Procès de Guy Turcotte
Re: Procès de Guy Turcotte
-Autre entrevue de la juge à la retraite Andrée Ruffo, qui nous dit pourquoi certains éléments n'ont pas été retenus en preuve dans le procès de Guy Turcotte.
Durée : 7:05
Date : 08/07/2011
http://www.985fm.ca/audioplayer.php?mp3=105937" onclick="window.open(this.href);return false;
-Entrevue: Me Sonia LeBel, Procureure de la Couronne aux assises criminelles à Montréal : Le rôle des jurés dans les procès criminels
Durée : 9:40
Date : 08/07/2011
http://www.985fm.ca/audioplayer.php?mp3=105921" onclick="window.open(this.href);return false;
Durée : 7:05
Date : 08/07/2011
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-Entrevue: Me Sonia LeBel, Procureure de la Couronne aux assises criminelles à Montréal : Le rôle des jurés dans les procès criminels
Durée : 9:40
Date : 08/07/2011
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- Sarah-Jane
- Seigneur de la Causerie
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Re: Procès de Guy Turcotte
Procès Turcotte
Des motifs d'appel ?
Éric Thibault
08/07/2011 05h41
Me Claudia Carbonneau a mentionné, mardi, que le Directeur des poursuites criminelles et pénales al-lait «étudier» la possibilité de porter en appel le verdict rendu à l'endroit de Guy Turcotte. Et ce, bien que cette affaire soit «terminée» aux yeux de la mère des victimes. Pour convaincre la Cour d'appel d'ordonner un nouveau procès, la Couronne devrait établir que le juge de première instance a erré en droit, notamment en excluant de la preuve des éléments sur lesquels elle fondait sa thèse à l'effet que les enfants ont été tués en guise de représailles contre Isabelle Gaston. Voici certains de ces arguments dont le jury n'a pu tenir compte :
Deux lettres manuscrites de Guy Turcotte à l'attention d'Isabelle Gaston, entrecoupées d'une réponse de celle-ci, entre le 12 juillet et le 4 août 2009. L'ex-cardiologue y décline avec une précision comptable la somme de ses avoirs et la valeur détaillée des biens du couple, en réclamant sa part, sans faire allusion aux enfants, ou presque.
La Couronne n'a pas pu interroger Turcotte durant le procès au sujet des frais funéraires des victimes, auxquels il n'a pas contribué même s'il se disait prêt à en assumer la moitié.
La Couronne n'a pas pu questionner Turcotte sur ce qui l'a motivé, alors qu'il était détenu à l'Institut Pinel, à demander à son père de faire des retraits totalisant 1 800 $ dans le compte conjoint qu'il avait avec Isabelle Gaston, à l'insu de celle-ci.
Le juge a estimé qu'il n'était pas pertinent que la Couronne interroge Turcotte sur ce qu'il aurait dit à un ami, lors d'un voyage dans les Adirondacks, en novembre 2007, au sujet de ses enfants. L'ami en question a déclaré aux policiers que Turcotte «pognait les nerfs» quand ses enfants faisaient des «crises impossibles », qu'il lui arrivait de les «haïr» et d'avoir envie d'«étriper» sa fille.
Des motifs d'appel ?
Éric Thibault
08/07/2011 05h41
Me Claudia Carbonneau a mentionné, mardi, que le Directeur des poursuites criminelles et pénales al-lait «étudier» la possibilité de porter en appel le verdict rendu à l'endroit de Guy Turcotte. Et ce, bien que cette affaire soit «terminée» aux yeux de la mère des victimes. Pour convaincre la Cour d'appel d'ordonner un nouveau procès, la Couronne devrait établir que le juge de première instance a erré en droit, notamment en excluant de la preuve des éléments sur lesquels elle fondait sa thèse à l'effet que les enfants ont été tués en guise de représailles contre Isabelle Gaston. Voici certains de ces arguments dont le jury n'a pu tenir compte :
Deux lettres manuscrites de Guy Turcotte à l'attention d'Isabelle Gaston, entrecoupées d'une réponse de celle-ci, entre le 12 juillet et le 4 août 2009. L'ex-cardiologue y décline avec une précision comptable la somme de ses avoirs et la valeur détaillée des biens du couple, en réclamant sa part, sans faire allusion aux enfants, ou presque.
La Couronne n'a pas pu interroger Turcotte durant le procès au sujet des frais funéraires des victimes, auxquels il n'a pas contribué même s'il se disait prêt à en assumer la moitié.
