Soeurs noyées à Kingston

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Anya
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Procès Shafia: 51 témoins plus tard
Christiane Desjardins - La Presse
8 décembre 2011

Une Nissan avec quatre noyées à bord dans une partie des écluses de Kingston parmi les plus difficiles d'accès pour un véhicule.

Si la scène paraissait incongrue, le matin du 30 juin 2009, la thèse du ministère public allait plus tard se révéler encore plus ahurissante: les quatre femmes auraient été tuées par trois membres de leur propre famille, parce qu'elles ternissaient l'honneur de la famille en s'occidentalisaient avec trop de vigueur. D'origine afghane, la famille avait vécu 15 ans à Dubaï avant d'émigrer au Canada, en 2007.

Au cours des sept dernières semaines, au palais de justice de Kingston, les procureurs de la Couronne Gerard Laarhuis et Laurie Lacelle ont fait défiler 51 témoins et déposé 144 pièces à conviction dans le but de prouver leur théorie au jury chargé de juger Mohammad Shafia, 58 ans, sa deuxième femme Tooba, 41 ans, et leur fils aîné Hamed, 20 ans. Ils sont accusés des meurtres prémédités de Rona Amir Mohammad, 53 ans, première femme de Mohammad, ainsi que de trois des filles de la famille, Zainab, 19 ans, Sahar, 17 ans, et Geeti, 13 ans.

La famille comptant trois adultes et sept enfants, tous issus du second mariage puisque Rona était stérile, rentrait à Montréal après un voyage d'agrément à Niagara, au moment des événements. Elle voyageait à bord de deux véhicules, une Lexus et une Nissan Sentra, achetée d'occasion le 21 juin 2009, la veille du départ pour ces vacances. La tragédie se serait produite aux alentours de 1h30, la nuit du 30 juin 2009, lorsqu'ils étaient sur le chemin du retour. Les Shafia se sont arrêtés à Kingston pour dormir dans un motel. Les parents soutiennent qu'une fois au motel, Zainab a demandé les clés de la Nissan pour aller chercher ses vêtements. Ils avancent qu'elle en aurait profité pour aller se promener avec ses deux soeurs et celle qu'on présentait comme leur tante. Aucune des quatre victimes n'avait de permis de conduire. La Couronne soutient pour sa part que la femme et les trois filles ne sont jamais allées à ce motel et qu'elles auraient plutôt été amenées à l'écluse de Kingston Mills, située à trois ou quatre kilomètres du motel en question. Selon la preuve, c'est Tooba qui a conduit la Nissan jusqu'à Kingston, avec la femme et les trois filles à bord.

Les preuves

Les victimes sont assurément mortes noyées, mais le pathologiste ne peut dire si elles ont été noyées dans l'écluse ou ailleurs avant. Les analyses n'ont pas permis de découvrir de traces de sédatif ou d'autres produits connus dans leur corps.

Une chose semble acquise: elles n'auraient pas tenté de sortir du véhicule, alors que cela aurait pu être possible. La fenêtre du côté conducteur était baissée, aucune n'était retenue par sa ceinture de sécurité, et la Nissan a sombré dans moins de sept pieds d'eau.

C'est la plus jeune, Geeti, 13 ans, qui flottait au-dessus de la place du conducteur. Zainab, 19 ans, flottait du côté passager avant, dos au plafond, entremêlée avec sa jeune soeur. Sur la banquette arrière, il y avait Sahar, assise derrière le conducteur, et Rona, au milieu de la banquette. La place à droite était libre. Les sièges avant étaient fortement inclinés vers l'arrière, ce qui aurait rendu la conduite pratiquement impossible, a expliqué un policier.

Le levier de la transmission automatique de la Nissan était en première, une position rarement utilisée qui sert à monter les côtes sans fatiguer le moteur. La clé dans le contact était en position off, ce qui signifie que le moteur ne fonctionnait pas, mais qu'il y avait de l'électricité. Les roues de la Nissan étaient complètement braquées à gauche. Les dommages à la Nissan, particulièrement à l'arrière gauche, démontrent qu'elle a été frappée ou poussée par une autre voiture. Et cette autre voiture, c'est la Lexus. Les dommages aux deux voitures concordent, et même Hamed, dans une déclaration aussi surprise que tardive, a reconnu que les deux voitures se sont touchées à l'écluse de Kingston Mills, la nuit fatidique.

La preuve d'écoute électronique

Suspectés très rapidement, les Shafia ont été mis sous écoute électronique entre les 18 et 22 juillet 2009, jour de leur arrestation. Ils ont tenu des propos qui paraissent lourds de sens, surtout Mohammad. «Qu'on soit en vie une nuit ou un an, nous n'aurons plus à nous en faire, à penser que notre fille est dans les bras d'un tel ou d'un tel... Filles sans honneur, je me demande même si elles ne faisaient pas ça à Dubaï. Elles devaient enlever leur foulard en sortant de la maison.»

«Non, je suis sûre qu'elles n'étaient pas comme ça là-bas», a répondu Tooba. Plus tard, cette dernière a dit: «Je sais que Zainab était finie, mais j'espérais que les deux autres ne l'étaient pas.»

