Soeurs noyées à Kingston
Dans un procès pour meurtre, la poursuite n'a jamais à faire la preuve du mobile de l'accusé.
Pourquoi l'a-t-il fait?
Question fort intéressante, mais à laquelle l'accusation n'est pas tenue de répondre. Ce qui compte d'abord, ce sont les faits prouvables avec un degré raisonnable de certitude, qui établissent les éléments de l'infraction criminelle.
Les motivations psychologiques d'un assassin sont en effet assez secondaires quand on le prend en flagrant délit.
Mais quand on ne dispose que d'une preuve indirecte, circonstancielle, la preuve d'un mobile peut devenir très importante. En prouvant que l'accusé avait des motifs (bien à lui) de se débarrasser de la victime, la poursuite peut étoffer sa cause et convaincre le jury.
C'est pour ça que le procès Shafia portera beaucoup sur la question du «crime d'honneur»: il ne semble pas y avoir de témoin direct à la disposition du ministère public.
Et comme c'est une première canadienne, et une rare exposition judiciaire occidentale de ces crimes, ce procès prend une dimension internationale.
Rarement pourra-t-on parler plus justement de «choc des civilisations» - si c'est bien de cela qu'il s'agit, car les accusés nient toute implication dans cet «accident» fatal.
La preuve, en effet, n'est pas encore connue et il faut être prudent. Mais dès le départ, la police n'a pas écarté la possibilité d'un «crime d'honneur». Une des femmes, ou les quatre, aurait manqué au code d'honneur tel que défini par les hommes de ce clan afghan. Ils auraient décidé de les exécuter.
Si des témoins sont appelés des quatre coins du monde, ce n'est sûrement pas parce qu'ils ont vu ce qui s'est passé ce soir-là à Kingston, il y a deux ans. C'est parce qu'ils peuvent faire la preuve de ce code et de ses conséquences.
Sans connaître la valeur de cette preuve, administrée en quatre langues, on sait donc d'avance qu'on entrera dans l'univers de cette famille afghane.
Une large porte devrait donc s'ouvrir sur ce que l'ONU a appelé «la pandémie mondiale de la violence à l'égard des femmes et des filles», dont un des plus sordides aspects est ce qu'on appelle pudiquement les «crimes d'honneur» - plusieurs contestent l'appellation, qui semble donner des circonstances atténuantes culturelles à ces assassinats; mais disons que l'aspect linguistique n'est pas le plus préoccupant.
L'ONU évalue à 5000 le nombre «répertorié» de femmes tuées au nom de l'honneur chaque année. La réalité est probablement plus sinistre. Plusieurs de ces meurtres sont déguisés en accidents et en suicides, souligne Amnistie internationale (AI). Pour la seule Jordanie, AI a dénombré 5000 victimes en 1997 - la pratique a diminué après une condamnation officielle.
Si la pratique s'observe majoritairement dans les pays musulmans (mais aussi en Inde, en Amérique latine et dans des communautés musulmanes en Occident), les condamnations de nombreux leaders religieux islamiques se multiplient. Rien dans le Coran n'autorise ces pratiques. Certains ont même lancé des fatwas contre les auteurs de ces crimes.
Sans grand succès apparemment. Ces pratiques moyenâgeuses subsistent et les tribunaux dans plusieurs pays, dans les rares cas amenés devant la justice, sont souvent d'une incroyable complaisance.
Témoignage extrait du rapport d'Amnistie internationale:
«Les gens du village sont d'accord avec la loi des hommes. Si on ne tue pas une fille qui a déshonoré sa famille, les gens du village rejettent cette famille, plus personne ne veut lui parler, ou faire du commerce avec elle, la famille doit partir! Alors...»
Cette femme a été «condamnée à mort par ses propres parents pour s'être laissé séduire par un homme qui lui promettait le mariage. Brûlée vive par son beau-frère, qui avait été chargé de s'occuper d'elle, elle a survécu par miracle.»
Ce qui est un comportement immoral punissable de mort va de l'adultère à la réception d'appels téléphoniques d'un homme, au refus de satisfaire son mari, et au fait de «s'être laissé violer par un étranger».
Si on en vient à la conclusion qu'il s'agit d'un crime d'honneur dans le procès Shafia, et si deux civilisations entrent en collision, ce sera l'occasion de dire qu'il n'y a qu'un seul droit.
Mais avant, il reste à prouver qu'il s'agit d'un crime tout court.
http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/ ... ticle_POS1" onclick="window.open(this.href);return false;
Pourquoi l'a-t-il fait?
Question fort intéressante, mais à laquelle l'accusation n'est pas tenue de répondre. Ce qui compte d'abord, ce sont les faits prouvables avec un degré raisonnable de certitude, qui établissent les éléments de l'infraction criminelle.
Les motivations psychologiques d'un assassin sont en effet assez secondaires quand on le prend en flagrant délit.
Mais quand on ne dispose que d'une preuve indirecte, circonstancielle, la preuve d'un mobile peut devenir très importante. En prouvant que l'accusé avait des motifs (bien à lui) de se débarrasser de la victime, la poursuite peut étoffer sa cause et convaincre le jury.
C'est pour ça que le procès Shafia portera beaucoup sur la question du «crime d'honneur»: il ne semble pas y avoir de témoin direct à la disposition du ministère public.
Et comme c'est une première canadienne, et une rare exposition judiciaire occidentale de ces crimes, ce procès prend une dimension internationale.
Rarement pourra-t-on parler plus justement de «choc des civilisations» - si c'est bien de cela qu'il s'agit, car les accusés nient toute implication dans cet «accident» fatal.
La preuve, en effet, n'est pas encore connue et il faut être prudent. Mais dès le départ, la police n'a pas écarté la possibilité d'un «crime d'honneur». Une des femmes, ou les quatre, aurait manqué au code d'honneur tel que défini par les hommes de ce clan afghan. Ils auraient décidé de les exécuter.
Si des témoins sont appelés des quatre coins du monde, ce n'est sûrement pas parce qu'ils ont vu ce qui s'est passé ce soir-là à Kingston, il y a deux ans. C'est parce qu'ils peuvent faire la preuve de ce code et de ses conséquences.
Sans connaître la valeur de cette preuve, administrée en quatre langues, on sait donc d'avance qu'on entrera dans l'univers de cette famille afghane.
Une large porte devrait donc s'ouvrir sur ce que l'ONU a appelé «la pandémie mondiale de la violence à l'égard des femmes et des filles», dont un des plus sordides aspects est ce qu'on appelle pudiquement les «crimes d'honneur» - plusieurs contestent l'appellation, qui semble donner des circonstances atténuantes culturelles à ces assassinats; mais disons que l'aspect linguistique n'est pas le plus préoccupant.
L'ONU évalue à 5000 le nombre «répertorié» de femmes tuées au nom de l'honneur chaque année. La réalité est probablement plus sinistre. Plusieurs de ces meurtres sont déguisés en accidents et en suicides, souligne Amnistie internationale (AI). Pour la seule Jordanie, AI a dénombré 5000 victimes en 1997 - la pratique a diminué après une condamnation officielle.
Si la pratique s'observe majoritairement dans les pays musulmans (mais aussi en Inde, en Amérique latine et dans des communautés musulmanes en Occident), les condamnations de nombreux leaders religieux islamiques se multiplient. Rien dans le Coran n'autorise ces pratiques. Certains ont même lancé des fatwas contre les auteurs de ces crimes.
Sans grand succès apparemment. Ces pratiques moyenâgeuses subsistent et les tribunaux dans plusieurs pays, dans les rares cas amenés devant la justice, sont souvent d'une incroyable complaisance.
Témoignage extrait du rapport d'Amnistie internationale:
«Les gens du village sont d'accord avec la loi des hommes. Si on ne tue pas une fille qui a déshonoré sa famille, les gens du village rejettent cette famille, plus personne ne veut lui parler, ou faire du commerce avec elle, la famille doit partir! Alors...»
Cette femme a été «condamnée à mort par ses propres parents pour s'être laissé séduire par un homme qui lui promettait le mariage. Brûlée vive par son beau-frère, qui avait été chargé de s'occuper d'elle, elle a survécu par miracle.»
Ce qui est un comportement immoral punissable de mort va de l'adultère à la réception d'appels téléphoniques d'un homme, au refus de satisfaire son mari, et au fait de «s'être laissé violer par un étranger».
Si on en vient à la conclusion qu'il s'agit d'un crime d'honneur dans le procès Shafia, et si deux civilisations entrent en collision, ce sera l'occasion de dire qu'il n'y a qu'un seul droit.
Mais avant, il reste à prouver qu'il s'agit d'un crime tout court.
http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/ ... ticle_POS1" onclick="window.open(this.href);return false;
maman de deux garçons tout sauf ordinaires :)
Famille Shafia
Début du «procès de la décennie»
Première publication 11 octobre 2011 à 07h34
Mise à jour : 11 octobre 2011 à 08h23
C'est ce mardi que débute en Ontario le procès des trois Montréalais d'origine afghane accusés de quadruple meurtre.
Ce procès, qui est déjà surnommé le «procès de la décennie» par certains observateurs de la scène judiciaire et qui tournera autour de la notion de «crime d'honneur», se met en effet en branle aujourd'hui à Kingston.
Le tout commencera avec la sélection du jury. 12 jurés parmi environ 1 200 personnes doivent être choisis pour la tenue de ce procès, qui durera environ trois mois.
Le procès se tiendra en quatre langues, soit l'anglais, le français, l'espagnol et le farsi. Les témoignages feront l'objet d'une interdiction de publication.
Rappelons que trois filles de la famille Shafia âgées de 13 à 19 ans ( Geeti, Sahar et Zainab), ainsi que la première femme du père de famille (Rona Amir Mohammad), âgée de 50 ans, avaient été retrouvées mortes le 30 juin 2009 dans une voiture, dans une écluse de Kingston, en Ontario.
Le père Mohammad, sa femme Tooba Mahommad Yahya et leur fils Hamed ont été arrêtés quelques jours plus tard. Ils sont accusés des meurtres prémédités des quatre femmes.
Le crime d'honneur au coeur des débats
Me Jean-Pierre Rancourt, avocat criminaliste, a indiqué en entrevue ce matin à LCN que la notion de crime d'honneur n'existe pas dans le Code criminel canadien. Il a aussi affirmé que ce n'est pas la défense qui avancera un tel argument.
Selon lui, c'est plutôt la Couronne qui avancera la théorie du crime d'honneur en tant que mobile du meurtre. La poursuite tentera notamment de faire comprendre au jury c'est qu'est un crime d'honneur, par le biais de témoignages d'experts.
Yolande Geadah, auteure d'ouvrages sur la notion de crime d'honneur, a affirmé lors d'une entrevue sur les ondes de LCN ce matin que ce genre de crime s'inscrit souvent dans le cadre de violences familiales.
«C'est un crime qui est commis au nom de l'honneur, ce n'est pas un crime honorable. C'est un crime qui est perpétré pour laver la honte qui rejaillit sur la famille à cause de comportements inappropriés de jeunes filles ou de jeunes femmes», a-t-elle soutenu.
L'auteur a par ailleurs soutenu qu'il est important de ne pas «stigmatiser toute une population à cause de cette forme de violence». «Il faut bien sûr la condamner», a-t-elle ajouté.
http://tvanouvelles.ca/lcn/judiciaire/a ... 73407.html" onclick="window.open(this.href);return false;
Début du «procès de la décennie»
Première publication 11 octobre 2011 à 07h34
Mise à jour : 11 octobre 2011 à 08h23
C'est ce mardi que débute en Ontario le procès des trois Montréalais d'origine afghane accusés de quadruple meurtre.
Ce procès, qui est déjà surnommé le «procès de la décennie» par certains observateurs de la scène judiciaire et qui tournera autour de la notion de «crime d'honneur», se met en effet en branle aujourd'hui à Kingston.