La Couronne n'a pas pu questionner Turcotte sur ce qui l'a motivé, alors qu'il était détenu à l'Institut Pinel, à demander à son père de faire des retraits totalisant 1 800 $ dans le compte conjoint qu'il avait avec Isabelle Gaston, à l'insu de celle-ci.
Le juge a estimé qu'il n'était pas pertinent que la Couronne interroge Turcotte sur ce qu'il aurait dit à un ami, lors d'un voyage dans les Adirondacks, en novembre 2007, au sujet de ses enfants. L'ami en question a déclaré aux policiers que Turcotte «pognait les nerfs» quand ses enfants faisaient des «crises impossibles », qu'il lui arrivait de les «haïr» et d'avoir envie d'«étriper» sa fille.
Re: Procès de Guy Turcotte
merci Anya pour l'article..Anya a écrit : Publié le 08 juillet 2011 à 06h00 | Mis à jour à 06h00
Les Ti-Joe Connaissant
Paul Eugène des Marais
Écrivain, l'auteur habite Montréal.
Depuis l'annonce du verdict dans l'affaire Turcotte, on a droit à des sorties en règle des Ti-Joe Connaissant - les uns qualifiant la justice de mascarade, les autres accusant les jurés de tous les péchés du monde. Tout cela exprimé par le peuple d'ici, dans un français, comme à l'habitude, torturé on ne peut plus.
Chacun y va de son expertise, comme s'ils avaient assisté au procès et avaient été des témoins oculaires de l'affaire. Sir Wilfrid Laurier avait bien raison: les Québécois n'ont pas d'opinions, ils n'ont que des sentiments. Les propos que l'on entend depuis deux jours sont en effet teintés d'un sentimentalisme qui vient «défigurer» tout sens d'objectivité. Oui, c'est un crime abominable que de tuer ses propres enfants. Oui, cela dépasse l'entendement. Je ne le nie pas. Mais, poser la question qui s'impose à ces Ti-Joe Connaissant: «Étiez-vous là? L'avez-vous vu?»
Les 11 qui ont eu à se prononcer - ceux-là mêmes qui ont assisté au procès pendant près de trois mois - se sont basés sur la preuve. Ils ont pris des notes, ont exprimé entre eux leurs opinions, pour finalement en arriver au verdict que l'on connait. Et cela, de façon unanime. Onze sur onze. Je préfère nettement leur verdict à celui des «experts» qui se font entendre et qui croient tout connaître.
Quant à moi, difficile de me prononcer sur ce verdict soi-disant maudit. Je n'y étais pas?; donc, je n'ai rien vu... Une opinion basée sur des faits que j'ignore? Je m'en voudrais de débattre sur une chose qui m'est inconnue.
Retournons quelques mois en arrière et revenons sur «l'affaire Pacioretty». Ce sont les mêmes gens, encore une fois, qui ont dit n'importe quoi, condamnant Chara à gauche et à droite, allant jusqu'à affirmer que le commissaire Gary Bettman ne voulait pas que le Canadien gagne la Coupe Stanley! Ces mêmes Ti-Joe Connaissant sont allés encore plus loin: ils ont demandé que le dossier soit remis à un procureur pour que des accusations criminelles soient portées contre l'odieux Chara! Ben, voyons donc?! Ce sont ces mêmes Ti-Joe Connaissant qui huent à qui mieux mieux tous les joueurs qui se produisent au Centre Bell et qui n'ont pas daigné accepter de jouer pour la Sainte-Flanelle. C'en est tellement ridicule. Sont-ce aussi ces mêmes Ti-Joe Connaissant qui ont voté en masse pour le NPD lors des dernières élections fédérales? Demandez-leur pourquoi ils ont voté orange. Ils vous répondront que Jack Layton à l'air bien sympathique et qu'il a un beau sourire. Quand je vous parlais de sentiments!
http://www.cyberpresse.ca/opinions/2011 ... cueil_POS1" onclick="window.open(this.href);return false;
encore un qui n'a pas peur de traiter les québécois de twits, c'est tellement redondant comme accusation.
Re: Procès de Guy Turcotte
MME C a écrit : [...]
Bon. Encore une fois, le mauvais peuple ignare et abruti.
Les Québécois sont incapables d’opinions, s’expriment dans un mauvais français et parlent à travers leur chapeau, sont juste bons à chialer dans les estrades de hockey et à voter comme des idiots qui n’ont pas de jugement.
À ce compte-là, les 11 jurés sont aussi des Ti-Joe connaissants qui étaient pas là, le soir des meurtres, pour savoir ce qui se passait réellement dans la tête de Turcotte.