«Non, Tooba, elles ont tout gâché. Il n'y avait pas d'autre moyen... Elles étaient des tricheuses. Elles se sont trahies elles-mêmes et nous ont trahis aussi. Comme cette femme qui se tient sur le bord de la route, prête à partir avec le premier venu... Quand je te disais d'être patiente, tu me disais que c'était difficile. Ce n'est pas plus dur que de les regarder faire avec des chums (boyfriends). Quand je vois ces photos, je me console. Je me dis que j'ai bien fait. Si elles revenaient à la vie cent fois, je referais la même chose. Je me sens blessé à ce point-là. Tooba, elles nous ont trahis immensément. Elles nous ont violés immensément. Il n'y a pas de plus grande tricherie, de plus grande violation que ça... Elles ont trahi l'islam, elles ont trahi notre religion et nos principes, elles ont trahi nos traditions, elles ont tout trahi...»

Preuve de crainte

La Couronne a fait tout un pan de preuve avec les craintes des enfants devant les réactions de leur père, et le fait que leur frère aîné détenait l'autorité quand le père était en voyage d'affaires à Dubaï. L'école Antoine-de-Saint-Exupéry avait alerté la DPJ deux fois au sujet de Sahar, au printemps 2008 et en juin 2009. Quatre des enfants Shafia, dont Sahar et Geeti, ont appelé le 911, le 15 avril 2009, quand Zainab a fui la maison pour se réfugier dans une maison pour femmes. Ils craignaient la réaction de leur père. La police et la DPJ sont intervenues, mais le dossier a été rapidement fermé.

Le journal de Tooba de même que ses nombreux entretiens téléphoniques dans lesquels elle a fait part de ses malheurs et de ses craintes ont aussi été présentés en preuve.

Preuve de déplacements

Trois téléphones portables ont été trouvés sur le plancher de la Nissan engloutie, dont ceux de Zainab et de Sahar. Celui de Zainab avait été débranché le 19 juin, mais celui de Sahar était toujours en fonction. Il a permis de reconstituer les allées et venues de la famille avant le drame. Les policiers ont déterminé qu'Hamed a quitté le reste de la famille deux jours avant la tragédie pour aller à Kingston, ce qui laisse supposer qu'il aurait pu y faire du repérage.

Les photos et le voyage

Zainab et Sahar prenaient beaucoup de photos avec leur portable. Elles se photographiaient en compagnie de leur ami de coeur, et il leur est même arrivé de se photographier devant le miroir en sous-vêtements. Ces photos sont manifestement venues à la connaissance de Mohammad, puisqu'il y a fait allusion dans l'écoute électronique. «Quand je vois ces photos, ça me console... Filles sans honneur... En soutien-gorge et sous-vêtements...»

Des copies papier de photos prises par les filles, dont celles du petit ami de Sahar, et de Rona ont été trouvées dans le coffre à gants de la Lexus, ainsi que dans une valise noire. Cette valise, trouvée le 22 juillet 2009, jour de l'arrestation des trois accusés, contenait aussi le passeport d'Hamed et sa confirmation de vol pour Dubaï. Il devait s'envoler le jour même pour un séjour de cinq semaines.

C'est maintenant au tour de la défense de présenter sa preuve.

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Tibibi
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TVA Nouvelles avec Agence QMI

Après quatre jours exténuants d'interrogatoire, Tooba Mohammad Yahya qui est accusée du meurtre de ses trois filles et de la première épouse de son mari, a commencé à laisser paraître de la colère et de la frustration.
«Nous ne sommes pas des meurtriers, a déclaré la femme de 42 ans avec passion alors qu'elle était interrogée par le procureur de la Couronne. Je suis une mère.»

Elle a expliqué au tribunal qu'elle avait menti aux policiers lors des interrogatoires, parce qu'elle se sentait sous pression et qu'elle voulait protéger son fils.

Malgré les objections répétées des avocats de la défense, le procureur de la Couronne a implacablement poursuivi son patient travail de démolition lui demandant, par exemple, pourquoi elle n'avait pas, en tant que mère, pris soin de s'assurer que ses enfants portaient leur ceinture de sécurité? Pourquoi avait-elle «menti» pour cacher ce qu'il a décrit comme un «crime d'honneur» contre ses trois adolescentes, Zainab, Sahar et Geeti et la première épouse de son mari, Rona ?

Les quatre femmes sont mortes le 30 juin 2009, alors qu'elles ont été retrouvées dans une voiture au fond d'une écluse du canal Rideau à Kingston. La Couronne allègue que l'accident de voiture a été « mis en scène » et qu'il s'agissait en fait de quatre meurtres commis par Yahya, son fils Hamed et son mari, Mohammad Shafia.

« Qu'avez-vous fait pour les rechercher une fois que vous avez rapporté leurs disparitions? » a demandé le procureur de la Couronne.

«J'avais des problèmes. Je ne connaissais pas la langue ou la région», a répondu la mère.

«Vous n'avez rien fait parce qu'il n'y avait rien à faire, a répliqué le procureur. Vous vouliez que cela ressemble à un accident.»

