Procès de Guy Turcotte

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MME C
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Message par MME C »

Dr Dolittle a écrit : Dites-moi, je vais peut-être avoir l'air touriste mais c'est quoi la suite?

Il reste encore des témoins à entendre pour savoir si Ti-Guy reste à Pinel ou Ti-Guy mine de rien, refait sa vie...

C'est pour quand?
J'ai entendu que ça serait en décembre, autour du 8 ou 9, mais rien d'officiel. J'imagine que ça va prendre quelque temps avant que la CETM rende sa décision car la Couronne et la défense n'ont pas fait entendre leurs témoins encore. Ça ira donc pas avant 2012. Tu as le temps de faire un p'tit voyage!
[b]MME C[/b]
Dr Dolittle
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Message par Dr Dolittle »

Merci Mme C :)
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Anya
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Message par Anya »

Ces femmes qui en tombent pour des meurtriers
Chroniques d'une criminologue
8 novembre

Image

A l’issue de la première journée de l’audience de Guy Turcotte devant la Commission d’examen des troubles mentaux, vendredi dernier, tous les médias ont rapporté qu’il avait reçu des lettres d’admiratrices. Les commentaires fusent alors de toute part: “Mais quelle genre de folle femme peut bien vouloir être en relation avec lui?!”, “Ces femmes sont sûrement des désaxées pour oser caresser le rêve d’être en couple avec un tueur d’enfants!!”, etc..

Pour ma part, je ne suis pas surprise que Guy Turcotte ait reçu des lettres d’admiratrices à l’Institut Philippe Pinel de Montréal. Pourquoi? Parce que les femmes qui s’entichent d’assassins est un phénomène bien connu.

Mais qu’est-ce qui pousse des femmes à tomber amoureuses de meurtriers?

Plusieurs facteurs motivent l’engoûement de certaines femmes envers des assassins. L’auteure du livre Women Who Love Men Who Kill, Sheila Isenberg, s’est entretenue avec trente femmes qui ont épousé des condamnés à mort afin d’en connaître davantage sur le sujet. Premièrement, il appert que ces femmes ont majoritairement été abusées par le passé, que ce soit dans leur jeunesse ou dans le cadre de relations amicales et/ou affectives. Les abus peuvent avoir pris diverses formes: physiques, verbaux, psychologiques, sexuels. Elles sont alors à la recherche d’une relation sécurisante et qui de mieux placé qu’un détenu pour la lui offrir? Vous allez me dir que les termes “sécurisant” et “meurtrier” ne peuvent aller ensemble, et à prime abord je vous donne raison. Mais, n’oublions pas que dans le couloir de la mort, il n’y a pas de visites familiales privées, communément appelées les roulottes, et les visites se déroulent sous la surveillance de gardiens armés. On peut aussi transposer le même concept dans le cas de détenus qui ne sont pas condamnés à mort. L’élément de pouvoir a également été soulevé par Sheila Isenberg. En effet, une femme qui a été victime d’abus toute sa vie inversera les rôles en établissant une relation amoureuse avec un meurtrier en détention puisque c’est elle qui décide lorsqu’elle lui rend visite, si elle accepte ou non l’appel de son bien-aimé, si elle poursuit ou non leur correspondance écrite, etc. Bref, c’est maintenant elle qui mène le bal, probablement pour une des premières fois de sa vie.

Ce qui s’imbrique également dans ce phénomène est aussi le fait qu’un détenu peut accorder énormément de temps à sa dulcinée, beaucoup plus que l’homme moyen, qui travaille à temps plein et qui a d’autres obligations et responsabilités. Un détenu dans le couloir de la mort a tout son temps pour entretenir une correspondance enflammée et placer sa douce sur un piedestal, ce qui est fort appréciée chez la gente féminine. Ajoutons à cela le côté viril qui est prêté à un meurtrier par ces femmes, voire macho. Il est perçu par ses admiratrices comme quelqu’un de téméraire, de courageux, de rebelle: des qualités qu’elles trouvent excitentes et terriblement sexy.

Dans un autre ordre d’idées, un aspect important à considérer dans l’attrait que certaines femmes ont pour des hommes ayant commis un ou des meurtres est leur célébrité. Qu’on le veuille ou non, un individu accusé de meurtre acquiert de la notoriété lors de son procès et plus les détails sont scabreux, plus les gens en parlent. Et qui dit célébrité dit généralement popularité. Certains tueurs en série sont autant, sinon plus, populaires que des vedettes rock! Par curiosité, je suis allée faire un tour sur Adsense Keyword et j’ai découvert qu’en moyenne, sur une période de douze mois, le tueur en série Ted Bundy était recherché près de 301 000 fois par mois sur Google, contre 450 000 pour Charles Manson. C’est quand même énorme quand on compare avec George Clooney et Ozzy Osbourne, qui récoltent un résultat d’environ 1,000,000 chacun. Eric Messick, le porte-parole de la prison d’état de San Quentin, en Californie, mentionne d’ailleurs:

« Prenez nos cinq tueurs les plus connus, ici, et vous savez qui sont les détenus les plus populaires auprès des femmes.» 1

Pour certaines ce que le criminologue Jack Levin, directeur du Centre Brudnick sur la Violence à l’Université Northeastern, à Boston, et co-auteur d’un ouvrage “Extreme Killing : Understanding Serial And Mass Murder, appelle les killer groupies, les meurtriers sont plus accessibles qu’une vedette de cinéma. Attirées par leur célébrité, elles peuvent d’ailleurs espérer bien plus qu’une réponse automatisée provenant d’un employé de fan club. Quelques-unes entretiendront une correspondance avec un détenu tandis que d’autres iront même jusqu’à convoler en justes noces.

Il y a aussi les femmes passionnées d’affaires judiciaires qui sont prêtes à accorder le bénéfice du doute à celui qu’elles convoitent. Elles éprouvent de la sympathie à son égard et certaines sont investies du syndrome de la sauveuse. Par ailleurs, Eric Messick mentionne que les admiratrices d’assassins se trouvant dans le couloir de la mort de San Quentin proviennent surtout d’Europe, là où la culture contre la peine de mort est enracinée depuis longtemps. Il croit que ces femmes éprouvent de la sympathie envers ces hommes qui ont été condamnés à être exécutés.

**********

J’aimerais toutefois apporter une distinction entre les femmes engagées dans une relation affective avec un meurtrier d’abord et avant tout pour l’homme qu’il est et celles qui recherchent une relation de couple avec un homme ayant commis un meurtre. Beaucoup d’hommes ayant commis un meurtre étaient en couple avant de commettre leur délit, ou ont développé une relation affective avec une femme qui est tombée amoureuse de ce qu’ils sont en tant que personne, tout en étant consciente du geste qu’ils avaient posé. Ces femmes-là ne correspondent généralement pas au profil que j’ai précédemment dressé, contrairement à celles pour qui c’est le délit qui les branchent d’abord et avant tout.

Avec toutes les caractéristiques énumérées plus haut, on comprend mieux pourquoi Guy Turcotte peut recevoir des lettres d’admiratrices. Mais même si on comprend davantage, cela ne veut pas dire que c’est normal pour autant. Je n’ai pas de préjugés envers les hommes et les femmes qui entretiennent des relations amoureuses avec des personnes judiciarisées, mais je dois avouer que j’en ai envers les gens qui recherchent d’abord et avant tout à s’enticher de quelqu’un ayant enlevé la vie d’un de ses semblables. C’est plus fort que moi.

