Procès de Guy Turcotte

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viky
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Re: Procès de Guy Turcotte

Message par viky »

MME C a écrit : Si quelqu'un s'y connait un peu en droit, j'aurais une question.

Dans un tel procès, où le fardeau de la Couronne est de prouver que l'accusé a commis deux meurtres avec préméditation, est-ce que les 4 choix de verdicts sont automatiques ou bien si c'est la défense qui demande celui de "non-criminellement responsable pour cause de troubles mentaux"?

En bref, si Poupart n'avait pas apporté cette défense, est-ce qu'elle faisait partie automatiquement des choix du jury ou non?
Dans ce cas-ci, c'était ce que la défense tentait de prouver (qu'il n'était pas dans un état normal au moment des meurtres). Alors c'est la défense qui a demandé à ce que ce verdict soit inclus.
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Beppo
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Re: Procès de Guy Turcotte

Message par Beppo »

MME C a écrit : [...]


Je suis d'accord avec la dernière phrase qui dit que puisqu'on n'a pas assisté au procès, il est bien difficile de faire son propre jugement. C'est tentant de le faire mais c'est très vrai. Il y a des données que nous ne possédons pas.

Par contre, pour les critères stricts, je me pose des questions. Je n'arrive pas à comprendre sur quoi on peut se baser pour déterminer que la personne était capable ou non de distinguer le bien et le mal à ce moment-là puisque seule cette personne le sait. J'imagine qu'il faut se fier aux faits et aux témoignages entendus, et je respecte ça, mais j'ai de la misère avec ce pouvoir de juger de la pensée réelle d'un accusé qu'on octroie à des jurés.
Depuis la lecture du verdict c'est la question que je me pose. Après avoir lu suffisamment sur le sujet, entendu amplement aux nouvelles, quels faits ou quelles preuves les jurés ont bien pu se servir pour en arriver à leur verdict ? Il y a sûrement des éléments qui nous échappent ou qui n'ont pas été portés à notre connaissance. Je suis admiratif devant le verdict du jury. Non pas admiratif en ce sens que le verdict est celui que j'aurais rendu mais il leur a fallu une sacré dose de courage et de « guts » pour en arriver unanimement à se prononcer ainsi et de cette façon sachant très bien qu'il allait sans doute à l'encontre du public.

Concernant le fait que le jury ait pu être biaisé, je crois que le juge était assez compétent et allumé pour mener à bien sa tâche et surtout ne pas de laisser contaminer par une telle chose.



Au plaisir!


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Beppo
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Re: Procès de Guy Turcotte

Message par Beppo »

MME C a écrit : Si quelqu'un s'y connait un peu en droit, j'aurais une question.

Dans un tel procès, où le fardeau de la Couronne est de prouver que l'accusé a commis deux meurtres avec préméditation, est-ce que les 4 choix de verdicts sont automatiques ou bien si c'est la défense qui demande celui de "non-criminellement responsable pour cause de troubles mentaux"?

En bref, si Poupart n'avait pas apporté cette défense, est-ce qu'elle faisait partie automatiquement des choix du jury ou non?
Il me semble avoir entendu bien spécifiquement à la télé aujourd'hui que c'est le juge qui a initié cette démarche. Autant Me Lahaye qu'Hébert ont souligné ce fait. Et ce soir, Me Lord a prononcé la même remarque.



Au plaisir!


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Re: Procès de Guy Turcotte

Message par Nadjal »

Le verdict me donne mal au coeur, je comprends pas et je ne l'accepte pas. Franchement si je connaissais une personne qui aurait fait partie de ce jury je ne pourrais plus jamais le voir du même façon... sincèrement quand j'ai appris le verdict j'en ai presque pleurer de rage. Mon chum m'a demandé ''crois tu que ceux qui était pas d'accord ont pu se ranger derrière les autres parce qu'ils étaient écoeurer d’être enfermer, ils avaient envie de voir leur famille c'est l'été et il fait super beau, est-il possible qu'ils en aient simplement eu assez et qu'ils aient abandonner ?'' Je commence a croire que oui, c'est peut être ce qui est arrivé.