«Non, ce n'est exact, a déclaré Tooba. Nous ne ferions jamais rien de tel. Ne dites pas une telle chose.»

Retenant ses larmes, elle a quelques instants plus tard levé la voix pour clamer son innocence.

«Non, monsieur. Nous ne sommes pas des assassins. Ne dites jamais une telle chose. Je suis une mère et seule une mère sait. Ne me dites jamais que j'ai tué mes enfants. Jamais!»

Elle a également défendu son mari et son fils dans cette affaire.

«Shafia s'est marié une seconde fois pour avoir des enfants [...] Il n'est pas un meurtrier. Il ne pourrait jamais commettre un tel crime.»

Elle a expliqué avoir «menti» à la police pour protéger son fils Hamed, qui était menacé selon elle de «torture sous l'eau».

Le procureur de la Couronne, Gerard Laarhuis, n'a jamais reculé lors de ces échanges spectaculaires.

«Vous voulez sauver Hamed tout le temps, a-t-il répliqué. Pourquoi n'avez-vous pas sauvé vos filles en train de s'enfoncer sous l'eau?»

«Si j'avais su, j'aurais donné ma vie», a-t-elle répondu.

Le procès se poursuit lundi.


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Anya
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Procès Shafia: une voiture sciemment choisie
Christiane Desjardins - La Presse
14 janvier 2012

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(Kingston) Ce n'est pas par hasard que Mohammad Shafia a acheté une petite Nissan Sentra d'occasion, la veille du voyage à Niagara avec sa famille, en juin 2009. Il avait observé les lieux à Kingston Mills et savait que son deuxième véhicule, un Pontiac Montana, était trop gros pour être complètement submergé sous les huit pieds d'eau de l'écluse.

«C'est pour ça qu'il a acheté une voiture basse et pas chère», a tonné le procureur de la Couronne Gerard Laarhuis alors qu'il continuait le contre-interrogatoire de Tooba Mohammad Yahya, hier, à Kingston. Accusée avec son mari, Mohammad Shafia, et son fils aîné, Hamed, du meurtre de trois de ses filles et de la première femme de son mari, elle a nié, comme elle l'a fait toute la semaine.

«Non. Jamais.»

Me Laarhuis n'a pas tenu compte des dénégations de l'accusée et a continué à réciter, d'un ton solennel, ce qu'il croit être la séquence des événements qui ont entraîné les quatre victimes dans la mort. Il pense que, la nuit du 30 juin 2009, peut-être vers 1h30, Tooba Yahya, au volant de la Nissan, s'est trouvée sur le lieu historique des écluses de Kingston Mills. Zaïnab, 19 ans, était assise à l'avant; Sahar, 17 ans, Geeti, 13 ans, et Rona, 52 ans, étaient assises à l'arrière. Les cinq femmes étaient seules dans la nuit noire, sur ce lieu historique qui ne dispose d'aucun éclairage. Les passagères dormaient ou étaient assoupies. Le père, Mohammad Shafia, Hamed et les trois autres enfants de la famille étaient partis avec la Lexus, louer des chambres dans un motel tout près. Ils ont laissé les enfants au motel et sont venus rejoindre les femmes à l'écluse. Dans une déclaration antérieure, qu'elle renie aujourd'hui, Tooba Yahya a raconté qu'elle avait couru vers la Lexus en la voyant arriver.

«Vous avez couru vers la Lexus, car vous saviez ce qui allait arriver, vous saviez que c'était terminé. Quand vous êtes sortie de la voiture, les sièges étaient inclinés. Un de vous trois a conduit la Nissan avec les corps dedans jusqu'au bord du canal. Le plan était de la jeter dans l'eau, c'est pour ça qu'il fallait une petite voiture. Vous avez mis la transmission au neutre, ouvert la fenêtre du côté conducteur. Les phares étaient éteints, le plafonnier était éteint. La personne est sortie de l'auto. Par la fenêtre ouverte, elle a mis l'embrayage à la vitesse 1, pensant que la Nissan, par sa propre propulsion, allait rouler jusque dans l'eau. Ça ne faisait pas partie du plan qu'elle resterait prise.»

«Quand elle est restée prise, il y a eu urgence, a poursuivi le procureur sur le même ton. L'urgence commandait de pousser la voiture, car il y avait quatre corps dedans. Vous et Hamed, ou vous et Shafia, avez pris la Lexus pour pousser la Nissan. Ça a causé des dommages à l'arrière de la Nissan et à l'avant de la Lexus. Le S et le E (du mot Sentra), ce sont deux pièces que Hamed n'a pas ramassées.» De fait, elles ont été trouvées sur les lieux.

«Non, on n'est pas des meurtriers, s'est défendue Tooba Yahya. On est une famille sincère. Je suis une mère, si vous étiez mère, vous comprendriez. Ne me dites pas que j'ai tué mes enfants», s'est-elle scandalisée.

Des bruits d'eau

Le procureur n'a pas précisé où il croyait que les victimes avaient été tuées. Mais il a rappelé à l'accusée qu'elle avait elle-même dit, dans une précédente déclaration, avoir entendu des bruits d'eau, alors qu'elle se trouvait à l'écluse cette nuit-là.

