Re: Procès de Guy Turcotte
Publié : jeu. mai 19, 2011 2:14 pm
Guy Turcotte était obsédé par l'argent après la mort de ses enfants
Nouvelles générales - Justice
Écrit par David Santerre
Jeudi, 19 mai 2011 13:37
SAINT-JÉRÔME – Quelques jours seulement après les meurtres qu’il dit avoir commis alors qu’il n’avait pas tous ses esprits, Guy Turcotte a entrepris une vaste et très méticuleuse opération de recouvrement de ses biens, son argent, et même de cadeaux offerts précédemment à la mère des enfants qu’il a assassinés.
C’est ce que le cardiologue a admis ce jeudi matin à la reprise de son témoignage qui dure depuis le 9 mai dernier.
Contre-interrogé pour une quatrième journée par Me Claudia Carbonneau, procureur de la couronne, il a admis avoir continué d’assouvir sa vengeance envers Isabelle Gaston alors qu’il était hospitalisé au pavillon Albert-Prévost de l’hôpital du Sacré-Cœur de Montréal, puis à l’Institut Philippe-Pinel, où il a été détenu après sa mise en accusation afin de s’y soumettre à une évaluation psychiatrique.
Ainsi, moins de deux semaines après avoir poignardé Olivier et Anne-Sophie, le 20 février 2009 de dizaines de coups de couteau, il téléphonait à sa représentante en assurance pour modifier le nom des bénéficiaires de son assurance-vie, qui était auparavant au bénéfice d’Isabelle Gaston, de qui il s’était douloureusement séparé en janvier 2009.
Guy Turcotte et sa défunte fille Anne-Sophie. Photo d'archives
«J’avais pris cette assurance-vie pour protéger le niveau de vie des enfants. Comme les enfants n’étaient plus là et qu’il était clair à ce moment-là que j’allais mourir par suicide, j’ai fait changer ça pour que ce soit ma famille qui touche l’assurance-vie», a-t-il expliqué.
Ce n’est pas la seule chose qu’il ait retiré à Isabelle Gaston.
Il a ensuite donné pour mission à ses parents de récupérer des billets bons pour un forfait dans un spa initialement offerts à Noël à Isabelle Gaston, ainsi que des billets pour un spectacle de Marie-Mai qu’il devait aller voir avec Mme Gaston et leur deux enfants aimaient beaucoup la chanteuse.
«J’ai appelé mon père pour lui dire que parmi les choses que je voulais récupérer, il y avait le forfait au spa. C’était une erreur d’avoir acheté ça. Isabelle me trompait déjà quand je les ai achetés. Je n’ai pas eu de cadeaux ce Noël-là et Isabelle était partie (dans le sud) à Noël. J’ai voulu que ce soit utilisé par ma famille», a-t-il expliqué.
Quant aux billets de Marie-Mai, il voulait que sa filleule en profite.
Il s’est aussi arrangé pour que l’argent placé dans ses REER soit déplacé d’un compte à risque vers un moins risqué parce qu’il voyait à l’époque la bourse dégringoler.
«J’ai perdu des dizaines de milliers de dollars à cause de ça», a affirmé le cardiologue.
«J’étais obsédé par l’argent, parce que je n’en avais pas», a-t-il ajouté.
Ne pas oublier les patates
Ainsi, il a dressé dans les jours après le meurtre une liste de choses qu’il souhaitait voir ses parents récupérer dans la maison de Piedmont qu’il louait et où il a assassiné ses enfants.
Une liste est si précise qu’elle mentionnait même des «pompes à savon» et des patates qui étaient encore dans le garde-manger. Et une caisse contenant des chaudrons récemment achetés au Club Price et qu’il n’avait pas utilisé encore.
«Je voulais que ma mère aille au Club Price pour se les faire rembourser. Parce que je n’en avais pas besoin dans le moment et parce qu’il me manquait d’argent», a-t-il encore répété.
Dans un message téléphonique laissé le 1er mars 2009 à Nathalie Lemelin, chef technicienne du département de cardiologie de l’Hôtel-Dieu de Saint-Jérôme, il expliquait son besoin criant de fonds.
S’excusant pour le «chiore» qu’il cause au département, il lui demandait alors de récupérer pour lui dans son bureau un chèque non encaissé d’environ 350 $.
«Je vais avoir ben des avocats à payer», lui explique-t-il dans ce message qui a été présenté au jury.
«Ma calculatrice, je la lègue…»
Puis, la fin de ce message est une espèce de long testament à l’attention du département de cardiologie.
«Je te remercie Nathalie pour ton sourire qui m’a toujours fait du bien. Ma calculatrice, je la lègue à Marie-Josée. Tu salueras Jean (Gautier, cardiologue et chef du département), un grand professionnel. Patrick, j’admire son sens clinique. Merci à Annie pour son empathie. Dis à Dominic que je ne le dérangerai plus, je ne lui demanderai plus de service», énumère-t-il.
Toutes ces opérations, il dit les avoir faites parce qu’il avait besoin d’argent certes, mais aussi pour occuper son esprit et ne pas penser au carnage dont il était l’auteur. Car il dit qu’il avait alors toujours envie de se suicider, mais qu’il ne le pouvait pas.
«À Pinel, j’étais dans une cellule sécuritaire. Je voulais mourir plus que jamais. Je faisais des crises, je criais que je voulais mourir. À Pinel, c’est impossible de se suicider. J’étais en sous-vêtement, avec une paire de bas, un t-shirt, une couverture épaisse et même pas de drap pour me pendre. La cellule était fouillée chaque fois que j’y entrais», se souvient Turcotte, dont le témoignage se poursuit en après-midi.
http://www.ruefrontenac.com/nouvelles-g ... ment-biens" onclick="window.open(this.href);return false;
Sti...