Le tout commencera avec la sélection du jury. 12 jurés parmi environ 1 200 personnes doivent être choisis pour la tenue de ce procès, qui durera environ trois mois.
Le procès se tiendra en quatre langues, soit l'anglais, le français, l'espagnol et le farsi. Les témoignages feront l'objet d'une interdiction de publication.
Rappelons que trois filles de la famille Shafia âgées de 13 à 19 ans ( Geeti, Sahar et Zainab), ainsi que la première femme du père de famille (Rona Amir Mohammad), âgée de 50 ans, avaient été retrouvées mortes le 30 juin 2009 dans une voiture, dans une écluse de Kingston, en Ontario.
Le père Mohammad, sa femme Tooba Mahommad Yahya et leur fils Hamed ont été arrêtés quelques jours plus tard. Ils sont accusés des meurtres prémédités des quatre femmes.
Le crime d'honneur au coeur des débats
Me Jean-Pierre Rancourt, avocat criminaliste, a indiqué en entrevue ce matin à LCN que la notion de crime d'honneur n'existe pas dans le Code criminel canadien. Il a aussi affirmé que ce n'est pas la défense qui avancera un tel argument.
Selon lui, c'est plutôt la Couronne qui avancera la théorie du crime d'honneur en tant que mobile du meurtre. La poursuite tentera notamment de faire comprendre au jury c'est qu'est un crime d'honneur, par le biais de témoignages d'experts.
Yolande Geadah, auteure d'ouvrages sur la notion de crime d'honneur, a affirmé lors d'une entrevue sur les ondes de LCN ce matin que ce genre de crime s'inscrit souvent dans le cadre de violences familiales.
«C'est un crime qui est commis au nom de l'honneur, ce n'est pas un crime honorable. C'est un crime qui est perpétré pour laver la honte qui rejaillit sur la famille à cause de comportements inappropriés de jeunes filles ou de jeunes femmes», a-t-elle soutenu.
L'auteur a par ailleurs soutenu qu'il est important de ne pas «stigmatiser toute une population à cause de cette forme de violence». «Il faut bien sûr la condamner», a-t-elle ajouté.
http://tvanouvelles.ca/lcn/judiciaire/a ... 73407.html" onclick="window.open(this.href);return false;
Crime d'honneur: le procès de la famille Shafia débute aujourd'hui à Kingston en Ontario
Djemila Benhabib, auteur des livres ''Ma vie à contre Coran'' et ''Les Soldats d'Allah à l'assaut de l'Occident''
Intervenants : Paul Arcand
Durée : 6:06
Date : 11/10/2011
http://www.985fm.ca/audioplayer.php?mp3=113654" onclick="window.open(this.href);return false;
Djemila Benhabib, auteur des livres ''Ma vie à contre Coran'' et ''Les Soldats d'Allah à l'assaut de l'Occident''
Intervenants : Paul Arcand
Durée : 6:06
Date : 11/10/2011
http://www.985fm.ca/audioplayer.php?mp3=113654" onclick="window.open(this.href);return false;
Ça me fait rire les acrobaties que les journalistes font pour ne pas dire qu'il était polygame.Anya a écrit : Famille Shafia
Début du «procès de la décennie»
Première publication 11 octobre 2011 à 07h34
Mise à jour : 11 octobre 2011 à 08h23
C'est ce mardi que débute en Ontario le procès des trois Montréalais d'origine afghane accusés de quadruple meurtre.
Ce procès, qui est déjà surnommé le «procès de la décennie» par certains observateurs de la scène judiciaire et qui tournera autour de la notion de «crime d'honneur», se met en effet en branle aujourd'hui à Kingston.
Le tout commencera avec la sélection du jury. 12 jurés parmi environ 1 200 personnes doivent être choisis pour la tenue de ce procès, qui durera environ trois mois.
Le procès se tiendra en quatre langues, soit l'anglais, le français, l'espagnol et le farsi. Les témoignages feront l'objet d'une interdiction de publication.
Rappelons que trois filles de la famille Shafia âgées de 13 à 19 ans ( Geeti, Sahar et Zainab), ainsi que la première femme du père de famille (Rona Amir Mohammad), âgée de 50 ans, avaient été retrouvées mortes le 30 juin 2009 dans une voiture, dans une écluse de Kingston, en Ontario.
Le père Mohammad, sa femme Tooba Mahommad Yahya et leur fils Hamed ont été arrêtés quelques jours plus tard. Ils sont accusés des meurtres prémédités des quatre femmes.
Le crime d'honneur au coeur des débats
Me Jean-Pierre Rancourt, avocat criminaliste, a indiqué en entrevue ce matin à LCN que la notion de crime d'honneur n'existe pas dans le Code criminel canadien. Il a aussi affirmé que ce n'est pas la défense qui avancera un tel argument.
Selon lui, c'est plutôt la Couronne qui avancera la théorie du crime d'honneur en tant que mobile du meurtre. La poursuite tentera notamment de faire comprendre au jury c'est qu'est un crime d'honneur, par le biais de témoignages d'experts.
Yolande Geadah, auteure d'ouvrages sur la notion de crime d'honneur, a affirmé lors d'une entrevue sur les ondes de LCN ce matin que ce genre de crime s'inscrit souvent dans le cadre de violences familiales.
«C'est un crime qui est commis au nom de l'honneur, ce n'est pas un crime honorable. C'est un crime qui est perpétré pour laver la honte qui rejaillit sur la famille à cause de comportements inappropriés de jeunes filles ou de jeunes femmes», a-t-elle soutenu.
L'auteur a par ailleurs soutenu qu'il est important de ne pas «stigmatiser toute une population à cause de cette forme de violence». «Il faut bien sûr la condamner», a-t-elle ajouté.
http://tvanouvelles.ca/lcn/judiciaire/a ... 73407.html" onclick="window.open(this.href);return false;
[affiche]Ma signature est plus forte que la tienne![/affiche]
Procès Shafia: déjà trois jurés choisis
11 octobre 2011 à 13h17
Christiane Desjardins
La Presse
(Kingston) La sélection des jurés chargés de juger trois membres de la famille Shafia qui sont accusés d'avoir tué avec préméditation quatre autres membres de leur famille se déroule rondement à Kingston. Le processus a commencé vers 11h, et à la pause du midi, déjà trois jurés, un homme et deux femmes, avaient été choisis.
Un peu avant, vers 10h45, dans une salle bondée par plus d'une centaine de candidats jurés et de journalistes, un officier de la Cour supérieure a lu les accusations portées contre les trois accusés, Mohammad Shafia, son épouse Tooba Mohammad Yahya, et leur fils, Hamed Mohammad Shafia. Placés ensemble dans un box vitré, ils ont plaidé non coupables aux quatre accusations de meurtres. «No», ou «no, wrong» répondait Mohammad Shafia lorsque c'était son tour.
Les corps des victimes alléguées, Rona Amir Mohammad, 52 ans, première épouse de M. Mohammad, de même que les trois soeurs Shafia, Zainab, 19 ans, Sahar, 17 ans, et Geeti, 13 ans, ont été trouvés le matin du 30 juin 2009 dans l'écluse de Kingston Mills. La famille d'origine afghane, qui vivait à Montréal depuis deux ans, revenait d'un séjour d'agrément à Niagara Falls, lors du drame. Parmi les nombreuses ordonnances de non-publication émises au cours du processus, il y en a une qui protège l'identité des trois autres enfants de la famille.
Sélection des jurés
Environ 150 candidats jurés ont été appelés pour cette première journée de sélection. Plusieurs demandent d'être exemptés, la plupart du temps pour un problème de santé, mais aussi pour ennui pécunier. Le juge Robert Maranger se montre magnanime et accorde les exemptions.
La tâche de juré n'est pas très rémunérée en Ontario. Normalement, les jurés n'obtiennent aucune compensation pour les dix premiers jours du procès. Par la suite, ils on 40$ par jour, une somme qui grimpe à 100$ après 50 jours. Ce matin, le juge a signalé que vu les circonstances exceptionnelles de ce grand procès, les jurés commenceront à recevoir 40$ par jour, dès aujourd'hui. À partir du 25e jour, ils auront 100$ par jour.
Les avocats des quatre parties (la Couronne et les trois accusés doivent tous être d'accord sur le choix des jurés. Les candidats recherchés sont bien sûr ceux qui sont capables de juger selon la preuve et les directives que le juge leur donnera en temps et lieu. Les candidats qui ne demandent pas d'exemptions sont questionnés. Les avocats veulent savoir s'ils ont entendu parler de la cause dans les médias, s'ils se sont fait une idée sur la culpabilité les accusés, et s'ils sont capables de mettre leurs préjugés de côté, s'ils en ont. On leur demande aussi de dire si le fait que les accusés sont Afghans et « islamiques » les dérange.
Le procès doit durer de six à huit semaines, mais pourrait s'étirer aussi jusqu'en janvier, a signalé le juge ce midi. Le procureur de la Couronne Gerard Laarhuis a annoncé qu'il aurait «potentiellement» 58 témoins à faire défiler au cours de ce procès. L'exercice se poursuit cet après-midi.
http://www.cyberpresse.ca/actualites/qu ... cueil_POS3" onclick="window.open(this.href);return false;
11 octobre 2011 à 13h17
Christiane Desjardins
La Presse
(Kingston) La sélection des jurés chargés de juger trois membres de la famille Shafia qui sont accusés d'avoir tué avec préméditation quatre autres membres de leur famille se déroule rondement à Kingston. Le processus a commencé vers 11h, et à la pause du midi, déjà trois jurés, un homme et deux femmes, avaient été choisis.
Un peu avant, vers 10h45, dans une salle bondée par plus d'une centaine de candidats jurés et de journalistes, un officier de la Cour supérieure a lu les accusations portées contre les trois accusés, Mohammad Shafia, son épouse Tooba Mohammad Yahya, et leur fils, Hamed Mohammad Shafia. Placés ensemble dans un box vitré, ils ont plaidé non coupables aux quatre accusations de meurtres. «No», ou «no, wrong» répondait Mohammad Shafia lorsque c'était son tour.
Les corps des victimes alléguées, Rona Amir Mohammad, 52 ans, première épouse de M. Mohammad, de même que les trois soeurs Shafia, Zainab, 19 ans, Sahar, 17 ans, et Geeti, 13 ans, ont été trouvés le matin du 30 juin 2009 dans l'écluse de Kingston Mills. La famille d'origine afghane, qui vivait à Montréal depuis deux ans, revenait d'un séjour d'agrément à Niagara Falls, lors du drame. Parmi les nombreuses ordonnances de non-publication émises au cours du processus, il y en a une qui protège l'identité des trois autres enfants de la famille.
Sélection des jurés
Environ 150 candidats jurés ont été appelés pour cette première journée de sélection. Plusieurs demandent d'être exemptés, la plupart du temps pour un problème de santé, mais aussi pour ennui pécunier. Le juge Robert Maranger se montre magnanime et accorde les exemptions.
La tâche de juré n'est pas très rémunérée en Ontario. Normalement, les jurés n'obtiennent aucune compensation pour les dix premiers jours du procès. Par la suite, ils on 40$ par jour, une somme qui grimpe à 100$ après 50 jours. Ce matin, le juge a signalé que vu les circonstances exceptionnelles de ce grand procès, les jurés commenceront à recevoir 40$ par jour, dès aujourd'hui. À partir du 25e jour, ils auront 100$ par jour.
Les avocats des quatre parties (la Couronne et les trois accusés doivent tous être d'accord sur le choix des jurés. Les candidats recherchés sont bien sûr ceux qui sont capables de juger selon la preuve et les directives que le juge leur donnera en temps et lieu. Les candidats qui ne demandent pas d'exemptions sont questionnés. Les avocats veulent savoir s'ils ont entendu parler de la cause dans les médias, s'ils se sont fait une idée sur la culpabilité les accusés, et s'ils sont capables de mettre leurs préjugés de côté, s'ils en ont. On leur demande aussi de dire si le fait que les accusés sont Afghans et « islamiques » les dérange.
