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LE DOMAINE BLEU • Soeurs noyées à Kingston - Page 30
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Publié : dim. oct. 30, 2011 4:33 pm
par Placeress
MaChouette a écrit : [...]


Je suis d'accord. Mais en même temps, je trouve que le risque de glissement est grand et que ce n'est pas sur la base d'un besoin d'argent que doivent se réviser les bases du droit ou de tout autre mécanisme qui assure un minimum de dignité et de liberté pour l'ensemble de la collectivité. Ce sont des questions qui doivent se poser en regard de la cohérence du système de justice en lui-même.

J'ai le sentiment que ça s'applique à plus que le système de justice.... l'aspect de Consult qui parle de logique.

Je suis tout à fait pour les droits et libertés, le système de justice basé sur la présomption d'innocence et tout ça.

Mais il est vrai que parfois, dans les faits, un jour ou l'autre on aura pas le choix de revoir certaines règles et pratiques...

Dans le système de santé, comme je disais.... on va jusqu'où avec quelqu'un qui ne prend pas sa santé au sérieux lorsqu'il faut qu'il le face.

Dans la justice, jusqu'où on met de côté certains éléments de "preuve"' pour ne pas nuire à l'accusé....

En fait, je n'ai pas de réponse à ces questions encore... mais je réfléchi....

Publié : dim. oct. 30, 2011 6:24 pm
par bouquet
Consult1 a écrit : [...]


Justement, dans un contexte de ressources limitées, tout à un prix. Le dollar gaspillé dans une opération "de principe" est un dollar qu'on n'a pas pour les enfants en difficultés, les personnes agées ou la recherche scientifique. Le jour où un policien ira voir un cardiaque en liste d'attente pour lui dire qu'il attendra 6 mois de plus pour sa chirurgie parce qu'on va flamber 2-3 millions sur un procès loufoque, je cesserai de protester.

vu de même, c'est vrai que c'est pas juste, il y a tellement de frais à payer pour le gouvernement, pour la justice, l'éducation, la santé qu'il y aura un moment dans le futur où certains choix difficiles devront être faits. Cela prendra alors une armée de philosophes, théologiens , éthiciens doublés de comptables et d'actuaires.

Publié : dim. oct. 30, 2011 7:20 pm
par Marisopa
MaChouette a écrit : C'est notre mentalité de consommation et de possession effreinée qui nous mène à la catastrophe socioéconomique et nous cantonne dans une logique où tout se paye. Sur le plan des valeurs, de la protection des personnes, des droits et libertés et des besoins fondamentaux, je refuse d'entrer dans cette logique. Pour moi, ça ne se monnaye pas.

Si les compteurs doivent être remis à zéro, ce sera sur autre chose, quant à moi.
:jap:

Publié : dim. oct. 30, 2011 7:24 pm
par Marisopa
bouquet a écrit : [...]



vu de même, c'est vrai que c'est pas juste, il y a tellement de frais à payer pour le gouvernement, pour la justice, l'éducation, la santé qu'il y aura un moment dans le futur où certains choix difficiles devront être faits. Cela prendra alors une armée de philosophes, théologiens , éthiciens doublés de comptables et d'actuaires.
Un moment donné, ce que tout un chacun consomme comme service gouvernementaux, ça vient pas se rééquilibrer? Certains vont en prendre plus sur le budget de la santé, certains plus sur le budget du transport, d'autre en éducation....

Faudra-t-il taxer ceux qui n'ont pas d'enfants et forcent les coûts reliés à l'immigration pour renouveler la société?

Faudra-t-il taxer ceux qui passent trop de temps sur les bancs d'école?

Ou, au contraire, ce qui n'y passe pas assez de temps et deviennent un poids pour la société?

Chacun apporte à la société, chacun en prend. C'est pas un peu ça, vivre en société?

Publié : dim. oct. 30, 2011 8:04 pm
par Nikki
Marisopa a écrit : [...]