Nouvelles générales - Justice
Écrit par David Santerre
Jeudi, 19 mai 2011 13:37
SAINT-JÉRÔME – Quelques jours seulement après les meurtres qu’il dit avoir commis alors qu’il n’avait pas tous ses esprits, Guy Turcotte a entrepris une vaste et très méticuleuse opération de recouvrement de ses biens, son argent, et même de cadeaux offerts précédemment à la mère des enfants qu’il a assassinés.
C’est ce que le cardiologue a admis ce jeudi matin à la reprise de son témoignage qui dure depuis le 9 mai dernier.
Contre-interrogé pour une quatrième journée par Me Claudia Carbonneau, procureur de la couronne, il a admis avoir continué d’assouvir sa vengeance envers Isabelle Gaston alors qu’il était hospitalisé au pavillon Albert-Prévost de l’hôpital du Sacré-Cœur de Montréal, puis à l’Institut Philippe-Pinel, où il a été détenu après sa mise en accusation afin de s’y soumettre à une évaluation psychiatrique.
Ainsi, moins de deux semaines après avoir poignardé Olivier et Anne-Sophie, le 20 février 2009 de dizaines de coups de couteau, il téléphonait à sa représentante en assurance pour modifier le nom des bénéficiaires de son assurance-vie, qui était auparavant au bénéfice d’Isabelle Gaston, de qui il s’était douloureusement séparé en janvier 2009.
Guy Turcotte et sa défunte fille Anne-Sophie. Photo d'archives
«J’avais pris cette assurance-vie pour protéger le niveau de vie des enfants. Comme les enfants n’étaient plus là et qu’il était clair à ce moment-là que j’allais mourir par suicide, j’ai fait changer ça pour que ce soit ma famille qui touche l’assurance-vie», a-t-il expliqué.
Ce n’est pas la seule chose qu’il ait retiré à Isabelle Gaston.
Il a ensuite donné pour mission à ses parents de récupérer des billets bons pour un forfait dans un spa initialement offerts à Noël à Isabelle Gaston, ainsi que des billets pour un spectacle de Marie-Mai qu’il devait aller voir avec Mme Gaston et leur deux enfants aimaient beaucoup la chanteuse.
«J’ai appelé mon père pour lui dire que parmi les choses que je voulais récupérer, il y avait le forfait au spa. C’était une erreur d’avoir acheté ça. Isabelle me trompait déjà quand je les ai achetés. Je n’ai pas eu de cadeaux ce Noël-là et Isabelle était partie (dans le sud) à Noël. J’ai voulu que ce soit utilisé par ma famille», a-t-il expliqué.
Quant aux billets de Marie-Mai, il voulait que sa filleule en profite.
Il s’est aussi arrangé pour que l’argent placé dans ses REER soit déplacé d’un compte à risque vers un moins risqué parce qu’il voyait à l’époque la bourse dégringoler.
«J’ai perdu des dizaines de milliers de dollars à cause de ça», a affirmé le cardiologue.
«J’étais obsédé par l’argent, parce que je n’en avais pas», a-t-il ajouté.
Ne pas oublier les patates
Ainsi, il a dressé dans les jours après le meurtre une liste de choses qu’il souhaitait voir ses parents récupérer dans la maison de Piedmont qu’il louait et où il a assassiné ses enfants.
Une liste est si précise qu’elle mentionnait même des «pompes à savon» et des patates qui étaient encore dans le garde-manger. Et une caisse contenant des chaudrons récemment achetés au Club Price et qu’il n’avait pas utilisé encore.
«Je voulais que ma mère aille au Club Price pour se les faire rembourser. Parce que je n’en avais pas besoin dans le moment et parce qu’il me manquait d’argent», a-t-il encore répété.
Dans un message téléphonique laissé le 1er mars 2009 à Nathalie Lemelin, chef technicienne du département de cardiologie de l’Hôtel-Dieu de Saint-Jérôme, il expliquait son besoin criant de fonds.
S’excusant pour le «chiore» qu’il cause au département, il lui demandait alors de récupérer pour lui dans son bureau un chèque non encaissé d’environ 350 $.
«Je vais avoir ben des avocats à payer», lui explique-t-il dans ce message qui a été présenté au jury.
«Ma calculatrice, je la lègue…»
Puis, la fin de ce message est une espèce de long testament à l’attention du département de cardiologie.
«Je te remercie Nathalie pour ton sourire qui m’a toujours fait du bien. Ma calculatrice, je la lègue à Marie-Josée. Tu salueras Jean (Gautier, cardiologue et chef du département), un grand professionnel. Patrick, j’admire son sens clinique. Merci à Annie pour son empathie. Dis à Dominic que je ne le dérangerai plus, je ne lui demanderai plus de service», énumère-t-il.
Toutes ces opérations, il dit les avoir faites parce qu’il avait besoin d’argent certes, mais aussi pour occuper son esprit et ne pas penser au carnage dont il était l’auteur. Car il dit qu’il avait alors toujours envie de se suicider, mais qu’il ne le pouvait pas.
«À Pinel, j’étais dans une cellule sécuritaire. Je voulais mourir plus que jamais. Je faisais des crises, je criais que je voulais mourir. À Pinel, c’est impossible de se suicider. J’étais en sous-vêtement, avec une paire de bas, un t-shirt, une couverture épaisse et même pas de drap pour me pendre. La cellule était fouillée chaque fois que j’y entrais», se souvient Turcotte, dont le témoignage se poursuit en après-midi.
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