Le procès doit durer de six à huit semaines, mais pourrait s'étirer aussi jusqu'en janvier, a signalé le juge ce midi. Le procureur de la Couronne Gerard Laarhuis a annoncé qu'il aurait «potentiellement» 58 témoins à faire défiler au cours de ce procès. L'exercice se poursuit cet après-midi.
http://www.cyberpresse.ca/actualites/qu ... cueil_POS3" onclick="window.open(this.href);return false;
- Rose-des-bois
- Immortel du Domaine
- Messages : 12974
- Inscription : sam. sept. 02, 2006 12:00 am
Procès| Famille Shafia
Un crime d'honneur ?
Michael Nguyen et Agence QMI
11/10/2011 06h21
Le frère de trois des victimes, Hamed Shafia.
© Archives/Agence QMI
KINGSTON, Ontario - La sélection du jury populaire au procès des trois Montréalais d'origine afghane, accusés d'avoir enfermé quatre femmes dans une voiture avant de la jeter à l'eau, débute aujourd'hui à Kingston, en Ontario.
Au terme de l'exercice qui devrait durer toute la semaine, douze jurés seront retenus parmi 1200 candidats. Le procès débutera immédiatement après.
Mohammad Shafia, sa femme Tooba Mahommad Yahya et son fils Hamed font chacun face à quatre chefs de meurtre au premier degré et à quatre chefs de complot en vue de commettre un meurtre.
Ils sont soupçonnés d'avoir tué les trois filles adolescentes du couple, ainsi que la première femme du mari. Plusieurs observateurs se demandent s'il s'agit d'un crime d'honneur.
Zainab, Sahar et Geeti Shafia, âgées de 19, 17 et de 13 ans respectivement, ainsi que leur mère âgée de 50 ans, Rona Amir Mohammad, avaient été retrouvées mortes en juin 2009.
Les corps avaient été repêchés dans une voiture, immergée dans une écluse de Kingston Mills, à l'embouchure du canal Rideau en Ontario.
Un mois plus tard, les trois individus ont été arrêtés à Montréal avant d'être formellement accusés.
Une installation coûteuse
Le procès devrait durer trois mois et se tiendra en quatre langues. Des traducteurs rapporteront les propos en anglais, en français, en espagnol et en farsi, un dialecte afghan.
Des témoignages ne pourront cependant pas être rapportés, faisant l'objet d'une interdiction de publication.
Des dizaines de milliers de dollars ont été dépensés pour installer des équipements dans la salle d'audience, à cause de la complexité du cas et des difficultés d'ordre linguistique.
Une traduction simultanée sera fournie en trois langues: le farsi (la langue officielle de l'Iran), le français et l'anglais.
Deux cabines de traduction capable d'accueillir deux interprètes chacune ont été érigées sur une plate-forme, à proximité du juge.
L'équipement mis en place, dont des émetteurs infrarouges ainsi que de nombreux récepteurs, permet à toute la salle d'audience d'écouter les traductions simultanées des témoignages à l'aide de casques sans fil.
Quatre grands écrans plats de télévision ont aussi été installés, ainsi qu'un tableau de contrôle audiovisuel, opéré par un technicien.
Lors de l'enquête préliminaire en février 2010, une demi-douzaine de personnes étaient présentes dans la salle d'audience pour supporter les trois accusés.
http://fr.canoe.ca/infos/societe/archiv ... 62101.html" onclick="window.open(this.href);return false;
Un crime d'honneur ?
Michael Nguyen et Agence QMI
11/10/2011 06h21
Le frère de trois des victimes, Hamed Shafia.
© Archives/Agence QMI
KINGSTON, Ontario - La sélection du jury populaire au procès des trois Montréalais d'origine afghane, accusés d'avoir enfermé quatre femmes dans une voiture avant de la jeter à l'eau, débute aujourd'hui à Kingston, en Ontario.
Au terme de l'exercice qui devrait durer toute la semaine, douze jurés seront retenus parmi 1200 candidats. Le procès débutera immédiatement après.
Mohammad Shafia, sa femme Tooba Mahommad Yahya et son fils Hamed font chacun face à quatre chefs de meurtre au premier degré et à quatre chefs de complot en vue de commettre un meurtre.
Ils sont soupçonnés d'avoir tué les trois filles adolescentes du couple, ainsi que la première femme du mari. Plusieurs observateurs se demandent s'il s'agit d'un crime d'honneur.
Zainab, Sahar et Geeti Shafia, âgées de 19, 17 et de 13 ans respectivement, ainsi que leur mère âgée de 50 ans, Rona Amir Mohammad, avaient été retrouvées mortes en juin 2009.
Les corps avaient été repêchés dans une voiture, immergée dans une écluse de Kingston Mills, à l'embouchure du canal Rideau en Ontario.
Un mois plus tard, les trois individus ont été arrêtés à Montréal avant d'être formellement accusés.
Une installation coûteuse
Le procès devrait durer trois mois et se tiendra en quatre langues. Des traducteurs rapporteront les propos en anglais, en français, en espagnol et en farsi, un dialecte afghan.
Des témoignages ne pourront cependant pas être rapportés, faisant l'objet d'une interdiction de publication.
Des dizaines de milliers de dollars ont été dépensés pour installer des équipements dans la salle d'audience, à cause de la complexité du cas et des difficultés d'ordre linguistique.
Une traduction simultanée sera fournie en trois langues: le farsi (la langue officielle de l'Iran), le français et l'anglais.
Deux cabines de traduction capable d'accueillir deux interprètes chacune ont été érigées sur une plate-forme, à proximité du juge.
L'équipement mis en place, dont des émetteurs infrarouges ainsi que de nombreux récepteurs, permet à toute la salle d'audience d'écouter les traductions simultanées des témoignages à l'aide de casques sans fil.
Quatre grands écrans plats de télévision ont aussi été installés, ainsi qu'un tableau de contrôle audiovisuel, opéré par un technicien.
Lors de l'enquête préliminaire en février 2010, une demi-douzaine de personnes étaient présentes dans la salle d'audience pour supporter les trois accusés.
http://fr.canoe.ca/infos/societe/archiv ... 62101.html" onclick="window.open(this.href);return false;
Mamie vous aime mes petits amours !!!
Oh, surtout n'éteignez pas la lumière en l'enfant!!!
A mon avis ca revient au même que prouver n'importe quel motif qui démontre la préméditation. Aussi si c'est sur quoi ils s'enlignent comme mobile du crime c'est sûrement qu'ils ont des éléments de preuve assez solides.tuberale a écrit : Je n'avais pas conscience de la dimension internationale de l'intérêt pour ce procès. Ça va être quelque chose de prouver le crime d'honneur si c'est la voie que choisit la Couronne.
Qu'on se le dise : Chacun sa connerie!! - Claude Dubois
Meurtre d’honneur? - Le procès Shafia -
Véronique Robert, avocate, droit criminel.
Mardi 11 octobre 2011
Le procès pour meurtre prémédité de quatre membres de la famille Shafia débute ce matin à Kingston en Ontario avec la sélection du jury.
On a largement parlé du crime d’honneur en lien avec cette affaire où le père, sa seconde épouse et le fils de ce dernier sont soupçonnés d’avoir tué ses trois filles et leur mère, sa première épouse, pour préserver l’honneur de la famille.
Puis on lit, ici et là, qu’il y aura procès pour « crime d’honneur »…
Mais il s’agira strictement d’un procès pour meurtre, et non d'un procès pour meurtre d’honneur, la notion de crime d’honneur n’existant pas en droit criminel canadien.
Tout au plus, la Couronne pourra mettre en preuve cette notion d’honneur de la famille qui aurait été salie à titre de mobile du crime. Cette idée d’honneur entaché pourra aussi aider la Couronne à faire la preuve du caractère prémédité du meurtre, et de son propos délibéré[1].
Le mobile n’étant pas un élément essentiel du crime, il ne sera pas obligatoire pour la Couronne de prouver qu’il s’est agi d’un crime commis dans ce but de préserver l’honneur de la famille, pas plus qu’elle n’aura à prouver quelque autre mobile.
Les éléments essentiels de l’infraction de meurtre au premier degré, c'est-à-dire les éléments que la Couronne doit prouver hors de tout doute raisonnable lors d’une poursuite pour un meurtre au premier sont les suivants : 1) La mort d’un être humain, 2) la mort d’un être humain causée par un acte illégal, 3) un acte illégal commis par l’accusé (l’identité du tueur, est-ce bien celui qui est assis dans le box des accusés), 4) l’intention spécifique de causer la mort ou de causer des blessures que le commettant sait de nature à causer la mort et 5) le geste posé de manière préméditée et de propos délibéré.
Il n’existe donc aucune case pour le mobile parmi les éléments essentiels du crime de meurtre. Le mobile, s’il y en a un, fait partie des éléments de preuve circonstancielle que la Couronne peut établir afin de prouver l’intention de tuer, et l’intention préméditée, et de propos délibéré, de tuer.
««Si le mobile n’est pas un élément essentiel du crime de meurtre, l’absence de mobile doit toutefois allumer dans l’esprit des jurés une alarme de prudence. Ceci est tellement vrai que le juge qui instruit le jury doit lui indiquer clairement qu’une absence de mobile est un élément à surmonter pour en arriver à la conviction hors de tout doute raisonnable de la culpabilité de l’accusé[2].»»
C’est donc uniquement dans cette optique que la Couronne pourra mettre en preuve le motif de l’honneur dans le procès Shafia. Ce sera un élément, parmi d’autres, qui pourra amener le jury à se convaincre hors de tout doute raisonnable de l’intention de tuer. Se convaincre aussi du caractère prémédité et du meurtre et de son propos délibéré.
Conséquences sur la sentence?
Sur la peine, en matière de meurtre au premier degré, il n’y a pas de discrétion, rien à plaider, rien à prouver. C’est la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans.
Si toutefois le jury en venait à la conclusion qu’il s’est agi d’un meurtre au deuxième degré, et non d’un meurtre au premier degré, on peut se poser une question : Est-ce que le juge pourrait utiliser l’honneur, la notion de crime d’honneur, pour diminuer ou, au contraire, pour augmenter la période pendant laquelle les condamnés ne seraient pas admissibles à une libération conditionnelle?
««Les notions de circontances aggravantes ou atténuantes sont des notions qui appartiennent au sentencing, à la détemination de la peine, et non à l’infraction et la commission de l’infraction. On ne parle jamais –sauf dans les tavernes et dans les médias sociaux - de facteurs aggravants, ou de facteurs atténuants, pour décider de la culpabilité ou de l’innocence. Il s’agit d’éléments que le tribunal considère au moment de décider de la peine.»»
C’est seulement ici que la question de l’honneur pourrait avoir un intérêt juridique.
Tuer pour l’honneurr, est-ce un facteur atténuant, ou aggravant?
Je parierais ma toge qu’aucun juge canadien ne considérera que la volonté de préserver l’honneur de la famille puisse être un facteur atténuant la peine.
Au contraire, certains éléments sont expressément prévus par le code criminel comme constituant un aggravation du crime, et parmi ceux-ci figurent la haine fondée sur le sexe de la victime, les mauvais traitements infligés à l’époux/se ou conjoint/e, les mauvais traitement infligés à des personne de moins de 18 ans, une infraction qui constitue un abus d’autorité.
M’est avis que, suivant l’état actuel du droit canadien, le fait de tuer pour l’honneur –l’honneur patriarcal, l’honneur d’une domination masculine, l’honneur du père mue par une haine des femmes – est plutôt un facteur aggravant.
------------------------------------------------------------------------------------------------
[1] Car le meurtre au premier degré est un meurtre commis de manière prémédité et de propos délibéré. La préméditation seule ne suffit pas.
[2] R. c. Proulx, [1992] R.J.Q. 2047, R. c. Hibbert, [2002] 2 R.C.S. 445
http://droitcriminel.blogspot.com/2011/ ... nneur.html" onclick="window.open(this.href);return false;
Véronique Robert, avocate, droit criminel.