Je reste convaincue, a la lumière de ce que j'ai vue, lue et entendue que Guy Turcotte a agis en toute conscience et par vengeance contre Isabelle Gaston il voulait lui faire mal de la pire des façons et il a réussi. J'écoutais les nouvelles et ça disait que lors du prononcé du verdict, Guy Turcotte a levé les yeux au ciel en poussant un soupir de soulagement. Gros dégueulasse... ce gars la doit tellement être mort de rire aujourd'hui, il a fait payer Isabelle, il lui a fait mal autant qu'il le souhaitait et en plus il ne sera même pas pour ses actes il a vraiment gagné sur tout les tableaux... il me semble même l'entendre dire ''tiens ma calvaire'' a l'endroit d'Isabelle suite au verdict... il doit tellement être content ça me pu au nez.

Bref ce n'est que mon opinion... je suis peut être dans le champ, il est possible que d'ici quelques semaines on apprennent son suicide car il ne pouvait plus vivre avec ce qu'il avait fait mais j'en doute fortement...
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lucide
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Re: Procès de Guy Turcotte

Message par lucide »

Être déclaré non responsable pour cause de troubles mentaux, ce n’est pas se soustraire à la Justice
Lettre d'opinion d'Anne Crocker, Ph.D.

05-07-2011

Être déclaré non responsable pour cause de troubles mentaux (NCRTM) ne veut pas dire se soustraire à la justice! Et avoir une maladie mentale ne renvoit pas automatiquement à un verdict de non-responsabilité criminelle.

En vertu du principe voulant qu’il soit inapproprié de « punir » des individus qui n’avaient pas d’intention criminelle au moment du délit, la défense de non responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux représente un mécanisme reconnu pour certains contrevenants vivant avec un trouble mental.

Plusieurs connaissent cette disposition par son ancienne appellation : acquittement pour cause d’aliénation mentale. Cette appellation porte à confusion et ne correspond pas à la réalité. Elle perpétue le mythe selon lequel une maladie mentale permet d’échapper à la justice.

En réalité, une personne déclarée non responsable pour cause de troubles mentaux n’est pas libérée et retournée chez elle; elle est presque systématiquement détenue dans une institution de santé mentale.

Les personnes ayant un problème de santé mentale risquent d’être détenues plus longtemps que d’autres prévenus
Dans les faits, les personnes ayant un problème de santé mentale risquent d’être détenues plus longtemps tout au long des procédures judiciaires en comparaison avec des individus qui font face à la justice mais qui n’ont pas de maladie mentale.

Il est faux de croire que les personnes reconnues non criminellement responsables pour cause de troubles mentaux «s’en sauvent»! Les résultats préliminaires d’une étude que nous menons actuellement auprès de personnes jugées non responsables pour cause de troubles mentaux au Québec semblent confirmer les observations de plusieurs intervenants des milieux de la santé mentale et de la justice: ces personnes sont détenues plus longtemps en milieu hospitalier que si elles avaient été trouvées coupables et avaient été condamnés à la prison pour le même délit. Elles sont toutefois orientées vers des centres de soins en santé mentale plus adaptés à leurs besoins et à leur rétablissement.

Violence et maladie mentale : revoir les perceptions
Le lien entre les problèmes de santé mentale et certains comportements violents est influencé par une foule de facteurs tels que la toxicomanie, les conditions de vie précaires, la victimisation antérieure et parfois certains symptômes de la maladie mentale elle-même. La très grande majorité (90%) des personnes atteintes de maladie mentale n’est pas violente. Au Canada, les individus souffrant de maladie mentale seraient responsables de moins de 3% de la violence dans notre société. Cependant, la personne vivant avec un problème de santé mentale est 15 fois plus susceptible d’être victime que d’être l’auteure de violence.

Le drame des familles
Les familles sont les victimes les plus fréquentes. Les actes de violence portent rarement sur des inconnus, mais se produisent plutôt au domicile des auteurs de l’acte, souvent sur des proches. Ces familles, les proches et les amis se retrouvent donc face à une détresse importante, à des situations déchirantes où s’affrontent le désir d’aider et de soutenir la personne ayant un problème de santé mentale tout en assurant leur propre sécurité lorsqu’une situation se dégrade, et ce, avec peu de soutien et de services.

On fait de plus en plus de pression sur les secteurs de la santé mentale et de la sécurité publique pour qu’ils identifient les personnes les plus à risque dans une population très hétérogène où de multiples facteurs interagissent. C’est pourquoi chercheurs et cliniciens développent et mettent en œuvre de meilleurs outils de dépistage, d’évaluation et de gestion des risques. Mais ces développements se font parfois dans des conditions difficiles; dans un contexte où la santé mentale demeure le parent pauvre de la santé, surtout en termes de ressources financières.