Les propos que nie Tooba Yahya sont ceux qu'elle a tenus le jour de son arrestation, le 22 juillet 2009, à l'enquêteur Shahin Mehdizadeh. Me Laarhuis trouve qu'elle a donné des détails que seule une personne qui était sur les lieux cette fameuse nuit peut connaître. Il pense que ces propos sont ceux qui se rapprochent le plus de la vérité, même si l'accusée a tenté de sauver sa peau et celle de Hamed, pour rejeter la faute sur son mari.

«Non, a répété l'accusée. J'ai fabriqué une histoire pour qu'il [le policier Mehdizadeh] me laisse tranquille, parce qu'il me mettait beaucoup de pression, qu'il ne croyait pas ce que je lui disais et qu'il tapait sur la table.»

«On a revu la vidéo ce matin. Vous n'aviez pas l'air en détresse du tout», a répliqué Me Laarhuis.

«Qu'est-ce que j'aurais dû faire? Mettre ma tête sur son épaule? J'étais sa prisonnière. J'étais sous pression, comme je le suis ici. Je suis dans la même situation maintenant. Cela va faire une semaine que je suis ici, vous me posez 100 fois la même question», s'est emportée la femme.

«La raison pour laquelle vous avez entendu des bruits d'eau, c'est parce que quatre femmes sont mortes», a poursuivi Me Laarhuis, d'un ton sentencieux.

Le procureur a aussi rappelé que Hamed était vite parti à Montréal avec la Lexus abîmée, cette nuit-là. On sait que le matin, à Montréal, il a volontairement foncé dans le parapet d'un stationnement vide et a appelé la police pour qu'elle vienne constater les dommages. Il est revenu tout de suite après à Kingston avec la Pontiac Montana. Il est arrivé vers 11h30. La famille a attendu qu'il arrive pour signaler la disparition des quatre femmes à la police.

«Vous vouliez faire croire que la Lexus n'était pas allée là, a dit le procureur.

- C'est faux. C'est inexact», a répondu l'accusée.

Le procureur a aussi fait remarquer que les trois accusés s'étaient montrés bien peu empressés à signaler la disparition des filles.

«C'est parce qu'on ne parle pas anglais», a dit Tooba Yahya.

Mais les autres enfants qui se trouvaient avec eux, les survivants, parlaient l'anglais, lui a fait remarquer Me Laarhuis.

Du caractère

Tooba Mohammad Yahya a trouvé la semaine éprouvante, mais elle a démontré qu'elle avait du caractère. Elle n'a jamais craqué et s'est même jouée du procureur à certains moments, en disant qu'il aurait dû poser telle ou telle question à son mari, quand ce dernier était à la barre des témoins. «Je ne suis pas lui, je suis une personne à part entière», a-t-elle dit. Elle a aussi déclaré que la policière qui l'avait interrogée la première, le jour de son arrestation, ne savait pas interroger un suspect.

Malgré la preuve et les accusations du procureur, la femme de 42 ans jure qu'elle n'aurait jamais été capable de tuer ses enfants, car ceux-ci sont sa vie. «Si vous me voyez encore en vie devant vous, c'est pour mes quatre enfants», a-t-elle dit, hier. Il lui reste Hamed (emprisonné) et trois enfants que la DPJ a retirés de la famille la veille des arrestations, en juillet 2009. Elle assure aussi que son mari n'est pas un meurtrier.

Le procureur continuera son contre-interrogatoire lundi. Il pense en avoir encore pour deux heures. Rappelons que le ministère public croit que les accusés ont tué les quatre femmes de leur famille parce qu'ils jugeaient qu'elles apportaient le déshonneur en fréquentant des garçons et en s'habillant trop sexy. Rona, elle, aurait été éliminée pour d'autres raisons. Le procès a commencé à la mi-octobre.

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Jadomo
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Re: Soeurs noyées à Kingston

Message par Jadomo »

Elle a eu 7 enfants en tout?
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Some people deserve to be hi-fived.... in the face.... with a chair!
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gingerstar
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Message par gingerstar »

Jadomo a écrit : Elle a eu 7 enfants en tout?
Oui, c'est bien cela.

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Anya
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Message par Anya »

Kingston
Le procès des Shafia tire à sa fin

Joe Warmington
17 janvier 2012

Le jury dans le procès des Shafia a été renvoyé chez lui mardi, alors que le juge l'a informé que la défense ne présenterait qu'un seul autre témoin.

Le juge Robert Maranger a demandé au jury de quitter la salle d'audience pour permettre à la cour de tenir une audience appelée « voir-dire », pour déterminer si le témoignage de dernier témoin, un expert linguiste, sera admissible.

Ce dernier témoignage devrait clore le procès de Mohammad Shafia, de sa femme Tooba et de leur fils Hamed. Le trio est accusé du meurtre le 30 juin 2009 des trois sœurs de la famille, Zanaib, Sahar et Geeti et de la première épouse du père, Rona Amir.

Si la défense s'en tient à son plan, cela veut dire que le fils Hamed ne témoignera pas pour sa défense.