Mardi 11 octobre 2011
Le procès pour meurtre prémédité de quatre membres de la famille Shafia débute ce matin à Kingston en Ontario avec la sélection du jury.
On a largement parlé du crime d’honneur en lien avec cette affaire où le père, sa seconde épouse et le fils de ce dernier sont soupçonnés d’avoir tué ses trois filles et leur mère, sa première épouse, pour préserver l’honneur de la famille.
Puis on lit, ici et là, qu’il y aura procès pour « crime d’honneur »…
Mais il s’agira strictement d’un procès pour meurtre, et non d'un procès pour meurtre d’honneur, la notion de crime d’honneur n’existant pas en droit criminel canadien.
Tout au plus, la Couronne pourra mettre en preuve cette notion d’honneur de la famille qui aurait été salie à titre de mobile du crime. Cette idée d’honneur entaché pourra aussi aider la Couronne à faire la preuve du caractère prémédité du meurtre, et de son propos délibéré[1].
Le mobile n’étant pas un élément essentiel du crime, il ne sera pas obligatoire pour la Couronne de prouver qu’il s’est agi d’un crime commis dans ce but de préserver l’honneur de la famille, pas plus qu’elle n’aura à prouver quelque autre mobile.
Les éléments essentiels de l’infraction de meurtre au premier degré, c'est-à-dire les éléments que la Couronne doit prouver hors de tout doute raisonnable lors d’une poursuite pour un meurtre au premier sont les suivants : 1) La mort d’un être humain, 2) la mort d’un être humain causée par un acte illégal, 3) un acte illégal commis par l’accusé (l’identité du tueur, est-ce bien celui qui est assis dans le box des accusés), 4) l’intention spécifique de causer la mort ou de causer des blessures que le commettant sait de nature à causer la mort et 5) le geste posé de manière préméditée et de propos délibéré.
Il n’existe donc aucune case pour le mobile parmi les éléments essentiels du crime de meurtre. Le mobile, s’il y en a un, fait partie des éléments de preuve circonstancielle que la Couronne peut établir afin de prouver l’intention de tuer, et l’intention préméditée, et de propos délibéré, de tuer.
««Si le mobile n’est pas un élément essentiel du crime de meurtre, l’absence de mobile doit toutefois allumer dans l’esprit des jurés une alarme de prudence. Ceci est tellement vrai que le juge qui instruit le jury doit lui indiquer clairement qu’une absence de mobile est un élément à surmonter pour en arriver à la conviction hors de tout doute raisonnable de la culpabilité de l’accusé[2].»»
C’est donc uniquement dans cette optique que la Couronne pourra mettre en preuve le motif de l’honneur dans le procès Shafia. Ce sera un élément, parmi d’autres, qui pourra amener le jury à se convaincre hors de tout doute raisonnable de l’intention de tuer. Se convaincre aussi du caractère prémédité et du meurtre et de son propos délibéré.
Conséquences sur la sentence?
Sur la peine, en matière de meurtre au premier degré, il n’y a pas de discrétion, rien à plaider, rien à prouver. C’est la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans.
Si toutefois le jury en venait à la conclusion qu’il s’est agi d’un meurtre au deuxième degré, et non d’un meurtre au premier degré, on peut se poser une question : Est-ce que le juge pourrait utiliser l’honneur, la notion de crime d’honneur, pour diminuer ou, au contraire, pour augmenter la période pendant laquelle les condamnés ne seraient pas admissibles à une libération conditionnelle?
««Les notions de circontances aggravantes ou atténuantes sont des notions qui appartiennent au sentencing, à la détemination de la peine, et non à l’infraction et la commission de l’infraction. On ne parle jamais –sauf dans les tavernes et dans les médias sociaux - de facteurs aggravants, ou de facteurs atténuants, pour décider de la culpabilité ou de l’innocence. Il s’agit d’éléments que le tribunal considère au moment de décider de la peine.»»
C’est seulement ici que la question de l’honneur pourrait avoir un intérêt juridique.
Tuer pour l’honneurr, est-ce un facteur atténuant, ou aggravant?
Je parierais ma toge qu’aucun juge canadien ne considérera que la volonté de préserver l’honneur de la famille puisse être un facteur atténuant la peine.
Au contraire, certains éléments sont expressément prévus par le code criminel comme constituant un aggravation du crime, et parmi ceux-ci figurent la haine fondée sur le sexe de la victime, les mauvais traitements infligés à l’époux/se ou conjoint/e, les mauvais traitement infligés à des personne de moins de 18 ans, une infraction qui constitue un abus d’autorité.
M’est avis que, suivant l’état actuel du droit canadien, le fait de tuer pour l’honneur –l’honneur patriarcal, l’honneur d’une domination masculine, l’honneur du père mue par une haine des femmes – est plutôt un facteur aggravant.
------------------------------------------------------------------------------------------------
[1] Car le meurtre au premier degré est un meurtre commis de manière prémédité et de propos délibéré. La préméditation seule ne suffit pas.
[2] R. c. Proulx, [1992] R.J.Q. 2047, R. c. Hibbert, [2002] 2 R.C.S. 445
http://droitcriminel.blogspot.com/2011/ ... nneur.html" onclick="window.open(this.href);return false;
Publié le 20 octobre 2011 à 06h57
Les Shafia au banc des accusés
Christiane Desjardins
La Presse
Oyez, oyez, oyez!
C'est en prononçant cette formule d'une autre époque, hier, qu'un officier de la Cour supérieure a ouvert la dernière audience avant le début du procès de la famille Shafia, à Kingston. Dès après, le juge Robert Maranger a rendu une décision au sujet des BlackBerry et de l'utilisation de Twitter dans la salle du tribunal.
L'ancien et le nouveau. Ce choc entre deux mondes est à l'image de ce procès, qui commence aujourd'hui, et dont la particularité devrait marquer les annales judiciaires canadiennes.
Mohammad Shafia, 58 ans, sa femme Tooba Yahya, 41 ans, et leur fils aîné, Ahmed, 20 ans, sont accusés d'avoir tué avec préméditation quatre femmes de leur famille, le 30 juin 2009. Ce matin-là, les corps de Rona Amir Mohammad, 48 ans, et de Zainab, 19 ans, Sahar, 17 ans, et Geeti, 13 ans, ont été trouvés dans une voiture engloutie au fond de l'écluse de Kingston Mills.
Rona était la première femme de Mohammad, alors que les trois autres étaient trois des sept enfants que Mohammad a eus avec Tooba. Le drame s'est produit lorsque la famille de 10 personnes revenait d'un voyage à Niagara Falls à bord de deux véhicules. C'est l'une de ces voitures, une Nissan Sentra, qui s'est transformée en tombeau pour les quatre malheureuses.
Terrible accident, sans doute dû à la témérité de leur aînée (Zainab), ont fait valoir les parents. Mais trois semaines après la tragédie, le couple et son fils Ahmed ont été arrêtés et accusés de meurtres. La thèse du «crime d'honneur» a été évoquée par une parente qui réside outre-mer.
Accident funeste, comme le soutiennent les accusés, ou meurtres commis au nom d'un archaïque code d'honneur? C'est ce qu'on devrait apprendre au cours de ce procès.
Pendant les 8 à 10 semaines que doit durer l'exercice, la Couronne compte faire défiler 57 témoins, parmi lesquels on trouve des policiers, des civils et des experts. Plus de 20 témoins sont de Montréal.
http://www.cyberpresse.ca/actualites/qu ... ccuses.php" onclick="window.open(this.href);return false;
Les Shafia au banc des accusés
Christiane Desjardins
La Presse
Oyez, oyez, oyez!
C'est en prononçant cette formule d'une autre époque, hier, qu'un officier de la Cour supérieure a ouvert la dernière audience avant le début du procès de la famille Shafia, à Kingston. Dès après, le juge Robert Maranger a rendu une décision au sujet des BlackBerry et de l'utilisation de Twitter dans la salle du tribunal.
L'ancien et le nouveau. Ce choc entre deux mondes est à l'image de ce procès, qui commence aujourd'hui, et dont la particularité devrait marquer les annales judiciaires canadiennes.
Mohammad Shafia, 58 ans, sa femme Tooba Yahya, 41 ans, et leur fils aîné, Ahmed, 20 ans, sont accusés d'avoir tué avec préméditation quatre femmes de leur famille, le 30 juin 2009. Ce matin-là, les corps de Rona Amir Mohammad, 48 ans, et de Zainab, 19 ans, Sahar, 17 ans, et Geeti, 13 ans, ont été trouvés dans une voiture engloutie au fond de l'écluse de Kingston Mills.
Rona était la première femme de Mohammad, alors que les trois autres étaient trois des sept enfants que Mohammad a eus avec Tooba. Le drame s'est produit lorsque la famille de 10 personnes revenait d'un voyage à Niagara Falls à bord de deux véhicules. C'est l'une de ces voitures, une Nissan Sentra, qui s'est transformée en tombeau pour les quatre malheureuses.
Terrible accident, sans doute dû à la témérité de leur aînée (Zainab), ont fait valoir les parents. Mais trois semaines après la tragédie, le couple et son fils Ahmed ont été arrêtés et accusés de meurtres. La thèse du «crime d'honneur» a été évoquée par une parente qui réside outre-mer.
Accident funeste, comme le soutiennent les accusés, ou meurtres commis au nom d'un archaïque code d'honneur? C'est ce qu'on devrait apprendre au cours de ce procès.
Pendant les 8 à 10 semaines que doit durer l'exercice, la Couronne compte faire défiler 57 témoins, parmi lesquels on trouve des policiers, des civils et des experts. Plus de 20 témoins sont de Montréal.
http://www.cyberpresse.ca/actualites/qu ... ccuses.php" onclick="window.open(this.href);return false;
Procès Shafia: tuées froidement pour l'honneur, selon la Couronne
Publié le 20 octobre 2011 à 14h16
Christiane Desjardins
La Presse
(Kingston) Mohammad Shafia, son épouse Tooba, et leur fils aîné Ahmed, étaient sur les lieux quand la Nissan Sentra a plongé dans l'écluse de Kingston Mills, la nuit du 30 juin 2009, avec quatre femmes de leur famille à bord. La voiture a été poussée, et il s'agit de meurtres soigneusement planifiés visant à venger l'honneur de la famille.
Voilà la théorie que la Couronne entend prouver au procès des trois Shafia qui ont commencé à subir leur procès, ce matin, à Kingston. Mohammad Shafia, 58 ans, son épouse Tooba, 41 ans, et leur fils aîné, Ahmed,20 ans, sont accusés des meurtres prémédités de Rona Amir Mohammad, 53 ans, Zainab, 19 ans, Sahar, 17 ans, et Geeti, 13 ans. Il s'agit respectivement de la première épouse de Mohammad et de trois de ses filles. Elles ont péri noyées, mais le pathologiste ne peut affirmer si elles sont mortes dans l'écluse, ou si elles avaient été noyées ailleurs avant. Cette donnée fait partie des innombrables éléments de preuve que la Couronne a révélés ce matin, au moment de son discours d'ouverture. Dans une salle bondée, et devant des gens médusés par la teneur du récit, Me Laurie Lacelle a raconté l'histoire de cette famille originaire d'Afghanistan, résumé l'enquête policière, et exposé le motif de cette tragédie. Tout cela reste à prouver, bien sûr, et c'est ce que la Couronne tentera de faire au cours de ce procès qui doit durer de huit à dix semaines.
Selon l'exposé de Me Lacelle, la première épouse et les trois filles Shafia vivaient dans un régime très strict et voulaient plus de liberté. Les jeunes filles voulaient vivre à l'occidentale, s'habiller comme elles voulaient, et sortir avec les garçons, ce qui était considéré comme un déshonneur pour Mohammad Shafia.
