Publié le 10 mai 2011 à 11h57 | Mis à jour à 14h06
Guy Turcotte avait pensé se suicider en 2007
Christiane Desjardins
La Presse
(Saint-Jérôme) Le procès du cardiologue Guy Turcotte est particulièrement éprouvant. Certains détails difficiles à supporter sont dévoilés jour après jour par notre journaliste. Nous préférons vous en avertir.
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Guy Turcotte devenait «très down» après les chicanes de ménage avec sa conjointe Isabelle Gaston. Au point où, déjà en 2007, il avait pensé à se suicider en ingurgitant du lave-glace.
C'est ce que M. Turcotte a raconté ce matin, alors qu'il témoignait à son procès. L'homme de 39 ans est accusé des meurtres prémédités de ses deux enfants, survenus le 20 ou 21 février 2009, dans la maison de Piedmont qu'il louait depuis un mois, soit depuis sa séparation d'avec Mme Gaston.
C'est d'une voix traînante que M. Turcotte a raconté sa vie aux jurés, ce matin, à partir du moment où il s'est établi à Saint-Jérôme avec Mme Gaston, en 2003. Il a commencé à travailler comme cardiologue à l'Hôtel-Dieu, et Mme Gaston a fini aller y travailler aussi comme urgentologue. Elle a cependant dû travailler à temps partiel, puisqu'elle a eu deux enfants: Olivier en avril 2003, et Anne-Sophie en décembre 2005. La conciliation famille-travail était difficile, a fait valoir M. Turcotte. Lui et Mme Gaston se querellaient souvent. Ces disputes l'anéantissaient psychologiquement. «Je trouve ça pénible, je viens down, j'ai une attitude défensive, je tombe dans le mutisme, ça empire les choses.»
M. Turcotte dit qu'il se sentait vidé après ces chicanes. «C'est comme si j'étais brûlé.» Il lui arrivait d'aller se coucher en plein jour, pendant que les enfants dormaient. Il a raconté que dans ces moments, son seul réconfort était ses enfants. Il a aussi expliqué qu'après des chicanes très intenses, il avait songé à quitter Mme Gaston, même si son but était que son mariage fonctionne et que la famille reste soudée.
M. Turcotte n'avait pas une grande estime de lui-même. Il ne se trouvait jamais à la hauteur. «Je me culpabilise beaucoup. Je me trouve pas bon», a énuméré M. Turcotte. En 2008, sur les conseils de Mme Gaston, il a consulté un conseiller en communication, Luc Tanguay, pour essayer d'arriver à mieux communiquer dans son couple et dans sa vie personnelle. M. Turcotte y a trouvé du réconfort. «Il m'écoute sans être accusateur. Ça me faisait du bien», a noté l'accusé. M. Turcotte poursuit son témoignage cet après-midi, à Saint-Jérôme.
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