Un moment donné, ce que tout un chacun consomme comme service gouvernementaux, ça vient pas se rééquilibrer? Certains vont en prendre plus sur le budget de la santé, certains plus sur le budget du transport, d'autre en éducation....

Faudra-t-il taxer ceux qui n'ont pas d'enfants et forcent les coûts reliés à l'immigration pour renouveler la société?

Faudra-t-il taxer ceux qui passent trop de temps sur les bancs d'école?

Ou, au contraire, ce qui n'y passe pas assez de temps et deviennent un poids pour la société?

Chacun apporte à la société, chacun en prend. C'est pas un peu ça, vivre en société?
Ce que je retiens de ce que j'ai surligné, c'est justement là le bobo de notre société: Tout le monde en prend toujours un petit peu plus que ce dont il devrait bénéficier.

Ça fait les énormes trous financiers que l'on connait...

Ceci étant dit, ce n'est pas juste en justice, c'est dans tous les domaines. Ça vient se rééquillibrer oui, mais à la hausse, toujours...

Re: Soeurs noyées à Kingston

Publié : dim. oct. 30, 2011 8:16 pm
par Marisopa
Je suis d'accord avec toi. On prend plus que ce qui peut être offert. Rendu là, c'est quoi la solution? Est-ce que le gouvernement doit réduire les services offerts au citoyen? Le concept d'utilisateur-payeur n'est pas applicable partout. Par exemple au niveau de la justice, il est assez difficile de l'appliquer sans nuire au bon fonctionnement du système.

Publié : dim. oct. 30, 2011 8:50 pm
par bouquet
Marisopa a écrit : [...]


Un moment donné, ce que tout un chacun consomme comme service gouvernementaux, ça vient pas se rééquilibrer? Certains vont en prendre plus sur le budget de la santé, certains plus sur le budget du transport, d'autre en éducation....

Faudra-t-il taxer ceux qui n'ont pas d'enfants et forcent les coûts reliés à l'immigration pour renouveler la société?

Faudra-t-il taxer ceux qui passent trop de temps sur les bancs d'école?

Ou, au contraire, ce qui n'y passe pas assez de temps et deviennent un poids pour la société?

Chacun apporte à la société, chacun en prend. C'est pas un peu ça, vivre en société?
je sais , mais c'est certains que si on regarde tout froidement, certains choix pourraient être en apparence être plus justifiées que d'autres. Mais je pense que dans l'ensemble, on vit dans une société assez humaine même si cela peut toujours être mieux, Je serais la dernière à penser qu'il faut choisir entre sauver la vie d'un drogué sur le B.S même s'il ne rapporte pas à la société au point de vue fiscal et un homme de famille qui paie de l'impôt. Je ne crois pas que tout est quantifiable. Le systême de santé actuel, même s'il n'est pas parfait offre quand même à tous la chance de se faire soigner. Désolée si mon post précédent a pu te laisser penser autrement. je disais que simplement que certains choix doivent être faits quelques fois et ils le sont surement à notre insu.

Publié : dim. oct. 30, 2011 8:56 pm
par Marisopa
bouquet a écrit : [...]


je sais , mais c'est certains que si on regarde tout froidement, certains choix pourraient être en apparence être plus justifiées que d'autres. Mais je pense que dans l'ensemble, on vit dans une société assez humaine même si cela peut toujours être mieux, Je serais la dernière à penser qu'il faut choisir entre sauver la vie d'un drogué sur le B.S même s'il ne rapporte pas à la société au point de vue fiscal et un homme de famille qui paie de l'impôt. Je ne crois pas que tout est quantifiable. Le systême de santé actuel, même s'il n'est pas parfait offre quand même à tous la chance de se faire soigner. Désolée si mon post précédent a pu te laisser penser autrement. je disais que simplement que certains choix doivent être faits quelques fois et ils le sont surement à notre insu.
Excuse moi, de t'Avoir cité, mon post faisait réaction général. Ce n'était pas "contre" ton opinion. C'était un complément.