D'autre part, le frère de Mohammad Shafia, Mohammad Anwar Yaqubi, a déclaré mardi matin lors de son témoignage qu'il était persuadé que son frère n'était pas impliqué dans « une chose honteuse » comme un crime d'honneur.

Les plaidoiries finales des avocats de la Couronne et de la défense pourraient être entendues lundi et mardi prochain et le juge pourrait ensuite donner ses instructions et recommandations au jury mercredi.

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Consult1
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Re: Soeurs noyées à Kingston

Message par Consult1 »

Je sens que les délibérations ne seront pas très longues...
*Team ZouinZouin 2008-09* *Team Stromgol* [img]http://c3.ac-images.myspacecdn.com/images01/11/s_b73695b0e0460a8302b87c365ca31486.jpg[/img]
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Anya
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Message par Anya »

Philippe Bonneville: La présentation de la preuve est maintenant terminée au procès Shafia.
Intervenants : Paul Houde et Philippe Bonneville
18/01/2012 - Durée : 5:46
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Anya
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Message par Anya »

Le père a fait le deuil de ses filles en les maudissant
Mise à jour le 18 janvier 2012
Christiane Desjardins
La Presse

(Kingston, Ontario) Il faut tenir compte des différences culturelles et ne pas se méprendre. Quand Mohammad Shafia a traité ses filles de putains et menacé de les couper en morceaux cent fois si elles revenaient à la vie cent fois, en juillet 2009, ce n'est pas parce qu'il avait quelque chose à voir avec leur mort. C'est parce qu'il était sous le choc et qu'il était en processus de deuil.

«Il n'acceptait pas ces morts. Dans l'état de Shafie, qui avait perdu quatre membres de sa famille proche, c'était complètement normal», a raconté Anwar Yaqubi, demi-frère de Mohammad Shafia, mardi matin, alors qu'il témoignait à Kingston.

Le témoin a traversé l'océan pour se porter à la défense de son frère, qu'il n'avait pas vu depuis 18 ans. Ils ont fui Kaboul ensemble en 1992, lors de la guerre civile, ont refait leur vie dans des pays différents et ne se seraient parlé que deux ou trois fois depuis 1994.

Mohammad Shafia n'a pas téléphoné à Anwar, en juillet 2009, pour lui apprendre que ses trois filles et sa première femme avaient péri noyées dans une écluse de Kingston. M. Yaqubi dit l'avoir appris par un autre de ses frères, environ deux semaines après le drame. Mais même s'il ne l'a pas vu depuis des années, M. Yaqubi dit connaître suffisamment son frère pour savoir qu'il n'a pu tuer ses filles et sa première femme.

«On ne peut pas traiter Shafie de meurtrier. La place de mon frère n'est pas en prison», a-t-il lancé. Un peu plus tard, il a assuré que les autorités avaient mis la «mauvaise étiquette» sur un accident.

Médecin

M. Yaqubi est médecin aux Pays-Bas, et la défense l'a présenté au jury sous le nom de «docteur». L'homme a souvent répondu avec un sourire, d'un ton qui se voulait parfois condescendant. Il n'était pas appelé comme témoin expert mais, à un certain moment, il s'est mis à parler comme s'il faisait une évaluation clinique. Il a minimisé la signification des paroles extrêmement dures que Mohammad Shafia a eues à l'égard de ses filles après leur mort, en disant que cela peut faire partie du processus de deuil pour quelqu'un qui est sous le choc. Par ailleurs, selon lui, ces expressions sont couramment utilisées par les hommes en Afghanistan, quand ils sont fâchés.

«Dans la culture afghane, pour discipliner les enfants, on peut utiliser des noms. Il faut mettre des limites aux enfants, et vous devez réaliser les différences de culture», a-t-il lancé au procureur de la Couronne Gerard Laarhuis, qui le contre-interrogeait. M. Yaqubi a par ailleurs redit qu'il n'avait jamais entendu parler de crimes d'honneur auparavant.

«Savez-vous que le gouvernement des Pays-Bas (où le témoin habite depuis longtemps) a ouvert deux refuges pour les femmes victimes de crimes d'honneur? lui a demandé Me Laarhuis.

«Le monde est si grand. Il y a toutes sortes d'organisations», a rétorqué le témoin.

M. Yaqubi a fini de témoigner mardi matin, et le jury a été renvoyé tout de suite après afin que les avocats discutent avec le juge de la venue du prochain et dernier témoin, un expert.

Hamed ne témoignera pas

C'est donc dire que Hamed, accusé avec son père, Mohammad Shafia, et sa mère, Tooba Yahya, du meurtre de ses trois soeurs et de la première femme de son père, ne témoignera pas pour sa défense. Il n'aura donc pas à justifier la déclaration qu'il a faite quelques mois après le drame à Moosa Hadi, un étudiant qui avait réussi à se faire embaucher par Mohammad Shafia pour «découvrir la vérité».

Dans cette déclaration, enregistrée en prison en novembre 2009, Hamed soutient qu'il a assisté, impuissant, à la chute de la Nissan dans l'écluse, la nuit fatidique. Il conduisait la Lexus tandis que la femme et les trois jeunes filles se trouvaient dans la Nissan. De crainte qu'on l'accuse d'avoir laissé conduire Zaïnab, sa soeur aînée, qui n'avait pas de permis, il n'a pas appelé les secours et a caché le tout à ses parents.

