L'homme n'est pas une auto
Richard Martineau
18 Janvier 2012
J’aimerais revenir sur le cas de Guy Turcotte…
J’écrivais, il y a quelques jours, que personne ne peut vraiment savoir ce qu’un être humain mijote au plus profond de lui-même, ce qui le motive, pourquoi il agit comme il agit.
On a beau être un psychiatre bardé de diplômes, l’âme humaine demeure une caverne insondable.
C’est « un rébus enveloppé de mystère au sein d’une énigme », comme disait Chuchill à propos de la Russie.
PAS UNE MACHINE
Selon la psychiatre Dominique Bourget, qui appuie la libération sans condition de l’ex-cardiologue, les risques de récidive de Guy Turcotte sont évalués à 30 %.
Pas 28 % ou 32 %, non : 30 %.
Comment peut-on arriver à un tel chiffre ?
L’âme humaine n’est pas une machine qu’on peut évaluer à l’aide d’une grille !
« Ressort de soupape ? Check ! Couvercle de culasse ? Check ! Bouchon de vidange d’huile ? Aucun problème ! Monsieur, le risque que votre auto tombe en panne est évalué à moins de 3 %... »
Voyons !
Il y a quelques années, un magazine littéraire avait demandé à l’auteur John Irving (Le monde selon Garp) quel était son écrivain de fiction préféré.
« Sigmund Freud », avait-il répondu.
Il voulait dire par là que même si les théories de Freud pour expliquer l’inconscient sont séduisantes, elles sont aussi illusoires et irréelles que les légendes qu’on retrouve dans la Bible.
Pensez-vous vraiment qu’il suffit d’étudier les rapports qu’un être humain entretenait avec sa mère quand il était enfant pour expliquer qui il est ? Pour avoir accès à tous ses secrets, toutes ses pensées ?
L’homme n’est pas un roman policier qu’on résout au dernier chapitre, un véhicule muni d’un capot, un coffre-fort qu’on ouvre avec une clé !
FACTEUR À RISQUE
Et puis, il y a une autre chose qui me fait tiquer dans l’affaire Turcotte : même si ce meurtrier ne représentait aucun risque pour quiconque (ce que PERSONNE n’est en mesure de prouver, ni madame Bourget ni le pape), pourquoi faudrait-il le relâcher ?
La punition, ça n’existe plus ? Il n’y a que le risque de récidive qui doit être pris en compte, maintenant, quand on se demande si on devrait libérer un détenu ou pas ?
Bon, vous me direz que Guy Turcotte a déjà subi son procès et qu’il a été jugé irresponsable.
Vous avez parfaitement raison : le mal est fait, il n’est plus question de punir cet assassin d’enfants, juste de savoir s’il est « guéri » ou pas.
Mais oublions Turcotte, pour l’instant, et parlons de tous les autres maniaques qui, comme lui, ont commis des crimes atroces — mais qui, contrairement à lui, n’ont pas eu la chance de tomber sur des jurés compatissants…
Il faudrait juste les réhabiliter, pas les punir ?
DES ACTES INACCEPTABLES
Personnellement, j’ai de la difficulté avec ça.
Il me semble que le système de justice n’est pas qu’une machine à « réinsérer » des détenus, il sert aussi à punir, à dire haut et fort que certains actes sont INACCEPTABLES dans notre société.
Et que parmi ceux-ci, le pire, le plus répréhensible, le plus grave et le moins excusable est le meurtre d’enfants.
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