Procès Turcotte: la psychiatre conclut son analyse
Nouvelles générales - Justice
Écrit par David Santerre
Lundi, 30 mai 2011 13:57
Mise à jour le Lundi, 30 mai 2011 14:12
SAINT-JÉRÔME – Le procès du cardiologue Guy Turcotte, accusé du double-meurtre de ses enfants Olivier et Anne-Sophie, a repris ce lundi matin avec le très long interrogatoire de la psychiatre Dominique Bourget.
Elle est à la barre des témoins pour une quatrième journée, et son contre-interrogatoire par la couronne n’a pas encore commencé.
Cet avant-midi, elle a poursuivi son analyse du cas Turcotte. Elle a rencontré l’homme à deux reprises à la demande de son avocat Me Pierre Poupart, au début de 2010.
On savait déjà depuis vendredi qu’elle considère que Turcotte a disjoncté à un point tel qu’il ne pouvait réaliser ce qu’il faisait quand il poignardait à mort ses enfants le soir du 20 ou la nuit du 21 février 2009 dans la demeure de Piedmont qu’il louait depuis sa houleuse séparation avec la mère de ses enfants, Isabelle Gaston.
Elle a poursuivi dans cette voie ce matin.
« Il est clair d’un point de vue médical qu’il était à ce moment là sévèrement dépressif et hautement suicidaire. Il attribuait ses gestes à un motif qui n’a pas d’allure, soit d’amener ses enfants avec lui pour leur éviter de la souffrance. C’est délirant. Il souffrait d’une sérieuse distorsion cognitive », a-t-elle opiné.
« Nous sommes en conséquence d’opinion que M. Turcotte n’avait cliniquement plus la capacité d’apprécier la nature et les conséquences de ses gestes au moment où il les posait », a-t-elle écrit en clôture de son rapport d’expertise.
Pourquoi s’il n’était pas conscient tant parler de ses crimes et s’auto-accuser à qui voulait l’entendre dans les jours et mois qui ont suivi, lui a demandé Me Poupart.
Dur retour à la réalité
« Il n’était plus en mode automatique. C’est un homme intelligent. Il s’est rendu compte qu’il était encore vivant alors qu’il croyait mourir. Ça a été un dur retour à la réalité, il a des souvenirs qui le terrifient, des flashes, des images de lui en train de donner des coups de couteau à ses enfants », a expliqué la psychiatre.
Elle a aussi mentionné que rien dans la preuve ne semblait démontrer que Guy Turcotte avait prévu se suicider et encore moins tuer ses enfants jusqu’à quelques heures avant les crimes.
La preuve, quelques jours plus tôt, il renouvelait pour une longue période la prescription de pompes que devaient utiliser Olivier en raison de son asthme, afin que celui-ci n’aient pas à les transporter entre les maisons de ses deux parents.
Le matin même, il achetait un gros contenant de suppléments de protéines au gym où il s’entraînait.
« Il pensait au futur. On peut penser qu’il allait se servir de ces protéines, comme des médicaments pour les enfants », a indiqué le Dr Bourget.
Statistiques
Elle a par la suite exposé le fruit de ses travaux sur les meurtres d’enfants par leurs parents au Québec depuis 1990.
60 % de ces crimes sont commis par les pères, le reste par les mères.
Dans 52 % des cas, ces pères souffrent de dépressions majeures, 10 % de schizophrénie et 5 % sont intoxiqués par l’alcool ou la drogue.
Seulement 4 % (deux cas entre 1991 et 2001) de ces pères tuent par vengeance contre la mère, sans qu’il n’y ait de maladie mentale d’impliquée dans les causes de ces meurtres.
60 % de ces parents qui tuent leur enfant se suicident après, une proportion qui grimpe à 86 % lorsque ces parents tuent deux enfants ou plus.
Le Dr Bourget devrait subir le contre-interrogatoire de la couronne qui tentera de démolir ses conclusions, à compter de cet après-midi.
http://www.ruefrontenac.com/nouvelles-g ... re-bourget" onclick="window.open(this.href);return false;