Re: Soeurs noyées à Kingston

Publié : dim. oct. 30, 2011 8:58 pm
par Marisopa
Je viens de relire ton port et effectivement, je suis d'accord avec toi. En fait, ça va un peu dans la lignée de ton armée d'actuaire, de théologien... On ne peut quantifier ce qu'on prend et ce qu'on donne!

Publié : dim. oct. 30, 2011 9:02 pm
par bouquet
Marisopa a écrit : Je viens de relire ton port et effectivement, je suis d'accord avec toi. En fait, ça va un peu dans la lignée de ton armée d'actuaire, de théologien... On ne peut quantifier ce qu'on prend et ce qu'on donne!
je t'ai juste répondue, ayant eu peur d'être mal comprise , c'est compliqué des fois exprimer une opinion sans écrire 4 paragraphes pour tout mettre en contexte... :)

Re: Soeurs noyées à Kingston

Publié : dim. oct. 30, 2011 9:12 pm
par Marisopa
En effet, surtout dans des sujets sensibles. Et comme c'est virtuel, c'est pas toujours facile de saisir les nuances de chacun.

Publié : lun. oct. 31, 2011 11:00 am
par tuberale
Il y aurait bien des petits trucs à couper avant de toucher à la portion justice comme tel. Comme les prisonniers qui ont droit à toutes sortes de paiements parce que les services sont universels et ne peuvent être coupés lors de leur emprisonnement. Je ne dis pas qu'il faut durcir le temps passé en prison mais qu'on doit y appliquer le gros bon sens......chose qui manque dans généralement tous les ministères. On pourrait engager plein de monde pour faire le travail clérical, les recherches, etc en préparation des procès, de ce fait sauver sur de plus hauts salaires des procureurs, diminuer le temps d'attente des procès donc le coût de chaque accusé pour la société, etc......Méchante mentalité que juste tel personne avec telles compétences peut faire la job alors qu'elle peut être aisément fait par des personnes ayant moins d'études comme tel et donc réserver la main d 'œuvre qualifiée pour le travail réellement à la hauteur de leurs compétences...tout aussi valable dans le domaine de la santé.....

Dans bien des ministères on arrive toujours à vouloir couper le bout concernant le service au public mais jamais personne met ses culottes pour couper dans le fonctionnarisme rigide, les pratiques, les manières de faire qui ne veulent rien savoir de s,adapter aux coûts sans cesse grandissant des marchandises, des services. Changer la mauzus de mentalité que c'est jamais grave de dépenser parce que l'État a de l'argent. Ajuster les coûts de ton service dont tu es responsable au vrai coût qu'il en couterait si tu étais dans le privé au lieu de tout dépenser pour ne pas que ton budget soit diminué l'année suivante. Installer un atmosphère de performance pour l'économie au lieu de toujours en arriver à couper dans le personnel ou dans le service au public comme seule solution pour boucler le budget....

Re: Soeurs noyées à Kingston

Publié : lun. oct. 31, 2011 2:58 pm
par Consult1
Ça fait plaisir de voir qu'on peut débattre de sujets aussi importants dans la sérénité.

Pour le mettre dans une vision plus générale, mon point est que notre société fait des choix par défaut, sans s'interroger sur les conséquences globales de ces choix. Le "dollar public" est utilisé sans réfléchir à savoir si c'est la meilleure utilisation qu'on puisse en faire.

Un exemple facile: Les soins pour les enfants super-prématurés. Actuellement, la médecine publique investit beaucoup d'argent pour faire reculer les limites à partir desquelles on peu rechapper un prématuré. Est-ce une bonne utilisation des fonds public? Surement. Par contre, les services d'aides aux mères en difficulté alimentaire (ou médicales) ont de la difficulté à survivre et à combler les besoins. On préfère "guérir" que "prévenir".