Malgré les efforts déployés, depuis plusieurs années, pour expliquer les maladies mentales, réduire les tabous qui entourent la maladie et les personnes qui en souffrent, (par des témoignages ou des explications sur les progrès en matière de recherche ou de soins) force est de constater que nous sommes souvent exposés, par l’actualité médiatique, à des drames où la maladie mentale de la personne qui a commis un délit est soulignée avec insistance.

Cette attitude nourrit, de façon disproportionnée avec la réalité, la crainte du « potentiel violent » des personnes vivant, par exemple, avec la schizophrénie. Cela a aussi malheureusement pour effet de perpétuer une stigmatisation qui nuit à l’intégration sociale, communautaire, vocationnelle et éducative des personnes et augmente leur marginalisation et leur isolement. La méconnaissance des faits entraîne trop souvent la peur et le rejet, ce qui mine sérieusement les efforts orientés vers l’intervention, la prévention et même, le rétablissement.

Anne Crocker, Ph.D.
Directrice, Services, politiques et santé des populations
Centre de recherche, Institut universitaire en santé mentale Douglas.
Professeure agrégée, dép. de psychiatrie de l’Université McGill

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Marie-Lise
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Re: Procès de Guy Turcotte

Message par Marie-Lise »

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°zabel°
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Re: Procès de Guy Turcotte

Message par °zabel° »

anyway, de quelle maladie mentale parle-t-on au juste ? ah oui... trouble d'adaptation avec humeur dépressive... avant d'avoir un dx de dépression post-partum, c'est ce que le doc m'avait donné comme dx aux urgences où je m'étais présentée en larmes... thank god, mes enfants sont encore vivants ! :gluk:

franchement, là ! :/
maman de deux garçons tout sauf ordinaires :)
Marie-Lise
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Re: Procès de Guy Turcotte

Message par Marie-Lise »

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Diplodocus
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Re: Procès de Guy Turcotte

Message par Diplodocus »

Voilà, c'est tombé; le verdict que tout le monde attendait ou plutôt que personne n'attendait.

Qui pourrait être raisonnablement satisfait de ce verdict? Personne à vrai dire car, comme l'a si bien résumé la mère des victimes, Mme Gaston, aucun jugement ne me ramènera mes enfants. C'est cruellement vrai.

Avec du recul et un peu (si peu) de sagesse, j'en étais venu, dans les derniers jours, à la conclusion que j'accepterais le verdict du jury, peu importe lequel. Je le pense encore.

J'ai toujours été très clair sur se site - à tout le moins c'est l'impression que j'en ai - à l'effet que je considérais possible la défense pour trouble mentaux car cela a toujours représenté pour moi une possibilité, compte tenu des faits présentés et de l'historique de l'accusé.

Le jury a eu à trancher s'il était plus probable que moins probable (prépondérance de preuve) que les troubles mentaux aient été en cause dans ce drame. Je crois qu'il était difficile de ne pas considérer cette éventualité pour le jury et les demandes de la fin de semaine (réecoute des témoignanges de l'accusé et du docteur traitant) m'ont laissé croire qu'ils avaient beaucoup de difficulté à disposer de cette possibilité.

Ces 11 jurés ont vécu une épreuve collosale et ont eu accès à l'ensemble de la preuve, ce qui n'est pas le cas du reste de la population. Je crois fermement qu'on leur doit le respect.

Bien que certains me l'ait reproché, je demeure à nouveau pantois face à ceux qui ont une certitude inébrenlable quant à la possibilité pour un être humain de commettre de tels gestes odieux de sang-froid et qui, en même temps rejettent systématiquement la possibilité de la maladie mentale. Évidemment, à chacun son opinion, ce qui m'inclut.

Pour ma part, je n'aurais jamais aucune certitude sur l'état mental de Guy Turcotte en février 2009 et je n'ai jamais rejeté quelque possibilité que ce soit.

Avec beaucoup de recul par contre, je suis d'avis que Guy Turcotte avait des problèmes psychologiques et émotionnel importants, bien avant le drame, qu'il en avait encore le lendemain du drame et qu'il en a toujours aujourd'hui. En ce sens, j'espère fortement qu'il ne se retrouvera pas à la rue d'ici 45 jours.

