Je me sens concernée par ton message, et je dois dire que je désapprouve ce que tu dis à propos des interventions. Le ''ton'' dont tu sembles parler en particulier: quand je reprends des exemples amenés à titre de comparaison par d'autres intervenants, et que je suis en désaccord avec le parallèle qui est fait de ces exemples avec la situation religieuse dont il est question, je me sers du même exemple pour déconstruire l'argumentation précédente. Car c'est précisément cela, contre-argumenter dans un débat. C'est ce qui se fait tant quand on l'apprend à l'école quand on apprend le B-A-BA de la dissertation argumentative, et c'est aussi la méthode employée dans les dissertations scientifiques quand une thèse se fait réfuter. On reprend chaque point avec lequel on est en désaccord, et on explicite pourquoi cet argument ne paraît pas valide pour celui qui le défend. Ce n'est pas une attaque personnelle, c'est de l'argumentation, au sens le plus clair du terme. Et à ce que je sache, les débats de fond, les débats les plus intéressants et les plus enrichissants sont justement ceux qui n'ont pas peur d'argumenter et de contre-argumenter, de réfuter un exemple avec un contre-exemple, de tenter de pousser certains raisonnements jusqu'à leur extrême pour en démontrer les failles (du point de vue de l'argumentateur, bien sûr, car chaque argumentateur voit des failles dans les énoncés de l'autre).Nikki a écrit : [...]
Pour ma part, je vais dire pourquoi. J'aime bien les débats en général, mais je trouve le ton de certaines interventions trop incisif dans celui-ci. D'un côté comme de l'autre, je précise.
Je suis personnellement généralement assez portée sur les valeurs démocratiques, et j'ai trop le sentiment qu'être en accord avec cette charte, du moins en partie concernant les signes religieux, que je passe pour une extrémiste, ce que je ne suis pas.
Quand c'est rendu qu'on parle de couper la barbe des hommes ou forcer les chauves à se faire pousser les cheveux, je débarque....
J'ai souvent constaté que toutes les religions sur la planète, même les sectes, ont tendance à reléguer la femme une coche, et même plusieurs coches en bas des hommes. Les boudins des hassidiques ne sont pas un signe de soumission à la femme. Les barbes des musulmans ne sont pas un signe de soumission à la femme. Mais les voiles islamiques, les Burka, et autres voiles couvrant plus ou moins les attributs féminins sont tous des signes de soumission à l'homme. Peut-être que dans notre vie occidentale, même pour celles portant ce voile ''librement'', cette règle s'est perdue, je ne nie pas. Mais ça n'en reste pas moins que dans plein d'endroits de la planète, les femmes doivent être voilées 100% du temps qu'elle passe à l'extérieur, qu'elles le désirent ou pas. Certaines, plusieurs même, sont tuées et violées pour désobéir.
J'ajoute que ça ne s'adresse pas spécifiquement Tibibi, mais comme tu as posé la question, j'en profite pour répondre...
Malgré tout, je n'ai pas vu quiconque manquer de respect aux autres ici, même si le débat est musclé et qu'il touche des cordes sensibles, d'un côté comme de l'autre. Chaque personne est libre de sortir du débat, et le débat mourra de lui-même et c'est tout. Des gens ont peut-être exprimé qu'ils ressentaient une forme de racisme, xénophobie, etc., dans la société québécoise, mais je ne pense pas qu'ils ont ciblé spécifiquement des forumeurs. Ces mots ont aussi été prononcés par des gens qui n'ont pas reçu personnellement ces qualificatifs, mais qui ont exprimé ne pas aimer sentir que c'était ainsi qu'on les catégorisait en raison de leur accord avec la charte. Eh bien, ils ont tout à fait raison ! Car ne pas adhérer à cette charte ne fait pas de moi une ''molle'', au même titre qu'y adhérer ne fait pas d'une autre personne une ''raciste'' ou une ''xénophobe''. De dire par contre que la Charte est discriminatoire ne cible que la Charte et son procédé, et non les personnes qui y adhèrent.
Pour être franche, je ne suis pas surprise que peu de ''pour'' défendent la charte si on regarde le pourcentage. Simplement parce qu'elle est difficile à défendre d'un point de vue factuel (bien que les raisons émotives et identitaires soient infinies). Je veux dire, sans doute que les gens qui l'ont élaborée auront de quoi répondre à leurs détracteurs au point de vue juridique, sociologique et j'en passe, mais moi la première, je n'ai pas accès à ces données pour pouvoir dire ''ah tiens, c'est vrai que les chiffres justifient la prise en charge gouvernementale de ce problème''. Je vois des gens parler d'islamisation du Québec, pourtant quels sont les chiffres liés à ce processus ? Les musulmans représentent combien de % du contingent d'immigrants chaque année au Québec ? Qu'il y en ait plus aujourd'hui qu'il y a 40 ans je veux bien, mais qu'est-ce qui justifie qu'on emploie ce terme, comment peut-on démontrer l'ampleur de ce phénomène sans apporter des arguments autre que ''j'en vois de plus en plus'' ? Quel impact dans la société, quelles mesures sont prises, concrètement, pour faire du Québec une terre musulmane et contraindre les Québécois à y adhérer ? Bref, pour moi ce sont toutes des affirmations qui manquent de chair, qui méritent d'être creusées, et c'est pour cela que je pose autant de question, que je dénonce certains ''faits''. En bout de ligne, je ne cherche même pas à convaincre la personne à qui je parle (ça ne marchera jamais bien sûr, nous avons chacun nos convictions, nos cheminements personnels, nos émotions par rapport à une situation, etc.), mais je cherche certainement à susciter une réflexion qui va au-delà de l'argument du ''nous''. Parce que c'est clairement le genre de démarche législative dont l'impact est trop important pour que ces questions soient simplement ignorées et qu'on se base sur l'émotivité pour priver une partie de la population de certains de ses droits fondamentaux !
Sur ce, j'espère que cela aura éclairci et mieux expliqué ma démarche aux gens avec qui j'ai débattu jusqu'ici. Ce n'est qu'un forum, ce n'est qu'un débat, et après chaque débat il faut être capable de reconnaître les qualités de tous, de se serrer la main et d'admettre que chaque participant de bonne foi a joué une ''bonne manche'', même si nous ne parvenons pas à l'unanimité !