Construction
Un travailleur battu à coups de bâton
Rémi Nadeau
30/11/2011
QUÉBEC - Un syndiqué de la CSN-Construction a été sauvagement agressé à coups de bâton de baseball lors de la dernière journée de perturbation sur les chantiers, le 25 octobre.
Passée sous radar jusqu’ici, la plus violente agression en marge des débrayages exprimant l’opposition des membres de la FTQ construction et du Conseil provincial (International) à l’abolition du placement syndical est survenue près du chantier de l’autoroute 30, à Vaudreuil-Dorion. Un syndiqué de la CSN construction, qui a refusé de déserter le chantier malgré le mot d’ordre, a été battu non loin des lieux, lorsqu’il a finalement quitté après son quart de travail.
« Le matin, il s’est fait dire par deux personnes de la FTQ : ‘’Écoute ben, on a ta plaque, la description de ton pick-up et ça va aller mal pour toi’’ », a raconté le sergent Bruno Beaulieu, de la Sûreté du Québec de Vaudreuil-Soulanges.
«Amoché pas mal»
C’est beaucoup plus tard, après être parti au volant de la camionnette appartenant au consortium Nouvelle autoroute 30, qu’il a été forcé de se ranger, sur la montée Labossière, puis battu.
« Un autre pick-up l’a suivi, puis deux autres individus qui y prenaient place ont débarqué et l’ont frappé à la tête, avant de vandaliser le camion avec le bâton », a poursuivi le policier.
Lorsque la victime a contacté la police, elle avait deux dents cassées et de nombreuses ecchymoses.
« Il était amoché pas mal », a indiqué le sergent Beaulieu.
La SQ a fourni une description des deux suspects à l’hebdo local « L’Étoile » afin de solliciter la collaboration du public, mais n’a pas été en mesure jusqu’ici de les retracer.
Son syndicat outré
Jointe mardi, la direction de la CSN construction a confirmé qu’un de ses membres avait été agressé.
« C’est plus que disgracieux, c’est inacceptable », a réagi le président, Aldo Miguel Paolinelli.
S’il laisse le soin à la police de relier l’événement au débrayage survenu plus tôt cette journée-là, le président de la CSN-Construction pointe néanmoins un doigt accusateur vers la FTQ-Construction et le Conseil provincial, à qui il reproche d’avoir mis le feu aux poudres.
« Quand le directeur général du Conseil provincial, Donald Fortin, a déclaré qu’ils nous raieraient de la carte, au début octobre, et qu’on a vu ensuite qu’ils vidaient les chantiers, ça traduisait par la force physique le climat créé par le verbe », a-t-il illustré.
L’entrepreneur peu bavard
Pour sa part, la porte-parole de l'entreprise Nouvelle autoroute 30, Isabelle Malbœuf, a préféré ne pas commenter.
« Un de nos camions a été endommagé, mais pour le reste, l’événement s’est passé à l’extérieur du chantier », a-t-elle indiqué.
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La FTQ incrédule
La FTQ-Construction ne peut croire que des personnes liées à son organisation auraient pu passer à tabac un travailleur ayant refusé de suivre un mot d’ordre de débrayage.
« On est un mois plus tard et, à ce moment-là, dès qu’un incident se produisait, on le savait tout de suite », a fait remarquer le directeur général, Yves Ouellet.
Joint par téléphone mardi, il disait n’avoir jamais entendu parler de cet événement.
« J’ai appelé les gens responsables de la direction du projet nouvelle autoroute 30, et ils me disent qu’ils ne lient pas ce qui s’est passé aux moyens de pression survenus sur le chantier », a-t-il indiqué.
Selon lui, l’histoire ne tient pas debout.
« Si ça avait été relié, c’est sûr que ça aurait fait le tour du chantier et je l’aurais su », a ajouté Yves Ouellet.
Le directeur général de la FTQ-Construction a insisté pour prendre ses distances de tout acte violent qui aurait pu survenir en marge des débrayages survenus les 24 et 25 octobre à travers le Québec.
« Jamais, jamais, on ne va cautionner ça. Ce n’est même pas une question de centrale, c’est une question d’humanité », a-t-il déclaré.
D’autres événements violents avaient été rapportés après les deux journées de perturbation.
Notamment, un jeune apprenti menuisier de 21 ans, Michel Saint-Germain, avait raconté s’être fait frapper au visage par des fiers-à-bras, alors qu’il refusait de quitter l’immeuble à logements où il travaillait, à Rigaud.
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