Je vous signale en passant qu'un journaliste ayant couvert le procès depuis le début a affirmé en fin de journée à la radio que lui et ses confrères/consoeures s'étaient "auto-censurés" sur certains éléments qui ont été révélés lors des témoignagnes. Ainsi, de 10 à 15 % des détails ont été cachés et il affirmait qu'il s'agit d'élements encore plus sordides que ce qui a été révélés au grand public.

Plusieurs d'entres nous avons eu vent de détails graphiques assez épouvantables reliés à la scène des crimes. Est-ce cela dont il est question ici? Si oui, cela a peut-être pesé dans la balance lors de l'appréciation de l'état de Guy Turcotte ce soir là...
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Soleil47
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Re: Procès de Guy Turcotte

Message par Soleil47 »

Je suis aussi surprise par le verdict, je n'aurais jamais pensé que le tout se serait terminé ainsi.

Mais je ne porterai aucun jugement sur les jury, surtout que, pour rien au monde, je ne voudrais faire partie d'un jury, et surtout dans cette cause.

De là à dire qu'ils ont été corrompus, qu'ils n'ont pas de colonnes vertébrales, je me demande sur quoi on se base pour affirmer cela, surtout que ce n'est pas nous qui étaient là pour prendre de telles décisions.

Quant à Guy Turcotte, je suis loin d'être d'accord qu'il s'en sorte de cette manière, j'ose espérer qu'il sera plus longtemps que prévu en examens psychiatriques et même s'il a été reconnu non criminellement responsable par la justice, il vivra avec le restant de ses jours, je serais même pas surprise qu'il puisse mettre fin à ses jours, il aura beaucoup de difficultés avec ce poids sur la conscience.

Je dirais même que son calvaire va vraiment commencer le jour où on lui donnera l'occasion de sortir dans le public, ce procès a été médiatisé partout et s'il veut réintégrer la médecine, je crois même pas que quelqu'un va lui donner une chance, et ce, même s'il était un des meilleurs médecins que la terre ait permis d'avoir.

La médecine, c'est terminé pour lui.

Tant qu'à son ex, je lui souhaite de pouvoir vivre une vie saine dans le futur, elle aura besoin de beaucoup de soutien, perdre ses enfants de cette manière, je ne sais pas si un jour, on s'en remet.
ZoeBelle
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Re: Procès de Guy Turcotte

Message par ZoeBelle »

Lucide a écrit :
ZoeBelle a écrit :
J'ose espérer...
J'espérais - je croyais, j'étais (naïvement et sincèrement) persuadée - également qu'une évaluation psychiatrique était plus rigoureuse et définie, et non basée sur des opinions (même un opinion de psy) mais bien objectivement menée...
J'en étais persuadée jusqu'à ce que je sois informée - avec le reste de la population - de la méthodologie et la rigueur déployées par les psychiatres appelés comme témoins dans cette cause dans leur évaluation de Turcotte et dans la rédaction de leurs rapports d'expertises...

Tsé, sur 3 psys, les 3 que les jurés ont jugés les plus crédibles, il y en a 2 qui l'ont rencontré presque 2 ans après les faits et le 3e qui a concocté son évaluation à partir du rapport d'un des 2 autres... Allo la rigueur!
Ça augure bien!

Si la couronne doutait de la rigueur et des conclusions amenés par les experts présentés par la défense dont elle connaissent la teneur avant qu'ils ne se presentent a la barre, elle se devait de présenter ses propres experts.
Mon commentaire ne portait pas que sur les experts de la défense. C'était un élément qui m'avait frappée lors des témoignages des psys, tout simplement. Tous se sont, chacun leur tour, fait reprocher des accrocs méthodologiques par la partie adverse.
J'ai été surprise par la "négligence méthodologique apparente" des chacun de ces témoins experts et ça m'a étonnée que le juge "autorise" un tel cirque mais en fait, j'ai simplement compris comment ça se passait pas mal tout le temps dans des procès similaires.
Mais ça reste que ça ne m'a pas laissée une bonne impression de la rigueur méthodologique qui semble régner chez les psy... Encore une fois, juste mon impression personnelle...
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Malike
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Re: Procès de Guy Turcotte

Message par Malike »