Chacun son opinion, je le sais. Mais pour celle-ci...
- Tinker-Belle
- Manitou de la Parlotte
- Messages : 1403
- Inscription : ven. févr. 27, 2009 8:56 pm
Re: Procès de Guy Turcotte
Anya a écrit : Publié le 08 juillet 2011 à 06h00 | Mis à jour à 06h00
Les Ti-Joe Connaissant
Paul Eugène des Marais
Écrivain, l'auteur habite Montréal.
Depuis l'annonce du verdict dans l'affaire Turcotte, on a droit à des sorties en règle des Ti-Joe Connaissant - les uns qualifiant la justice de mascarade, les autres accusant les jurés de tous les péchés du monde. Tout cela exprimé par le peuple d'ici, dans un français, comme à l'habitude, torturé on ne peut plus.
Chacun y va de son expertise, comme s'ils avaient assisté au procès et avaient été des témoins oculaires de l'affaire. Sir Wilfrid Laurier avait bien raison: les Québécois n'ont pas d'opinions, ils n'ont que des sentiments. Les propos que l'on entend depuis deux jours sont en effet teintés d'un sentimentalisme qui vient «défigurer» tout sens d'objectivité. Oui, c'est un crime abominable que de tuer ses propres enfants. Oui, cela dépasse l'entendement. Je ne le nie pas. Mais, poser la question qui s'impose à ces Ti-Joe Connaissant: «Étiez-vous là? L'avez-vous vu?»
Les 11 qui ont eu à se prononcer - ceux-là mêmes qui ont assisté au procès pendant près de trois mois - se sont basés sur la preuve. Ils ont pris des notes, ont exprimé entre eux leurs opinions, pour finalement en arriver au verdict que l'on connait. Et cela, de façon unanime. Onze sur onze. Je préfère nettement leur verdict à celui des «experts» qui se font entendre et qui croient tout connaître.
Quant à moi, difficile de me prononcer sur ce verdict soi-disant maudit. Je n'y étais pas?; donc, je n'ai rien vu... Une opinion basée sur des faits que j'ignore? Je m'en voudrais de débattre sur une chose qui m'est inconnue.
Retournons quelques mois en arrière et revenons sur «l'affaire Pacioretty». Ce sont les mêmes gens, encore une fois, qui ont dit n'importe quoi, condamnant Chara à gauche et à droite, allant jusqu'à affirmer que le commissaire Gary Bettman ne voulait pas que le Canadien gagne la Coupe Stanley! Ces mêmes Ti-Joe Connaissant sont allés encore plus loin: ils ont demandé que le dossier soit remis à un procureur pour que des accusations criminelles soient portées contre l'odieux Chara! Ben, voyons donc?! Ce sont ces mêmes Ti-Joe Connaissant qui huent à qui mieux mieux tous les joueurs qui se produisent au Centre Bell et qui n'ont pas daigné accepter de jouer pour la Sainte-Flanelle. C'en est tellement ridicule. Sont-ce aussi ces mêmes Ti-Joe Connaissant qui ont voté en masse pour le NPD lors des dernières élections fédérales? Demandez-leur pourquoi ils ont voté orange. Ils vous répondront que Jack Layton à l'air bien sympathique et qu'il a un beau sourire. Quand je vous parlais de sentiments!
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Re: Procès de Guy Turcotte
Chico_Fan a écrit : Il va sûrement déménager en Ontario au bout du compte et pratiquer en privé, je vois vraiment pas comment il pourrait vivre sa vie au Québec.
A sa place, je déménagerais dans un autre pays, car en Ontario, c'est trop près du Québec, et il peut avoir aussi des problèmes à se faire engager ou à pratiquer en cabinet privé.
Re: Procès de Guy Turcotte
Une chance que l'ex juge Ruffo est là pour donner une opinion qui a de l'allure. Les autres avocats "experts" qui se prononce depuis le verdict n'osent pas aller dans le même sens que la population parce que leurs carrière en dépend.Anya a écrit : -Autre entrevue de la juge à la retraite Andrée Ruffo, qui nous dit pourquoi certains éléments n'ont pas été retenus en preuve dans le procès de Guy Turcotte.
Durée : 7:05
Date : 08/07/2011
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-Entrevue: Me Sonia LeBel, Procureure de la Couronne aux assises criminelles à Montréal : Le rôle des jurés dans les procès criminels
Durée : 9:40
Date : 08/07/2011
http://www.985fm.ca/audioplayer.php?mp3=105921" onclick="window.open(this.href);return false;
Re: Procès de Guy Turcotte
Je voulais ajouter un dérapage à ta liste.GI.Joe a écrit : [...]
