endroit de celle qu'il avait connue durant leurs études en médecine à Québec, dix ans plus tôt.

Une colère «qui a persisté après les événements », selon Me Carbonneau, en rappelant que l'accusé a récupéré un cadeau de Noël (des soins dans un spa) offert à son ex-conjointe et a fait rayer celle-ci comme bénéficiaire de sa police d'assurance-vie de 900 000 $, dans les jours suivant la tragédie.

«L'avez-vous entendu s'excuser?», a demandé la procureure, après avoir relaté que Turcotte aurait dit à l'urgentologue qu'il n'était pas mort «parce qu'il ne voulait pas qu'elle touche l'argent de l'assurance et du testament et qu'il était trop fâché contre elle», trois mois après avoir commis l'irréparable.

Le juge Marc David achèvera de donner ses directives en droit aux jurés ce matin. Ceux-ci seront ensuite séquestrés pour entreprendre leurs délibérations en vue de rendre leur verdict.

4 Verdicts possibles

1 Criminellement non-responsable pour cause de troubles mentaux

2 Coupable de meurtres au 1er degré (ou avec préméditation)

3 Coupable de meurtres au second degré (sans préméditation)

4 Coupable d'homicide involontaire

Ce que le juge a dit

« L'acquittement pur et simple n'est pas une option», a précisé le juge David aux jurés puisque l'accusé a admis avoir tué ses enfants en commettant un acte criminel, niant toutefois en avoir eu l'intention à cause d'une combinaison de trouble mental, de crise suicidaire et d'intoxication au méthanol.

« L'enjeu essentiel pour vous sera de déterminer si le trouble mental de l'accusé l'a rendu incapable de juger de la nature et de la qualité de ses actes ou de comprendre que ses gestes étaient mauvais.»

« Si vous croyez que la défense a établi qu'il était plus probable qu'improbable que le trouble mental rendait l'accusé incapable de savoir que ses gestes étaient mauvais, il doit être déclaré non-responsable. Sinon, vous devez alors décider de quel crime il doit être trouvé coupable (entre les trois autres verdicts).»

« Les psychiatres experts sont en désaccord quant à l'état d'esprit de l'accusé au moment des gestes reprochés. Il ne s'agit pas d'un concours sur le nombre d'experts qui viennent appuyer une opinion particulière», a rappelé le juge, en faisant référence aux deux psychiatres en défense comparativement à un seul pour la Couronne.

Ce que la couronne a dit

« On vous a dit que personne de son entourage n'a pu penser que M. Turcotte, un bon père de famille, un médecin respecté, aurait pu poser des gestes aussi aberrants. Posez-vous la question: est-ce qu'ils le connaissaient vraiment?»

«On a tendance à croire que les gens normaux ne peuvent agir de façon insensée. Que fait-on avec les pères incestueux et les prêtres abuseurs ayant bonne réputation? Les déclarer non-responsables de leurs gestes horribles?»

« Les psychiatres experts de la défense ont voulu à tout prix écarter la colère et la frustration ressenties par l'accusé et mettre l'emphase sur sa tristesse et sa détresse. Pourquoi ne pas admettre qu'il vivait de la colère? C'est normal d'en avoir après ce qu'il a vécu.»

« Il entend Olivier gémir, il le voit bouger dans le lit. Il réalise qu'il fait mal à son fils. Il panique et continue. Après, il recommence avec Anne-Sophie. Pourquoi ne pas s'être arrêté? Parce qu'il a un plan.» - Me Claudia Carbonneau

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Fleur de Jasmin
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Re: Procès de Guy Turcotte

Message par Fleur de Jasmin »

Beppo a écrit : [...]