Ce n'est pas parce que les jurés ont rendu un verdict qu'ils ne peuvent avoir commis une erreur. Je veux bien qu'on les respecte mais qu'on ne m'impose pas de les considérer comme infaillibles ou détenant à eux seuls la bonne manière de considérer ces crimes simplement parce qu'ils ont été mandatés pour trancher.
Qu'on se le dise : Chacun sa connerie!! - Claude Dubois ;)
ZoeBelle
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Re: Procès de Guy Turcotte

Message par ZoeBelle »

Parmi les journalistes qui ont couvert le procès, vous en avez entendu qui ont exprimé leur "impression" face au verdict?
Je sais que ça n'est pas très éthique pour un journaliste, mais est-ce que certains ont commenté le verdict? Ils ont entendus pas mal la même chose que les jurés, ils doivent pouvoir se faire une compréhension rationnelle de tout ça non?
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pucinette
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Re: Procès de Guy Turcotte

Message par pucinette »

Il est peu probable que le cardiologue pratique de nouveau

Ce n'est pas impossible, mais il est très peu probable que l'ex-cardiologue Guy Turcotte puisse un jour pratiquer de nouveau la médecine au Québec, si l'on se fie au Code des professions.
Le Collège des médecins a reçu mardi plusieurs appels de gens du public préoccupés par cette question, à la suite du verdict de non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux rendu au procès de l'homme de 39 ans, accusé du meurtre prémédité de ses deux enfants.

Contrairement à ce que le Journal de Montréal a écrit mardi, Guy Turcotte n'a pas été «radié» de l'ordre professionnel des médecins; il a démissionné, a indiqué la porte-parole du Collège des médecins, Martine Forget. Cette dernière estime avoir été mal citée par le quotidien montréalais.

Guy Turcotte n'a pas fait l'objet d'une mesure disciplinaire, insiste Mme Forget. Le cardiologue, qui pratiquait à Saint-Jérôme, a remis sa démission le 1er juillet 2009, soit un peu plus de quatre mois après avoir tué ses enfants, Olivier, 5 ans, et Anne-Sophie, 3 ans.


Si Guy Turcotte veut recommencer à pratiquer la médecine, il doit demander à être réinscrit au tableau du Collège des médecins. «Il n'y a pas de réinscription automatique. Il ne suffit pas non plus de recommencer à payer ses cotisations», a expliqué le directeur des services juridiques du Collège, Me Christian Gauvin.

Le Collège des médecins a refusé de se prononcer sur le cas de Guy Turcotte, mais Me Gauvin nous a expliqué les articles de loi qui pourraient s'appliquer dans son cas.

Le Code des professions donne le pouvoir au conseil d'administration du Collège des médecins de refuser de réinscrire une personne à son tableau si elle «a fait l'objet d'une décision d'un tribunal canadien la déclarant coupable d'une infraction criminelle qui, de l'avis motivé du Conseil, a un lien avec l'exercice de la profession, sauf si elle a obtenu le pardon».

Si Guy Turcotte avait été acquitté, la donne aurait été différente. Cet article de loi n'aurait pu être pris en compte par le Collège. Le verdict d'acquittement a toutefois été exclu puisque l'ancien cardiologue a reconnu avoir tué ses deux enfants dès l'ouverture du procès.

Des questions à l'étude

En tuant ses enfants, Guy Turcotte a-t-il bafoué les valeurs d'honneur, de dignité et de probité liées à l'exercice de la médecine? C'est l'une des questions que le conseil d'administration pourrait avoir à se poser, selon Me Gauvin.

Le conseil d'administration du Collège des médecins peut également ordonner l'évaluation physique et psychique du demandeur s'il croit que son état est incompatible avec l'exercice de la profession, toujours selon Me Gauvin.

Si jamais le Collège des médecins permettait à Guy Turcotte de pratiquer de nouveau la médecine, son droit pourrait aussi être limité à un secteur précis pour la protection du public.


http://www.cyberpresse.ca/actualites/do ... ouveau.php" onclick="window.open(this.href);return false;
C'est drôle que tu me dises que j'ai mauvais caractère parce que si tu parles à ceux qui me traitent avec respect et courtoisie et qui ne me mentent pas et qui ne tentent pas de me f******, ils vont probablement te dire qu'au contraire je suis très gentil- Jean-François Mercier
Marie-Lise
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Re: Procès de Guy Turcotte

Message par Marie-Lise »

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Capuchino
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Re: Procès de Guy Turcotte

Message par Capuchino »

lucide a écrit : Être déclaré non responsable pour cause de troubles mentaux, ce n’est pas se soustraire à la Justice
Lettre d'opinion d'Anne Crocker, Ph.D.

