Publié : ven. oct. 12, 2018 2:36 pm
Les belles couleurs de L’heure bleue
Hugo Dumas
Après quelques passages sombres et lourds par le passé, L’heure bleue de TVA connaît un excellent début de saison, pour recycler une phrase-clé souvent entendue aux Amateurs de sports, bonsoir.
Le téléroman d’Anne Boyer et de Michel d’Astous a terminé l’exploration douloureuse du deuil du petit Guillaume (Matt Hébert) et a presque tout bouclé ce qui s’y rattache, dont la laborieuse enquête du détective Rabouin (Robert Toupin).
Anne-Sophie (Céline Bonnier), moins antipathique, et Bernard (Benoît Gouin), moins psychorigide, ont enterré la hache de guerre et la série vogue maintenant vers d’autres sujets modernes, abordés avec sensibilité.
Ceux qui râlent que la télévision québécoise ne dépeint jamais de musulmans « ordinaires » ne regardent pas L’heure bleue.
Michel (Mustapha Aramis) ne fabrique pas de bombes artisanales dans son sous-sol. Il exploite une brocante/café avec son meilleur ami juif David (Nico Racicot), et en aucun cas sa religion ne sert de véhicule à stéréotypes.
Tout le volet qui met en scène les jeunes adultes de L’heure bleue est particulièrement intéressant cet automne. Je pense à la grossesse de l’adolescente Clara (Alice Morel-Michaud) et à la décision de confier son petit garçon Charles en adoption, qui la taraude encore.
Je pense également à l’intrigue tricotée autour du délinquant Xavier (Rémi Goulet), le fils d’Hubert (Jean-François Pichette), qui a entretenu une relation intime avec un pédophile, soit le visqueux Gaétan Morneau (Fabien Dupuis), gérant du bar Le Zénith.
Aveuglé par l’amour, Xavier refuse que son père dénonce Gaétan à la police. Pourtant, on a vu mardi soir que Gaétan continue d’agresser des jeunes de 14 ans en échange d’argent. Quelle ordure.
Les jeunes acteurs de L’heure bleue jouent avec beaucoup de justesse et de vérité. Frédéric Lemay, qui incarne le coloc Jules, n’offre pas une caricature d’un universitaire aux prises avec un syndrome d’Asperger. Il est excellent.
Mêmes éloges pour Alice Morel-Michaud, Rémi Goulet et Alex Godbout, qui campe Thomas, le père du bébé de Clara. Leur registre est large. Mylène St-Sauveur, alias Olivia, a également brillé dans des scènes très difficiles dernièrement.
Les scénaristes de L’heure bleue ont fait évoluer leurs personnages avec intelligence. Depuis son agression, Bernard a gagné de l’empathie. Même Anne-Sophie s’est adoucie. Confession, ici : au départ, je ne comprenais pas du tout les motivations d’Anne-Sophie, qui plaquait toute sa famille à Cowansville pour déménager, avec trois colocataires, dans le Mile End. Quelle femme irresponsable, déconnectée et égocentrique.
Le cheminement d’Anne-Sophie s’explique mieux aujourd’hui. La naissance du petit Charles a, en quelque sorte, réparé la famille Boudrias, qui a longtemps été cassée.
Plusieurs d’entre vous n’approuveront pas la phrase qui s’en vient, mais j’aime beaucoup le couple dépareillé que forment Pauline (Sylvie Moreau) et Raphaël (Jean-Phillipe Perras). Ils s’équilibrent bien, ces deux-là.
Bien content aussi de l’importance plus grande accordée à l’avocat Hubert Martel (Jean-François Pichette) dans l’histoire. Sa relation compliquée avec son fils toxicomane, sa relation avec Anne-Sophie, il a du bon matériel à touiller.
