Affaire Villanueva: Jeffrey Sagor Metellus amorce un témoignage attendu
BERNARD BARBEAU
26 mai 2010 19:13
MONTRÉAL - Jeffrey Sagor Metellus avait à peine amorcé son témoignage au sujet de l'affaire Villanueva, devant le coroner André Perreault, mercredi, au palais de justice de Montréal, qu'il contredisait déjà lui aussi des propos que la Sûreté du Québec (SQ) lui attribue.
Selon une déclaration assermentée, qu'on dit «de type KGB», Sagor Metellus a raconté aux enquêteurs de la SQ, le 11 août 2008, au sujet des événements survenus deux jours avant, qu'il était arrivé dans le stationnement adjacent à un parc de Montréal-Nord en compagnie de Martha Villanueva, la cousine de Fredy et Dany Villanueva.
Mais il n'en est rien, a-t-il assuré mercredi, lorsque interrogé par l'avocat du coroner Perreault, Frédérick Carle. Il a déclaré s'être présenté seul à cet endroit, où il a rencontré par hasard quelques-uns de ses amis, dont les trois membres du clan Villanueva.
Comme Denis Meas, qui l'a précédé à la barre, Sagor Metellus avait déjà contesté par le biais de son avocat le contenu de sa déposition à la SQ. Dany Villanueva et eux ont ainsi tous nié des affirmations que la police leur prête.
Sagor Metellus et Meas ont tous deux été blessés dans le drame, le premier au dos et l'autre, au haut du bras droit.
Jeffrey Sagor Metellus n'a témoigné que pendant une trentaine de minutes avant que les travaux ne soient suspendus jusqu'à lundi. Mais il a déjà laissé sa marque, faisant preuve d'une certaine désinvolture, voire d'impertinence.
L'homme de 22 ans au dossier judiciaire déjà bien garni n'a pas bronché en indiquant qu'il fume de la marijuana plusieurs fois par jour, tous les jours. Il en avait fumée ce jour-là et avait bu deux bières dans l'heure qui a précédé la tragédie. «J'avais quand même ma tête», a-t-il cependant soutenu.
Si certains, comme Denis Meas et Dany Villanueva, semblent avoir beaucoup de mal à s'en souvenir, Sagor Metellus a précisé qu'il faisait bel et bien partie du cercle de ceux qui jouaient aux dés à l'arrivée des policiers. Mais il ne participait pas aux paris. «J'ai aucune idée de qui jouait aux dés parce que ça ne m'intéressait pas, genre», a-t-il expliqué.
En fait, il ne joue jamais aux dés. «C'est pas que j'aime pas ça. Je veux pas donner mon argent à un autre.»
Sagor Metellus est un témoin-clé dans les travaux du coroner. D'après la thèse du camp policier, ses liens présumés avec le gang des Bloods sont au moins en partie responsables du comportement agressif qu'aurait adopté Dany Villanueva le soir fatidique, comportement qui aurait fait monter la tension au-delà du point de non-retour. Dany Villanueva était à ce moment sous le coup d'une interdiction d'être en présence de membres de gang de rue.
Des moments remplis de frayeur
Plus tôt dans la journée, Meas a insisté sur la peur qui l'a habité le soir où son grand ami a été abattu.
Après que le policier Jean-Loup Lapointe eut tiré quatre coups de feu, Denis Meas a ressenti une grande douleur dans le bras droit. Il avait déjà raconté dans son témoignage avoir été saisi de «panique» en constatant qu'il avait été atteint d'une balle.
L'agent Lapointe pointait encore son arme vers lui, a-t-il dit. «C'est terrifiant, voir ça!», s'est-il exclamé. Il avait alors pris la fuite.
Il a croisé un ami dans sa course, un certain Claude Laguerre, qui lui est venu en aide. Ils ont alors fait signe à une voiture de police qui arrivait sur les lieux.
Mais l'un des agents qui en sont descendus a lui aussi pointé une arme dans la direction de Meas. «Ils m'ont crié: 'couche-toi par terre, couche-toi par terre', a-t-il relaté. Moi, j'étais terrifé, je me suis couché par terre tout de suite!»
Il craignait d'être à nouveau pris pour cible. «J'ai cru que ça allait se faire encore une deuxième fois.» Il a plutôt été pris en charge et transporté à l'hôpital.
Sagor Metellus et Meas ont chacun reçu un projectile d'arme à feu. Fredy Villanueva a pour sa part été atteint à trois reprises. Comme l'agent Lapointe a tiré quatre balles, l'une d'elles a forcément touché deux des victimes.
Fait à noter, Claude Laguerre n'a pu être retracé par aucune des instances qui ont enquêté sur le drame. L'équipe du coroner aurait pourtant bien aimé pouvoir le faire témoigner.
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