Paul Laplante
«L'étau se resserrait»
Agence QMI
09/02/2012 22h28
Paul Laplante
© Pierre-Paul Poulin / Agence QMI / Archives
Le dernier avocat de Paul Laplante, Me Marc Labelle, considère que le dossier de son client s'annonçait «difficile» et qu'il aurait été fort complexe à défendre.
«Ce que j'ai vu, c'est un tissu de circonstances amenant des questions qui auraient été difficiles à répondre par M. Laplante. [...] C'était une preuve circonstancielle, mais avec un paquet d'actes posés par M. Laplante», a confié Me Marc Labelle lors de son passage à l'émission Denis Lévesque, jeudi.
Paul Laplante, qui s'est enlevé la vie en prison le 9 janvier dernier, était considéré comme suspect dans le meurtre dont a été victime son épouse Diane Grégoire, en 2008.
À demi-mot, l'avocat insinue que la thèse de l'homicide involontaire était la plus probable. «Même si on sait que c'est Paul Laplante qui a commis le délit, la question, c'est: qu'est-ce qu'il a fait? Est-ce que c'est une discussion soudaine sur une infidélité qui a soulevé sa colère? Là, on parlerait plus d'un homicide involontaire ou d'un meurtre au second degré plutôt que d'un meurtre prémédité», a-t-il évalué.
Défense difficile en vue
Paul Laplante aurait difficilement pu clamer son innocence avec les éléments incriminants qui s'accumulaient. «L'étau se resserrait», a estimé Me Labelle, qui reconnaît que l'écoute électronique à l'insu de son client a fait «des dommages».
L'avocat ne s'est pas dit surpris que M. Laplante ait fait l'objet d'écoute électronique par le biais de sa propre fille: «Ça ne m'étonne pas, parce qu'elle a participé activement à toutes les périodes de l'enquête».
Selon ce que Me Labelle a pu apprendre, les relations étaient «au point mort» entre Paul Laplante et ses enfants. Avant son suicide, l'homme aurait d'ailleurs admis qu'il n'en était pas heureux.
Le suspect aurait également eu toutes les misères du monde à expliquer pourquoi il a rapporté la disparition de Diane Grégoire à 16h11, alors qu'il lui avait donné rendez-vous seulement 11 minutes plus tôt.
«Si votre conjointe est en retard de 10 minutes, dans un centre commercial, votre première réaction ne sera sûrement pas d'appeler la police. Vous allez la chercher, vous allez marcher un peu. À la rigueur, vous irez voir le service de sécurité... mais vous ne commencerez pas à appeler les policiers et le 9-1-1!» a lancé cet avocat qui n'a représenté Paul Laplante que pendant une brève période.
Démons du midi
Me Marc Labelle juge qu'il faut se pencher sur les raisons et les circonstances de la mort de Diane Grégoire. D'après l'analyse qu'il en fait, il vaut mieux miser sur les difficultés que connaissait le couple plutôt que sur le mobile économique pour expliquer le meurtre.
Pour Me Labelle, Paul Laplante «n'avait aucun bénéfice immédiat» à tuer sa femme.
Le fait qu'elle soit disparue «n'était pas payant pour lui. En déclarant la disparition de sa conjointe, elle devient une absente, a précisé l'avocat. Même si on est l'héritier, même si on a une procuration, on ne peut rien faire! Ça prend sept ans de disparition avant d'obtenir un jugement qui fait de nous un héritier.»
L'écoute électronique aurait permis de pointer dans cette direction. «Vous avez peut-être un couple qui était sur le point de se dissoudre», a formulé l'avocat, pour qui le couple Laplante-Grégoire était ni plus ni moins «en déroute».
«La maison était la maison de madame et elle était probablement à vendre parce que madame avait surpris monsieur avec des aventures extraconjugales», a-t-il ajouté.
Que répond-il à ceux qui ont évoqué les dépenses de Paul Laplante après la mort de son épouse? «Il a changé son train de vie, mais pas beaucoup. On a fait grand état d'une Mercedes, mais c'était une Mercedes bas de gamme», a précisé Me Labelle.
Un épisode affreux pour les enfants
En fin d'entrevue, Me Marc Labelle a eu des pensées empathiques pour les enfants de Paul Laplante. «Pour ces enfants-là, c'est la destruction de leur noyau familial en quelques mois», a-t-il dit.
Il a rappelé en quelques phrases - suicide de leur frère, disparition de leur mère, soupçons sur le père, mort de la grand-mère et, enfin, arrestation et suicide du père - les épreuves hors du commun au travers desquelles ils ont dû passer ces dernières années.
Malgré tout, il a tenu à défendre M. Laplante parce que «le système de justice n'est pas un système de vengeance», et tous ont droit à une défense pleine et entière.
«Je me suis dit: je vais faire du mieux que je peux pour que leur père ait la sentence qu'il mérite ou l'acquittement qu'il mérite», a conclu l'avocat.
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