Citation :Marina (Star Ac' 6) : "J'ai eu de la peine pour Cyril"
Publié par Charles Decant
Vendredi 24 Octobre 2008 15h44
Il y a deux ans, une jeune femme faisait forte impression lors du premier prime de la Star Academy 6. Avec sa guitare et sur son tabouret, Marina entonnait une chanson originale, allant à l'encontre de la tradition à l'époque. Quelques mois plus tard, elle s'inclinait en demi-finale, mais aujourd'hui, à 22 ans, elle prend sa revanche avec son premier opus, "Libellule".
Le mois dernier, nous avons rencontré Marina, qui nous a parlé de la Star Academy, bien sûr, du poids de son étiquette, mais aussi de son premier opus, du travail qui a précédé la sortie, et de sa maladresse. Entretien.
Ozap : Ca fait deux ans que tu es sortie de la Star Academy, plus de six mois que ton album est annoncé puis repoussé... que s'est-il passé depuis tout ce temps ?
Marina : c'est un peu incontrôlable, j'avoue que je ne sais pas forcément ce qui s'est passé. C'est le temps pour mon équipe de mettre en place la promo, le temps de se dégager de l'image... Concrètement, je ne sais pas pourquoi on a attendu. Moi, je l'aurais bien sorti l'année dernière !
Il était prêt depuis quand ?
En fait à ma sortie de la Star Ac, j'ai fait la tournée, qui a pris six mois, et je n'ai commencé à travailler sur l'album que trois mois plus tard. On a mis quatre mois à le mettre en place. L'audio était donc prêt, mais pas du tout le visuel, ce à quoi je n'avais pas pensé du tout. C'est ça aussi qui a pris du temps.
« L'échec de Cyril m'a fait de la peine »
Ton album sort deux ans après la Star Ac. Cyril, qui a remporté la saison 6, a sorti le sien il y a un an déjà, et ça ne lui a pas trop réussi. Ca te fait peur ?
Je suis un peu détachée... ça m'a fait de la peine pour lui, parce qu'il aime chanter, et sortir un album c'est facile pour personne. J'étais déçue pour lui, mais j'ai un parcours différent. J'ai peut-être pris plus le temps de rencontrer des gens, de savoir vraiment avec qui je voulais travailler. C'est un autre univers, un autre style, donc c'est pas vraiment comparable... Ca me fait peur parce qu'on vient de la même école, mais au-delà de ça, j'ai un autre parcours après.
Cette attente de deux ans contraste beaucoup avec la stratégie adoptée cette saison par les finalistes, Matthieu Edward et Quentin Mosimann. Ils ont déjà sorti leur album avant toi !
C'est frustrant (rires) ! Ils ont sorti leur album le plus vite possible, ils ont profité de la mouvance, de la notoriété... ils ont raison !
« Je n'avais pas envie de m'inventer un nom »
Crois-tu à une « malédiction » Star Academy ?
Je ne crois pas à une malédiction, mais il y a une étiquette, qui a un poids certain et irréversible. On parle d'Olivia Ruiz comme celle qui a réussi à s'en défaire, alors que non, puisqu'on continue à parler d'elle en relation avec la Star Ac, même si c'est pour dire qu'elle s'en est détachée. Je crois que ça nous suit toujours, alors il faut l'assumer, ne pas avoir de regret. Moi, ça m'a aidée, ça m'a servi. Après, je crois qu'il y en a qui ne méritent pas de faire d'albums, d'autres qui méritent mais qui ne se donnent pas assez, qui ne créent pas les bonnes opportunités, ou qui sont trop jeunes, je ne sais pas... le public ne suit pas toujours.
Et quand tu as choisi ton nom d'artiste, sans nom de famille, tu n'as pas eu peur qu'on t'appelle toujours "Marina de la Star Ac" ?
En fait, je voulais que mon nom d'artiste soit mon nom civil, mais beaucoup, beaucoup, beaucoup de gens m'ont dit que ça sonnait pas, et qu'il fallait pas utiliser son vrai nom. Et j'avais pas envie d'inventer un nom, donc j'ai opté pour Marina.
« Oui, la Star Academy s'essouffle »
Crois-tu à un essoufflement du format ?
Oui, c'est évident. Il y a un moment, peut-être qu'ils devraient arrêter leur concept, ou qu'ils le développent. Ça bouge pas mal cette année d'ailleurs, ça bouge notamment du château, c'est un premier pas. Il y a un essoufflement parce que, d'une année sur l'autre, les candidats font les mêmes reprises, ils répondent aux mêmes clichés... J'ai un peu suivi la saison 7, et il y a toujours le rockeur, la lolita, le rappeur... C'est normal que les gens se lassent, et je trouve qu'ils ne se lassent pas tant que ça finalement. Il y a toujours beaucoup de gens qui regardent.
Tu vas passer sur le plateau de l'émission ?
Je crois oui. Pour moi, c'est une promo comme une autre, même si j'ai forcément un petit truc au cœur, un peu de fierté parce que j'y vais en tant qu'artiste. Je me dis qu'il y a une évolution, et c'est bien.
En gros, cette expérience, c'était que du bon ?
Oui, c'était beaucoup de bonheur. J'ai appris plein de choses sur moi-même, c'est un parcours de solitaire et on apprend à se connaître.