La Criminologue

____________________________________

1. FIMRITE, Peter et TAYLOR, Michael (Article paru dans le San Francisco Chronicle le 27 mars 2005). Des femmes fascinées par les tueurs. (en ligne) http://www.tueursenserie.org/spip.php?article65" onclick="window.open(this.href);return false;

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Fleur de Jasmin
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Message par Fleur de Jasmin »

Crystal a écrit : [...]


Pour ce que tu as souligné en jaune, non, je ne l'ai pas dit comme un jugement car si tu lis en psychologie tu vas comprendre que les gens qui vivent des deuils et/ou drame tu vas constater que ça fait du bien aux gens qui les vivent de sentir de la compassion, de l'empathie, de l'écoute et de la compréhension et tu vois dans sa lettre quand il a parlé des conséquences reliés à ce drame une chose qu'il trouvait difficile c'était que souvent les gens qui le croisent vont baiser le regard par malaise ou autre!

Alors tu vois, moi avant même qu'il lise sa lettre car l'audience n'était même pas commencé encore, quand je suis passé près de lui, je ne suis pas passé sans le regarder, je lui ai dit bonjour et quand il m'a demandé comment ça allait je lui ai répondu "Moi bien! Mais toi comment ça va!"

Et tu vois, sans l'avoir fait pour cela mais bien parce que je me souciais vraiment de comment il allait, eh bien je crois que ça lui a fait du bien, car il a aussi dit que même des gens qui le connaissent n'ose même pas leur demander comment il va!

Et tu vois, c'est probablement le fait qu'il se soit dirigé vers nous quand on est sorti pour une pause. Si je ne l'avais pas abordé (et je tiens à préciser que je ne lui ai pas couru après mais bien que l'on s'est croisé) et lui demandé comment lui allait plutôt que de lui dire "Ça va... et que je me serais mise à parler de moi je ne suis pas certaine qu'il serait venu nous trouvé à la pause.

Et si j'ai écrit cela c'était en réponse à certaines personnes qui ont dit que nous étions plus curieuse qu'empathique envers Patrick et la famille etc.

Pour ce qui est de ma question à Patrick je l'ai dit je ne reviendrai pas sur le sujet. Toi tu ne poserais jamais une telle question même pas à un membre de ta famille et c'est toi et ta personnalité, ce n'est pas la mienne.

Et en ce qui me concerne je ne l'ai pas de façon indélicate ni sans jugement. Ni juste pour satisfaire "ma curiosité" mais bon je l'ai expliqué et si tu ne peux comprendre quand bien même j'essayerais de te l'expliquer en long en large je ne crois pas que tu puisses comprendre. Et je tiens à préciser que ce n'est pas du tout un jugement à ton égard. C'est juste que pour toi c'est incompréhensible parce que justement toi tu ne ferais jamais une telle chose et c'est ben correct comme ça. Je respecte ta personnalité

Par contre tu dis "D'autant plus que ça avait été démenti"

Certaines personnes l'affirment en disant le savoir de sources sures et d'autres le démentent elles aussi en disant le savoir de source sures.

Alors moi je dis "Comment des personnes peuvent l'affirmer ou le démentir quand une personne très très proche du dossier ne peut lui-même l'affirmer ou le démentir!

Mais bon j'arrête là! Je n'ai pas envie de continuer à en discuter avec une personne qui ne peut le comprendre. Et encore là ce n'est pas du tout un jugement tu as ton opinion sur le sujet et j'ai la mienne et jamais je ne permettrait de dire ta façon d'être, tes sentiments etc ne sont pas corrects.

Si dans une situation donnée une personne me dit j'ai fait telle ou telle chose pour telles ou telles raisons je peux dire "OK je comprends mais moi je ne serais jamais capable de faire comme toi" et non "Ça ne se fait pas"

Mais encore là toi c'est toi et moi c'est moi!

Et pour moi ce sujet est définitivement clos.
Excuse-moi de rouvrir le sujet, mais je ne peux faire autrement, car comme toi, je ne baisse pas les yeux, devant la souffrance d'autrui. Je suis quelqu'un qui a la capacité, de regarder la souffrance en pleine face et ce, dans toute sa noirceur, sans me sentir impuissante (sentiment que je contrôle bien), voir même sans être désarmée, face aux graves problèmes de la violence.
Aussi, je suis d'accord avec toi que l'approche de la douleur d'une personne, passe par la communication. Malgré cela et peu importe mes notions de psychologie, je pense tout de même que la compassion exige de recevoir les confidences, sans les provoquer d'aucune manière que ce soit.
Cela dit, je respecte ton opinion et je peux voir que tu es une personne de bonne foi, mais en ce qui me concerne, je me refuserais le droit de poser une telle question. Surtout pour en parler avec de tiers personnes, ce qui à mon avis, est bien loin du rôle de confident. Mais comme tu dis, je suis moi et toi tu es toi et c'est bien ainsi. :)

Finalement, les rapports d'autopsie, (rapports qui généralement sont privés) ont été déposés au procès et rapportés dans les médias.
De plus, je ne crois pas qu'il a déjà été dit quelque part, qu'une partie de ceux-ci avait été cachée, voir même révélée à huis clos. D'ailleurs, si tel eut été le cas, personne et pas même la famille, n'aurait le droit de divulguer le contenu de la partie cachée. :)
Dernière modification par Fleur de Jasmin le mar. nov. 08, 2011 4:42 pm, modifié 1 fois.
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Fleur de Jasmin
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Message par Fleur de Jasmin »

Beppo a écrit : [...]


Je n'écrirais pas que le verdict est bon mais c'est celui rendu par onze hommes et femmes qui ont entendu tout le procès. Pour moi, il correspond à ce que je crois et pense de l'humain. Certains pensent qu'il a agi par vengeance, pas moi. Je crois qu'il a été poussé par une « force intérieure » insoupçonnée, soudaine et incontrôlable au moment du crime.

Concernant son agir à l'hôpital présentement, je suis loin d'être surpris de la ligne qu'il suit.
Moi qui pense qu'il a agit par vengeance, je crois aussi qu'il a été poussé par une force intérieure insoupçonnée, soudaine et incontrôlable au moment du crime.
Je pense à une rage narcissique, elle aussi soudaine et incontrôlable, mais à la différence que cela peut se vivre, sans perte de la réalité. C'est pourquoi je pensais au 2e degré de meurtre.

Je ne suis pas surprise non plus, de la ligne de conduite qu'il suit. :)
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Message par Fleur de Jasmin »

gazzoux1 a écrit : [...]


La couronne aurait peut-être dû demander que le Dr. Rochette témoigne à ce moment là, je pense qu'il était pas mal le seul qui aurait pu faire le portrait de l'individu. Je dis ça mais j'pense qu'il a témoigné sauf que son témoignage n'a pas été reconnu comme pertinent. On voit qu'il y a une grosse machine. Je me demande encore comment ça s'fait que le témoignage du Dr. Dominique Bourget a pu peser dans la balance......Belle grosse machine en arrière de Turcotte. Je pense qu'après les REER, FER, il devrait y avoir des FPPPPP (Fonds de placements pour payer Pierre Poupart) juste au cas ou on aurait besoin de lui pour nous défendre juste au cas où on serait atteint d'un trouble d' adaptation avec anxiété et humeur dépressive.
C'est le Dr Talbot qui a témoigné au procès, en qualité de médecin traitant. Son témoignage allait dans le même sens que celui, du Dr Rochette et n'a effectivement pas été reconnu comme pertinent.
Je me pose encore la question, à savoir pourquoi ? :lol:
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Message par gazzoux1 »

Fleur de Jasmin a écrit : [...]