Rappelons que Zaïnab, 19 ans, Sahar, 17 ans, Geeti, 13 ans, et Rona, 52 ans, ont été trouvées noyées dans une Nissan Sentra, le matin du 30 juin 2009, dans l'écluse de Kingston Mills. La famille de 10 personnes rentrait à Montréal après un séjour à Niagara lorsque la tragédie est survenue. La Couronne soutient que les accusés ont éliminé les trois filles parce qu'elles apportaient le déshonneur sur la famille en s'habillant trop sexy et en fréquentant des garçons. Rona, elle, songeait apparemment au divorce et aurait voulu demander de l'argent à Mohammad Shafia. Les accusés soutiennent qu'il s'agit d'un accident.

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gingerstar
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Message par gingerstar »

C'est drôle qu'on a tous déjà entendu parler des crimes d'honneur mais pas eux! :gla:

Merci beaucoup Anya pour tous ces articles que tu prends la peine de mettre chaque jour, c'est vraiment très apprécié. :love:

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Solange
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Message par Solange »

Quelle horrible histoire!
Est-ce que quelqu'un peut me trouver les détails concernant les blessures crâniennes des victimes? Je sais qu'ils en parlent à un moment donné, mais sans plus.
Je ne trouve nul part comment elles sont 'mortes'.
Si elles sont mortes noyées, les tests toxicos doivent démontrer qu'elles étaient droguées? Ou que les blessures à la tête les ont 'assommées'?
Si la 'noyade' est post-mortem, quelle est la cause du décès?
Mortes noyées, la fenêtre de la voiture ouverte? Elles auraient repris conscience, ouvert la fenêtre pour se sauver, mais coincées par la ceinture?
Un siège était basculé... et si c'est une des filles derrières qui auraient tenté de s'échapper?

Me faisant le Devil's advocate ( :na: ): et si c'était un accident? un suicide collectif? si le frère dis vrai: qu'il a assisté, impuissant? :??:



Je suis ABSOLUMENT étonnée qu'il n'y a pas de caméra de surveillance à une écluse.... :gluk:
- Mozusse que ça pourrait être plus simple! Solange de Beauvoil', dans 'le Domaine Bleu' (et partout ailleurs, d'ailleurs)
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Anya
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Message par Anya »

:love: Merci Gingerstar, ça me fait plaisir
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Anya
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Message par Anya »

2 articles sur le sujet...

Le Dr Christopher Milroy a par ailleurs indiqué à la Cour supérieure de l'Ontario que, selon lui, les quatre femmes sont mortes noyées. Toutefois, il n'a pu déterminer si leur décès s'était produit là où elles ont été retrouvées ou si elles étaient inconscientes avant que la voiture ne se retrouve immergée. Trois des quatre victimes présentaient des ecchymoses à la tête, mais la cause de ces blessures n'est pas claire.

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Des contusions sur les têtes

La mère des victimes, Tooba Mohammad Yahya, qui est accusée de meurtre, a été autorisée à quitter la salle du tribunal lundi avant que des photos des crânes de ses filles présentant quelques contusions ne soient présentées au tribunal. Son mari, Mohammad Shafia et leur fils, Hamed, qui sont coaccusés dans cette affaire, sont restés sur le banc des accusés.

Les deux hommes ont commencé à pleurer lorsqu'on a projeté sur écran des images des crânes de deux des filles, qui avaient des contusions.

Bien que le pathologiste a été en mesure d'établir que la noyade avait été la cause du décès, il a été incapable d'expliquer l'apparition d'ecchymoses sous le cuir chevelu de trois de ces femmes.

Les crânes de Rona, Zainab et Geeti ont montré des signes de ce qu'il a décrit comme des ecchymoses «assez importantes».

«Cela nécessite clairement des explications», a déclaré le pathologiste, notant qu'il y avait une «absence relative de blessure ailleurs sur le corps.»

Le pathologiste, qui a effectué l'autopsie, a déclaré qu'il était hautement improbable que les ecchymoses aient été causées après la mort.

«Toutes les ecchymoses sont fraîches. Elles auraient pu être causées dans la période précédant la mort», a-t-il dit.

http://tvanouvelles.ca/lcn/judiciaire/a ... 55903.html" onclick="window.open(this.href);return false;
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Solange
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Message par Solange »

Anya a écrit : Le Dr Christopher Milroy a par ailleurs indiqué à la Cour supérieure de l'Ontario que, selon lui, les quatre femmes sont mortes noyées. Toutefois, il n'a pu déterminer si leur décès s'était produit là où elles ont été retrouvées ou si elles étaient inconscientes avant que la voiture ne se retrouve immergée. Trois des quatre victimes présentaient des ecchymoses à la tête, mais la cause de ces blessures n'est pas claire.

http://www.ledevoir.com/societe/justice ... -ni-drogue" onclick="window.open(this.href);return false;
Ben Mince!!! Anya!!! Merci! je vais aller relire cet article.
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Re: Soeurs noyées à Kingston

