«Dis son nom»: Jasmin Roy perd l’anonymat devant la Cour suprême et réplique
La Cour suprême refuse à Jasmin Roy le droit à l’anonymat dans le dossier qui l’opposait à un homme l’ayant placé sur la liste en ligne «Dis son nom». «Déçu» par la décision, l’acteur et animateur dit en entrevue être victime «depuis trois ans» d’une campagne de harcèlement par un individu qu’il ne «connaît pas».
C’est la première fois que Jasmin Roy prend la parole dans ce dossier, après avoir tenté de maintenir l’anonymat devant la Cour supérieure en 2021, la Cour d’appel en 2022, puis finalement la Cour suprême, dans l’éventualité d’une poursuite en diffamation. Elles ont toutes refusé, mais un interdit de publication restait en vigueur tout au long du processus, qui s’est conclu aujourd’hui.
«Je voulais avoir l’anonymat parce que je voulais avoir la paix d’esprit en faisant ce que j’avais à faire. Ça m’enlève la paix d’esprit parce que c’est en train de devenir un cirque médiatique», explique Jasmin Roy au téléphone. «C’est très douloureux pour moi.»
À l’origine de ce «cirque» se trouvent les allégations d’un dénommé Jean-François Robillard, qui a accusé M. Roy d'abus sexuel sur Facebook. Peu de temps après, son nom est apparu sur la liste «Dis son nom», après quoi ces derniers ont été mis en demeure par Jasmin Roy et la Fondation Jasmin Roy Sophie Desmarais. Son nom est disparu, puis réapparu, avant d’être effacé encore en 2021.
Maintenant que son identité est révélée au grand jour, c’est Jasmin Roy qui accuse M. Robillard de «harcèlement» et de «menaces» à son égard et à l’égard d’un des employés de sa fondation.
«Il a su où je restais, il a su où mon employé restait. J’ai vendu mon condo à cause de ça», dit-il.
«J’ai des preuves. J’ai des vidéos comme quoi il a essayé d’entrer à plusieurs reprises dans mon édifice. J’ai une lettre écrite de ses mains dans laquelle il se fait passer pour des journalistes du Devoir. J’ai tout ça.»
M. Robillard a déposé une plainte au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Elle a été rejetée.
M. Roy dit aussi avoir déposé une plainte au SPVM en 2021.
«L’enquêtrice, quand elle m’a appelé, elle m’a dit: «C’est quelqu’un qu’on connaît déjà, ce monsieur Robillard, ce n’est pas la première fois, on va l’avoir à l’œil», a-t-il affirmé.
Ces «preuves» auraient été déposées lors de la phase d’appel, mais n’auraient pas été prises en compte dans la décision des juges, soutient Jasmin Roy.
Dans la décision rendue le 31 août 2022 par la Cour d’appel, la juge Sophie Lavallée refusait l’anonymat à Jasmin Roy parce que «les renseignements que [Jasmin Roy] cherche à protéger ne sont pas très sensibles».
«Sa vie privée pourra certes être perturbée, mais il n’a pas démontré que l’intérêt pertinent en matière de vie privée se rapportant à la dignité de la personne serait sérieusement menacé en l’espèce», affirme-t-elle.
Jasmin Roy, qui jusqu’ici était identifié dans les médias comme une «personnalité publique» dans le cadre de cette affaire, dit craindre l’impact de l’éclatement de cette affaire sur les activités de sa fondation.
De leur côté, les avocats de Jean-François Robillard et des administratrices de «Dis son nom» se sont dits «satisfaits».
«Ça clôt un débat qui existait toujours, à savoir si les personnes qui sont poursuivies pour agression sexuelle ont le droit à l’anonymat», a déclaré au téléphone un des avocats de la défense dans le dossier, Justin Wee.
Pour l’instant, Jasmin Roy souhaite «laisser passer la tempête» avant d’évaluer avec ses avocats les options qui s’offrent à lui.
«C’est sûr que j’ai peur, mais je n’ai rien à me reprocher, fait que je vais aller au bat», a déclaré Jasmin Roy.
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