05-07-2011

Être déclaré non responsable pour cause de troubles mentaux (NCRTM) ne veut pas dire se soustraire à la justice! Et avoir une maladie mentale ne renvoit pas automatiquement à un verdict de non-responsabilité criminelle.

En vertu du principe voulant qu’il soit inapproprié de « punir » des individus qui n’avaient pas d’intention criminelle au moment du délit, la défense de non responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux représente un mécanisme reconnu pour certains contrevenants vivant avec un trouble mental.

Plusieurs connaissent cette disposition par son ancienne appellation : acquittement pour cause d’aliénation mentale. Cette appellation porte à confusion et ne correspond pas à la réalité. Elle perpétue le mythe selon lequel une maladie mentale permet d’échapper à la justice.

En réalité, une personne déclarée non responsable pour cause de troubles mentaux n’est pas libérée et retournée chez elle; elle est presque systématiquement détenue dans une institution de santé mentale.

Les personnes ayant un problème de santé mentale risquent d’être détenues plus longtemps que d’autres prévenus
Dans les faits, les personnes ayant un problème de santé mentale risquent d’être détenues plus longtemps tout au long des procédures judiciaires en comparaison avec des individus qui font face à la justice mais qui n’ont pas de maladie mentale.

Il est faux de croire que les personnes reconnues non criminellement responsables pour cause de troubles mentaux «s’en sauvent»! Les résultats préliminaires d’une étude que nous menons actuellement auprès de personnes jugées non responsables pour cause de troubles mentaux au Québec semblent confirmer les observations de plusieurs intervenants des milieux de la santé mentale et de la justice: ces personnes sont détenues plus longtemps en milieu hospitalier que si elles avaient été trouvées coupables et avaient été condamnés à la prison pour le même délit. Elles sont toutefois orientées vers des centres de soins en santé mentale plus adaptés à leurs besoins et à leur rétablissement.

Violence et maladie mentale : revoir les perceptions
Le lien entre les problèmes de santé mentale et certains comportements violents est influencé par une foule de facteurs tels que la toxicomanie, les conditions de vie précaires, la victimisation antérieure et parfois certains symptômes de la maladie mentale elle-même. La très grande majorité (90%) des personnes atteintes de maladie mentale n’est pas violente. Au Canada, les individus souffrant de maladie mentale seraient responsables de moins de 3% de la violence dans notre société. Cependant, la personne vivant avec un problème de santé mentale est 15 fois plus susceptible d’être victime que d’être l’auteure de violence.

Le drame des familles
Les familles sont les victimes les plus fréquentes. Les actes de violence portent rarement sur des inconnus, mais se produisent plutôt au domicile des auteurs de l’acte, souvent sur des proches. Ces familles, les proches et les amis se retrouvent donc face à une détresse importante, à des situations déchirantes où s’affrontent le désir d’aider et de soutenir la personne ayant un problème de santé mentale tout en assurant leur propre sécurité lorsqu’une situation se dégrade, et ce, avec peu de soutien et de services.

On fait de plus en plus de pression sur les secteurs de la santé mentale et de la sécurité publique pour qu’ils identifient les personnes les plus à risque dans une population très hétérogène où de multiples facteurs interagissent. C’est pourquoi chercheurs et cliniciens développent et mettent en œuvre de meilleurs outils de dépistage, d’évaluation et de gestion des risques. Mais ces développements se font parfois dans des conditions difficiles; dans un contexte où la santé mentale demeure le parent pauvre de la santé, surtout en termes de ressources financières.

Malgré les efforts déployés, depuis plusieurs années, pour expliquer les maladies mentales, réduire les tabous qui entourent la maladie et les personnes qui en souffrent, (par des témoignages ou des explications sur les progrès en matière de recherche ou de soins) force est de constater que nous sommes souvent exposés, par l’actualité médiatique, à des drames où la maladie mentale de la personne qui a commis un délit est soulignée avec insistance.