Je ne veux plus commenter ce sujet mais j'ai cette question pour toi : tu voulais illustrer les dérapages que j'ai fait part et qui m'inquiètent ou t'es sérieux ?
Re: Procès de Guy Turcotte
Mathieu Bock Côté à écrit une bien meilleure lettre sur cyberpresse que celle de l'écrivain qui nous traite de "Ti-joe connaissants"
http://www.cyberpresse.ca/opinions/2011 ... ction_POS3" onclick="window.open(this.href);return false;
Mathieu Bock-Côté
L'auteur est chargé de cours en sociologie à l'UQAM.
Le jugement sur l'affaire Turcotte révolte avec raison la conscience populaire, apparemment dépositaire, ici, de la conscience morale la plus élémentaire. Quoi qu'on en dise, justice n'a pas été rendue, même s'ils sont nombreux à vouloir proscrire l'examen du jugement, comme si le jury était seul capable de peser chaque élément de cette terrible affaire. Pourtant, ce n'est pas en appeler au lynchage que de remettre en question la décision du jury qui a manifestement erré et risque aujourd'hui de décrédibiliser d'un coup le système de justice.
Car le jugement rendu dans cette affaire propose une caricature d'une tendance à la déresponsabilisation individuelle qui domine dans notre société. Une tendance qui n'est pas exclusive au domaine de la justice, évidemment, mais qui s'y déploie de manière singulière. Le problème est connu: il relève de la psychologisation abusive des rapports sociaux dans notre société. On pourrait parler de «psychologisme», dans la mesure où le discours «psycho-psychiatrique» prétend révéler seul les motifs les plus intimes de l'action humaine.
D'une certaine manière, le discours «psycho-psychiatrique» prend le relais d'une certaine sociologie qui s'est fait connaître depuis quelques décennies par son discours sur les circonstances atténuantes, et qui à force de socialiser l'action humaine, l'a désindividualisée. On l'entend chaque fois qu'il faut expliquer une émeute. De la même manière, en situation traumatique, l'individu perdrait le contrôle de lui-même et ne pourrait conséquemment assumer la responsabilité de ses actes.
La logique d'un tel discours est évidente: elle conduit à une déresponsabilisation généralisée. Et à une déshumanisation conséquente. Car nous devons postuler la nécessité morale du libre arbitre, à la manière d'un parti pris philosophique irréductible et nécessaire à la vie en commun. Sans quoi le droit passe de la justice à la thérapie. Et la liberté se falsifie. C'est le vieux langage de la morale qui se perd. Et avec lui, le sens élémentaire d'une justice qui ne peut faire l'économie d'une réflexion sur le bien et le mal.
Le bien et le mal? Ces notions ne sont-elles pas déphasées? La relativisation généralisée des valeurs ne les a-t-elle pas condamnées? Faux. En fait, elles sont la condition paradoxale de la liberté humaine. C'est parce que l'homme peut toujours faire le mal qu'il peut faire le bien. C'est parce qu'il porte en lui cette possibilité qu'il est maître de son destin. Évidemment, l'homme ne flotte pas seul en société comme une monade. La liberté doit s'éduquer par la culture. Et l'effondrement de la culture et du sens commun n'est pas sans conséquence. Il ne saurait servir d'excuse.
Le meurtre de ses propres enfants représente l'ultime transgression. L'expression la plus brutale non pas de la démence, mais de la perversion, du mal radical. Comment définir ce dernier, sinon par un consentement au mal? Personne ne niera le désespoir de celui qui poignarde son fils et sa fille. Mais depuis quand le désespoir doit-il nous amener à consentir au nihilisme, qui nous rend incapables de juger tel qu'il doit l'être celui qui vient de commettre un crime impardonnable au sens le plus fort du terme?
C'est la possibilité du bien comme du mal qui donne sa grandeur à la liberté humaine. C'est parce qu'il peut toujours refuser le mal qui demeure en lui une tentation permanente, dans ses formes bénignes ou radicales, que l'homme accède à la dignité de la condition humaine. Et c'est ce que le jury dans l'affaire Turcotte a négligé, comme si le débordement des pulsions sur la raison ouvrait le chemin d'une rationalisation de l'horreur meurtrière. Dans une société décente, Guy Turcotte aurait dû être puni. Un livre s'écrira peut-être un jour sur l'affaire Turcotte: il pourrait s'intituler L'oubli du mal
http://www.cyberpresse.ca/opinions/2011 ... ction_POS3" onclick="window.open(this.href);return false;
Mathieu Bock-Côté
L'auteur est chargé de cours en sociologie à l'UQAM.