Un autre exemple: le gouvernement se lance dans des mesures de répression très couteuses pour combattre la criminalité (surtout la "petite criminalité", mineurs, possession de drogue, etc.) D'un autre côté, les services d'aide aux enfants "poqués" ou qui partent du mauvais pied dans la vie souffrent de sous-financement chronique - on préfère avoir à en emprisonner certains dans 20 ans.

Un exemple horrible, mais logique. Un drogué méga-poqué de la société se retrouve séro-positif - la société va devoir investir des centaines de milliers de dollars pour payer ses médicaments jusqu'à temps qu'il trouve un autre moyen de se tuer. De l'autre côté, cette même somme pourrait sauver des dizaines de vies de femmes africaines, parfaitement "innocentes", qui autrement se retrouveront séropositives et mourront en laissant des orphelins.

Il y a des centaines d'exemples du genre et ça me désespère de voir qu'on lance ainsi des fortunes dans des idées "de principe" sans se rendre compte de notre vertu apparente génère en fait plus de misère qu'elle n'en évite.

Pour en revenir à nos trois rigolos de Kingston, c'est un cas où l'argent public est carrément gaspillé. Qu'on leur fasse le procès expéditif qu'ils méritent puis, avec l'argent économisé, qu'on aide les enfants du Dr Julien qui, eux, n'ont pas passé des semaines à comploter comment tuer leur famille. Je suis bien prêt à sacrifier le 0.0000001% de chance qu'ils soient innocents (autrement dit, que ce soient des extra-terrestres qui aient téléporté l'auto dans le canal) contre la garantie qu'une centaine d'enfants innocents auront un meilleur avenir. C'est beau d'avoir des principes, mais à un certain moment, il faut savoir qu'ils ont un prix.

Publié : lun. oct. 31, 2011 3:08 pm
par Fanfoi
Consult1 a écrit : Qu'on leur fasse le procès expéditif qu'ils méritent puis, avec l'argent économisé, qu'on aide les enfants du Dr Julien qui, eux, n'ont pas passé des semaines à comploter comment tuer leur famille. Je suis bien prêt à sacrifier le 0.0000001% de chance qu'ils soient innocents (autrement dit, que ce soient des extra-terrestres qui aient téléporté l'auto dans le canal) contre la garantie qu'une centaine d'enfants innocents auront un meilleur avenir. C'est beau d'avoir des principes, mais à un certain moment, il faut savoir qu'ils ont un prix.
Le problème c'est qu'ils seraient acquittés par un procès expéditif, faute de preuve. La seule façon d'avoir une chance d'avoir un verdict de culpabilité c'est de prouver le motif du crime, à moins que la poursuite ait trouvé quelque chose de "juteux" et qu'ils ne le mentionnent pas. C'est pour ça que le procès va être long.

Publié : lun. oct. 31, 2011 3:20 pm
par Consult1
Fanfoi a écrit : [...]

Le problème c'est qu'ils seraient acquittés par un procès expéditif, faute de preuve. La seule façon d'avoir une chance d'avoir un verdict de culpabilité c'est de prouver le motif du crime, à moins que la poursuite ait trouvé quelque chose de "juteux" et qu'ils ne le mentionnent pas. C'est pour ça que le procès va être long.
La couronne a déjà prouvé que c'est la voiture des parents qui a poussé l'autre auto dans le canal..., ce qui est déjà un meurtre au 2e degré avec perpétuité minimum 15 ans. Ce n'est pas comme un gars qui sort un couteau de sa poche pendant une bagarre...

Publié : lun. oct. 31, 2011 5:19 pm
par tuberale
Consult1 a écrit : [...]


