Joe Dassin version moderne... et féminine
Sandra Godin
Dimanche, 1 octobre 2017
Deux ans après l’album Elles chantent Cabrel, un collectif de treize chanteuses de tous horizons refait l’exercice, cette fois-ci avec le répertoire mélancolique et intouchable d’un autre grand chanteur français : Joe Dassin.
Faire un album de reprises est toujours un peu délicat. Mais le réalisateur Guy Tourville a réussi à bien mélanger les sons vieillots des chansons de Dassin avec des arrangements plus modernes.
« Ce qui a donné le son plus moderne, c’est qu’on a mis moins d’instruments qu’à l’époque, explique-t-il. Lui, il jouait avec des orchestres, plein de cuivres, plein de cordes. Je suis allé chercher un peu de ça, mais avec parcimonie. »
Il a aussi conservé l’aspect mélancolique de son répertoire. « Il avait une manière très désinvolte de dire des choses déchirantes, souvent très tristes. » Désirée
Mais il réussit avec brio, surtout, à mettre ces mots d’hommes dans la bouche de chanteuses. Outre les voix de Marie-Élaine Thibert, Valérie Lahaie et Désirée, qu’il nous fait entendre, Guy Tourville a également sorti Guylaine Tanguay de sa zone de confort sur L’été indien, et repris la version des Champs-Élysées par Zaz, telle quelle.
« J’adore la musique chantée par des filles, dit-il. Il y a une sensibilité différente que celle faite par les hommes. Ça met en valeur certaines choses, qui, chantées par des hommes, ne sont pas aussi évidentes. »
À l’autre bout du fil, Guy Tourville explique aussi qu’il a beaucoup réfléchi avant d’embarquer dans le projet, parce que Joe Dassin était simplement un chanteur trop aimé.
« Dassin, c’est un plaisir coupable. Tout le monde aime Joe Dassin. Mes artistes les plus de gauche, les plus branchés, les plus alternatifs, avouent qu’ils aiment Dassin une fois la porte fermée », confie-t-il.
Donner un nouveau souffle
Annie Blanchard, qui interprète une chanson moins connue du chanteur, Le dernier slow, mais qui a été très populaire dans son patelin, au Nouveau-Brunswick, explique pourquoi il est important de donner un nouveau souffle à des pièces déjà si connues et aimées.
« J’entends encore dans les bars Salut les amoureux chantée par des jeunes de vingt ans, dit-elle. Ces classiques-là vont rester, et c’est important qu’on les reprenne pour les faire découvrir aux plus jeunes. Et pour les fans, c’est toujours intéressant d’entendre des versions plus actuelles, mais c’est là aussi que c’est important de ne pas les dénaturer. »
Elle admet que c’est tout de même un défi pour une femme de chanter les mots des hommes.
« Comme on le sait, Joe Dassin était un grand charmeur de femmes. Il y a donc deux façons de s’y prendre. Soit tu prends une chanson et que tu assumes le texte complètement, ou tu trouves une chanson qui est unisexe », explique-t-elle.
Une porte sur l’Europe
Ariane Brunet, qui ne fait que très peu de reprises, chantait Je l’aime à mourir sur l’album Elle chantent Cabrel en 2015. Elle avoue que c’est à ce jour sa chanson la plus écoutée sur Spotify.
« Ça avait ouvert la porte sur un public plus européen, s’est-elle réjouit. Il y a eu une résonance en Europe, les fans de partout m’écrivaient. » C’est à elle qu’on a confié l’interprétation du premier extrait d’Elles chantent Dassin, une douce version de Ça va pas changer le monde.
Mélissa Bédard apporte une touche de soul à Il était une fois nous deux. « Je trouve que c’est une des chansons que je chante le mieux. Quand on reprend des chansons comme ça, on ne veut pas que ce soit moins que ce que lui a fait comme œuvre. On veut être à la hauteur de ce qu’il nous a rendu dans le temps. »
♦ L’album sera en vente le 6 octobre.
source:
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