Publié : mar. avr. 25, 2017 2:56 pm
Les armes de métal de Louis-Paul
Hugo Dumas La Presse
Il se passe quelque chose de surréel à La voix. Ça ressemble quasiment à un coup de pub – ou à une expérience de caméra cachée –, tellement c’est inattendu.
Un chanteur de death métal, Louis-Paul Gauvreau, sympathique gaillard de 28 ans, a été propulsé en demi-finale, dimanche soir, grâce à l’appui indéfectible de sa coach Isabelle Boulay, mais surtout parce que le public québécois l’a adopté à la vie, à la mort. Sortez la langue ici et faites un signe du diable, merci.
Et dimanche prochain, il y a de fortes chances que le barbu Louis-Paul batte facilement l’autre demi-finaliste de son équipe, l’Acadien Frank Williams, plus timide, moins flamboyant. Honnêtement, ça serait tout un pied de nez au système que Louis-Paul Gauvreau, que personne n’imaginait sur le podium lors de son audition à l’aveugle, se faufile jusqu’à la toute dernière émission.
Au début, je trouvais ça ridicule et inutile qu’Isabelle Boulay pousse autant pour ce concurrent atypique, qui pratique un art guttural aucunement compatible avec l’émission-vedette de TVA.
Avec du recul, la subversion que traduit la montée de Louis-Paul ne me déplaît pas du tout. Tant mieux s’il brasse quelques mononcles comme moi.
La voix a toujours flirté avec la pop adulte contemporaine, qui n’ébouriffe pas et qui s’écoute bien en auto ou dans la salle d’attente du dentiste. Là, nous avons affaire à un colosse qui porte des manches de cuir avec des pics, qui hurle un flot de mots devant des colonnes de feu et qui, contrairement à un très intense Michaël, ne prend pas cette compétition trop au sérieux.
D’ailleurs, à l’annonce des résultats par Charles Lafortune, Louis-Paul Gauvreau a eu l’air tout aussi étonné que les téléspectateurs de sa victoire. Imaginez maintenant la suite. Isabelle Boulay et Paul Daraîche devront (probablement) lui écrire une chanson qui colle à son amour du trash métal. Ni l’un ni l’autre ne possède cette expertise. Comment s’en sortiront-ils ?
Jusqu’à présent, Louis-Paul n’a jamais dérogé de son style, autant musical que vestimentaire. Dans son duel avec Rose Langis, il a interprété Born To Be Wild de Steppenwolf avec sa voix d’outre-tombe. Il n’a rien tenté d’adoucir ou d’aplanir pour charmer les électeurs. Cette authenticité a été payante, au final.
Il faut toutefois être réaliste : est-ce qu’un disque de métal étiqueté La voix se vendrait aussi bien qu’un album country avec le visage de Yoan étampé dessus ? Ça m’étonnerait. Voter pour Louis-Paul à La voix, c’est facile, peu engageant et beaucoup moins cher que d’acheter un CD en entier.
D’un autre côté, le métal compte de nombreux admirateurs, particulièrement dans la région de Québec. Québecor aurait-il déniché la solution magique pour remplir son Centre Vidéotron ? Devil, Louis-Paul !
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Hugo Dumas La Presse
Il se passe quelque chose de surréel à La voix. Ça ressemble quasiment à un coup de pub – ou à une expérience de caméra cachée –, tellement c’est inattendu.
Un chanteur de death métal, Louis-Paul Gauvreau, sympathique gaillard de 28 ans, a été propulsé en demi-finale, dimanche soir, grâce à l’appui indéfectible de sa coach Isabelle Boulay, mais surtout parce que le public québécois l’a adopté à la vie, à la mort. Sortez la langue ici et faites un signe du diable, merci.
Et dimanche prochain, il y a de fortes chances que le barbu Louis-Paul batte facilement l’autre demi-finaliste de son équipe, l’Acadien Frank Williams, plus timide, moins flamboyant. Honnêtement, ça serait tout un pied de nez au système que Louis-Paul Gauvreau, que personne n’imaginait sur le podium lors de son audition à l’aveugle, se faufile jusqu’à la toute dernière émission.
Au début, je trouvais ça ridicule et inutile qu’Isabelle Boulay pousse autant pour ce concurrent atypique, qui pratique un art guttural aucunement compatible avec l’émission-vedette de TVA.
Avec du recul, la subversion que traduit la montée de Louis-Paul ne me déplaît pas du tout. Tant mieux s’il brasse quelques mononcles comme moi.
La voix a toujours flirté avec la pop adulte contemporaine, qui n’ébouriffe pas et qui s’écoute bien en auto ou dans la salle d’attente du dentiste. Là, nous avons affaire à un colosse qui porte des manches de cuir avec des pics, qui hurle un flot de mots devant des colonnes de feu et qui, contrairement à un très intense Michaël, ne prend pas cette compétition trop au sérieux.
D’ailleurs, à l’annonce des résultats par Charles Lafortune, Louis-Paul Gauvreau a eu l’air tout aussi étonné que les téléspectateurs de sa victoire. Imaginez maintenant la suite. Isabelle Boulay et Paul Daraîche devront (probablement) lui écrire une chanson qui colle à son amour du trash métal. Ni l’un ni l’autre ne possède cette expertise. Comment s’en sortiront-ils ?
Jusqu’à présent, Louis-Paul n’a jamais dérogé de son style, autant musical que vestimentaire. Dans son duel avec Rose Langis, il a interprété Born To Be Wild de Steppenwolf avec sa voix d’outre-tombe. Il n’a rien tenté d’adoucir ou d’aplanir pour charmer les électeurs. Cette authenticité a été payante, au final.
Il faut toutefois être réaliste : est-ce qu’un disque de métal étiqueté La voix se vendrait aussi bien qu’un album country avec le visage de Yoan étampé dessus ? Ça m’étonnerait. Voter pour Louis-Paul à La voix, c’est facile, peu engageant et beaucoup moins cher que d’acheter un CD en entier.
D’un autre côté, le métal compte de nombreux admirateurs, particulièrement dans la région de Québec. Québecor aurait-il déniché la solution magique pour remplir son Centre Vidéotron ? Devil, Louis-Paul !
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