Cette attitude nourrit, de façon disproportionnée avec la réalité, la crainte du « potentiel violent » des personnes vivant, par exemple, avec la schizophrénie. Cela a aussi malheureusement pour effet de perpétuer une stigmatisation qui nuit à l’intégration sociale, communautaire, vocationnelle et éducative des personnes et augmente leur marginalisation et leur isolement. La méconnaissance des faits entraîne trop souvent la peur et le rejet, ce qui mine sérieusement les efforts orientés vers l’intervention, la prévention et même, le rétablissement.

Anne Crocker, Ph.D.
Directrice, Services, politiques et santé des populations
Centre de recherche, Institut universitaire en santé mentale Douglas.
Professeure agrégée, dép. de psychiatrie de l’Université McGill

Commentaires
« Au nom de la Fondation des maladies mentales, j’aimerais assurer à Madame Crocker et à l’institut Douglas tout notre soutien et notre reconnaissance quant à cette prise de position.» -Jean-Luc Taschereau, président, Fondation des maladies mentales
Elle a beau vouloir rassurer la population, mais là il se s'agit pas d'un homme ayant une pathologie de maladie mentale diagnostiquée, selon les experts entendus lors du procès son épisode a été brève, et comme elle est passée et qu'il ne peut tuer à nouveau ses enfants il n'est plus un danger pour le public. Sauf à moins qu'il a toujours une obsession à détruire la vie de son ex-conjointe et qu'il ne réussirait pas à le cacher, je vois mal sur quels motifs il pourrait être détenu.
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Madeen
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Re: Procès de Guy Turcotte

Message par Madeen »

Lost25 a écrit : On ne peut pas commettre un meurtre si on est sain d'esprit.

Suivant la logique de notre belle justice québécoise, on serait aussi bien de sortir tous les meurtriers des prisons pour les envoyer en thérapie de groupe.
Juste les médecins. C'est des gens respectables mêmes s'ils tuent. Elle est là, la différence. Si t'as une belle grande profession et de l'influence, tu peux t'en sauver. C'est le message que je reçois aujourd'hui.
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Anya
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Re: Procès de Guy Turcotte

Message par Anya »

Réflexions sur le verdict de non-responsabilité criminelle dans l’affaire Turcotte
5juillet 2011

Ce matin, j’ai été aussi surprise que vous du verdict de non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux dans l’affaire Turcotte. Je m’attendais plutôt à un verdict de meurtres au deuxième degré pour être honnête. Plusieurs critiquent ouvertement les jurés d’avoir rendu une telle décison, je crois que c’est normal puisque cette cause est venue chercher profondément les gens. Néanmoins, il ne faut pas oublier que les sept femmes et les quatre hommes qui constituaient le jury sont les personnes qui connaissent probablement le mieux l’affaire Turcotte, tout en n’étant pas impliqués émotivement. Ils ont écouté tous les témoignages, analysé la preuve présentée pendant près de trois mois. Ils ont ensuite pris près d’une semaine à délibérer, redemandant d’écouter à nouveau certains témoignages pour être bien certains de prendre ce qu’ils croient être une décision juste. Ils en sont donc venus à la conclusion qu’il était plus probable qu’improbable, principe que l’on appelle la prépondérance des probabilités, que Guy Turcotte se trouvait dans un état d’esprit tel qu’il lui était impossible de juger de la nature et la qualité de ses actes au moment où il les a posés et qu’il était incapable de distinguer le bien et le mal. Par conséquent, il est considéré non-criminellement responsable du meurtre de ses enfants, à ne pas confondre avec un acquittement. Il n’ira pas en prison, mais bien en institution psychiatrique et son sort sera entre les mains de la Commision d’examen des troubles mentaux du Québec , dont le rôle est:

“[…] d’évaluer le danger que représente l’accusé pour la société, en fonction de son état mental. Selon le cas, elle décidera si l’accusé doit être libéré (avec ou sans condition) ou détenu dans un établissement hospitalier et fixera des mesures à prendre pour assurer la sécurité du public.