Le fait d'être enfermée avec 15 autres personnes et des profs, c'est une expérience solitaire ?
Oui, parce qu'on est face à soi, à ses propres choix, à l'injustice qui rôde, à la compétition parce qu'il y en a qui ne sont pas comme moi et qui raisonnent autrement. Et il faut vivre au milieu de ces gens, donc des fois, on se sent seul. Mais ce n'est pas ce que j'ai retenu. Il y a eu ça, mais je n'ai retenu que les bons souvenirs.
« Ma maison de disques a été très bienveillante »
Marina de la Star Academy 6
Pour en revenir à ton album, il est très personnel, tu n'as travaillé qu'avec deux personnes. C'était un choix ?
Je ne voulais pas me dispatcher. J'aurais pu bosser avec une plus grosse équipe, mais j'avais peur de ne plus savoir quoi choisir s'il y avait trop d'idées. Là au moins, c'était ciblé, et j'ai travaillé avec deux personnes qui me comprenaient, Da Silva et Dominique Ledudal.
Tu les as rencontrés comment ? Tu es allée toquer aux portes ?
Non, c'est pas moi ! C'est passé par ma maison de disques en fait. Ils m'ont dit "il faut que tu bosses avec des gens", et je leur ai donné une liste de ceux avec qui je voulais collaborer. Ils m'ont répondu en me disant qu'il y avait d'autres personnes à qui je n'avais pas pensé, comme Da Silva, que je ne connaissais pas du tout à cette époque-là. J'ai découvert et j'ai adoré, ça me parlait... J'ai eu la chance d'avoir une équipe bienveillante.
Ce n'est pas trop intimidant de sortir un premier album ?
Si (rires) ! Il faut parler de soi, se vendre, et bien se vendre. C'est dur, il faut mettre sa pudeur de côté, et c'est un peu délicat quand on est introverti... Mais bon, le métier va rentrer !
« Mon album est sombre mais léger et frais »
Le visuel est lumineux, mais l'album est un peu sombre, entre alcoolisme, déprime...
C'est ce qui me touchait le plus. Si j'avais pu mettre d'autres titres en plus, j'en aurais peut-être mis des plus légers. Mais c'est là que Da Silva a été très fort, les musiques sont légères, ça tombe pas dans le pathos, le super triste. C'est pour ça que je l'ai appelé "libellule", c'est léger et frais, et les mélodies de l'album je les trouve légères et fraîches. Après, les textes ont de la profondeur, parce que je les ai écrits vraiment avec mon coeur.
Les textes sont parfois un peu revendicateurs aussi, surtout sur le titre "18 Ans". C'était important pour toi, de parler de choses qui te révoltent ?
Je ne suis pas messagère de quelque chose. C'est une chanson qui représente plus une période qu'une idée. C'est la période de mes 18 ans, c'est la première chanson que j'ai écrite, donc c'était important pour moi qu'elle soit sur mon album. Il se trouve qu'effectivement, c'est une chanson de colère, qui dénonce un peu, mais elle parle aussi d'utopie. C'est la chute de la chanson, il faut croire en l'utopie sinon on n'avance pas.
« Il y a peut-être de la maladresse, mais au moins c'est sincère »
Est-ce que ça fait partie du rôle de l'artiste ?
Oui, je pense. J'ai écrit une chanson, que j'aurais voulu mettre sur l'album, qui s'appelle "Homme ou clochard", qui parle des SDF. C'est quelque chose qui me touche, et à partir du moment où on est reconnu, ce qu'on dit a un impact, donc on ne peut pas dire qu'on s'en fout. Il faut peser ce qu'on dit, se rendre compte qu'il ne faut pas parler pour ne rien dire, et il faut avoir un petit message sans pour autant donner de leçon. En tout cas, il ne faut pas faire de déni.
Parfois, tes textes sont assez crus. L'album se termine sur le verbe "baiser" d'ailleurs... C'était une volonté de choquer, même un peu ?
Non, il n'y avait juste pas d'autre mot. Quand j'ai écrit la chanson, je ne me suis pas posé la question, mais quand je l'ai interprétée en studio, qu'on a répété 15 fois, c'était pas évident de sortir ce mot avec trois hommes derrière la vitre. Mais j'assume chaque mot. Je peux comprendre que ça dérange, surtout venant d'une fille. Mais il y a des mots qui s'imposent d'eux-mêmes. C'est un premier album, il y a peut-être de la maladresse, mais au moins c'est sincère.
Quel est ton planning après la sortie de l'album ?
Il y a un clip dont le tournage est prévu, et j'espère monter sur scène en janvier, parce que c'est là qu'on se défend.
Et si tu tombes sur quelqu'un qui télécharge illégalement ton album ?
C'est pas cool (rires) ! Je lui dirais qu'il rate quelque chose, parce que la pochette fait aussi partie de l'album, y a une petite âme dans chaque photo. Mais malheureusement, qu'est-ce que je peux faire ? Ca va devenir de pire en pire, et je pense même qu'un jour il n'y aura plus de CD et tout sera sur internet. Le téléchargement illégal ne me met pas en colère, mais il m'attriste.
source:
http://www.ozap.com/actu/marina-star-ac ... iew/170744