Le jugement sur l'affaire Turcotte révolte avec raison la conscience populaire, apparemment dépositaire, ici, de la conscience morale la plus élémentaire. Quoi qu'on en dise, justice n'a pas été rendue, même s'ils sont nombreux à vouloir proscrire l'examen du jugement, comme si le jury était seul capable de peser chaque élément de cette terrible affaire. Pourtant, ce n'est pas en appeler au lynchage que de remettre en question la décision du jury qui a manifestement erré et risque aujourd'hui de décrédibiliser d'un coup le système de justice.
Car le jugement rendu dans cette affaire propose une caricature d'une tendance à la déresponsabilisation individuelle qui domine dans notre société. Une tendance qui n'est pas exclusive au domaine de la justice, évidemment, mais qui s'y déploie de manière singulière. Le problème est connu: il relève de la psychologisation abusive des rapports sociaux dans notre société. On pourrait parler de «psychologisme», dans la mesure où le discours «psycho-psychiatrique» prétend révéler seul les motifs les plus intimes de l'action humaine.
D'une certaine manière, le discours «psycho-psychiatrique» prend le relais d'une certaine sociologie qui s'est fait connaître depuis quelques décennies par son discours sur les circonstances atténuantes, et qui à force de socialiser l'action humaine, l'a désindividualisée. On l'entend chaque fois qu'il faut expliquer une émeute. De la même manière, en situation traumatique, l'individu perdrait le contrôle de lui-même et ne pourrait conséquemment assumer la responsabilité de ses actes.
La logique d'un tel discours est évidente: elle conduit à une déresponsabilisation généralisée. Et à une déshumanisation conséquente. Car nous devons postuler la nécessité morale du libre arbitre, à la manière d'un parti pris philosophique irréductible et nécessaire à la vie en commun. Sans quoi le droit passe de la justice à la thérapie. Et la liberté se falsifie. C'est le vieux langage de la morale qui se perd. Et avec lui, le sens élémentaire d'une justice qui ne peut faire l'économie d'une réflexion sur le bien et le mal.
Le bien et le mal? Ces notions ne sont-elles pas déphasées? La relativisation généralisée des valeurs ne les a-t-elle pas condamnées? Faux. En fait, elles sont la condition paradoxale de la liberté humaine. C'est parce que l'homme peut toujours faire le mal qu'il peut faire le bien. C'est parce qu'il porte en lui cette possibilité qu'il est maître de son destin. Évidemment, l'homme ne flotte pas seul en société comme une monade. La liberté doit s'éduquer par la culture. Et l'effondrement de la culture et du sens commun n'est pas sans conséquence. Il ne saurait servir d'excuse.
Le meurtre de ses propres enfants représente l'ultime transgression. L'expression la plus brutale non pas de la démence, mais de la perversion, du mal radical. Comment définir ce dernier, sinon par un consentement au mal? Personne ne niera le désespoir de celui qui poignarde son fils et sa fille. Mais depuis quand le désespoir doit-il nous amener à consentir au nihilisme, qui nous rend incapables de juger tel qu'il doit l'être celui qui vient de commettre un crime impardonnable au sens le plus fort du terme?
C'est la possibilité du bien comme du mal qui donne sa grandeur à la liberté humaine. C'est parce qu'il peut toujours refuser le mal qui demeure en lui une tentation permanente, dans ses formes bénignes ou radicales, que l'homme accède à la dignité de la condition humaine. Et c'est ce que le jury dans l'affaire Turcotte a négligé, comme si le débordement des pulsions sur la raison ouvrait le chemin d'une rationalisation de l'horreur meurtrière. Dans une société décente, Guy Turcotte aurait dû être puni. Un livre s'écrira peut-être un jour sur l'affaire Turcotte: il pourrait s'intituler L'oubli du mal
Dernière modification par Omi le ven. juil. 08, 2011 6:27 pm, modifié 2 fois.