Si l’accusé est libéré sous conditions ou détenu, la commission d’examen devra le revoir au moins une fois par année lors d’une nouvelle audience pour déterminer si son état mental a changé avec le temps, et si une décision différente doit être prononcée selon les éléments récents qui lui sont présentés. Une telle révision annuelle est obligatoire tant et aussi longtemps que l’accusé n’est pas libéré sans condition.”
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Les jurés ont eu une tâche difficile et même si nous ne sommes pas d’accord avec le verdict, je m’en remets à ces citoyens qui connaissent le dossier sur le bout de leurs doigts et qui ont pris une décision réputée objective et juste. C’est facile de critiquer la décision rendue, mais nous n’avons pas été là le soir du drame, n’avons pour la plupart pas assisté au procès, ni ne nous sommes entretenus avec Guy Turcotte en possédant (pour la majorité) les compétences en psychiatrie pour juger de son état d’esprit au moment où il a assassiné ses enfants. Beaucoup de détails nous échappent et je crois que plusieurs d’entre nous sommes si outrés parce que les deux victimes étaient de jeunes enfants innocents. Avouons-le, notre réaction n’aurait pas été la même si les victimes avaient été deux sans-abris ou même deux criminels. Pour les raisons susmentionnées, je n’ai d’autre choix que de m’en remettre aux jurés pour le verdict qu’ils ont rendu ce matin. Par ailleurs, le journaliste de CTV Stéphane C. Giroux mentionnait plus tôt en journée sur Twitter que les gens ayant assistés au procès sont certes surpris du verdict rendu, mais pas aussi choqués et indignés que ceux qui n’y étaient pas. Je crois que c’est parce qu’ils sont au faits des détails et des subtilités du dossier Turcotte et que par conséquent, ils en ont un regard un peu plus objectif.

Plusieurs accusent notre système de justice d’être pourri, bonbon, trop clément. C’est vrai qu’en regardant les faits dans l’absolu, nous nous retrouvons devant un père ayant assassiné ses deux enfants; c’est contre nature, insensé, immonde. Ce père, au terme de son procès, ne prendra pas le chemin des cellules, mais celui d’une institution psychiatrique pour une durée indéterminée. C’est vrai que c’est facile de crier à l’injustice. Toutefois, plusieurs éléments doivent être pris en considération et c’est difficile de concéder qu’il est possible qu’il ait pu être incapable de juger de la nature et de la qualité de ses actes au moment du drame, ni de distinguer le bien et le mal. Certains n’y adhèreront jamais, ce qui est compréhensible.

D’autres affirment également que Guy Turcotte pourrait être libre comme l’air dans quarante-cinq jours. Tel que mentionné précédemment, cela n’est pas aussi simple. J’ai aussi entendu des gens dire qu’ils étaient apeurés qu’un tueur se promènera bientôt dans nos rues. J’aimerais préciser que les meurtriers connaissent de très bas taux de récidive et que Guy Turcotte a tué ses enfants dans un contexte bien précis, en présentant des caractéristiques bien particulières au moment du drame. Ces caractéristiques risquent de ne plus jamais se représenter dans le futur, de sorte que son risque de récidive m’apparaît faible.

Non, le verdict ne fera pas en sorte qu’il sera plus facile de tuer quelqu’un, d’évoquer la folie passagère et de faire passer ça comme une lettre à la poste. Il ne faut pas oublier que lorsqu’une défense de troubles mentaux est évoquée, plusieurs experts doivent analyser le cas et que ce sera ensuite au jury de prendre la décision finale. C’est dommage que cette cause rende presque ridicule l’évocation d’une défense de troubles mentaux. J’ai également entendu des gens craindre que ce verdict ne fasse jurisprudence et que tous les parents qui assassineront leurs enfants se verront automatiquement reconnus non-criminellement responsable pour cause de troubles mentaux. Comme l’explique la criminaliste Véronique Robert sur son blogue Le droit au silence:

“[…] il faut comprendre qu’on ne plaide pas la jurisprudence devant un jury. On le fait devant un juge.”

C’est un verdict qui en surprend plus d’un et je le comprends. Chacun a droit à son opinion, mais je crois que cette affaire vient tellement chercher les gens qu’il est difficile d’avoir une opinion des plus objectives. Et c’est aussi compréhensible. Vous savez, j’ai énormément de peine pour les proches des victimes, surtout pour leur maman Isabelle Gaston. Ce n’est pas parce que j’analyse la situation sous un angle criminologique et objectif que ça m’empêche d’avoir eu les larmes aux yeux quand je l’ai vue s’exprimer aux journalistes. C’est immonde ce que Guy Turcotte a fait et malheureusement, aucun verdict n’aurait ramené les enfants dans les bras de leur maman.

Je ne sais pas où cette femme puise son courage et sa force, elle mérite toute mon admiration. J’espère sincèrement qu’elle trouvera un jour la sérénité.

La Criminologue

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