Si vous avez délaissé L’heure bleue il y a plusieurs mois, vous devriez vous y raccrocher. C’est plus lumineux, plus coloré et plus vitaminé.
http://plus.lapresse.ca/screens/41491fb ... ent=Screen
Hugo Dumas
Après quelques passages sombres et lourds par le passé, L’heure bleue de TVA connaît un excellent début de saison, pour recycler une phrase-clé souvent entendue aux Amateurs de sports, bonsoir.
Le téléroman d’Anne Boyer et de Michel d’Astous a terminé l’exploration douloureuse du deuil du petit Guillaume (Matt Hébert) et a presque tout bouclé ce qui s’y rattache, dont la laborieuse enquête du détective Rabouin (Robert Toupin).
Anne-Sophie (Céline Bonnier), moins antipathique, et Bernard (Benoît Gouin), moins psychorigide, ont enterré la hache de guerre et la série vogue maintenant vers d’autres sujets modernes, abordés avec sensibilité.
Ceux qui râlent que la télévision québécoise ne dépeint jamais de musulmans « ordinaires » ne regardent pas L’heure bleue.
Michel (Mustapha Aramis) ne fabrique pas de bombes artisanales dans son sous-sol. Il exploite une brocante/café avec son meilleur ami juif David (Nico Racicot), et en aucun cas sa religion ne sert de véhicule à stéréotypes.
Tout le volet qui met en scène les jeunes adultes de L’heure bleue est particulièrement intéressant cet automne. Je pense à la grossesse de l’adolescente Clara (Alice Morel-Michaud) et à la décision de confier son petit garçon Charles en adoption, qui la taraude encore.
Je pense également à l’intrigue tricotée autour du délinquant Xavier (Rémi Goulet), le fils d’Hubert (Jean-François Pichette), qui a entretenu une relation intime avec un pédophile, soit le visqueux Gaétan Morneau (Fabien Dupuis), gérant du bar Le Zénith.
Aveuglé par l’amour, Xavier refuse que son père dénonce Gaétan à la police. Pourtant, on a vu mardi soir que Gaétan continue d’agresser des jeunes de 14 ans en échange d’argent. Quelle ordure.
Les jeunes acteurs de L’heure bleue jouent avec beaucoup de justesse et de vérité. Frédéric Lemay, qui incarne le coloc Jules, n’offre pas une caricature d’un universitaire aux prises avec un syndrome d’Asperger. Il est excellent.
Mêmes éloges pour Alice Morel-Michaud, Rémi Goulet et Alex Godbout, qui campe Thomas, le père du bébé de Clara. Leur registre est large. Mylène St-Sauveur, alias Olivia, a également brillé dans des scènes très difficiles dernièrement.
Les scénaristes de L’heure bleue ont fait évoluer leurs personnages avec intelligence. Depuis son agression, Bernard a gagné de l’empathie. Même Anne-Sophie s’est adoucie. Confession, ici : au départ, je ne comprenais pas du tout les motivations d’Anne-Sophie, qui plaquait toute sa famille à Cowansville pour déménager, avec trois colocataires, dans le Mile End. Quelle femme irresponsable, déconnectée et égocentrique.
Le cheminement d’Anne-Sophie s’explique mieux aujourd’hui. La naissance du petit Charles a, en quelque sorte, réparé la famille Boudrias, qui a longtemps été cassée.
Plusieurs d’entre vous n’approuveront pas la phrase qui s’en vient, mais j’aime beaucoup le couple dépareillé que forment Pauline (Sylvie Moreau) et Raphaël (Jean-Phillipe Perras). Ils s’équilibrent bien, ces deux-là.
Bien content aussi de l’importance plus grande accordée à l’avocat Hubert Martel (Jean-François Pichette) dans l’histoire. Sa relation compliquée avec son fils toxicomane, sa relation avec Anne-Sophie, il a du bon matériel à touiller.
Si vous avez délaissé L’heure bleue il y a plusieurs mois, vous devriez vous y raccrocher. C’est plus lumineux, plus coloré et plus vitaminé.
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