- Diplodocus
- Modeste Jacasseur
- Messages : 126
- Inscription : sam. mai 28, 2011 11:18 am
Re: Procès de Guy Turcotte
Si la défense de non responsabilité criminelle pour troubles mentaux est si inconcevable, pourquoi cette option existe-t-elle dans notre droit criminel canadien? Je me pose la question
Re: Procès de Guy Turcotte
Diplodocus a écrit : Si la défense de non responsabilité criminelle pour troubles mentaux est si inconcevable, pourquoi cette option existe-t-elle dans notre droit criminel canadien? Je me pose la question
Qu'on soit en accord, ou non... avec le verdict.. c'est foutrement normal que ce procès face réagir à l'extrême et que des émotions multiples diverses en découle..... c'est pas banal comme crime, quoi qu'on en pense face au verdict....
Et bon, perso, ça me fait tellement rire quand on condamne les Québécois de ci ou de ça face à des réactions diverses en lien avec ce genre de chose.... TOUTES les "cités" industrialisées, informées, "civilisées" ont ce genre de réactions diverses en lien avec ce genre de crime ou de procès.... et ça, depuis la nuit des temps....
Donc, quand on tente de faire sentir cheap les gens face à leur réaction..... en les traitant de "québécois", ben fine... mais ça tellement pas rapport... puisque tous les peuples réagissent à ce genre de chose... ce qu'on a peut-être de plus aigue que d'autre... c'est justement le sentiment de culpabilité facile....
La défense de non responsabilité existe parce qu'elle st réelle dans certains cas.... est-ce que Turcotte était un de ceux-là... le jury, avec ce qu'il a su, à décidé que oui....... d'autres instances croient que non..... le monde est pas ridicule ou pourri pour autant.
Dernière modification par Placeress le ven. juil. 08, 2011 8:43 pm, modifié 2 fois.
Re: Procès de Guy Turcotte
Moi je pense qu'elle pourrait servir pour les cas de psychiatrie où il est possible de poser un diagnostic de maladies psychotiques, genre schizophrénie, paranoïa ou autres. Sinon n'importe qui peut s'inventer un scénario de perte de contact avec la réalité quand il pose des gestes complètement insensés surtout quand il n'existe aucun témoin. Parce que ça existe aussi des gens qui commettent des gestes épouvantables sous l'impulsion et qu'après ils les regrettent amèrement et ne comprennent vraiment pas pourquoi ils ont faits ça, que ça ne leur ressemble pas du tout. Pourtant personne ne les excusera sous prétexte qu'ils ont perdu contact avec la réalité.Diplodocus a écrit : Si la défense de non responsabilité criminelle pour troubles mentaux est si inconcevable, pourquoi cette option existe-t-elle dans notre droit criminel canadien? Je me pose la question
Re: Procès de Guy Turcotte
Elle existe pour les vrais "fous", pas les ordures qui cherche un échappatoire.Diplodocus a écrit : Si la défense de non responsabilité criminelle pour troubles mentaux est si inconcevable, pourquoi cette option existe-t-elle dans notre droit criminel canadien? Je me pose la question
Re: Procès de Guy Turcotte
Moi aussi ça me fait rire. On taxe les Québécois d'être des Ti-Joe Connaissants, alors qu'on écrit un texte avec des propos qui s'apparentent étrangement à ce qu'on dénonce. Finalement ça se trouve que l'auteur s'accorde le droit lui d'être le Ti-Joe Connaissant des comportements des autres.Placeress a écrit : [...]
Qu'on soit en accord, ou non... avec le verdict.. c'est foutrement normal que ce procès face réagir à l'extrême et que des émotions multiples diverses en découle..... c'est pas banal comme crime, quoi qu'on en pense face au verdict....
Et bon, perso, ça me fait tellement rire quand on condamne les Québécois de ci ou de ça face à des réactions diverses en lien avec ce genre de chose.... TOUTES les "cités" industrialisées, informées, "civilisées" ont ce genre de réactions diverses en lien avec ce genre de crime ou de procès.... et ça, depuis la nuit des temps....
Donc, quand on tente de faire sentir cheap les gens face à leur réaction..... en les traitant de "québécois", ben fine... mais ça tellement pas rapport... puisque tous les peuples réagissent à ce genre de chose... ce qu'on a peut-être de plus aigue que d'autre... c'est justement le sentiment de culpabilité facile....
La défense de non responsabilité existe parce qu'elle st réelle dans certains cas.... est-ce que Turcotte était un de ceux-là... le jury, avec ce qu'il a su, à décidé que oui....... d'autres instances croient que non..... le monde est pas ridicule ou pourri pour autant.
Re: Procès de Guy Turcotte
Et ben voilà.... ça me fait toujours rire perso quand on prend de haut les gens alors qu'on fait exactement ce qu'on dénonce.. mais bon... ça fait parti de la vieCapuchino a écrit : [...]