D'après les textes que tu nous cites en exemple, je crois bien plus que le juge se laisse bien aller dans l'interprétation de la loi et participe à la mascarade. Il en est le maître d'oeuvre. Car à te lire et les textes que tu cites, tout est clair et limpide. C'est même à se demander pourquoi ce procès à durer dix semaines. Si on ne se base que sur les éléments factuels, il n'y a rien à discuter là-dedans. Le juge le sait mais il laisse perdurer la comédie. Et dans bien des procès, il arrive souvent que la Couronne participe à l'oeuvre théâtrale mis en place.
C'est le juge qui a le marteau, mais le verdict est entre les mains du jury. :lol:
Et au-delà de la préméditation, de l'intention de tuer et de la responsabilité mentale...Il y a un élément qui rend encore plus probable, l'intention criminelle et c'est : Pourquoi l'a t-il fait ? Qu'est-ce qui l'a poussé à agir ? Questions auxquelles, ni la couronne ni la défense ne pouvait répondre, sinon il n'y aurait pas eu de procès.
En fait, cet élément concerne uniquement le jury. Tu sais, même si pour la cour, le père qui tue ses enfants gravement malades par pitié, est aussi coupable de meurtre que celui qui les tuent par vengeance, pour les jurés ce peut être différent, car ils ne sont pas tenus de respecter cette règle.
Alors, la fameuse phrase : Je voulais les emmener avec moi, est à mon avis, très importante, car elle peut jouer en sa faveur. Je dis bien elle peut, ce n'est rien de certain, je sais juste que c'est ce qu'il a donné comme motif pour justifier son intention.
Bref, les jurés vont très certainement, se poser ces questions et pourront-ils répondre, hors de tout doute raisonnable que c'est par vengeance qu'il a tué, ou quelques autres raisons du même genre ? Personnellement, j'en sais trop rien.

Enfin, je pense que si par son témoignage, il a réussit à émouvoir les jurés, ou à les convaincre de sa volonté de suicide, le jury pourrait conclure à meurtre au 2e degré, où à homicide involontaire coupable. Mon avis :)
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Re: Procès de Guy Turcotte

Message par ZoeBelle »

Fleur de Jasmin a écrit : Et au-delà de la préméditation, de l'intention de tuer et de la responsabilité mentale...Il y a un élément qui rend encore plus probable, l'intention criminelle et c'est : Pourquoi l'a t-il fait ? Qu'est-ce qui l'a poussé à agir ? Questions auxquelles, ni la couronne ni la défense ne pouvait répondre, sinon il n'y aurait pas eu de procès.
Moi aussi je m'étais penchée sur cet aspect. En fait, je me suis demandé si la Couronne était tenue de proposer un "Parce que..." (ici, colère et désir de vengeance). Car le jury peut bien avoir un doute raisonnable sur ce "Parce que" de la Couronne mais ça ne veut pas dire pour autant que le "Parce que" de la Défense (ici, tristesse, troubles mentaux et intoxication) est la vraie réponse... Mais un "Parce que" erroné peut quand même, surtout pour un jury, susciter une interprétation différentes de certains faits.

C'est certain que c'est plus facile pour la Couronne de composer une argumentation solide et cohérente si, comme la Défense, elle s'appuie sur un scénario. Par contre, que ce scénario ne soit pas la réelle trame des faits n'implique pas nécessairement que l'accusation posée est inappropriée. Et en fait, la job de la Couronne, c'est pas de prouver un scénario, c'est de démontrer que les faits supportent l'acte d'accusation qui a été posé (ici, les faits démontrent-ils intention + préméditation/propos délibéré?).

Je pense que la suite que tu nous amènes explique les questions que cet élément peut apporter:
Fleur de Jasmin a écrit : En fait, cet élément concerne uniquement le jury. Tu sais, même si pour la cour, le père qui tue ses enfants gravement malades par pitié, est aussi coupable de meurtre que celui qui les tuent par vengeance, pour les jurés ce peut être différent, car ils ne sont pas tenus de respecter cette règle.
Fleur de Jasmin a écrit : Alors, la fameuse phrase : Je voulais les emmener avec moi, est à mon avis, très importante, car elle peut jouer en sa faveur. Je dis bien elle peut, ce n'est rien de certain, je sais juste que c'est ce qu'il a donné comme motif pour justifier son intention.
À quel niveau tu penses qu'elle peut jouer en sa faveur? Pcq ça démontre - à la limite! - que cet homme aimait bel et bien ses enfants et ne voulait pas les abandonner genre?
Un élément de ce type qui pourrait attendrir les jurés? C'est ce que tu sembles sous-entendre plus bas («je pense que si par son témoignage, il a réussit à émouvoir les jurés»)
Fleur de Jasmin a écrit : Bref, les jurés vont très certainement, se poser ces questions et pourront-ils répondre, hors de tout doute raisonnable que c'est par vengeance qu'il a tu é, ou quelques autres raisons du même genre ? Personnellement, j'en sais trop rien.

