L'auteur et journaliste Gil Courtemanche est mort
19/08/2011 13h03| Mis à jour à 18h17
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Mélanie Marquis
La Presse Canadienne
Montréal
L'écrivain et journaliste Gil Courtemanche est décédé dans la nuit de jeudi à vendredi des suites d'un cancer du larynx. Sa fille Anne-Marie a indiqué qu'il était hospitalisé depuis quelques semaines. Il avait eu 68 ans la veille.
Né en 1943 à Montréal, Gil Courtemanche s'est fait connaître comme journaliste, puis analyste de la politique internationale. Il a notamment travaillé à la Société Radio-Canada et au journal Le Soleil. Il écrivait jusqu'à il y a deux mois une chronique dans le quotidien montréalais Le Devoir.
Gil Courtemanche avait aussi contribué à fonder Le Jour, quotidien indépendantiste du milieu des années 1970, en compagnie d'Yves Michaud.
«C'était un excellent journaliste avec une bonne maîtrise de la langue, ce qui est rare aujourd'hui», s'est remémoré M. Michaud. «Il a toujours eu une sorte de nostalgie, il y avait quelque chose de désespéré en lui qui fait qu'il ne trouvait pas le monde très drôle. Il menait une sorte de quête d'absolu jamais assouvie.»
Ses qualités de journaliste avaient été reconnues par le National Magazine Award for Political Reporting, qui lui avait décerné un prix en 1998.
«Gil Courtemanche a toujours fait preuve d'un très vif esprit d'analyse porté par une franchise intellectuelle exemplaire», a déclaré dans un communiqué la ministre de la Culture, Christine St-Pierre, elle-même ancienne journaliste. «Ses livres et son travail en information révèlent un homme de talent soucieux d'équité, de solidarité et de justice sociale.»
M. Courtemanche a également connu un grand succès en tant qu'écrivain. Son premier roman, Un dimanche à la piscine à Kigali, paru en 2002, a été traduit en 23 langues, et a été adapté pour le cinéma par Robert Favreau en 2006.
L'ouvrage, qui traitait du terrible génocide survenu au Rwanda en avril 1994, a remporté le Prix des libraires du Québec (2001), le Prix de la Cadière d'Azur (2004) et le prix «Hommage du public» aux Prix des libraires du Québec en 2008.
Un autre de ses livres, Une belle mort, paru en 2005, a également été porté à l'écran par Léa Pool, en 2010, sous le titre La Dernière Fugue.
«Ce n'est pas la possibilité de la mort qui me tue, mais la vie. L'absence des pas dans le corridor. On découvre toujours trop tard que l'amour est parti», affirmait l'auteur lors d'une entrevue accordée à l'émission Christiane Charette en mai 2010. Il venait alors de lancer son plus récent roman, une autofiction intitulée Je ne veux pas mourir seul (2009).
Gil Courtemanche était reconnu pour son franc-parler, ses prises de position contre les injustices sociales et ses fines analyses des conflits qui secouent le monde. Entre les mois d'avril 2008 et novembre 2009, il a d'ailleurs été consultant auprès du procureur en chef de la Cour pénale internationale.
«Être polémiste et essayer de s'attaquer aux vices de ce monde, ce n'est pas toujours une carrière facile, a fait valoir Yves Michaud. Gil voulait corriger les travers de ce monde. Il faut avoir de l'audace pour faire ça (...) Gil voulait toujours refaire le monde à chaque ligne qu'il écrivait.»
Sa fille Anne-Marie, qui a elle aussi travaillé dans le domaine journalistique, se souviendra de son père comme d'un homme très rigoureux qui avait un regard unique sur le monde et «qui a toujours vécu selon ses principes même quand il n'en avait pas les moyens».
«Probablement parce qu'il avait de très grands principes et une très grande rigueur, il pouvait être «malcommode» à ses heures et avoir mauvais caractère, mais je pense qu'au-delà de ça, c'est quelqu'un qui a apporté beaucoup au paysage journalistique au Québec», a affirmé Mme Courtemanche.
Au cours des dernières années, Gil Courtemanche avait consacré beaucoup d'énergie et de nombreuses chroniques à dénoncer le sort des employés du Journal de Montréal, qui ont été mis en lock-out par Quebecor pendant plus de deux ans. Par solidarité, l'écrivain avait même demandé, en novembre 2010, à ce que son nom soit retiré de la liste des finalistes des Prix littéraires Archambault, puisque ces librairies appartiennent à Quebecor.
M. Courtemanche laisse dans le deuil sa mère, sa fille, sa petite-fille, quatre soeurs et un frère. Des détails sur la cérémonie funéraire seront communiqués ultérieurement.
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