Moi aussi ça me fait rire. On taxe les Québécois d'être des Ti-Joe Connaissants, alors qu'on écrit un texte avec des propos qui s'apparentent étrangement à ce qu'on dénonce. Finalement ça se trouve que l'auteur s'accorde le droit lui d'être le Ti-Joe Connaissant des comportements des autres.
Re: Procès de Guy Turcotte
Omi a écrit :Mathieu Bock Côté à écrit une bien meilleure lettre sur cyberpresse que celle de l'écrivain qui nous traite de "Ti-joe connaissants"
http://www.cyberpresse.ca/opinions/2011 ... ction_POS3" onclick="window.open(this.href);return false;
Mathieu Bock-Côté
L'auteur est chargé de cours en sociologie à l'UQAM.
Le jugement sur l'affaire Turcotte révolte avec raison la conscience populaire, apparemment dépositaire, ici, de la conscience morale la plus élémentaire. Quoi qu'on en dise, justice n'a pas été rendue, même s'ils sont nombreux à vouloir proscrire l'examen du jugement, comme si le jury était seul capable de peser chaque élément de cette terrible affaire. Pourtant, ce n'est pas en appeler au lynchage que de remettre en question la décision du jury qui a manifestement erré et risque aujourd'hui de décrédibiliser d'un coup le système de justice.
Car le jugement rendu dans cette affaire propose une caricature d'une tendance à la déresponsabilisation individuelle qui domine dans notre société. Une tendance qui n'est pas exclusive au domaine de la justice, évidemment, mais qui s'y déploie de manière singulière. Le problème est connu: il relève de la psychologisation abusive des rapports sociaux dans notre société. On pourrait parler de «psychologisme», dans la mesure où le discours «psycho-psychiatrique» prétend révéler seul les motifs les plus intimes de l'action humaine.
D'une certaine manière, le discours «psycho-psychiatrique» prend le relais d'une certaine sociologie qui s'est fait connaître depuis quelques décennies par son discours sur les circonstances atténuantes, et qui à force de socialiser l'action humaine, l'a désindividualisée. On l'entend chaque fois qu'il faut expliquer une émeute. De la même manière, en situation traumatique, l'individu perdrait le contrôle de lui-même et ne pourrait conséquemment assumer la responsabilité de ses actes.
La logique d'un tel discours est évidente: elle conduit à une déresponsabilisation généralisée. Et à une déshumanisation conséquente. Car nous devons postuler la nécessité morale du libre arbitre, à la manière d'un parti pris philosophique irréductible et nécessaire à la vie en commun. Sans quoi le droit passe de la justice à la thérapie. Et la liberté se falsifie. C'est le vieux langage de la morale qui se perd. Et avec lui, le sens élémentaire d'une justice qui ne peut faire l'économie d'une réflexion sur le bien et le mal.
Le bien et le mal? Ces notions ne sont-elles pas déphasées? La relativisation généralisée des valeurs ne les a-t-elle pas condamnées? Faux. En fait, elles sont la condition paradoxale de la liberté humaine. C'est parce que l'homme peut toujours faire le mal qu'il peut faire le bien. C'est parce qu'il porte en lui cette possibilité qu'il est maître de son destin. Évidemment, l'homme ne flotte pas seul en société comme une monade. La liberté doit s'éduquer par la culture. Et l'effondrement de la culture et du sens commun n'est pas sans conséquence. Il ne saurait servir d'excuse.
Le meurtre de ses propres enfants représente l'ultime transgression. L'expression la plus brutale non pas de la démence, mais de la perversion, du mal radical. Comment définir ce dernier, sinon par un consentement au mal? Personne ne niera le désespoir de celui qui poignarde son fils et sa fille. Mais depuis quand le désespoir doit-il nous amener à consentir au nihilisme, qui nous rend incapables de juger tel qu'il doit l'être celui qui vient de commettre un crime impardonnable au sens le plus fort du terme?
C'est la possibilité du bien comme du mal qui donne sa grandeur à la liberté humaine. C'est parce qu'il peut toujours refuser le mal qui demeure en lui une tentation permanente, dans ses formes bénignes ou radicales, que l'homme accède à la dignité de la condition humaine. Et c'est ce que le jury dans l'affaire Turcotte a négligé, comme si le débordement des pulsions sur la raison ouvrait le chemin d'une rationalisation de l'horreur meurtrière. Dans une société décente, Guy Turcotte aurait dû être puni. Un livre s'écrira peut-être un jour sur l'affaire Turcotte: il pourrait s'intituler L'oubli du mal
Alors là, BRAVO!!