La procureure a signalé qu'elle entendait entre autres prouver que Ahmed avait fait des recherches sur Google, dans les mois précédant le drame, sur les endroits et les moyens de tuer quelqu'un. De l'écoute électronique installée après la tragédie dans le véhicule des Shafia, démontre que le couple a tenu des propos très révélateurs au sujet des défuntes. «Que le diable aille chier sur leurs tombes», aurait dit M. Shafia, en signalant qu'elles avaient déshonoré la famille, qu'elles ne valaient pas mieux que les putains qui se tiennent sur le coin des rues, prêtes à monter avec le premier venu. «Des filles en soutien-gorge et petites culottes.»
«Il n'y a rien de plus important que l'honneur», aurait martelé M. Shafia. Son épouse Tooba abondait, et Ahmed écoutait.
Trop de stress
Ce procès très attendu a commencé vers 10h30 ce matin. Dès l'ouverture de la séance, un jeune homme choisi la semaine dernière comme juré numéro quatre, a demandé et obtenu d'être dispensé, en raison du «trop grand stress» que cela lui causait. Une femme, qui agissait comme jurée de réserve, a pris sa place.
Dès après, le procureur de la Couronne Gerard Laarhuis a demandé une ordonnance de non-publication sur les noms de neuf témoins reliés à cette cause, ordonnance qui sera en vigueur jusqu'à ce qu'ils aient témoigné. Ceci pour des questions de sécurité et du fait que certains craindraient de subir des pressions. Le juge Robert Marenger a ensuite fait son adresse aux jurés, pour leur expliquer les grands principes d'un procès, et les éclairer sur leur tâche. Il a insisté sur le fait que même si les trois accusés sont jugés ensemble, ils demeurent trois personnes différentes, et les jurés n'auront pas à rendre une décision identique pour les trois. Rappelons que la famille Shafia demeurait à Montréal depuis 2007, au moment des faits. Le procès se poursuit cet après-midi.
http://www.cyberpresse.ca/actualites/qu ... cueil_POS2" onclick="window.open(this.href);return false;
Publié le 20 octobre 2011 à 14h16
Christiane Desjardins
La Presse
(Kingston) Mohammad Shafia, son épouse Tooba, et leur fils aîné Ahmed, étaient sur les lieux quand la Nissan Sentra a plongé dans l'écluse de Kingston Mills, la nuit du 30 juin 2009, avec quatre femmes de leur famille à bord. La voiture a été poussée, et il s'agit de meurtres soigneusement planifiés visant à venger l'honneur de la famille.
Voilà la théorie que la Couronne entend prouver au procès des trois Shafia qui ont commencé à subir leur procès, ce matin, à Kingston. Mohammad Shafia, 58 ans, son épouse Tooba, 41 ans, et leur fils aîné, Ahmed,20 ans, sont accusés des meurtres prémédités de Rona Amir Mohammad, 53 ans, Zainab, 19 ans, Sahar, 17 ans, et Geeti, 13 ans. Il s'agit respectivement de la première épouse de Mohammad et de trois de ses filles. Elles ont péri noyées, mais le pathologiste ne peut affirmer si elles sont mortes dans l'écluse, ou si elles avaient été noyées ailleurs avant. Cette donnée fait partie des innombrables éléments de preuve que la Couronne a révélés ce matin, au moment de son discours d'ouverture. Dans une salle bondée, et devant des gens médusés par la teneur du récit, Me Laurie Lacelle a raconté l'histoire de cette famille originaire d'Afghanistan, résumé l'enquête policière, et exposé le motif de cette tragédie. Tout cela reste à prouver, bien sûr, et c'est ce que la Couronne tentera de faire au cours de ce procès qui doit durer de huit à dix semaines.
Selon l'exposé de Me Lacelle, la première épouse et les trois filles Shafia vivaient dans un régime très strict et voulaient plus de liberté. Les jeunes filles voulaient vivre à l'occidentale, s'habiller comme elles voulaient, et sortir avec les garçons, ce qui était considéré comme un déshonneur pour Mohammad Shafia.
La procureure a signalé qu'elle entendait entre autres prouver que Ahmed avait fait des recherches sur Google, dans les mois précédant le drame, sur les endroits et les moyens de tuer quelqu'un. De l'écoute électronique installée après la tragédie dans le véhicule des Shafia, démontre que le couple a tenu des propos très révélateurs au sujet des défuntes. «Que le diable aille chier sur leurs tombes», aurait dit M. Shafia, en signalant qu'elles avaient déshonoré la famille, qu'elles ne valaient pas mieux que les putains qui se tiennent sur le coin des rues, prêtes à monter avec le premier venu. «Des filles en soutien-gorge et petites culottes.»
«Il n'y a rien de plus important que l'honneur», aurait martelé M. Shafia. Son épouse Tooba abondait, et Ahmed écoutait.
Trop de stress
Ce procès très attendu a commencé vers 10h30 ce matin. Dès l'ouverture de la séance, un jeune homme choisi la semaine dernière comme juré numéro quatre, a demandé et obtenu d'être dispensé, en raison du «trop grand stress» que cela lui causait. Une femme, qui agissait comme jurée de réserve, a pris sa place.
Dès après, le procureur de la Couronne Gerard Laarhuis a demandé une ordonnance de non-publication sur les noms de neuf témoins reliés à cette cause, ordonnance qui sera en vigueur jusqu'à ce qu'ils aient témoigné. Ceci pour des questions de sécurité et du fait que certains craindraient de subir des pressions. Le juge Robert Marenger a ensuite fait son adresse aux jurés, pour leur expliquer les grands principes d'un procès, et les éclairer sur leur tâche. Il a insisté sur le fait que même si les trois accusés sont jugés ensemble, ils demeurent trois personnes différentes, et les jurés n'auront pas à rendre une décision identique pour les trois. Rappelons que la famille Shafia demeurait à Montréal depuis 2007, au moment des faits. Le procès se poursuit cet après-midi.
http://www.cyberpresse.ca/actualites/qu ... cueil_POS2" onclick="window.open(this.href);return false;
Dernière modification par Anya le jeu. oct. 20, 2011 3:15 pm, modifié 1 fois.
- Thewinneris
- Seigneur de la Causerie
- Messages : 5728
- Inscription : mer. avr. 02, 2003 1:00 am
Re: Soeurs noyées à Kingston
C'est bien qu'on ait enfin le courrage de cibler les crimes d'honneurs et combattre ces mentalités à haute voix à nouveau laissant enfin la rectitude politique! Dire haut et fort que c'est innaceptable d'assujetir des femmes sous le couvert de culture et religion!
L'honneur n'a pas de frontière
Publié le 21 octobre 2011 à 06h40
Michèle Ouimet
La Presse
L'honneur. En Afghanistan. L'honneur à tout prix. Comment expliquer l'inexplicable? Ça commence au berceau, dans le désir des hommes et des femmes d'avoir des garçons. Puis, ça s'enracine dans les petits gestes quotidiens: les meilleurs morceaux de nourriture aux garçons, les mères en adoration devant leurs fils, les filles au service de leurs frères. Et la toute-puissance du père qui domine la famille.
Si les femmes épousent un homme bon, elles ont une vie heureuse. Si elles épousent une brute, elles vivent l'enfer et personne ne vient à leur rescousse, ni leur mère, ni leurs soeurs, ni leurs amies.
Les femmes ne sont pas des citoyennes à part entière. Quand je vais en Afghanistan, je marche toujours derrière mon traducteur. Parce que c'est comme ça. Pour bien marquer le statut inférieur des femmes.
Je pourrais vous parler des femmes battues par leur mari qui ont fui le domicile conjugal. Des histoires crève-coeur. La justice? Elle n'existe pas, car la seule chose qui peut racheter l'honneur souillé, c'est la mort de la femme qui est toujours coupable. Toujours.
Je préfère vous parler de la semaine que j'ai passée dans une famille afghane. Je voulais comprendre la vraie vie, celle qui se déroule derrière des portes closes, dans l'intimité d'un foyer. Je voulais aller au-delà des histoires de femmes battues, au-delà du discours des hommes qui me disaient que les femmes étaient heureuses et libres. Dans les limites de la culture afghane, bien sûr. Une culture millénaire. Car les talibans n'ont rien inventé, ni la burqa ni les brimades. Les Afghans ont toujours été durs avec leurs femmes. Tellement durs.
J'ai trouvé une famille à Kandahar, dans le sud de l'Afghanistan, une famille suffisamment ouverte pour accepter d'accueillir une journaliste pendant sept jours et sept nuits. Une famille constituée de huit enfants de 16 à 29 ans, cinq filles et trois garçons, d'une mère, d'un père, d'une grand-mère et de deux belles-filles. Une famille heureuse et unie qui discutait le soir autour de la table.
Aucune des filles n'était mariée, signe d'une grande ouverture d'esprit de la part du père. Toutes vivaient sous le toit familial, car une femme ne vit jamais seule en Afghanistan. Elle vit chez son mari ou ses parents. Point.
Les femmes sortaient peu et lorsqu'elles mettaient le nez dehors, c'était toujours cachées sous leur burqa. Les hommes faisaient les courses. Ils s'occupaient de l'extérieur, les femmes, de l'intérieur. Après le souper, les hommes restaient assis, pendant que les femmes se levaient, ramassaient, nettoyaient, lavaient.
Au fil des jours, j'ai découvert l'extraordinaire pouvoir du père, non seulement sur ses filles, sa femme et ses brus, mais aussi sur ses fils. Tous le craignaient. La soumission était totale.
Une des filles, Zarmina, 25 ans, avait un amoureux. Une relation secrète qui la terrifiait. Elle le voyait très peu, car elle devait obtenir l'autorisation de son père pour sortir. Au travail, elle s'inventait des courses pour passer quelques instants avec lui. «Si mon père découvre que j'ai une liaison, il va me battre ou me tuer», m'a-t-elle dit.
Son amant voulait faire l'amour, mais elle résistait. «Je dois absolument rester vierge. Jamais je ne me marierai. Je pense tout le temps à lui, je l'aime, je ne peux pas l'oublier.»
Personne ne connaissait son secret, ni ses sœurs ni son frère Asif qui avait, lui aussi, une liaison cachée. Il vivait dans la terreur d'être découvert, comme Zarmina. Son père le battrait, il en était sûr. Sa maîtresse, elle, risquait d'être tuée par les hommes de sa famille. Le beau Asif, cheveux foncés, yeux de braise, traits fins, dégaine occidentale. Même s'il travaillait comme interprète pour l'armée américaine, il vivait toujours chez ses parents. Et sous la coupe de son père.
L'aîné de la famille, Yasin, avait fait un mariage malheureux, comme beaucoup d'Afghans. Un mariage arrangé par sa famille. Il avait 27 ans, sa femme, 15. Ils se sont vus pour la première fois le jour des noces.
Sa femme l'a détesté dès qu'elle a posé les yeux sur lui. Ils ont eu un enfant. Il avait 1 an lorsque sa femme a décidé de retourner vivre chez ses parents. Yasin voulait qu'elle revienne, même s'il ne l'aimait pas. «C'est la seule solution. Ici, on ne divorce pas.» Yasin était secrètement amoureux d'une autre femme. Il caressait sa photo en cachette. Un amour impossible.
Je me suis demandé pourquoi Zarmina, Asif et Yasin m'avaient confié leur secret. J'ai compris qu'ils crevaient de solitude. Ils ne pouvaient parler à personne, car leur vie en dépendait. Malheureux et seuls. Dans une famille unie et heureuse.
* * *
Mohammad Shafia, sa seconde femme et leur fils aîné sont accusés du meurtre de la première femme et de leurs trois filles. Le procès s'est ouvert hier, à Kingston, en Ontario.
Ils sont afghans. Mohammad est né et a grandi à Kaboul. C'est là qu'il a célébré son premier mariage en 1980. Ils ont vécu 15 ans au Pakistan, en Australie et à Dubaï avant de s'installer à Montréal en 2007.