C'est le Dr Talbot qui a témoigné au procès, en qualité de médecin traitant. Son témoignage allait dans le même sens que celui, du Dr Rochette et n'a effectivement pas été reconnu comme pertinent.
Je me pose encore la question, à savoir pourquoi ? :lol:
Si tu trouves une réponse fais moi le savoir ;) Je pensais que c'était le Dr. Rochette qui était son médecin traitant à la suite du drame. J'm'y perd un peu. Merci pour l'information Fleur de Jasmin :)

Je ne répondrai pas à la place de Chrystal à ton message sur la fameuse question, ce que je peux dire c'est que ton opinion diffère peut-être de la nôtre mais c'est écrit de façon très polie :)
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Nikki
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Message par Nikki »

Merci Anya pour l'article sur les femmes qui aiment les meurtriers...

Ceci étant dit, je crois que le chercheur fait fausse route lorsqu'il prétend que ces femmes recherchent des hommes qu'elles peuvent laisser tomber à leur guise puisqu'elles ont le pouvoir de la liberté...

Je crois au contraire que ces personnes veulent avant tout un homme qu'elles veulent changer, elles sont convaincues que la force de leur amour va les changer et que pour elles, ils ne violeront plus, ils ne tueront plus...

Je suis sûre que la femme qui fera des enfants à Guy Turcotte rejettera tout le blâme du drame sur Isabelle Gaston, puisqu'elle l'a triché et l'a en quelque sorte provoqué au point qu'il en perde la carte (ce n'est pas mon opinion, mais je projette l'opinion que je crois aura cette personne)...
Mais elle bien sûr saura l'aimer et jamais il ne touchera à ses petits à elle...

TK, je pense vraiment que ça ne va pas bien dans la tête de femmes qui s'amourachent de personnes qui ont fait tant de mal autour d'eux... :/
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Placeress
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Message par Placeress »

Fleur de Jasmin a écrit : [...]


Excuse-moi de rouvrir le sujet, mais je ne peux faire autrement, car comme toi, je ne baisse pas les yeux, devant la souffrance d'autrui. Je suis quelqu'un qui a la capacité, de regarder la souffrance en pleine face et ce, dans toute sa noirceur, sans me sentir impuissante (sentiment que je contrôle bien), voir même sans être désarmée, face aux graves problèmes de la violence.
Aussi, je suis d'accord avec toi que l'approche de la douleur d'une personne, passe par la communication. Malgré cela et peu importe mes notions de psychologie, je pense tout de même que la compassion exige de recevoir les confidences, sans les provoquer d'aucune manière que ce soit.
Cela dit, je respecte ton opinion et je peux voir que tu es une personne de bonne foi, mais en ce qui me concerne, je me refuserais le droit de poser une telle question. Surtout pour en parler avec de tiers personnes, ce qui à mon avis, est bien loin du rôle de confident. Mais comme tu dis, je suis moi et toi tu es toi et c'est bien ainsi. :)

Finalement, les rapports d'autopsie, (rapports qui généralement sont privés) ont été déposés au procès et rapportés dans les médias.
De plus, je ne crois pas qu'il a déjà été dit quelque part, qu'une partie de ceux-ci avait été cachée, voir même révélée à huis clos. D'ailleurs, si tel eut été le cas, personne et pas même la famille, n'aurait le droit de divulguer le contenu de la partie cachée. :)



Idem ici, 100 % en accord
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Anya
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Message par Anya »

gazzoux1 a écrit : [...]


Si tu trouves une réponse fais moi le savoir ;) Je pensais que c'était le Dr. Rochette qui était son médecin traitant à la suite du drame. J'm'y perd un peu. Merci pour l'information Fleur de Jasmin :)

Je ne répondrai pas à la place de Chrystal à ton message sur la fameuse question, ce que je peux dire c'est que ton opinion diffère peut-être de la nôtre mais c'est écrit de façon très polie :)
Les quatre psychiatres entendus s'accordent sur le diagnostic de trouble de l'adaptation avec anxiété et humeur dépressive. Mais ils ne s'entendent pas sur la responsabilité mentale de M. Turcotte. Évidemment, les psychiatres retenus par la défense, les Drs Dominique Bourget et Roch-Hugo Bouchard, sont d'avis que, en raison de sa maladie mentale, M. Turcotte n'avait pas la capacité d'apprécier la nature et les conséquences de ses gestes quand il a poignardé ses enfants, le 20 février 2009. Le Dr Sylvain Faucher, retenu par la Couronne, arrive à la conclusion contraire. Selon lui, il était conscient de ses gestes et pouvait en apprécier la portée. C'est le jury qui devra trancher.

Il est à noter que l'un des psychiatres appelés à la barre cette semaine, le Dr Jacques Talbot, n'a pas eu à se prononcer sur la responsabilité criminelle de M. Turcotte, puisqu'il était son médecin traitant. La Couronne l'a fait témoigner en contre-preuve, pour montrer dans quel état d'esprit se trouvait M. Turcotte après les événements, alors qu'il était incarcéré à l'Institut Philippe-Pinel puis à l'établissement de détention de Rivière-des-Prairies.

Le Dr Talbot, psychiatre depuis 43 ans à l'Institut Philippe-Pinel, a vu M. Turcotte cinq jours après le drame, lorsqu'il l'a accueilli dans son établissement, le 26 février 2009. M. Turcotte arrivait de l'institut Albert-Prévost après avoir transité par l'Hôtel-Dieu de Saint-Jérôme (où il travaillait lui-même comme cardiologue) et l'hôpital du Sacré-Coeur.

Lors de son arrivée à Philippe-Pinel, M. Turcotte était hautement suicidaire. Il a été placé sous étroite surveillance, dans une chambre où il était impossible de s'enlever la vie. Les employés devaient vérifier son état de visu, au moins aux 15 minutes.

Le Dr Talbot a noté que M. Turcotte était un individu «hyper-contrôlé», méticuleux, précis, avec des traits de personnalité obsessionnelle et narcissique, un net inconfort et une vulnérabilité devant ses faiblesses. Ses capacités intellectuelles et professionnelles étaient bonnes, mais il avait de la difficulté à gérer ses émotions et avait tendance à l'évitement. M. Turcotte a d'ailleurs confié au psychiatre Talbot qu'il était passé maître dans l'art de camoufler ses émotions.

M. Turcotte était grandement déprimé, il éprouvait de la colère liée à son passé et à l'infidélité de sa femme, mais pas de haine. Il a raconté que, lors de disputes avec son ex-femme, les conflits se résolvaient en 15 minutes pour elle, alors que cela restait en lui pendant 3 jours. Il s'étonnait de cela. Selon le Dr Talbot, il avait beaucoup de peine et se demandait quoi faire avec cette souffrance. Il a tenté de se suicider une nouvelle fois en novembre 2009, alors qu'il était détenu à Rivière-des-Prairies. Il a avalé une soixantaine de comprimés qu'on lui avait distribués au fil du temps et qu'il avait conservés.

