Coup de chapeau
Amis avec Diane Grégoire sans la connaître
Réjean Léveillé
13 janvier 2012
Lorsque j'animais les bulletins du matin, à LCN Week-End, il nous arrivait souvent de recevoir des appels des membres du Comité de recherche de Diane Grégoire. Tantôt ils organisaient une journée de sensibilisation; à d'autres moments, c'était une marche ou une messe anniversaire. Ils le faisaient honnêtement, à une époque où plus personne ne parlait de madame Grégoire.
Je leur demandais s'il y avait du nouveau, parce que ça nous prenait une raison pour déplacer une équipe. En entrevue ou simplement au bout du fil, ils nous disaient qu'il ne fallait pas que cette femme tombe dans l'oubli et ils ajoutaient poliment que c'était impossible qu'elle se soit volatilisée. On finissait souvent par aller les retrouver sur le terrain et ça se soldait par une autre occasion où les médias parlaient à nouveau de Mme Grégoire.
On connaît tous maintenant le sort cruel qui lui a été réservé, et celui qui devait répondre de son meurtre a choisi de mettre un terme à ses jours en début de semaine.
Les membres du Comité de recherche ne peuvent se résoudre pour le moment à tourner définitivement la page sur la mission dont ils se sont investis depuis bientôt quatre ans. Chantal Morin, Anita Fleury, Claude Gauthier et Guy Fourcadaud n'ont jamais lâché le morceau et sont convaincus que leurs nombreuses activités reliées à Mme Grégoire ont permis d'accumuler de bonnes informations parce que souvent, les personnes rencontrées préféraient leur en parler à eux plutôt que d'avoir à entreprendre une démarche officielle avec les enquêteurs.
Par contre, les quatre me disent d'emblée que chacune des informations a été transmise aux policiers pour fins de vérifications. Ils se disent impressionnés par l'implication des enquêteurs tout au long de l'enquête. Ils ont aussi apprécié l'implication d'autres bénévoles, dont ceux de Québec Secours, qui les ont souvent accompagnés dans leurs recherches.
Témoignages
Guy Fourcadaud, un retraité de la GRC, ne connaissait absolument pas les autres membres du comité lorsqu'il s'est joint à eux. Il les trouvait courageux de s'attaquer à une aussi grosse histoire sans aucune expérience dans le domaine des enquêtes.
«Paul Laplante ne savait pas encore que je faisais partie du comité. Je me suis assis à ses côtés à l'église, lors d'une messe anniversaire. Il était seul. Vous savez, à un moment, pendant une messe, nous sommes invités à nous souhaiter la paix, alors je me suis empressé de me tourner vers lui pour exprimer mes souhaits. Il m'a regardé et... il avait autant d'émotions que peut en avoir une poignée de porte. Ça m'a glacé mais j'ai supporté son regard», se souvient M. Fourcadaud.
Quant à Claude Gauthier, un autre retraité, il a développé son intérêt pour l'informatique en offrant ses services à Mmes Morin et Fleury.
«Beaucoup de monde a communiqué avec nous sans jamais avoir connu Mme Grégoire, mais ces gens là avaient un point commun avec nous en trouvant totalement injuste le sort réservé à cette pauvre femme. Je peux aussi vous dire que des proches de Paul Laplante ont eux aussi communiqué avec nous parce que c'est une approche discrète», raconte M. Gauthier.
Une femme élégante
Mme Soucy, pendant ces quatre ans de bénévolat, a toujours pensé aux enfants orphelins. Que retient-elle de l'expérience? «J'espère que ça aura pu inspirer d'autres personnes pour que plus jamais, quelqu'un ne disparaisse ainsi mystérieusement. Paul Laplante a peut être emmené des secrets avec lui, mais au moins depuis sa mort, certains ont commencé à s'exprimer publiquement. Sa sœur, qui avait jusque-là gardé le silence, vient de le traiter, en entrevue à Denis Lévesque, de ''psychopathe''.»
Enfin, Chantal Morin exprime avec beaucoup d'émotions les sentiments de ses collègues et amis réunis autour de nous ce matin.
«Diane nous a profondément habités depuis quatre ans. C'est vrai qu'on on ne lui a jamais parlé. Si vous saviez, par contre, le nombre de personnes qui nous ont parlé d'elle et de ses grandes qualités humaines, combien de personnes ayant côtoyé cette femme employée d'une banque dans le vieux Saint-Hyacinthe nous ont vanté la classe et l'élégance qu'elle avait... C'est incroyable comme nous avons appris à la connaître et à l'aimer. Jamais, jamais quelqu'un ne nous a dit une chose négative à son sujet. Alors, vous comprenez, elle nous habite encore profondément ici, dans notre cœur. C'est épouvantable ce qui lui est arrivé. Nous, on l'aime, tout simplement», conclut Chantal Morin avec tendresse.
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