Les filles Shafia, âgées de 13 à 19 ans, ont voulu arracher quelques bribes de liberté. Elles se sont heurtées à l'intransigeance de leur père. Les a-t-il tuées au nom de l'honneur? C'est la thèse de la Couronne. Une chose est certaine, le choc des cultures a dû être terrible. Le père afghan tout-puissant défié par ses filles.
On n'échappe pas à l'honneur, même si on change de continent. L'honneur n'a pas de frontière, mais la justice, elle, en a.
http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/ ... cueil_POS1" onclick="window.open(this.href);return false;
Publié le 21 octobre 2011 à 06h40
Michèle Ouimet
La Presse
L'honneur. En Afghanistan. L'honneur à tout prix. Comment expliquer l'inexplicable? Ça commence au berceau, dans le désir des hommes et des femmes d'avoir des garçons. Puis, ça s'enracine dans les petits gestes quotidiens: les meilleurs morceaux de nourriture aux garçons, les mères en adoration devant leurs fils, les filles au service de leurs frères. Et la toute-puissance du père qui domine la famille.
Si les femmes épousent un homme bon, elles ont une vie heureuse. Si elles épousent une brute, elles vivent l'enfer et personne ne vient à leur rescousse, ni leur mère, ni leurs soeurs, ni leurs amies.
Les femmes ne sont pas des citoyennes à part entière. Quand je vais en Afghanistan, je marche toujours derrière mon traducteur. Parce que c'est comme ça. Pour bien marquer le statut inférieur des femmes.
Je pourrais vous parler des femmes battues par leur mari qui ont fui le domicile conjugal. Des histoires crève-coeur. La justice? Elle n'existe pas, car la seule chose qui peut racheter l'honneur souillé, c'est la mort de la femme qui est toujours coupable. Toujours.
Je préfère vous parler de la semaine que j'ai passée dans une famille afghane. Je voulais comprendre la vraie vie, celle qui se déroule derrière des portes closes, dans l'intimité d'un foyer. Je voulais aller au-delà des histoires de femmes battues, au-delà du discours des hommes qui me disaient que les femmes étaient heureuses et libres. Dans les limites de la culture afghane, bien sûr. Une culture millénaire. Car les talibans n'ont rien inventé, ni la burqa ni les brimades. Les Afghans ont toujours été durs avec leurs femmes. Tellement durs.
J'ai trouvé une famille à Kandahar, dans le sud de l'Afghanistan, une famille suffisamment ouverte pour accepter d'accueillir une journaliste pendant sept jours et sept nuits. Une famille constituée de huit enfants de 16 à 29 ans, cinq filles et trois garçons, d'une mère, d'un père, d'une grand-mère et de deux belles-filles. Une famille heureuse et unie qui discutait le soir autour de la table.
Aucune des filles n'était mariée, signe d'une grande ouverture d'esprit de la part du père. Toutes vivaient sous le toit familial, car une femme ne vit jamais seule en Afghanistan. Elle vit chez son mari ou ses parents. Point.
Les femmes sortaient peu et lorsqu'elles mettaient le nez dehors, c'était toujours cachées sous leur burqa. Les hommes faisaient les courses. Ils s'occupaient de l'extérieur, les femmes, de l'intérieur. Après le souper, les hommes restaient assis, pendant que les femmes se levaient, ramassaient, nettoyaient, lavaient.
Au fil des jours, j'ai découvert l'extraordinaire pouvoir du père, non seulement sur ses filles, sa femme et ses brus, mais aussi sur ses fils. Tous le craignaient. La soumission était totale.
Une des filles, Zarmina, 25 ans, avait un amoureux. Une relation secrète qui la terrifiait. Elle le voyait très peu, car elle devait obtenir l'autorisation de son père pour sortir. Au travail, elle s'inventait des courses pour passer quelques instants avec lui. «Si mon père découvre que j'ai une liaison, il va me battre ou me tuer», m'a-t-elle dit.
Son amant voulait faire l'amour, mais elle résistait. «Je dois absolument rester vierge. Jamais je ne me marierai. Je pense tout le temps à lui, je l'aime, je ne peux pas l'oublier.»
Personne ne connaissait son secret, ni ses sœurs ni son frère Asif qui avait, lui aussi, une liaison cachée. Il vivait dans la terreur d'être découvert, comme Zarmina. Son père le battrait, il en était sûr. Sa maîtresse, elle, risquait d'être tuée par les hommes de sa famille. Le beau Asif, cheveux foncés, yeux de braise, traits fins, dégaine occidentale. Même s'il travaillait comme interprète pour l'armée américaine, il vivait toujours chez ses parents. Et sous la coupe de son père.
L'aîné de la famille, Yasin, avait fait un mariage malheureux, comme beaucoup d'Afghans. Un mariage arrangé par sa famille. Il avait 27 ans, sa femme, 15. Ils se sont vus pour la première fois le jour des noces.
Sa femme l'a détesté dès qu'elle a posé les yeux sur lui. Ils ont eu un enfant. Il avait 1 an lorsque sa femme a décidé de retourner vivre chez ses parents. Yasin voulait qu'elle revienne, même s'il ne l'aimait pas. «C'est la seule solution. Ici, on ne divorce pas.» Yasin était secrètement amoureux d'une autre femme. Il caressait sa photo en cachette. Un amour impossible.
Je me suis demandé pourquoi Zarmina, Asif et Yasin m'avaient confié leur secret. J'ai compris qu'ils crevaient de solitude. Ils ne pouvaient parler à personne, car leur vie en dépendait. Malheureux et seuls. Dans une famille unie et heureuse.
* * *
Mohammad Shafia, sa seconde femme et leur fils aîné sont accusés du meurtre de la première femme et de leurs trois filles. Le procès s'est ouvert hier, à Kingston, en Ontario.
Ils sont afghans. Mohammad est né et a grandi à Kaboul. C'est là qu'il a célébré son premier mariage en 1980. Ils ont vécu 15 ans au Pakistan, en Australie et à Dubaï avant de s'installer à Montréal en 2007.
Les filles Shafia, âgées de 13 à 19 ans, ont voulu arracher quelques bribes de liberté. Elles se sont heurtées à l'intransigeance de leur père. Les a-t-il tuées au nom de l'honneur? C'est la thèse de la Couronne. Une chose est certaine, le choc des cultures a dû être terrible. Le père afghan tout-puissant défié par ses filles.
On n'échappe pas à l'honneur, même si on change de continent. L'honneur n'a pas de frontière, mais la justice, elle, en a.
http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/ ... cueil_POS1" onclick="window.open(this.href);return false;
Procès Shafia: la plus jeune victime se trouvait à la place du conducteur
Publié le 21 octobre 2011 à 14h44
Christiane Desjardins
La Presse
(Kingston, Ontario) C'est Geeti, 13 ans, la plus jeune des quatre victimes trouvées au fond de l'écluse de Kingston Mills, le 30 juin 2009, qui se trouvait à la place du conducteur.
En fait, la jeune fille flottait au dessus du siège conducteur, avec un bras entourant l'appuie-tête, et le visage tourné de côté, vers la barre qui séparait les deux portières, a révélé ce matin, la technicienne en scènes de crimes, Julia Moore, du Service de police de Kingston. Mme Moore témoignait au procès des trois Shafia jugés pour quadruple meurtre.
Mohammad Shafia, 58 ans, son épouse Tooba, 41 ans, et leur fils Ahmed, 20 ans, sont accusés d'avoir tué avec préméditation quatre femmes de leur famille. Rona Amir Mohammad, 53 ans, première épouse de Mohammad, ainsi que Zainab, 19 ans, Sahar, 17 ans, et Geeti, 13 ans, filles de Mohammad et Tooba, ont été trouvées noyées dans une voiture au fond de l'écluse de Kingston Mills, vers 9h, le matin du 30 juin 2009.
Mme Moore a expliqué qu'après avoir reçu l'appel pour une voiture trouvée au fond de l'écluse, dans l'avant-midi du 30 juin 2009, elle était arrivée sur les lieux vers midi. Un citoyen qui possédait son équipement de plongée était allé voir. Il avait vu des corps dans le véhicule. Deux pour commencer. Mais finalement, il y en avait quatre. Les corps de trois jeunes filles aux longs cheveux noirs, ainsi que celui d'une femme plus âgée, ont été sortis un à un de la voiture. Ignorant leur identité, les policiers les ont numérotés, avant que les cadavres soient mis dans des sacs.
La dépouille numéro un s'est révélée être celle de Sahar. Elle était assise sur la banquette arrière, derrière le siège conducteur. À ses côtés, se trouvait Rona, assise au milieu de la banquette. La femme n'avait pas ses sandales aux pieds, mais celles-ci étaient dans la voiture. Le corps numéro trois était celui de Geeti, et le numéro quatre, celui de Zainab. Celle-ci flottait au dessus du siège passager avant, le dos au plafond de la voiture.
La disposition des corps dans la voiture pourrait avoir son importance au cours du procès. Lorsque le drame est survenu, les parents Shafia avaient dit qu'il s'agissait d'un accident, dû à la témérité de Zainab. Selon eux, cette dernière aurait pris la voiture sans permission, même si elle ne savait pas conduire.
Pendant deux demi-journées, Mme Moore a étalé et commenté quantité de photos et exhibits ayant trait à cette cause. Le procès présidé par le juge Robert Maranger se poursuit cet après-midi avec un autre témoin, au palais de justice du comté de Frontenac, à Kingston. Rappelons que la théorie de la Couronne est à l'effet que les accusés auraient commis ces meurtres pour venger l'honneur de la famille.
http://www.cyberpresse.ca/actualites/qu ... cueil_POS1" onclick="window.open(this.href);return false;
Publié le 21 octobre 2011 à 14h44
Christiane Desjardins
La Presse
(Kingston, Ontario) C'est Geeti, 13 ans, la plus jeune des quatre victimes trouvées au fond de l'écluse de Kingston Mills, le 30 juin 2009, qui se trouvait à la place du conducteur.
En fait, la jeune fille flottait au dessus du siège conducteur, avec un bras entourant l'appuie-tête, et le visage tourné de côté, vers la barre qui séparait les deux portières, a révélé ce matin, la technicienne en scènes de crimes, Julia Moore, du Service de police de Kingston. Mme Moore témoignait au procès des trois Shafia jugés pour quadruple meurtre.
Mohammad Shafia, 58 ans, son épouse Tooba, 41 ans, et leur fils Ahmed, 20 ans, sont accusés d'avoir tué avec préméditation quatre femmes de leur famille. Rona Amir Mohammad, 53 ans, première épouse de Mohammad, ainsi que Zainab, 19 ans, Sahar, 17 ans, et Geeti, 13 ans, filles de Mohammad et Tooba, ont été trouvées noyées dans une voiture au fond de l'écluse de Kingston Mills, vers 9h, le matin du 30 juin 2009.
Mme Moore a expliqué qu'après avoir reçu l'appel pour une voiture trouvée au fond de l'écluse, dans l'avant-midi du 30 juin 2009, elle était arrivée sur les lieux vers midi. Un citoyen qui possédait son équipement de plongée était allé voir. Il avait vu des corps dans le véhicule. Deux pour commencer. Mais finalement, il y en avait quatre. Les corps de trois jeunes filles aux longs cheveux noirs, ainsi que celui d'une femme plus âgée, ont été sortis un à un de la voiture. Ignorant leur identité, les policiers les ont numérotés, avant que les cadavres soient mis dans des sacs.
La dépouille numéro un s'est révélée être celle de Sahar. Elle était assise sur la banquette arrière, derrière le siège conducteur. À ses côtés, se trouvait Rona, assise au milieu de la banquette. La femme n'avait pas ses sandales aux pieds, mais celles-ci étaient dans la voiture. Le corps numéro trois était celui de Geeti, et le numéro quatre, celui de Zainab. Celle-ci flottait au dessus du siège passager avant, le dos au plafond de la voiture.