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gazzoux1
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Re: Procès de Guy Turcotte

Message par gazzoux1 »

Merci Anya .;)
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Beppo
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Message par Beppo »

Fleur de Jasmin a écrit : [...]


Moi qui pense qu'il a agit par vengeance, je crois aussi qu'il a été poussé par une force intérieure insoupçonnée, soudaine et incontrôlable au moment du crime.
Je pense à une rage narcissique, elle aussi soudaine et incontrôlable, mais à la différence que cela peut se vivre, sans perte de la réalité. C'est pourquoi je pensais au 2e degré de meurtre.

Je ne suis pas surprise non plus, de la ligne de conduite qu'il suit. :)
Cela peut se vivre sans perte de la réalité d'une part ou aussi avec perte de la réalité. Tout n'est pas si catégorique ou si définit ou si net. Tout comme dans la vie de tous les jours. Certaines personnes réagissent de telle façon face à une épreuve alors que pour d'autres c'est tout le contraire. Et aussi faut-il que la rage soit bien identifiée par la personne en sachant qu'elle habite bien en elle. Pour plusieurs personnes (on en revient toujours à ce que Foglia avançait dans un article précédent) elles sont loin de se douter que l'impensable peut leur arriver en agissant une pulsion complètement mais alors là complètement méconnue d'elles et qui surgit tout à coup de je ne sais trop où. Qui peut prétendre se connaître à fond alors que c'est le projet de tout une vie et toujours en devenir, toujours inachevé? Incarner sa vie est justement un projet de vie, jamais fini en soi.
Dernière modification par Beppo le mar. nov. 08, 2011 10:32 pm, modifié 1 fois.



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Message par Beppo »

Chico_Fan a écrit :
Pour moi, il correspond à ce que je crois et pense de l'humain. Certains pensent qu'il a agi par vengeance, pas moi. Je crois qu'il a été poussé par une « force intérieure » insoupçonnée, soudaine et incontrôlable au moment du crime.
Si cette version est exacte (quoi que, de mon point de vue, même s'il a commis un acte en dehors de son contrôle et qu'il ne devrait pas en être jugé responsable, je pense quand même que c'est par vengeance, consciemment ou pas, qu'il s'en ait pris à ses enfants, surtout parce que ça correspond à la lecture des courriels...), quelle est la logique pour ne pas collaborer davantage à son traitement? Si vraiment cette version elle la bonne, il n'a rien à craindre à se confier.

Une forme de déni après 3 ans m'apparaît comme extrêmement improbable vu qu'il semble lucide et ne souffre visiblement pas ou plus d'une maladie mentale quelconque. Est-ce qu'on peut être à la fois présentement sain d'esprit, raisonnablement lucide mais être dans le déni alors qu'il a passé au travers un procès au complet et donc qu'il a revécu concrètement ce qui entoure l'évenement pendant plus d'un mois? Il ne peut pas ne pas réaliser qu'il a fait quelque chose d'horrible.

Et je ne vois rien dans son agissement, si je me fis aux dire du psy, qui est conséquent avec tout ça. Est-ce qu'une victime songerait à son futur comme il le fait (ie, refaire sa vie et avoir d'autres enfants)? Une victime ne penserait pas plutôt: mon dieu si j'avais d'autres enfants peut-être ça pourrait arriver de nouveau? Comme je l'ai dis, peu importe son niveau de déni, il sait quand même qu'il a fait quelque chose d'horrible. C'est qu'un exemple, mais je trouve qu'il y a absolument rien dans son agissement qui est conséquent si vraiment il a commis un geste pour lequel il n'était pas responsable.
Pourquoi se confierait-il alors que pour lui, du moins selon ce que je pense, il n'est pas redevable à qui que se soit? Il peut très bien suivre les consignes de son avocat car la cause est portée en appel. Tant qu'il y aura des procédures qui lui pendront au bout du nez, il va se conformer à ce que son avocat va lui dire. Il n'a pas le choix.

Il va vivre dans le déni, selon moi, tant qu'il y aura de la distraction autour de lui. Il ne peut gober le geste horrible qu'il a posé tout de go. Cette distraction (procès, rencontres avec l'avocat, etc.) lui permet de ne pas manger le gâteau goulument. Il doit recevoir de lui et pour lui l'irrecevable. Ce n'est pas une mince affaire. Le fait de fonder une autre famille, d'avoir de nouveaux des enfants l'empêche justement de prendre et de faire contact avec sa réalité (et ça aussi fait partie des distractions). Mais un jour, eh oui arrivera un jour, où il devra regarder sa réalité, la toucher, la palper et la faire sienne. Cette réalité le rattrapera. Cette journée-là, comme je l'ai déjà exprimé, il pourra sans doute, peut être attenter à sa vie.



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Message par Anya »

Dans une lettre
Isabelle Gaston se vide le coeur

Éric Thibault
09/11/2011 04h24

Image

«Si aujourd'hui, je suis encore la coupable de son malheur, sera-t-il en mesure de contenir sa frustration? Comment puis-je savoir que sa destruction à mon égard est complétée?»

Craignant pour sa vie, Isabelle Gaston a imploré la Commission d'examen des troubles mentaux de maintenir son ex-conjoint, Guy Turcotte, en détention à l'Institut Pinel, vendredi dernier.

Se décrivant comme «une mère qui n'a plus d'enfants», l'urgentologue a cependant été interrompue dans son plaidoyer, le président de ce tribunal administratif estimant qu'elle ne pouvait «refaire le procès» de l'ancien cardiologue.

«Je vous supplie de vous assurer que monsieur n'est plus une menace pour moi, écrit-elle dans sa lettre aux commissaires, dont Le Journal a obtenu copie. J'ai suffisamment payé jusqu'à maintenant. J'ai encore peur pour moi et le reste de la société. Je veux vivre ma vie en étant en sécurité.»

«Il voulait me punir»

Celle qui a passé dix ans avec Turcotte avant de le laisser pour un ami commun a mis les commissaires en garde: «C'est un être excessivement intelligent et extrêmement habile à manipuler les autres».

«Nous devions tous être parfaits. Notre milieu familial ne devait laisser transparaître aucune faille. Monsieur devenait très frustré si les enfants étaient turbulents. (...) Il perdait facilement patience. Il n'y avait pas de place pour la contestation ou le marchandage au risque de faire fâcher monsieur. (...) Il tolère mal la critique. Son regard change lorsqu'il contient sa frustration.»

«Ma conviction profonde, qui persistera jusqu'au dernier souffle de ma vie, est la suivante: les gestes ont été posés parce que monsieur a été incapable de contenir sa frustration et qu'il voulait me punir.

«Olivier et Anne-Sophie étaient heureux et acceptaient leur nouvelle vie. Nous avons osé aimer une autre personne, ce qui a causé chez monsieur Turcotte l'impression qu'il était moins bon, moins aimable. Soudain, l'image parfaite que monsieur voulait que les autres aient de lui volait en éclat. Il perdait le contrôle qu'il nous imposait tous, depuis toujours. Cette atteinte à son narcissisme nous a été fatale.»

Elle croit que Turcotte est «une bombe» qui peut encore éclater, n'ayant pas eu de traitement en psychothérapie à l'Institut Pinel.

