Re: Dans l'oeil du dragon
Publié : mer. janv. 10, 2018 2:28 pm
Ah non mon préféré!
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Une dragonne qui n'investit pas
Au printemps 2017, alors que Caroline Néron se bat pour maintenir son entreprise à flot - notamment en empruntant sur la valeur du chalet de 2,9 millions -, elle donne plutôt l'impression d'avoir beaucoup de succès en se joignant à l'équipe de la populaire émission Dans l'oeil du dragon.
La Presse a contacté les huit entreprises avec lesquelles l'ex-dragonne avait conclu des « ententes », selon le site de Radio-Canada, lors de la plus récente saison de l'émission. Même si l'on sait que les propositions qu'on voit à l'écran ne se concrétisent pas toujours, le bilan de la bijoutière a de quoi étonner : aucune PME n'a reçu de fonds de Caroline Néron, qui a finalement quitté l'émission en décembre dernier pour consacrer la majeure partie de son temps à son entreprise et à son développement international, selon un message publié sur Instagram.
Toutes reconnaissent avoir bénéficié d'une façon ou d'une autre de la notoriété et de la visibilité de la chanteuse-actrice-entrepreneure, mais aucun échange d'argent ou de parts n'a eu lieu.
Un entrepreneur se serait même fait demander une importante somme hebdomadairement pour que sa nouvelle mentore l'aide.
Peter Costa, qui fabrique de la sauce à spaghetti bolognaise végétarienne, est le seul qui affirme avoir eu une offre sérieuse d'argent sur la table. Or, Mme Néron aurait inscrit dans le contrat des exigences jugées déraisonnables pour un prêt minime.
Alors que ses passages à la télé pouvaient laisser croire que la dragonne roulait sur l'or, elle était plutôt forcée de se trouver du financement « alternatif », c'est-à-dire non bancaire. Un prêt de quelques millions a été obtenu en 2017 auprès de Fiera Capital, confirment des sources fiables. Ce type de prêt temporaire (24 mois maximum) est assorti d'un taux d'intérêt de 10 à 20 %, étant donné la rapidité avec laquelle il est obtenu et sa flexibilité.
L'affaire Néron suscite des questions sur la nomination des «dragons»
L’importante restructuration annoncée dans les magasins des bijoux Caroline Néron a suscité des questions sur le processus de sélection de l’émission Dans l’oeil du dragon, dans laquelle de riches gens d’affaires s’engagent à investir dans des entreprises en démarrage.
Les problèmes financiers de Caroline Néron ont provoqué un coup de tonnerre dans le domaine québécois du divertissement, certains se demandant comment elle avait fait pour se qualifier comme dragonne à la populaire émission de téléréalité présentée à Radio-Canada.
François Lambert, qui a déjà participé à l’émission, déplore que le diffuseur public ne demande pas à ses vedettes de démontrer qu’ils ont du temps et des liquidités à offrir à leurs partenaires potentiels.
En entrevue, M. Lambert a affirmé que personnellement, il ne s’était jamais fait demander ses chiffres.
D’autres choix de dragons ont suscité la controverse. Gilbert Rozon, le fondateur de Juste pour rire, a fait l’objet de plusieurs allégations de nature sexuelle et est accusé de viol. Pour sa part, Martin-
Luc Archambault a quitté l’émission en septembre alors qu’une enquête du commissaire canadien à la vie privée révélait que son entreprise avait enfreint plusieurs articles de la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques.
François Lambert a cofondé l’entreprise Aheeva Technology, un système pour des centres d’appels disponible dans 75 pays. Il dit aussi avoir des investissements dans dix entreprises.
Selon lui, il n’y aurait fallu que peu de recherches pour disqualifier MM. Rozon et Archambault. Et il prétend que d’autres gens qui l’entouraient à l’émission n’avaient pas non plus leur place.
Il croit que le diffuseur public devrait chercher des candidats qui ont de l’argent et qui ont déjà vendu une entreprise.
«En réalité, nous faisons de l’argent avec une entreprise quand on la vend», a-t-il expliqué. «Je venais juste de vendre mon entreprise quand ils m’ont demandé d’être à l’émission... Je n’étais pas un imposteur, j’avais ma place là. Tu deviens un dragon quand tu as fini ton entreprise et que tu as le temps de t’investir et d’appliquer cette recette du succès à d’autres.»
Radio-Canada se défend
Marc Pichette, le porte-parole de Radio-Canada, a assuré que le diffuseur et les producteurs «menaient une évaluation de base de l’application, selon les informations données de bonne foi par le dragon potentiel.»
Il a rappelé qu’en 2016, M. Rozon était une personnalité louangée à l’international, qui avait été choisi par la Ville de Montréal comme commissaire pour le 375e anniversaire de la métropole, qui s’est tenu en 2017.
Selon le quotidien La Presse, qui a contacté huit des entrepreneurs avec qui Mme Néron s’était entendue lors de la dernière saison, la femme d’affaires n’a pas versé un sou à leur entreprise.
En entrevue avec le réseau TVA, jeudi, Mme Néron a annoncé qu’elle fermerait neuf des quatorze boutiques dans la province et qu’elle mettrait à pied 64 de ses 152 employés.
Expansion trop rapide
Pour Michel Nadeau, qui dirige l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques, la marque de l’ancienne chanteuse et comédienne était populaire au Québec et celle-ci était l’une des seules à se tailler une place dans le marché des bijoux.
«C’était l’une des rares entreprises dans l’industrie des bijoux, de l’artisanat, qui a réussi à imposer une marque — elle a réussi, a-t-il déclaré en entrevue. Elle est encore très, très présente à la télévision et la radio», a-t-il souligné.
Le problème est selon lui que son entreprise a grossi trop rapidement, avec l’ajout de plusieurs boutiques dans des centres commerciaux où l’espace est dispendieux.
M. Lambert, qui n’a pas été invité dans la prochaine saison de l’émission, estime que l’histoire de Mme Néron devrait servir de leçon à tous les entrepreneurs «qui s’éparpillent tellement et qui font tout, à part gérer leur propre entreprise.»