La disposition des corps dans la voiture pourrait avoir son importance au cours du procès. Lorsque le drame est survenu, les parents Shafia avaient dit qu'il s'agissait d'un accident, dû à la témérité de Zainab. Selon eux, cette dernière aurait pris la voiture sans permission, même si elle ne savait pas conduire.
Pendant deux demi-journées, Mme Moore a étalé et commenté quantité de photos et exhibits ayant trait à cette cause. Le procès présidé par le juge Robert Maranger se poursuit cet après-midi avec un autre témoin, au palais de justice du comté de Frontenac, à Kingston. Rappelons que la théorie de la Couronne est à l'effet que les accusés auraient commis ces meurtres pour venger l'honneur de la famille.
http://www.cyberpresse.ca/actualites/qu ... cueil_POS1" onclick="window.open(this.href);return false;
- MaChouette
- Modeste Jacasseur
- Messages : 181
- Inscription : lun. mars 30, 2009 6:20 pm
Même si c'est un peu hors sujet, j'ai envie de suggérer à celles et ceux que le sujet intéresse deux livres qui sont des témoignages qui se lisent comme des romans. Je les ai lu il y a quelques années et je dois avouer qu'ils m'aident grandement à comprendre le contexte de ce procès.
Le premier, Le Libraire de Kaboul de Asne Seierstad (Éditions Jean-Claude Lattès, 2003) aide à comprendre très bien la dynamique de la famille et de la société afghane.
Le second, Brûlée vive de Souad (Oh ! Éditions, 2005) est le témoignage de Souad, le pseudonyme d'une femme cisjordanienne ayant été victime d'un crime d'honneur. Il est particulièrement intéressant du fait qu'il ne relate pas seulement l'histoire dramatique de cette femme mais qu'il replace le crime d'honneur dans son contexte social.
Le premier, Le Libraire de Kaboul de Asne Seierstad (Éditions Jean-Claude Lattès, 2003) aide à comprendre très bien la dynamique de la famille et de la société afghane.
Le second, Brûlée vive de Souad (Oh ! Éditions, 2005) est le témoignage de Souad, le pseudonyme d'une femme cisjordanienne ayant été victime d'un crime d'honneur. Il est particulièrement intéressant du fait qu'il ne relate pas seulement l'histoire dramatique de cette femme mais qu'il replace le crime d'honneur dans son contexte social.
Publié le 29 octobre 2011 à 09h15 | Mis à jour à 09h43
«Mohammad Shafia a fait de ma vie une torture»
Christiane Desjardins
La Presse
Une semaine après le début du procès de Mohammad, Tooba et Hamed Shafia, accusés d'avoir tué au nom «de l'honneur», La Presse trace le portrait des quatre victimes, à partir d'éléments qui ont été révélés au jury. Aujourd'hui, on entre dans la vie de Rona Amir Mohammad, première femme de Mohammad Shafia, par l'entremise de son journal intime qui a été saisi après le drame dans la maison de la rue Bonnivet, à Saint-Léonard. Lundi, nous aborderons la vie des trois soeurs Shafia.
«J'étais si malheureuse. J'errais dans les parcs en pleurant. Quand je retournais à la maison, personne ne me parlait, sauf Sahar et Geeti, furtivement, quand leur mère n'était pas là. C'était très difficile pour moi... Aucun des enfants n'était autorisé à coucher dans ma chambre.»
Cet extrait, tiré du journal personnel de Rona Amir Mohammad, traduit son désarroi lorsqu'elle vivait à Saint-Léonard avec son mari, Mohammad Shafia, la deuxième femme de celui-ci, Tooba, et leurs sept enfants. Rona, première femme de Mohammad Shafia, a été retrouvée noyée avec trois des filles Shafia dans une voiture au fond de l'écluse de Kingston Mills, le matin du 30 juin 2009.
«Mon nom est Rona, fille d'Amir Mohammad, née le 25 juillet 1960 à Kaboul, en Afghanistan.» C'est de cette façon, précise et ordonnée, que Rona s'identifie, avant de se raconter. Issue d'une famille de classe moyenne de neuf enfants, elle est la fille de la deuxième femme de son père, ancien colonel de l'armée. «Je viens d'une famille très libérale, qui m'imposait peu de restrictions. Parfois, après l'école, j'allais voir des parties de basketball, et ma famille ne s'y opposait pas. De mon côté, je m'arrangeais pour préserver leur confiance, je n'ai jamais rien fait qui aurait pu les offusquer.»
Rona raconte qu'elle aimait l'école, où elle avait beaucoup de copines. Elle venait de terminer sa 11e année lorsque la mère d'un jeune homme l'a remarquée, lors d'une noce. «J'étais assise, tranquille. Je lui ai plu, elle m'a demandé ma main pour le fils de son premier mari. Après plusieurs rencontres, elle nous a invités chez elle, afin que son fils puisse me voir comme il faut. Après la visite, le fils a accepté. Je ne connaissais rien à ces choses.»
Lorsque le frère de Rona lui a demandé si elle-même acceptait le mariage, Rona a répondu: «Donne-moi en mariage si c'est un homme bon, et refuse s'il ne l'est pas.»
L'homme était bon, mais il n'avait pas beaucoup d'éducation. Il avait été contraint d'abandonner l'école en raison de problèmes familiaux, disait-on.
C'est ainsi qu'au tournant des années 80, Rona s'est mariée avec Mohammad Shafia. «À partir de ce moment, ma vie a descendu en spirale jusqu'à ce jour, où j'écris mes mémoires», a noté Rona.
Les malheurs
Le premier des grands malheurs de Rona, c'est de ne pas avoir été capable d'avoir d'enfants. Après six ou sept ans de mariage, Shafie (c'est ainsi qu'elle appelle son mari) a commencé à le lui reprocher en critiquant sa cuisine et en lui interdisant des sorties. Si bien que Rona a fini par lui dire de se prendre une seconde femme. Ce qu'il a fait. Mohammad Shafia a pris Tooba Yahya comme deuxième femme, une pratique acceptée en Afghanistan.
«Et c'est là qu'est arrivée la deuxième catastrophe, écrit Rona. Tooba est devenue enceinte au bout de trois mois, et mon mari lui a promis que leur enfant naîtrait en Inde, en même temps qu'il me ferait faire des traitements (de fertilité).» Mohammad et ses deux femmes sont partis en Inde, où Tooba a accouché de son premier enfant, Zainab.
La petite famille est revenue à Kaboul. Tooba est devenue enceinte une deuxième fois. L'enfant à venir était un garçon, qui s'appellerait Hamed. (Il est aujourd'hui assis au banc des accusés, entre ses parents.)
«Graduellement, elle [Tooba] s'est arrangée pour me séparer de mon mari. [...] Après que Hamed est né [le 31 décembre 1990], la joie m'a quittée.»
Quand son troisième enfant, Sahar, a eu 40 jours, Tooba l'a donnée à Rona en disant: «Elle est à toi. Tu vas t'en occuper.» «C'est Tooba qui a eu l'idée, et j'étais vraiment contente, écrit Rona dans son journal. Je travaillais nuit et jour pour que Tooba n'ait rien à faire à la maison et qu'elle puisse bien s'occuper de Sahar [pour l'allaitement].»
La guerre
«Sahar avait 8 mois quand la guerre civile s'est intensifiée à Kaboul. On a fui au Pakistan.» À ce moment-là, Tooba était enceinte de son quatrième enfant. Ce dernier est né au Pakistan, de même que le cinquième et le sixième, Geeti. Quand la petite Geeti a eu 4 mois, la famille est allée à Dubaï, en avril 1996.
À Dubaï, Rona estime avoir été exclue définitivement. «Elle a séparé Shafie de moi à jamais [pour les nuits]. Elle s'est acheté beaucoup de bijoux en or, a suivi des cours de conduite et m'a enlevé l'autorité sur la maison et les finances.»
Plus loin, Rona note que Tooba est très futée.
À Dubaï, les tensions entre Rona et Tooba se sont accentuées. Il y a eu des histoires au sujet de bijoux en or. Tooba en obtenait plus que Rona. «Je les achète en pensant à mes enfants. Toi, tu n'as pas d'enfant, tu n'en as pas besoin», se défendait Tooba.
La famille a ensuite voulu émigrer en Nouvelle-Zélande. Tout le monde a été accepté, sauf Rona, qui a échoué au test médical - elle n'explique pas pourquoi. La famille a finalement obtenu des visas pour l'Australie, y a passé un an, mais n'a pas été acceptée comme immigrante. Mohammad a perdu énormément d'argent dans l'aventure.
«C'est vrai que Dieu vient au secours des démunis. Il m'a vengée en les humiliant», écrit Rona. Elle signale que Shafie lui répétait que tout ça était sa faute à elle. «Mais ce n'était pas ma faute. C'était à cause de ses propres erreurs stupides.»
La famille est retournée à Dubaï. «Chaque jour, Shafie s'assoyait avec Tooba et ils parlaient contre moi. Un jour, il m'a dit: retourne à Kaboul. Je ne veux pas te traîner comme une queue tout le temps.»
«Les talibans sont au pouvoir en Afghanistan, et tu veux m'envoyer là!», a rétorqué Rona.
«Il a commencé à me frapper. Les enfants sont venus et lui ont dit: papa, arrête de la frapper!»
«Je la frappe parce qu'elle a juré contre votre mère, et l'a insultée.»
«Il a menti parce qu'il ne voulait pas perdre la face devant ses enfants, écrit Rona. Peu importe ce que je faisais, ce n'était jamais correct. Il a fait de ma vie une torture.»
Le Canada
Mohammad Shafia s'est établi au Canada en juin 2007. Rona n'était pas du voyage, puisque la polygamie est interdite. Il l'a fait venir en novembre 2007, en la faisant passer pour une parente. Entre-temps, Rona est allée en France, où elle avait une soeur et sa mère, qu'elle n'avait pas vues depuis 15 ans. «Je les ai prises dans mes bras et j'ai pleuré. On est allées à la maison [chez sa soeur]. Le lendemain, je me suis levée et j'ai réalisé que les enfants n'étaient pas avec moi. J'étais tellement proche des enfants que c'était insupportable. Je pleurais tous les jours, j'étais même incapable de lire le Coran. C'était la première fois que j'étais séparée de la famille de mon mari... J'aurais souhaité qu'ils ne me manquent pas autant.»
Rona est arrivée au Canada le 5 novembre, avec un visa de trois mois qui a été renouvelé par la suite.
Tooba lui faisait sentir qu'elle n'était pas la bienvenue au Canada. «Tu aurais dû rester en France. Ici, tu peux rester deux ou trois ans avec un visa, mais tu devras repartir... Ta famille en a marre de toi. Qui voudrait d'un poids mort autour du cou?»
«Tu ne peux pas me jeter, je suis mariée avec Shafie moi aussi», a répondu Rona.
Rona écrit que Tooba lui a rétorqué: «Tu n'es pas sa femme, tu es ma servante.» Rona écrit que lorsqu'elle était à Saint-Léonard, Tooba la faisait sentir misérable et ne lui parlait pas pendant de longues périodes. «Je devais aller lui parler, car c'est elle qui avait mon passeport», note Rona, avant d'ajouter que Tooba avait l'habitude de lui dire: «Ta vie est entre mes mains.»
«Mohammad Shafia a fait de ma vie une torture»
Christiane Desjardins
La Presse
Une semaine après le début du procès de Mohammad, Tooba et Hamed Shafia, accusés d'avoir tué au nom «de l'honneur», La Presse trace le portrait des quatre victimes, à partir d'éléments qui ont été révélés au jury. Aujourd'hui, on entre dans la vie de Rona Amir Mohammad, première femme de Mohammad Shafia, par l'entremise de son journal intime qui a été saisi après le drame dans la maison de la rue Bonnivet, à Saint-Léonard. Lundi, nous aborderons la vie des trois soeurs Shafia.
«J'étais si malheureuse. J'errais dans les parcs en pleurant. Quand je retournais à la maison, personne ne me parlait, sauf Sahar et Geeti, furtivement, quand leur mère n'était pas là. C'était très difficile pour moi... Aucun des enfants n'était autorisé à coucher dans ma chambre.»