* * *

CE QU'ELLE A ÉCRIT...


«Perdre ses enfants, c'est horrible. Savoir qu'ils ont souffert, c'est l'enfer. Savoir qu'ils ont été charcutés et laissés seuls à mourir c'est impardonnable.»

«Quand on me regarde, les gens souffrent en s'imaginant à ma place. Après quelques minutes, chacun retourne à sa réalité. Moi, ma place est dans l'horreur.»

«Me faire du mal, encore et encore, voilà son objectif. Et je suis persuadée que c'est le même aujourd'hui.»

«Je croyais qu'il y aurait justice. Je croyais que nos lois protégeaient la vie. Il n'en est rien. À plusieurs égards, on a oublié mon fils et ma fille.»

«Sans revenir sur le verdict, il demeure clair pour moi que Guy Turcotte était dangereux avant le meurtre de mes enfants et l'est encore aujourd'hui.»

«S'il avait tout dans la vie et qu'il a été incapable d'aller chercher de l'aide, comment fera-t-il maintenant qu'il a tout perdu?»

* * *

«JE VEUX VIVRE»


L'ex-conjointe de Guy Turcotte, Isabelle Gaston, s'est dite déçue du traitement que lui a réservé le tribunal administratif.

«Depuis le début but des procédures judiciaires, j'ai assisté sans broncher aux différentes étapes, a-t-elle fait valoir au Journal. J'ai accepté avec difficulté qu'on m'impose m'impose le silence. Je réalise qu'on n'est pas tous égaux devant la loi.»

«Étant celle qui subit une des pires épreuves au monde, j'aurais espéré un peu d'empathie de la part du commissaire (Médard) Saucier. J'espérais qu'on écoute ce que j'avais à dire. J'ai perçu du mépris à mon égard et cela dès le début de nos échanges.»

Elle avait aussi préparé un vidéo de 90 secondes pour les commissaires, mais n'a pu le présenter parce qu'il montrait des images des deux victimes. Les règles de la Commission ne le permettent pas.

«Mon but n'est pas de nuire aux procédures judiciaires. Par contre, même si je dois vivre avec la mort de mes enfants et que je dois vivre avec le verdict, je veux vivre. Une erreur de leur part, pourrait m'être fatale ainsi qu'à d'autres membres de la société.»

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Anya
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Message par Anya »

Dossier Turcotte
La lettre d'Isabelle Gaston

09/11/2011 04h31

Image

«4 novembre 2011

Chers membres de la commission, être une victime c’est difficile. Quand on me regarde, les gens souffrent en s’imaginant à ma place. Après quelques minutes, chacun retourne à sa réalité.

Moi, ma place est dans l’horreur. Je dois vivre avec mes souvenirs 24 h, sur 24 h, 7 jours sur 7 et cela, pour le restant de ma vie. Je suis une mère qui n’a plus d’enfants. J’aimerais vous dire que je vais bien, que je n’ai aucune frustration et que la mort de mes enfants n’a rien changé à ma vie. J’aimerais dire que je file le grand bonheur et que je suis heureuse des conclusions du procès et des divers intervenants de notre si « beau » système de justice. Vous réalisez que ce n’est pas le cas.

Le deuil est un phénomène complexe où défilent une multitude de sentiments, dont la colère et la tristesse. De plus, ce qui m’agresse peut laisser les autres indifférents. Il y a des dommages qui sont évidents et d'autres, plus subtils, mais tout aussi destructeurs. Je suis une intellectuelle alors mes combats ne sont pas qu’émotifs.

Depuis la mort de mes enfants, je passe une bonne partie de mon temps à pleurer et depuis le verdict du procès, je continue à pleurer, mais, lorsque je n’y arrive plus, je ne fais que penser et analyser la situation. Avec ma déclaration de victime, je vous invite dans mes pensées, mais surtout dans mes combats pour ne pas sombrer, à mon tour, dans la colère et la vengeance.

Le 20 février 2009, deux êtres humains extraordinaires, Olivier et Anne-Sophie ont été assassinés. Perdre ses enfants, c’est horrible. Savoir qu’ils ont souffert, c’est l’enfer. Savoir qu’ils ont été charcutés et laissés seuls à mourir c’est impardonnable.

Mes enfants ont cessé de grandir et je vois ceux des autres progresser. En silence, je pleure. À chaque fête, chaque événement, je vis une torture. Pendant que les autres racontent leur aventure, moi je me sens seule avec ma tristesse. Olivier ne lira jamais un livre. Anne-Sophie ne prendra jamais l’autobus pour faire sa maternelle. Depuis leur mort et pour toujours, je ne peux plus entendre : « je t’aime maman ».

Les conséquences sur ma famille sont incalculables. On n’arrive plus à se parler comme avant. Je fais tout pour calmer la rage qui refait surface lorsque je pense aux tortures qu’Olivier et Anne-Sophie ont dû endurer. Je suis médecin, je sais très bien ce que ça signifie 46 coups de couteau. Je sais trop ce que ça sous-entend cracher du sang et tousser. C’est que mon fils a cherché tant bien que mal à respirer. Anne-Sophie a arraché ses cheveux. Le sang d’Olivier a séché sur une joue et il a eu le temps de se retourner pour que d’autres sangs sèchent sur l’autre petite joue. C’est l’horreur.

Ma colère est là et je dois apprendre à la gérer. Je suis trop souffrante pour être en mesure d’offrir du support à mes proches. Avant, je savais si bien le faire. Il a tué mes enfants, mais, également une partie du lien précieux qui m’unissait à ma mère et au restant de ma famille.

Admettons qu’il dise vrai, que ses enfants étaient ce qu’il y avait de plus important pour lui. Qu’il ait voulu épargner à Olivier et Anne-Sophie la souffrance qu’ils auraient de le retrouver mort. N’est-il pas paradoxal qu’ils les aient fait souffrir? Un père qui tue ses enfants par maladie et parce qu’il a eu un moment de folie ne cherchera-t-il pas, dès qu’il réalisera ce qu’il a fait, à réparer sa faute? En temps normal, ne devrait-il pas y avoir de l’empathie pour le parent qui reste? Si j’avais tué mes enfants dans un moment de folie, je ferais tout pour rendre la vie de monsieur Turcotte plus facile.

S’il avait tant aimé ses enfants, il serait capable de comprendre la souffrance que je vis. Il n’en est rien. Même après avoir tué les enfants, sa frustration et sa colère ne semblaient pas assouvies. L’argent était au centre de ses préoccupations. Quelques jours seulement après la fin des funérailles, j’ai su qu’on voulait encore m’atteindre ou m’affaiblir. Au lieu de me reposer, je devais me protéger.

Pour moi, quand on commet le pire du pire, il n’est pas normal d’agir comme monsieur l’a fait après les événements. Il a commis des gestes d’une violence extrême et ensuite, il agit comme s’il n’avait rien fait. Il pleure. Pour qui pleure-t-il? Là est la véritable question. Après les meurtres, il aurait dû s’arrêter. Il ne l’a pas fait. C’est pourquoi j’ai peur encore aujourd’hui.