Enfin, je pense que si par son témoignage, il a réussit à émouvoir les jurés, ou à les convaincre de sa volonté de suicide, le jury pourrait conclure à meurtre au 2e degré, où à homicide involontaire coupable. Mon avis :)
Ce que j'ai surligné, c'est précisément l'objet de mes réflexions que je t'ai partagées ci-dessus. Mais je ne pense pas que le "hors de tout doute raisonnable" doive s'appliquer au "Pourquoi" des gestes, mais bien sur les gestes eux-mêmes et, p.e. sur leur comment (chronologie, état d'esprit, moyen utilisé,...).
ZoeBelle
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Re: Procès de Guy Turcotte

Message par ZoeBelle »

OAS a écrit :
Fleur de Jasmin a écrit : [...]

Alors, la fameuse phrase : Je voulais les emmener avec moi, est à mon avis, très importante, car elle peut jouer en sa faveur . Je dis bien elle peut, ce n'est rien de certain, je sais juste que c'est ce qu'il a donné comme motif pour justifier son intention.
Bref, les jurés vont très certainement, se poser ces questions et pourront-ils répondre, hors de tout doute raisonnable que c'est par vengeance qu'il a tué, ou quelques autres raisons du même genre ? Personnellement, j'en sais trop rien.

Enfin, je pense que si par son témoignage, il a réussit à émouvoir les jurés, ou à les convaincre de sa volonté de suicide, le jury pourrait conclure à meurtre au 2e degré, où à homicide involontaire coupable. Mon avis :)

Je crois que cette phrase ne peut aucunement jouer en sa faveur. Le nombre de coups de couteaux iinfligés aux enfants détruit toute prétention de motif altruiste. De même pour la notion de "suicide élargi" : un homicide par compassion est fait avec souci de la victime et de façon à minimiser sa souffrance, ce qui n'est clairement pas le cas ici.
Je me fais l'avocat du diable ici (c'est le cas de le dire!)

Mais je me souviens, au début du procès, Vincent Dessureault (animateur radio, CHOIFM) racontait la 1e fois qu'il était allé pêcher. Il pensait qu'après avoir décroché le poisson d'après l'hameçon, il le tuerait facilement en lui cognant sèchement la tête contre le côté de la chaloupe. Or, le poisson ne meurt pas et part en convulsion. Ce que voyant notre ami Dess, lui fait prendre panique. Alors il saisit la rame et se met a frapper violemment et frénétiquement ce pauvre poisson qui finit en viande hachée au fond de la chaloupe...

Dans le cas qui nous occupe, on a affaire à un médecin (chirurgien ou pas, médecin quand même), et on a assisté 2 fois à la même scène... C'est certain que ça enlève de la crédibilité à la thèse de la panique qui aurait pu lui prendre en réalisant que le 1e coup de couteau n'a pas tué immédiatement Olivier. D'autant plus que ce 1e coup a été porté "dans son côté" [???]...

Allez savoir!
J'ai pas accès à tous les faits. Peut-être est-ce mon incorrigible naïveté qui m'amène à dire ça mais je pense que cette possibilité serait peut-être quand même susceptible de susciter un doute raisonnable chez moi.
Dernière modification par ZoeBelle le jeu. juin 30, 2011 12:32 pm, modifié 2 fois.
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°zabel°
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Re: Procès de Guy Turcotte

Message par °zabel° »

ZoeBelle a écrit : [...]



