Affaire Simon Houle
Le Conseil de la magistrature a mis en examen une plainte contre le juge Poliquin
Matthieu Poliquin est ce jeune juge qui a accordé une absolution conditionnelle à l’ingénieur Simon Houle en juin dernier après que celui-ci eut reconnu sa culpabilité à des accusations d’agression sexuelle et de voyeurisme pour des gestes posés en 2019.
Dans une missive aux auteurs d’une pétition réclamant la révocation de la nomination du juge Poliquin dont La Presse Canadienne a obtenu copie, le Conseil de la magistrature accuse réception de la plainte et confirme que « conformément à la procédure applicable, les membres du Conseil en entreprendront l’examen lors d’une prochaine réunion ».
La note ajoute que, dans un premier temps, les membres du Conseil « examineront si les faits allégués sont susceptibles, ou non, de constituer un manquement au Code de déontologie de la magistrature et, le cas échéant, s’il y a lieu de faire enquête sur la plainte ».
La pétition, mise en ligne le 7 juillet, a recueilli plus de 4600 signatures en une semaine.
La décision du juge a soulevé un tollé, non seulement en raison de l’absolution elle-même, mais surtout à cause des motifs invoqués par le juge pour l’accorder. Le magistrat estimait ainsi, en soutien à l’absolution, que l’agression sexuelle s’était déroulée « somme toute rapidement », que l’accusé avait bu et qu’il était « une personne de bonne moralité ».
Le juge soulignait également qu’une condamnation « aurait à son égard des conséquences particulièrement négatives et disproportionnées, alors qu’il pourrait difficilement voyager à l’extérieur du pays, ce qui risquerait possiblement d’entraver sa carrière d’ingénieur ».
Le Directeur de poursuites criminelles et pénales (DPCP), qui réclamait 18 mois d’emprisonnement, a déjà indiqué qu’il portera cette décision en appel.
Contrairement à l’habituelle discrétion affichée par un ministre de la Justice, le titulaire du poste, Simon Jolin-Barrette, est sorti de sa réserve, se disant « profondément choqué par la décision ». C’est le ministre Jolin-Barrette qui a procédé à la nomination du juge Poliquin en septembre 2021.
La décision a également entraîné une manifestation devant le palais de justice de Montréal, dimanche, et une lettre ouverte signée par près d’une quarantaine d’ingénieurs, publiée mardi, visait à dénoncer le fait que la profession de l’agresseur ait pu servir à atténuer sa sentence.
L’ingénieur Simon Houle, qui a perdu son emploi à la suite de la médiatisation de son dossier, avait aussi reconnu dans le cadre de son procès avoir posé un autre geste d’agression sexuelle en 2015 qui n’avait pas été judiciarisé. Qui plus est, une autre femme vient de porter plainte contre lui pour des attouchements de nature sexuelle qui se seraient produits tout récemment lors d’un voyage à Cuba.
https://www.lapresse.ca/actualites/just ... liquin.php