Ce qui m’effraie davantage c’est que monsieur n’a personne dans son entourage qui l’a dissuadé dans ses réclamations. Au contraire, il a des alliés qui l’ont aidé dans ses demandes sans le remettre en question. Même lors de son témoignage, deux ans plus tard, monsieur n’a pas exprimé un regard critique par rapport aux gestes posés. Dans le fait de réclamer le certificat de massage et les billets du spectacle de Marie-Mai, la chanteuse préférée de mes enfants, il faut voir bien plus que l’aspect pécuniaire. Monsieur est toujours dans la colère et c’est ce qu’il me fait encore peur aujourd’hui.

Le 17 mai 2009, il me dira plein de choses, mais entre autres « que j’ai dû culot de l’appeler » sans exprimer aucun remords pour ses gestes. Ensuite, fin mai, on a vidé le compte conjoint puis remis l’argent trois semaines plus tard. On n’aura aucune compassion pour tous les tracas engendrés par ce geste. Honoraire d’avocat, déclaration policière, rencontre à mon institution financière, etc.

Plus tard, on a utilisé mon identité pour obtenir des informations me concernant à ma compagnie d’assurance. Je pourrais continuer, mais ma conclusion serait toujours la même. Il voulait me détruire davantage. Pour lui, la mort de mes enfants n’était pas assez.

Chers membres de la commission, vous devez vivre avec le verdict. Les jurés ont décidé, à la lumière des experts qui se sont présentés devant eux, que monsieur n’était pas criminellement responsable. Maintenant, on s’en est remis à vous pour décider du sort de monsieur Turcotte. Vous avez l’obligation de vous assurer qu’il ne représente plus un danger pour la société. Comme je fais partie intégrante de cette société, je vous supplie de vous assurer que monsieur n’est plus une menace pour moi.

Avant de penser que je m’inquiète pour rien, que je suis de mauvaise foi et d’en arriver à la conclusion que monsieur présente un faible risque de récidive, j’aimerais vous dire pourquoi j’ai peur pour ma vie et ma sécurité. Je suis la victime survivante de ce drame familial. Une majorité des parents qui tuent leurs enfants apportent leur secret en se suicidant. Dans presque un cas sur cinq, toute la famille est décimée.

J’ai été la conjointe de monsieur Turcotte pendant dix ans. Je suis, par conséquent, l’ultime témoin ayant côtoyé monsieur Turcotte au quotidien. Je connais cet homme. Si j’ai été la conjointe de monsieur, c’est que je reconnaissais, chez lui, de nombreuses qualités. Par contre, derrière ces qualités, se cachent des lacunes humaines inimaginables.

Vous avez devant vous un être excessivement intelligent et extrêmement habile à manipuler les autres. J’ai douté de mes instincts et de ses intentions. Je le croyais capable de me faire du mal à moi, mais jamais je ne pensais qu’il irait jusqu’à éliminer ses enfants pour m’atteindre.

Malgré l’escalade de violence, je n’ai pas porté attention aux signes. Aujourd’hui, je reconnais que bien malgré moi, j’ai manqué de vigilance en banalisant la situation. Je refuse de porter la honte des gestes posés par monsieur Turcotte, mais je dois admettre que je me suis fait piéger. La mort de mes enfants met en évidence une douloureuse prise de conscience de la dynamique de violence, dont nous étions victimes, les enfants et moi.

Ça m’a pris des années avant de m’apercevoir que j’ai été manipulée. La manipulation passait par les enfants. Nous devions tous être parfaits. Notre milieu familial ne devait laisser transparaître aucune faille. Monsieur devenait très frustré si les enfants étaient turbulents. Il se contrôlait en dehors de la maison, mais devenait très amer et irrité une fois à la maison. Il perdait facilement patience. Il n’y avait pas de place pour la contestation ou le marchandage au risque de faire fâcher monsieur. Il n’était pas souvent en « relation » avec les enfants, mais agissait comme s’il avait des « tâches » à accomplir. Ainsi, il excellait dans ce qu’il avait à faire, mais était incapable d’analyser une problématique et d’y trouver des solutions.

Pendant des années, j’ai tenté d’éviter des conflits en étant organisée. J’ai refoulé mes émotions et encaissé les provocations subtiles que monsieur faisait avec les enfants. J’étais constamment dans le doute et la culpabilité. Auprès de cette personne, je vivais de l’angoisse et du stress. Dès que j’ai voulu retourner à mon travail pour m’accomplir en tant que professionnelle, les critiques à l’égard de mon rôle d’épouse et de mère ont commencé.

J’avais 2 choix : me soumettre ou lutter en tentant d’exprimer mon point de vue. Malheureusement pour Olivier et Anne-Sophie, je n’ai choisi ni l’une ni l’autre de ces options. J’avais réalisé que pour Guy Turcotte, son image de père et médecin parfait, de même que l’image de la famille seraient toujours plus importantes que les besoins des membres de la famille. Je ne parvenais plus à m’adapter pour éviter des conflits. Je n’ai pas eu le choix de me séparer pour éviter ma propre destruction.

Vous devrez vous méfier, car il est très doué pour nous faire entrevoir la réalité telle qu’il la souhaite. Ses idées étaient et sont encore probablement souvent arrêtées. Sa version constitue fréquemment la « seule » vérité faisant en sorte que l’échange devient une problématique dérangeante. Il ne communique pas clairement ses demandes, ses besoins, ses sentiments et ses opinions.

Il réussit souvent à inverser la situation, déformant ainsi la réalité. Bien que je travaillais 2-3 jours par semaine, il s’est approprié le mérite de prendre majoritairement soin des enfants. Il a prétendu travailler 4 jours/semaines. C’était vrai, mais seulement une semaine sur cinq et sa journée de congé n’a jamais été dédiée aux enfants.

Quarante-huit heures avant les meurtres, il a confié, à notre coach de vie, son intention de demander la garde totale des enfants. Si son but n’était pas de m’éloigner de mes enfants, et par conséquent de me détruire, pourquoi agir de la sorte?

Il change ses opinions, ses comportements, ses sentiments selon les personnes et les situations. Il dira que je lui ai enlevé sa maison. Cela est totalement faux. Je lui ai offert à plus d’une occasion. Il voulait, et s’en ait même acheté une autre. Sa frustration suite aux changements de serrures était reliée au fait qu’il perdait son contrôle sur moi.

Il évoque des raisons logiques pour déguiser ses demandes. Il dira faire des listes pour compenser sa détresse. Que c’est un trait obsessif. Faire la liste est une chose, la demander à une mère qui vient de perdre ses enfants en est une autre. On ne perd pas notre jugement lorsqu’on a des traits obsessifs et compulsifs. Ainsi, négocier, de payer la moitié des frais funéraires en échange de REER investi en 2002, est une attaque en bonne et due forme. Imaginez ma réaction à la lecture de cette lettre. Me faire du mal, encore et encore, voilà son objectif. Et je suis persuadée que c’est le même aujourd’hui.

Il sait se placer en victime pour qu’on le plaigne. La notion de sacrifice est très encrée chez lui. Il attend les solutions. Il tolère mal la critique. Son regard change lorsqu’il contient sa frustration. Il ment. Il est égocentrique et n’a de l’empathie que pour ceux qui pourront lui être « utiles ». Par exemple, il s’offusque quand les gens de Piedmont lui réclament un troisième loyer alors qu’il leur a fait perdre des milliers de dollars sur la valeur de leur maison.

