Les artisans des arts, tous ceux qui travaillent dans l'ombre, y sont pour beaucoup dans tout ce qu'on voit et entend au cinéma, à la télé, sur scène, etc. Je vais sûrement prendre ce documentaire lundi soir.
Un intéressant article sur un costumier, dans le TV Hebdo de cette semaine :
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François Barbeau, créateur de costumes | L’homme qui faisait parler les tissus
Lundi 21 mai à 20 h, TQc
Par Marie-Hélène Goulet/TV hebdo - 2018-05-14 21:19:12
Alors qu’il préférait l’ombre à la lumière, François Barbeau faisait briller de mille feux les comédiens grâce à ses costumes incroyables. En 60 ans de carrière, il a collaboré avec les plus grands artistes dans plus de 700 productions. Ébranlé par sa mort, Xavier Dolan lui a même dédié son film Juste la fin du monde à Cannes, en 2016. Portrait d’un créateur exceptionnel.
Lorsque Jean Beaudry a rencontré François Barbeau chez lui, en 2012, pour lui faire part de son envie de réaliser un documentaire sur sa vie, l’exubérant personnage a tout de suite refusé de paraître à l’écran. Une tasse de thé plus tard, il a donné rendez-vous au réalisateur dans son atelier. Si le créateur de costumes a plié, c’est sûrement parce qu’il savait qu’il était important de transmettre son savoir avant de tirer sa révérence. Dans le cadre du Festival TransAmériques, Télé-Québec présente en primeur le documentaire de Jean Beaudry, auquel une foule d’artistes ont accepté de participer, avant et après le décès de Barbeau.
La maître n’est plus
Né en 1935, François Barbeau a appris la couture dans les années 1950. Si ses professeurs destinaient cet élève doué à la haute couture, le jeune homme, lui, ne s’intéressait qu’au théâtre. Ici, il a en quelque sorte inventé le métier de costumier, qu’il a pratiqué avec une intelligence remarquable et un souci du détail jamais vu. «C’est le maître, c’est le mentor. Il en passe juste un comme ça dans une vie, et j’ai eu la chance de travailler avec lui», s’exclame le comédien Benoît Brière.
Barbeau était à ce point rigoureux qu’il habillait ses acteurs des sous-vêtements au chapeau, histoire de dépouiller l’artiste de tout ce qui lui était propre, au profit du personnage. «Ça m’est souvent arrivé de comprendre mon personnage en enfilant son costume», explique la comédienne Monique Spaziani, qui se souvient que l’homme faisait des visites surprises au théâtre afin de s’assurer que les comédiennes portaient bien leur corset. Il n’hésitait pas non plus à faire des trous dans les chaussettes d’un comédien, sachant que, même si le public ne s’en apercevrait jamais, l’interprète, lui, sentirait l’inconfort de son personnage de gueux. «Il ne cherchait pas à blesser, mais à provoquer des choses», affirme l’acteur Guy Thauvette qui, un jour, s’est fait proposer par Barbeau un costume dévoilant entièrement ses fesses.
Un caractère bouillant
Le talent de François Barbeau était doublé d’un caractère bouillant qui pouvait le rendre assez imposant. Il est franchement intéressant de le voir s’obstiner devant les caméras avec le metteur en scène Serge Denoncourt, une autre forte tête. De son côté, Micheline Lanctôt, qui a aussi de l’aplomb, souligne: «Il ne fallait pas être une petite nature pour faire face à François!» Ensemble, ils ont travaillé au cinéma dans Pour l’amour de Dieu, film dans lequel le créateur a réussi à faire croire à un Jésus sculpté qui s’anime, grâce à un tissu enduit d’une substance de son cru. «Le mot est galvaudé, mais il y avait une magie qui était particulière à Barbeau. Il savait faire parler les tissus», ajoute la réalisatrice et comédienne.
Génie derrière la première production des Belles-sœurs, créateur des 300 magnifiques costumes de Casse-Noisette et des styles éclatés de Laurence Anyways, François Barbeau a marqué la culture québécoise. Si peu de gens du public connaissent son nom, rares sont ceux qui n’ont jamais vu ses œuvres. «Je pense que François a été peut-être le plus grand homme de théâtre du Québec», affirme solennellement l’acteur Gérard Poirier, lui-même une légende de la scène.
Ils ont dit de lui...
«Son imaginaire était grandiose.» — Monique Miller
«Il avait une culture de la “guénille”; c’était inouï!» — Benoît Brière
«C’est un peintre de l’espace. C’est un as de la couleur.» — Lorraine Pintal
«Il pouvait interpréter une époque. C’était fabuleux!» — Louise Duceppe, directrice générale du Théâtre Jean-Duceppe