Je crois que cette phrase ne peut aucunement jouer en sa faveur. Le nombre de coups de couteaux iinfligés aux enfants détruit toute prétention de motif altruiste. De même pour la notion de "suicide élargi" : un homicide par compassion est fait avec souci de la victime et de façon à minimiser sa souffrance, ce qui n'est clairement pas le cas ici.
Je me fais l'avocat du diable ici (c'est le cas de le dire!)

Mais je me souviens, au début du procès, Vincent Dessureault (animateur radio, CHOIFM) racontait la 1e fois qu'il était allé pêcher. Il pensait qu'après avoir décroché le poisson d'après l'hameçon, il le tuerait facilement en lui cognant sèchement la tête contre le côté de la chaloupe. Or, le poisson ne meurt pas et part en convulsion. Ce que voyant notre ami Dess, lui fait prendre panique. Alors il saisit la rame et se met a frapper violemment et frénétiquement ce pauvre poisson qui finit en viande hachée au fond de la chaloupe...

Dans le cas qui nous occupe, on a affaire à un médecin (chirurgien ou pas, médecin quand même), et on a assisté 2 fois à la même scène... C'est certain que ça enlève de la crédibilité à la thèse de la panique qui aurait pu lui prendre en réalisant que le 1e coup de couteau n'a pas tué immédiatement Olivier. D'autant plus que ce 1e coup a été porté "dans son côté" [???]...

Allez savoir!
J'ai pas accès à tous les faits. Peut-être est-ce mon incorrigible naïveté qui m'amène à dire ça mais je pense que cette possibilité serait peut-être quand même susceptible de susciter un doute raisonnable chez moi.[/quote]







je comprends ce que tu veux dire. Mais le simple fait qu'il ait recommencé en changeant de pièce (et en entendant son fils agoniser) m'enlève tout doute quant à ses intentions. Je ne me casse même pas la tête. Les faits sont clairs pour moi.

intention : "je vais les amener avec moi"
préméditation : aiguiser et amener 2 couteaux du bas de la maison jusqu'en haut. Je n'aurais pas dit la même chose si Turcotte avait tué son fils à coup de lampe de chevet par exemple... ("la lampe de chevet est dans la chambre, je pète une coche et je le tue")...
intention ruminée plus ou moins avec une idée suicidaire, la colère qui habitait Turcotte depuis la séparation a culminé ce soir là mais il s'est lui-même mis dans le trouble en relisant les courriels.
colère : le nombre de coups de couteau (alors qu'il voulait soi-disant leur éviter de "souffrir" de la séparation), asseyez-vous sur le bord de votre lit, imaginez un enfant (même le vôtre par exemple) et frappez de façon imaginaire, 27 fois... IMAGINEZ ! (et aucun coups dans les matelas ou draps) c'est hallucinant ! mais pas nécessairement FOU. pas dans le sens qu'il voudrait nous le faire croire. Il a snappé c'est clair mais ce n'est pas une excuse... et ce, au même titre que la rage au volant peut vous faire disjoncter, jamais cela n'a a été suffisant pour invoquer une non responsabilité.
Dernière modification par °zabel° le jeu. juin 30, 2011 12:46 pm, modifié 1 fois.
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jupiter-1
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Re: Procès de Guy Turcotte

Message par jupiter-1 »

:hello:

question?: est-ce que les jurés vivaient en vase clos quelque part dans un hôtel durant la durée du procès?

ou rentraient-ils à la maison à la fin de la journée?
[img]http://i27.tinypic.com/egb8tu.jpg[/img]
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jupiter-1
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Re: Procès de Guy Turcotte

Message par jupiter-1 »

Merci!

Donc ils pouvaient suivre les nouvelles à la télé et aussi discuter sur des forums ou en parler avec leur
proche, alors ils peuvent avoir une idée de ce que la population en pense de ce turcotte-là! et aussi, ils
peuvent être au courant de certains détails qui n,ont pas été mentionnés durant le procès! Ce me rassure un peu sur le verdict dans ce cas-là!
[img]http://i27.tinypic.com/egb8tu.jpg[/img]
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