Plusieurs questions me reviennent sans cesse en tête : « Comment puis-je savoir que sa destruction à mon égard est complétée? » Comment peut-on s’assurer qu’il ne récidivera pas? Quels sont les signes annonciateurs qui pourraient me protéger? Aura-t-il des mécanismes pour affronter ses frustrations ou ses désirs de me blesser ou de blesser quelqu’un d’autre? Jusqu’à maintenant, je n’ai eu aucune preuve qu’il en était capable. S’il avait tout dans la vie et qu’il a été incapable d’aller chercher de l’aide, comment ferait-il maintenant qu’il a tout perdu? Il a peu d’amis et il semble que ses parents n’entrevoient pas la réalité en bonne et due forme puisqu’ils paraissent prêts à tout pour qu’il soit libre. Ces derniers, au lendemain des meurtres, voulaient que je parle à maître Poupart pour aider la cause de Guy sans même connaître les faits.

Je demeure dans la même maison et j’ai le même conjoint. Il n’est pas parvenu à me mettre à la rue et à complètement me détruire. Si aujourd’hui, je suis encore la coupable de son malheur, sera-t-il en mesure de contenir sa frustration?

Si vous êtes d’avis que monsieur Turcotte est un être malade, comment allons-nous faire pour reconnaître les signes d’une rechute? Après tout, je n’ai pas vu la maladie mentale avant le drame.

Sa mère n’a pas jugé qu’il fût si mal en point, puisqu’elle a attendu au lendemain, pour se rendre auprès de son fils. Aucun collègue, tant médecin qu’infirmière, n’ont remarqué qu’il n’allait pas bien. Le jour même des meurtres, il a travaillé en étant de garde aux urgences, à couvrir les réanimations cardiaques, les cas complexes à l’unité coronarienne, il a conduit une voiture, fait des achats, annulé des rendez-vous, s’est entraîné, etc. Le plus perturbant, c’est bien que monsieur ait admis avoir eu des idées similaires en 2007, il n’a jamais cru bon de demander de l’aide. Étant médecin, ce n’est pas les ressources qui manquaient.

Je croyais qu’il y aurait justice. Je croyais que nos lois protégeaient la vie. Il n’en est rien. Depuis le 5 juillet, mes valeurs sont confrontées au système de règles en place. Il y a une incompatibilité entre mon désir de respecter la décision du jury et mes convictions de ce que je sais être la vérité. Entre le système légal et la réalité, il y a une faille dans laquelle je suis prise. Le stress devient difficile à évacuer. Ne pas respecter mes convictions me cause un conflit interne insupportable. J’aimerais qu’on m’explique pour que je comprenne la situation.

Croyez-moi, j’y mets toutes mes capacités intellectuelles et tout mon raisonnement et je n’y arrive pas. Jusqu’à maintenant, personne n’est parvenu à m’expliquer. Je me sens abandonnée par notre système de justice. J’ai l’impression que bien des gens se ferment les yeux et que l’on continue en s’excusant sur la décision prise par un autre. Sans scrupule, on ne fait que déjouer des règles. Les avocats de la défense ont longuement habillé la réalité pour qu’on ne reconnaisse même plus les faits tels que je les ai vécus. Chacun met une distance entre sa décision et les conséquences de celle-ci. À plusieurs égards, on a oublié mon fils et ma fille.

Professionnellement, pendant plusieurs mois, j’ai été incapable de travailler comme avant. Par moment, j’arrive encore difficilement à gérer l’anxiété. Des événements anodins déclenchent chez moi des crises de panique. À chaque jour qui passe, depuis le procès, je suis profondément déçue de ma profession de médecin. Pour moi, les concepts psychiatriques présentés au procès ont servi à excuser et justifier les gestes posés sur deux petites victimes. On a préféré mettre en avant-plan la souffrance de monsieur Turcotte au détriment de la souffrance injuste subite par deux jeunes enfants qui avaient le droit à la vie, le droit d’être protégés et mis en sécurité.

Ça me demande énormément d’énergie pour comprendre et lâcher prise. Lorsque je relis leur expertise, je me sens agressée personnellement et professionnellement. Leurs concepts sont en opposition avec ce que j’ai appris durant ma formation médicale. Je suis épuisée.

Mes enfants, si merveilleux, ont été la proie d’un homme en trouble d’adaptation avec crise suicidaire aiguë le rendant irresponsable? Je ne peux gober cette théorie.

Parce que je suis médecin, je sais très bien ce que c’est un trouble d’adaptation avec une crise suicidaire. Je sais ce que ça signifie. Le rôle de l’urgentologue, avant de demander une consultation et une prise en charge par le psychiatre, est d’évaluer et de donner des soins. Par conséquent, j’ai vu de nombreuses personnes en psychose, en dépression ou souffrantes d’une autre maladie mentale ou d’un trouble de la personnalité.

Contrairement aux psychiatres Dominique Bourget du Royal Ottawa et Roch Hugo Bouchard de l’Institut psychiatrique de Québec, je ne crois pas qu’un trouble d’adaptation et une crise suicidaire peuvent mener une personne à tuer en n’étant pas responsable de ses gestes. Que Guy Turcotte ait voulu se suicider ou non, pour moi, le mot suicide élargi est synonyme de meurtre.

Les psychiatres ont interprété des courriels, mon ex-relation conjugale et bien d’autres choses sans jamais s’être directement adressés à moi. On dirait qu’ils ont oublié que je suis encore en vie! J’aurais pu répondre à toutes leurs questions.

Ma conviction profonde, qui persistera jusqu’au dernier souffle de ma vie, est la suivante : les gestes ont été posés parce que monsieur a été incapable de contenir sa frustration et qu’il voulait me punir. Cette dernière réalité fait de l’ombre à une autre réalité plus subtile. Olivier et Anne-Sophie étaient heureux et acceptaient leur nouvelle vie. Nous avons osé aimer une autre personne, ce qui a causé chez monsieur Turcotte l’impression qu’il était moins bon, moins aimable.

Soudain, l’image parfaite que monsieur voulait que les autres aient de lui volait en éclat. Il perdait le contrôle qu’il nous imposait tous, depuis toujours. Cette atteinte à son narcissisme nous a été fatale.

Sans revenir sur le verdict, il demeure clair pour moi que Guy Turcotte était dangereux avant le meurtre de mes enfants et l’est encore aujourd’hui.

J’ai suffisamment payé jusqu’à maintenant. J’ai encore peur pour moi et le reste de la société. Je veux vivre ma vie en étant en sécurité.

J’aimerais qu’il ait une bonne évaluation de sa personnalité. Il n’a pas eu de traitement, donc la bombe est toujours là.

J’aimerais savoir qu’il ne sera jamais à moins de 100 km de moi ou de ma famille et qu’il ne reviendra pas pratiquer dans l’hôpital où je travaille.

Chers membres de la Commission, j’espère que ma déclaration vous est pertinente et vous aidera à prendre la bonne décision.

Quant à toi, Guy Turcotte, au risque de me répéter, je ne veux plus jamais avoir à faire à toi. Pour moi, tu es un LÂCHE. Je ne te souhaite « RIEN », car, peu importe ce que tu deviendras, le visage de tes enfants et le son de leurs cris te rendront misérable pour le restant de ta vie.

Isabelle Gaston»

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laeticia_29
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Message par laeticia_29 »

quelle lettre, ouf!