Message par Solange »

Si les ecchymoses étaient causées par, disons, le plafond de la voiture, il y aurait des traces, sur le dit plafond...
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Anya
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Message par Anya »

Philippe Bonneville, journaliste à Cogeco Nouvelles - Procès Shafia : la présentation de la preuve est terminée. Un verdict pourrait être prononcé aussi tôt que la semaine prochaine.
Date : 19/01/2012 - Durée : 0:57
http://www.985fm.ca/audioplayer.php?mp3=121852" onclick="window.open(this.href);return false;
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Message par Solange »

J'ai sérieusement hâte de voir comment le jury va débattre de tout ça.
Beaucoup de preuves circonstancielles... je ne suis pas prête à condamner l'épouse...
Si elle sait quelque chose (mais oui, elle sait quelque chose), elle sait SURTOUT de quoi son époux est capable!

Si on pensait que les gens de l'entourage de PL avait peur de parler, imaginez ici!
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Message par Anya »

Philippe Bonneville - journaliste Cogeco nouvelles - Procès Shafia : Verdict bientôt rendu
22/01/2012 - Durée : 5:44
http://www.985fm.ca/audioplayer.php?mp3=122078" onclick="window.open(this.href);return false;
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Message par Rose-des-bois »

Procès Shafia
L'avocat de Mohammad Shafia insiste sur le facteur culturel
Agence QMI
Joe Warmington
24/01/2012 14h23 - Mise à jour 24/01/2012 15h01

Image

Mohammad Shafia, son épouse Tooba et leur fils Hamed.

© Lars Agberg / Reuters


KINGSTON, Ontario – La première femme de Mohammad Shafia, Rona Amir, dont on dit qu'elle aurait été victime d'un crime d'honneur, avait une vie confortable entourée de bijoux et de vêtements à la mode, a assuré mardi matin l'avocat principal de la défense, Me Peter Kemp, lors de sa plaidoirie finale au tribunal de Kingston, en Ontario.
Il a notamment montré une photo au jury pour justifier son propos. « Regardez cette photo et vous verrez une femme de 53 ans, heureuse et en bonne santé », a-t-il lancé.

L'accusation a décrit les Shafia comme une famille traditionnelle afghane qui ne supportait pas que les adolescentes adoptent des valeurs occidentales.

Me Kemp a cependant exhorté le jury à ne pas croire cette version de l'histoire, et encore moins de croire que Rona Amir était une femme malheureuse.

« J'ai entendu un témoignage disant qu'elle avait été battue, qu'elle n'avait pas le droit de se maquiller et qu'elle devait porter le hijab », a-t-il rappelé, en insistant sur le fait que la photographie montrait selon lui tout à fait le contraire.

« Elle avait 2300 $ de bijoux, était bien habillée et elle paraissait bien », a relevé l'avocat, ajoutant que les membres du jury devaient avoir « très peu confiance dans ce qui a été présenté » par la Couronne.

Me Kemp a également déclaré que Rona faisait toujours partie de la famille et qu'elle n'avait pas été mise de côté, comme la Couronne le prétend.

Il a aussi demandé aux jurés de prendre en considération le facteur culturel dans leur analyse des faits, relevant que l'essentiel du procès s'est déroulé en dari, la langue maternelle des accusés. L'avocat a estimé que ne connaissant pas cette langue et ses intonations, le jury ne maîtrisait pas forcément les codes permettant de différencier les nuances de certains témoignages, comme le sentiment de tristesse ou de colère.

Jouant une nouvelle fois la carte culturelle, Me Tremp a également rappelé que, pendant le procès, un expert avait expliqué que dans la culture afghane, il ne faut pas tout prendre au pied de la lettre, car un homme fâché peut dire, sous le coup de l'émotion, des choses qu'il ne pense pas réellement.

Rappelons que Mohammad Shafia (58 ans), Tooba Mahommad Yahya (42 ans), et Hamed (21 ans) font chacun face à quatre chefs d'accusation de meurtre au premier degré.

Selon la Couronne, le trio a comploté pour assassiner trois des filles de la famille, Zainab, âgée de 19 ans, Sahar, âgée de 17 ans et Geeti, âgée de 13 ans, de même que la première épouse de Mohammad Shafia, Rona Amir Mohammad, âgée de 52 ans.

Les corps des quatre femmes avaient été retrouvés le 30 juin 2009 dans la voiture familiale au fond du canal Rideau, à Kingston.

Les avocats des trois prévenus devaient présenter leurs derniers arguments au jury mardi après-midi. Mercredi, ce devrait être à la Couronne de livrer sa plaidoirie finale, puis le juge donnera ses instructions aux membres du jury jeudi, avant que ces derniers ne débutent leurs délibérations.


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Message par Rose-des-bois »

Publié le 24 janvier 2012 à 10h33 | Mis à jour à 13h29


Les spéculations ne sont pas de la preuve, plaide la défense
Image
Mohammad Shafia, son épouse Tooba et leur fils Hamed sont escortés par les policiers à leur arrivée au palais de justice de Kingston.

