Pantera72 a écrit : [...]
En fait, je dirais tout simplement que nécrophilie est une terme utilisé en psychologie/psychiatrie et non en droit criminel. On accuse pas quelqu'un de nécrophilie en cour car il ne s'agit pas d'un crime tel que défini dans le Code criminel: on y parle d'outrage à un cadavre. Et les accusations ne peuvent que référer à des crimes tels que décrits dans le Code criminel, tout simplement.
On fait une guerre de mots ici pour des termes qui sont simplement mal utilisés car spécifiques à des domaines différents
Pour être reconnu coupable d'un outrage sur un cadavre, il faut deux choses: l'actus reus et le mens rea.
L'actus reus consiste simplement à commettre le geste. Exemple: tuer quelqu'un
Le mens rea, quant à lui, c'est l'intention de poser le geste. Exemple: le désir réel est de d'enlever une vie ou de commettre un geste qui est susceptible de le faire (voie de faits).
Dans le cas d'un accident de la route ou un bris du véhicule ou les intempéries sont en causes, il n'y aura aucune accusation criminel si on constate qu'il n'y avait aucune intention de tuer et qu'aucune manoeuvre en ce sens ont été effectuées ex: conduite dangereuse.
En fin de compte, le geste doit être fait intentionnellement. Dans le cas de Francis Proulx, il a été reconnu coupable d'outrage sur un cadavre parce qu'il a abusé sexuellement d'un cadavre et qu'évidemment, il en avait l'intention. Il avait fonc un actus reus, et un mens rea.
Juridiquement parlant, l'accusation est bétonné... il il n'y a visiblement pas eu de place au doute.
Parlons maintenant du terme nécrophile. Toutes les paraphilies du DSM IV doivent impliquer les notions suivantes pour que l'on puisse parler de paraphilie.
A) Présence de fantaisies imaginatives sexuellement excitantes, d'impulsions sexuelles, ou de comportement, survenant de façon répétée et intense, pour une période d'au moins 6 mois impliquant... (l'objet de la déviance)
Selon la paraphilie, il est aussi question de un ou l'autre des arguments suivants:
B) Les fantaisies imaginatives sexuellement excitantes, d'impulsions sexuelles, ou de comportement sont à l'origine d'une souffrance cliniquement significative ou d'une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d'autres domaines importants.
C) La personne a cédé à ces impulsions sexuelles, oà les impulsions sexuelles ou les fantaisies imaginatives sont à l'origine d'un désarroi prononcé ou des difficultés interpersonnelles.
La nécrophilie est une paraphilie non spécifiée, ce qui fait que les critères ne sont pas nommé. Cela dit, les critères sont sensiblement les même d'une déviance à l'autre, à l'exception de certaines paraphilies qui sont tolérées lorsque pratiquées avec des personnes consentantes.
Bref, les questions à se poser pour savoir si Francis Proulx est ou non nécrophiles sont forts nombreuses:
1) est-ce que son geste impliquait des fantaisies imaginatives, impulsion sexuelles?
2) Si oui, était-ce un fantasme qu'il maintenait depuis au moins 6mois?
3) Est-ce que ses éventuelles fantaisies ont été accomplies ou sont elles à l'origine d'un désarroi et d'une altération du fonctionnement social?
Nous, nous ne pouvons répondre à tous ses éléments. Qu'on s'y connaisse dans le domaine, qu'on ait été proche des lieux du crime au moment où il a été commis... rien de tout cela n'est suffisant. Voila pourquoi seul le psychiatre sera en mesure de poser un tel diagnostic.
On est loin d'une simple guerre de mots destiné à deux domaines différents.... puisque les critères d'admission ne sont même pas les mêmes!
Dans cette situation, il ne semble pas très grave d'apposer une étiquette en vertu de ce qu'il a fait... mais je pense que l'on devrait toujours émettre des réserves avant de mettre une étiquette aussi importante sur quelqu'un.