J'ai tellement de compassion pour cette femme.

J'avais arrêté de suivre le procès car trop pénible tout ce qu'on entendait, mais j'ai été décue du verdict comme tout le monde et je crois que guy a manipulé tout le monde. Meme moi j'ai refusé de le croire sain d'esprit au début... et pourtant! Ca semble clair qu'il y a eu vengeance. C'est l'horreur la plus pure... :(
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gazzoux1
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Message par gazzoux1 »

laeticia_29 a écrit : quelle lettre, ouf!

J'ai tellement de compassion pour cette femme.

J'avais arrêté de suivre le procès car trop pénible tout ce qu'on entendait, mais j'ai été décue du verdict comme tout le monde et je crois que guy a manipulé tout le monde. Meme moi j'ai refusé de le croire sain d'esprit au début... et pourtant! Ca semble clair qu'il y a eu vengeance. C'est l'horreur la plus pure... :(
:jap:
C'est ce qu'on lit mais elle n'a pas eu le temps de tout lire ça, il l'ont interrompu à plusieurs reprises. Je suis contente de la lire dans son intégralité. Un gros merci encore une fois à Anya
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MME C
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Message par MME C »

Oui, quelle lettre, en effet. C'est assez alarmant, ce qu'elle écrit concernant Turcotte.

Puisque les professionnels de Pinel n'ont pas encore abouti à grand chose, je continue à penser que la meilleure personne pour donner des informations sur la personnalité de Turcotte, c'est Mme Gaston. C'est celle qui l'a connu le mieux les derniers temps avant les crimes. Je n'arrive même pas à imaginer le dixième de ce qu'elle doit vivre, les sentiments d'abandon, d'injustice et de solitude qui doivent l'habiter. Je ne sais pas comment elle fait pour ne pas virer folle.

Je suis tellement d'accord quand elle dit qu'on a mis en avant plan la souffrance de Turcotte au détriment de celle de ses enfants!
Anya a écrit : Dossier Turcotte
La lettre d'Isabelle Gaston

09/11/2011 04h31

(...)


S’il avait tant aimé ses enfants, il serait capable de comprendre la souffrance que je vis. Il n’en est rien. (...) Au lieu de me reposer, je devais me protéger .
(...)
Ce qui m’effraie davantage c’est que monsieur n’a personne dans son entourage qui l’a dissuadé dans ses réclamations . Au contraire, il a des alliés qui l’ont aidé dans ses demandes sans le remettre en question.
(...)
Plus tard, on a utilisé mon identité pour obtenir des informations me concernant à ma compagnie d’assurance. Je pourrais continuer, mais ma conclusion serait toujours la même. Il voulait me détruire davantage. Pour lui, la mort de mes enfants n’était pas assez.
(...)
J’ai été la conjointe de monsieur Turcotte pendant dix ans. Je suis, par conséquent, l’ultime témoin ayant côtoyé monsieur Turcotte au quotidien . Je connais cet homme.
(...)
Vous avez devant vous un être excessivement intelligent et extrêmement habile à manipuler les autres . J’ai douté de mes instincts et de ses intentions. Je le croyais capable de me faire du mal à moi, mais jamais je ne pensais qu’il irait jusqu’à éliminer ses enfants pour m’atteindre.
(...)
Vous devrez vous méfier, car il est très doué pour nous faire entrevoir la réalité telle qu’il la souhaite . Ses idées étaient et sont encore probablement souvent arrêtées. Sa version constitue fréquemment la « seule » vérité faisant en sorte que l’échange devient une problématique dérangeante.
(...)
Il réussit souvent à inverser la situation, déformant ainsi la réalité. (...) Il a prétendu travailler 4 jours/semaines. C’était vrai, mais seulement une semaine sur cinq et sa journée de congé n’a jamais été dédiée aux enfants .
(...)
Il change ses opinions, ses comportements, ses sentiments selon les personnes et les situations .
(...)
Il sait se placer en victime pour qu’on le plaigne. (...) Il ment. Il est égocentrique et n’a de l’empathie que pour ceux qui pourront lui être « utiles ».
(...)
Plusieurs questions me reviennent sans cesse en tête : « Comment puis-je savoir que sa destruction à mon égard est complétée? » Comment peut-on s’assurer qu’il ne récidivera pas? Quels sont les signes annonciateurs qui pourraient me protéger? Aura-t-il des mécanismes pour affronter ses frustrations ou ses désirs de me blesser ou de blesser quelqu’un d’autre? Jusqu’à maintenant, je n’ai eu aucune preuve qu’il en était capable. S’il avait tout dans la vie et qu’il a été incapable d’aller chercher de l’aide, comment ferait-il maintenant qu’il a tout perdu? Il a peu d’amis et il semble que ses parents n’entrevoient pas la réalité en bonne et due forme puisqu’ils paraissent prêts à tout pour qu’il soit libre. Ces derniers, au lendemain des meurtres, voulaient que je parle à maître Poupart pour aider la cause de Guy sans même connaître les faits.
(...)
Si vous êtes d’avis que monsieur Turcotte est un être malade, comment allons-nous faire pour reconnaître les signes d’une rechute? Après tout, je n’ai pas vu la maladie mentale avant le drame .
(...)
J’ai l’impression que bien des gens se ferment les yeux et que l’on continue en s’excusant sur la décision prise par un autre. Sans scrupule, on ne fait que déjouer des règles. Les avocats de la défense ont longuement habillé la réalité pour qu’on ne reconnaisse même plus les faits tels que je les ai vécus . Chacun met une distance entre sa décision et les conséquences de celle-ci. À plusieurs égards, on a oublié mon fils et ma fille.
(...)
Pour moi, les concepts psychiatriques présentés au procès ont servi à excuser et justifier les gestes posés sur deux petites victimes. On a préféré mettre en avant-plan la souffrance de monsieur Turcotte au détriment de la souffrance injuste subite par deux jeunes enfants qui avaient le droit à la vie, le droit d’être protégés et mis en sécurité.
(...)
Contrairement aux psychiatres Dominique Bourget du Royal Ottawa et Roch Hugo Bouchard de l’Institut psychiatrique de Québec, je ne crois pas qu’un trouble d’adaptation et une crise suicidaire peuvent mener une personne à tuer en n’étant pas responsable de ses gestes . Que Guy Turcotte ait voulu se suicider ou non, pour moi, le mot suicide élargi est synonyme de meurtre.
(...)
J’aimerais qu’il ait une bonne évaluation de sa personnalité. Il n’a pas eu de traitement, donc la bombe est toujours là .
(...)
Isabelle Gaston»
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MME C
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Re: Procès de Guy Turcotte

Message par MME C »

Tu as raison, Gazzoux, on a la chance, pour une fois, de connaitre ce que Mme Gaston a à dire à tout ce système de justice.
Merci Anya.
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Gaffe
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Message par Gaffe »

Je souhaite grandement que cette longue lettre d'Isabelle Gaston, puisse orienter les psychiâtres sur le cas Guy Turcotte. Avec leur vécu commun des dix années de couple, elle a vraiment bien cerné la personnalité de ce bonhomme, on ne peut être plus clair qu'elle. Je voudrais tellement que les psychiâtres aient accès à ce témoignage, ça pourrait certainement aider, quant à l'encadrement et traitements éventuels.
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