Photo: Frank Gunn, PC



Christiane Desjardins
La Presse


(Kingston, Ontario) La théorie des crimes d'honneur avancée par la Couronne et véhiculée par les médias est «invraisemblable», a plaidé Me Peter Kemp, avocat de Mohhamad Shafia, ce matin, à Kingston. Noyer quatre personnes la nuit du 30 juin 2009, dans les circonstances suspectées par la Couronne, aurait pris beaucoup de temps, «117 minutes», a calculé Me Kemp. Cela ne résiste pas à la preuve.

Dans une salle comble, Me Kemp a été le premier à s'adresser aux jurés ce matin, pour cette dernière ligne du procès, que sont les plaidoiries. Le lutrin des avocats a été déplacé afin qu'ils fassent face aux jurés et leur parle directement. «Le 30 juin 2009, Mohammad Shafia a perdu trois belles filles et Rona. Les médias ont sauté sur l'histoire, et quand la police a parlé de crimes d'honneur, c'est devenu une histoire internationale», a commencé par dire Me Kemp, d'un ton sentencieux.

L'avocat s'est employé à déboulonner la théorie de la Couronne, en disant qu'il faudrait que Mohammad Shafia soit bien stupide pour avoir choisi un endroit aussi compliqué pour tuer les quatre femmes et faire croire qu'il s'agissait d'un accident. En montrant des photos des lieux au jury, il a insisté sur le fait qu'il y avait des plans d'eau tout autour, où il aurait été bien plus facile de jeter la voiture. L'avocat y voit une autre incongruité: «S'il avait voulu tuer les quatre femmes, il les aurait amenées à Dubaï, ou en Afghanistan où on peut s'en tirer facilement avec un meurtre», a aussi avancé Me Kemp.

L'avocat a présenté son client de 59 ans comme un homme d'affaires prospère qui vivait pour ses enfants. C'est pour leur assurer un avenir et la sécurité, qu'il a changé de pays plusieurs fois, car lui, ses affaires allaient bien à Dubaï. La famille est arrivée au Canada en juin 2007 et s'est établie à loyer dans un grand logement de Saint-Léonard. Lors de la tragédie, Mohammad Shafia était en train de faire construire une grande demeure à Brossard, pour y loger toute sa famille. Il n'avait certainement pas l'intention de tuer ses enfants et sa première femme, Rona. Me Kemp a fait défiler des photos de cette dernière, prises dans les jours avant sa mort. On la voit souriante, maquillée, bien habillée et parée de bijoux. Ce n'est pas l'image d'une femme battue, malheureuse, obligée de porter le hijab, et qui n'a pas le droit de ne rien faire, a fait valoir l'avocat.


Ce dernier s'est aussi employé à miner la crédibilité des témoins d'origine afghane qui ont témoigné contre son client: Diba, la soeur de Rona, est le plus mauvais témoin qu'il ait vu. Fazel, le frère de Tooba, qui prétend avoir été invité à participer au meurtre de Zainab, «n'a pas un gros quotient intellectuel.» En ce qui concerne Latif Hyderi, oncle de Tooba, il était frustré de ne pas avoir pu marier son fils à Zainab, «une entrée» pour accéder à la fortune de Mohammad Shafia.

Me Kemp soutient qu'il s'agit d'un accident. Selon lui, Zainab a effectivement pris les clés de la voiture cette fameuse nuit, elle s'est retrouvée aux écluses et a conduit jusque dans l'eau par accident. Elle et ses trois passagères, pétrifiées et désorientées par la noirceur une fois dans l'eau, ont été incapables de sortir de la Nissan. Il a dit que l'islam ne permet pas les crimes d'honneur. «Il n'y a pas d'honneur à tuer», a-t-il dit. La Couronne pense que les victimes peuvent avoir été noyées ailleurs, avant d'être mises dans la Nissan.

«On ne sait pas où, on ne sait pas comment... Les spéculations de la Couronne ne sont pas de la preuve», a-t-il lancé en demandant au jury d'acquitter Mohammad Shafia. L'avocat a livré sa plaidoirie en moins de deux heures. Tout de suite après, c'est Me David Crowe, avocat de Tooba Yahya, qui a commencé la sienne. Il a rappelé que les défuntes décrivaient leur mère «comme un ange», en 2009. Vers midi et vingt, Me Crowe a demandé la pause du midi. Il finira sa plaidoirie cet après-midi. Ce sera alors au tour de Me Patrick McCann, qui représente Hamed, de parler. Pour la première fois depuis le début du procès, beaucoup de gens n'ont pas pu entrer dans la salle de 150 places, parce qu'il y avait trop de monde.

Rappelons que Mohamamd Shafia, son épouse Tooba, et leur fils Hamed, sont accusés des meurtres prémédités de leurs trois filles et de la première épouse de Mohammad. Zainab, 19 ans, Sahar, 17 ans, Geeti, 13 ans, et Rona, 53 ans, ont été trouvées noyées dans l'écluse de Kingston Mills le matin du 30 juin 2009. La famille de dix rentrait à Montréal après un voyage à Niagara, lorsque la tragédie est arrivée. La famille s'était arrêtée dans un motel de Kingston pour dormir.

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