J'suis vraiment pas une fan de M.B Côté et même qu'habituellement, il me tape un peu sur le système. Mais là! Wow! Un très bon texte que j'appuie totalement!
Re: Procès de Guy Turcotte
Même si je ne suis pas dans leurs souliers je suis certaine à 100% que si mon fils m'avait demandé des choses du genre après avoir commis des meurtres je l'aurais envoyé promené sur un temps rare. Quelqu'un m'as dit '' oui mais c'est leur fils et ils l'aiment si tu étais à leur place tu en ferais peut-être autant '' moi je dis '' bien que j'aime mon fils plus que tout je n'aurais jamais accepter de faire ça ! non je ne suis pas à leur place et oui je peux dire avec certitude que je ne l'aurais pas fait. J'en reviens juste pas !!!CiaoBella a écrit : Ce qui me jette à terre aussi, c'est le comportement des parents de GT.
Je comprends bien que c'est leur fils, et qu'il doivent quand même l'aimer, mais "leur fils" a tué "leurs petits-enfants".
Leur réaction face à tout ça, c'est quoi ? Je n'ai jamais rien lu qui parlait de la peine éprouvée par les grands-parents. Et ça beau être leur fils, mais après ce qu'il a fait, qu'ils fassent ce qu'il leur demande, ça me dépasse. Qu'ils récupèrent ses effets personnels, vêtements etc... passe encore, mais qu'ils aient le culot, de réclamer les cadeaux offerts (forfait Spa, billets de spectacle, qu'ils retirent de l'argent, alors qu'ils n'en ont pas le droit, ça ne fait pas de sens. Ils n'ont pas eu honte ???
Mais probablement que pour eux, le fait que leur fils ait été trompé devait être beaucoup plus grave que le fait qu'il ait tué ses deux enfants.
Je sais que ce n'est pas leur procès à eux, mais pour moi de voir leur niveau de conscience et/ou de "bons sens" assez limite ça m'indique que GT retient pas du voisin. Ils semblent être des gens assez froids.
Re: Procès de Guy Turcotte
Ben voila....J'ai quelqu'un dans ma famille élargie qui a commis un meurtre il y a de ça au delà de 30 ans...Il a été condamné mais à l'appel, il a été acquitté pour aliénation mentale....Il est toujours en institution à l'heure ou on se parle, il a un chapelet dans les mains 24hres/24 et prie pour le repos de notre âme...Omi a écrit : [...]
Elle existe pour les vrais "fous", pas les ordures qui cherche un échappatoire.
Il y a de vrais cas d'aliénation mentale...La personne dont je parle a vu une statut du Sacré-Coeur lui parler et lui ordonner, pour sauver le monde, de tué x, qui était le démon revenu sous forme humaine. Il était dans un délire causé par la skizophrénie.
Il ne sera jamais libre et c'est quelqu'un de très malade
Mais Désolée, je n'y crois pas une minute pour Guy Turcotte
Re: Procès de Guy Turcotte
Je peux comprendre que c'est leur fils et qu'ils l'aiment, mais le père a obéi au doigt et à l'oeil à son filsgazzoux1 a écrit : [...]
Même si je ne suis pas dans leurs souliers je suis certaine à 100% que si mon fils m'avait demandé des choses du genre après avoir commis des meurtres je l'aurais envoyé promené sur un temps rare. Quelqu'un m'as dit '' oui mais c'est leur fils et ils l'aiment si tu étais à leur place tu en ferais peut-être autant '' moi je dis '' bien que j'aime mon fils plus que tout je n'aurais jamais accepter de faire ça ! non je ne suis pas à leur place et oui je peux dire avec certitude que je ne l'aurais pas fait. J'en reviens juste pas !!!
C'est drôle que tu me dises que j'ai mauvais caractère parce que si tu parles à ceux qui me traitent avec respect et courtoisie et qui ne me mentent pas et qui ne tentent pas de me f******, ils vont probablement te dire qu'au contraire je suis très gentil- Jean-François Mercier
Re: Procès de Guy Turcotte
Omi a écrit : [...]
Elle existe pour les vrais "fous", pas les ordures qui cherche un échappatoire.
C'est drôle que tu me dises que j'ai mauvais caractère parce que si tu parles à ceux qui me traitent avec respect et courtoisie et qui ne me mentent pas et qui ne tentent pas de me f******, ils vont probablement te dire qu'au contraire je suis très gentil- Jean-François Mercier