Cet extrait, tiré du journal personnel de Rona Amir Mohammad, traduit son désarroi lorsqu'elle vivait à Saint-Léonard avec son mari, Mohammad Shafia, la deuxième femme de celui-ci, Tooba, et leurs sept enfants. Rona, première femme de Mohammad Shafia, a été retrouvée noyée avec trois des filles Shafia dans une voiture au fond de l'écluse de Kingston Mills, le matin du 30 juin 2009.
«Mon nom est Rona, fille d'Amir Mohammad, née le 25 juillet 1960 à Kaboul, en Afghanistan.» C'est de cette façon, précise et ordonnée, que Rona s'identifie, avant de se raconter. Issue d'une famille de classe moyenne de neuf enfants, elle est la fille de la deuxième femme de son père, ancien colonel de l'armée. «Je viens d'une famille très libérale, qui m'imposait peu de restrictions. Parfois, après l'école, j'allais voir des parties de basketball, et ma famille ne s'y opposait pas. De mon côté, je m'arrangeais pour préserver leur confiance, je n'ai jamais rien fait qui aurait pu les offusquer.»
Rona raconte qu'elle aimait l'école, où elle avait beaucoup de copines. Elle venait de terminer sa 11e année lorsque la mère d'un jeune homme l'a remarquée, lors d'une noce. «J'étais assise, tranquille. Je lui ai plu, elle m'a demandé ma main pour le fils de son premier mari. Après plusieurs rencontres, elle nous a invités chez elle, afin que son fils puisse me voir comme il faut. Après la visite, le fils a accepté. Je ne connaissais rien à ces choses.»
Lorsque le frère de Rona lui a demandé si elle-même acceptait le mariage, Rona a répondu: «Donne-moi en mariage si c'est un homme bon, et refuse s'il ne l'est pas.»
L'homme était bon, mais il n'avait pas beaucoup d'éducation. Il avait été contraint d'abandonner l'école en raison de problèmes familiaux, disait-on.
C'est ainsi qu'au tournant des années 80, Rona s'est mariée avec Mohammad Shafia. «À partir de ce moment, ma vie a descendu en spirale jusqu'à ce jour, où j'écris mes mémoires», a noté Rona.
Les malheurs
Le premier des grands malheurs de Rona, c'est de ne pas avoir été capable d'avoir d'enfants. Après six ou sept ans de mariage, Shafie (c'est ainsi qu'elle appelle son mari) a commencé à le lui reprocher en critiquant sa cuisine et en lui interdisant des sorties. Si bien que Rona a fini par lui dire de se prendre une seconde femme. Ce qu'il a fait. Mohammad Shafia a pris Tooba Yahya comme deuxième femme, une pratique acceptée en Afghanistan.
«Et c'est là qu'est arrivée la deuxième catastrophe, écrit Rona. Tooba est devenue enceinte au bout de trois mois, et mon mari lui a promis que leur enfant naîtrait en Inde, en même temps qu'il me ferait faire des traitements (de fertilité).» Mohammad et ses deux femmes sont partis en Inde, où Tooba a accouché de son premier enfant, Zainab.
La petite famille est revenue à Kaboul. Tooba est devenue enceinte une deuxième fois. L'enfant à venir était un garçon, qui s'appellerait Hamed. (Il est aujourd'hui assis au banc des accusés, entre ses parents.)
«Graduellement, elle [Tooba] s'est arrangée pour me séparer de mon mari. [...] Après que Hamed est né [le 31 décembre 1990], la joie m'a quittée.»
Quand son troisième enfant, Sahar, a eu 40 jours, Tooba l'a donnée à Rona en disant: «Elle est à toi. Tu vas t'en occuper.» «C'est Tooba qui a eu l'idée, et j'étais vraiment contente, écrit Rona dans son journal. Je travaillais nuit et jour pour que Tooba n'ait rien à faire à la maison et qu'elle puisse bien s'occuper de Sahar [pour l'allaitement].»
La guerre
«Sahar avait 8 mois quand la guerre civile s'est intensifiée à Kaboul. On a fui au Pakistan.» À ce moment-là, Tooba était enceinte de son quatrième enfant. Ce dernier est né au Pakistan, de même que le cinquième et le sixième, Geeti. Quand la petite Geeti a eu 4 mois, la famille est allée à Dubaï, en avril 1996.
À Dubaï, Rona estime avoir été exclue définitivement. «Elle a séparé Shafie de moi à jamais [pour les nuits]. Elle s'est acheté beaucoup de bijoux en or, a suivi des cours de conduite et m'a enlevé l'autorité sur la maison et les finances.»
Plus loin, Rona note que Tooba est très futée.
À Dubaï, les tensions entre Rona et Tooba se sont accentuées. Il y a eu des histoires au sujet de bijoux en or. Tooba en obtenait plus que Rona. «Je les achète en pensant à mes enfants. Toi, tu n'as pas d'enfant, tu n'en as pas besoin», se défendait Tooba.
La famille a ensuite voulu émigrer en Nouvelle-Zélande. Tout le monde a été accepté, sauf Rona, qui a échoué au test médical - elle n'explique pas pourquoi. La famille a finalement obtenu des visas pour l'Australie, y a passé un an, mais n'a pas été acceptée comme immigrante. Mohammad a perdu énormément d'argent dans l'aventure.
«C'est vrai que Dieu vient au secours des démunis. Il m'a vengée en les humiliant», écrit Rona. Elle signale que Shafie lui répétait que tout ça était sa faute à elle. «Mais ce n'était pas ma faute. C'était à cause de ses propres erreurs stupides.»
La famille est retournée à Dubaï. «Chaque jour, Shafie s'assoyait avec Tooba et ils parlaient contre moi. Un jour, il m'a dit: retourne à Kaboul. Je ne veux pas te traîner comme une queue tout le temps.»
«Les talibans sont au pouvoir en Afghanistan, et tu veux m'envoyer là!», a rétorqué Rona.
«Il a commencé à me frapper. Les enfants sont venus et lui ont dit: papa, arrête de la frapper!»
«Je la frappe parce qu'elle a juré contre votre mère, et l'a insultée.»
«Il a menti parce qu'il ne voulait pas perdre la face devant ses enfants, écrit Rona. Peu importe ce que je faisais, ce n'était jamais correct. Il a fait de ma vie une torture.»
Le Canada
Mohammad Shafia s'est établi au Canada en juin 2007. Rona n'était pas du voyage, puisque la polygamie est interdite. Il l'a fait venir en novembre 2007, en la faisant passer pour une parente. Entre-temps, Rona est allée en France, où elle avait une soeur et sa mère, qu'elle n'avait pas vues depuis 15 ans. «Je les ai prises dans mes bras et j'ai pleuré. On est allées à la maison [chez sa soeur]. Le lendemain, je me suis levée et j'ai réalisé que les enfants n'étaient pas avec moi. J'étais tellement proche des enfants que c'était insupportable. Je pleurais tous les jours, j'étais même incapable de lire le Coran. C'était la première fois que j'étais séparée de la famille de mon mari... J'aurais souhaité qu'ils ne me manquent pas autant.»
Rona est arrivée au Canada le 5 novembre, avec un visa de trois mois qui a été renouvelé par la suite.
Tooba lui faisait sentir qu'elle n'était pas la bienvenue au Canada. «Tu aurais dû rester en France. Ici, tu peux rester deux ou trois ans avec un visa, mais tu devras repartir... Ta famille en a marre de toi. Qui voudrait d'un poids mort autour du cou?»
«Tu ne peux pas me jeter, je suis mariée avec Shafie moi aussi», a répondu Rona.
Rona écrit que Tooba lui a rétorqué: «Tu n'es pas sa femme, tu es ma servante.» Rona écrit que lorsqu'elle était à Saint-Léonard, Tooba la faisait sentir misérable et ne lui parlait pas pendant de longues périodes. «Je devais aller lui parler, car c'est elle qui avait mon passeport», note Rona, avant d'ajouter que Tooba avait l'habitude de lui dire: «Ta vie est entre mes mains.»
Re: Soeurs noyées à Kingston
Quel gaspillage de temps et d'argent quand il est évident que la famille est coupable... On devrait pouvoir réclamer les frais de ce procès inutile à la famille.
*Team ZouinZouin 2008-09* *Team Stromgol* [img]http://c3.ac-images.myspacecdn.com/images01/11/s_b73695b0e0460a8302b87c365ca31486.jpg[/img]
Consult1 a écrit : Quel gaspillage de temps et d'argent quand il est évident que la famille est coupable... On devrait pouvoir réclamer les frais de ce procès inutile à la famille.
Sincèrement Consult, de la part de quelqu'un de familier avec le droit, ca me dépasse de lire ça: innocent jusqu'à preuve du contraire, c'est le principe de base de notre droit. Les apparences à l'heure actuelle sont effectivement contre la famille mais les procès servent à s'en assurer justement.
Crime, on n'est pas au Moyen-Âge pour laisser la grogne populaire lapider les gens. Si tu trouves qu'un État de droit coûte trop cher, tu peux toujours déménager en Corée du nord, voir si ca convient mieux aux finances publiques.
Re: Soeurs noyées à Kingston
Un de mes profs utilisait l'expression "Procès de luxe, sentence de luxe" comme argument pour que des accusés plaident coupable.
Dans le cas de la famille machin, ils font clairement perdre le temps et l'énergie de tout le monde pour faire un procès dans un dossier où la preuve est accablante. Je ne dis pas de les trouver coupables sans procès, je demande qu'on les facture pour la perte de temps et d'énergie.
Dans une société où des personnes agées passent des heures dans des couches souillées et reçoivent un bain par semaine, on devrait réajuster un tantinet nos priorités et accorder des procès à ceux qui ont l'ombre d'une chance d'être acquittés et non pas dilapider nos ressources dans des procès clairement futiles.
Dans le cas de la famille machin, ils font clairement perdre le temps et l'énergie de tout le monde pour faire un procès dans un dossier où la preuve est accablante. Je ne dis pas de les trouver coupables sans procès, je demande qu'on les facture pour la perte de temps et d'énergie.
Dans une société où des personnes agées passent des heures dans des couches souillées et reçoivent un bain par semaine, on devrait réajuster un tantinet nos priorités et accorder des procès à ceux qui ont l'ombre d'une chance d'être acquittés et non pas dilapider nos ressources dans des procès clairement futiles.
*Team ZouinZouin 2008-09* *Team Stromgol* [img]http://c3.ac-images.myspacecdn.com/images01/11/s_b73695b0e0460a8302b87c365ca31486.jpg[/img]
Je comprends ton point, mais ce procès est utile dans la mesure où il fait la preuve et la démonstration évidente des dérives de l'extrémisme religieux créant la misère humaine. Il fera peut-être épargner beaucoup de souffrances et amènera sûrement certains changements de mentalité . C'est un prix à payer pour l'évolution. Je ne hais pas les personnes extrémistes mais bien les conditions de vie et le manque d'éducation qui les y ont mené. En espérant que ce sera utile même si je ne suis pas convaincue. Après tout , certains hommes québécois pure laine font preuves de mépris envers la femme, mais on s'entend que c'est moins toléré qu'avant et par tous.Consult1 a écrit : Un de mes profs utilisait l'expression "Procès de luxe, sentence de luxe" comme argument pour que des accusés plaident coupable.
Dans le cas de la famille machin, ils font clairement perdre le temps et l'énergie de tout le monde pour faire un procès dans un dossier où la preuve est accablante. Je ne dis pas de les trouver coupables sans procès, je demande qu'on les facture pour la perte de temps et d'énergie.
Dans une société où des personnes agées passent des heures dans des couches souillées et reçoivent un bain par semaine, on devrait réajuster un tantinet nos priorités et accorder des procès à ceux qui ont l'ombre d'une chance d'être acquittés et non pas dilapider nos ressources dans des procès clairement futiles.