La couronne a déjà prouvé que c'est la voiture des parents qui a poussé l'autre auto dans le canal..., ce qui est déjà un meurtre au 2e degré avec perpétuité minimum 15 ans. Ce n'est pas comme un gars qui sort un couteau de sa poche pendant une bagarre...
Je ne suis pas trop contre l'argent dépensé pour ce procès-ci.........il va pouvoir servir de jurisprudence dans le domaine des crimes d'honneur en plus de servir d'avertissement pour les zélés et fanatiques de la charria. Tsé après le free for all de la commission sur les accommodements raisonnables, il est bon de placer des limites claires sur ce que l'on veut comme société ici. Ça ne fait pas de bon sens comment les procès coûtent cher pour rien, je suis d'accord, mais pour celui-ci chaque sous investit l'est justement pour une population de femmes et d'enfants qui vivent encore sous la terreur de ces jougs religieux. Juste tenir le procès.......vaut un gros avancée dans le domaine social.

Par contre pour des procès pour le 6,000ème vol à main armée dans un dépanneur là on peut jaser sur ce que tu dis.

Publié : mar. nov. 01, 2011 8:53 am
par Anya
Procès Shafia: vie et mort de trois soeurs
31 octobre 2011 à 15h39

Image
Zainab, l'aînée des enfants Shafia.

Christiane Desjardins
La Presse

(Kingston) «Chère Sahar, je ne sais pas ce que je vais faire si tu quittes cette maison un jour???? Je promets qu'avant de mourir, je vais faire en sorte que tous tes voeux se réalisent. Je souhaite qu'on ne soit jamais séparées. Best sisters»

Ces phrases touchantes écrites par Geeti, une préadolescente en admiration devant sa grande soeur Sahar, sont devenues pièce numéro 811-1, au procès de leurs parents et de leur frère aîné, accusés de les avoir tuées pour une question d'honneur le 30 juin 2009 à Kingston, avec leur soeur aînée Zainab, et la première épouse de leur père, Rona.

Une dizaine de jours après le début du procès pour quadruple meurtre à Kingston, de Mohammad Shafia, de son épouse Tooba, et de leur fils Hamed, La Presse trace un bref portrait des quatre femmes au destin tragique, à partir d'éléments dévoilés à ce jour au jury. Les informations proviennent notamment du discours d'ouverture de la procureure de la Couronne, Laurie Lacelle, et du journal personnel de Rona, dont La Presse a publié le portrait samedi. Ces faits restent à prouver. Les trois accusés se disent innocents.

La musique à la mode, l'attirance pour les garçons, les fringues dernier cri, et surtout ce cher téléphone portable, sans lequel la vie ne vaudrait pas la peine d'être vécue. En ce sens, la vie des trois soeurs Shafia, originaires d'Afghanistan, mais établies à Montréal avec leur famille depuis juin 2007, était semblable à celle de millions d'autres adolescentes.

Mais derrière cet apparent libéralisme se dressaient les principes d'une application stricte de la doctrine islamique en vigueur à la maison: interdiction de fréquenter des garçons, port du hijab à partir d'un certain âge, mariages arrangés par les parents, polygamie du père et toute-puissance de celui-ci, soumission à l'autorité du grand frère en l'absence du paternel...

Mais les parents pouvaient toujours parler, une fois sorties de la maison de Saint-Léonard, les filles n'en faisaient qu'à leur tête, tout en faisant quand même attention à ne pas se faire prendre, ou se faire dénoncer par un autre membre de la famille.

Mais voilà, le 17 avril 2009, un grand tremblement de terre a ébranlé la famille Shafia. C'est le jour où l'aînée des sept enfants, Zainab, 19 ans, a fui le domicile familial de Saint-Léonard, pour se réfugier dans une maison pour femmes en difficulté. Le geste était si téméraire, que quatre des enfants Shafia, dont Sahar et Geeti, ont appelé le 9-1-1 par crainte de la réaction du père, qui s'apprêtait à revenir de Dubaï. Cet appel aurait malheureusement eu peu de conséquences, comme on le verra au cours du procès. Mais pour le moment, voici un bref portrait des trois soeurs Shafia.

ZAINAB

Née le 9 septembre 1989. Premier enfant de la famille Shafia. Morte à 19 ans.

En 2008, alors qu'elle avait 18 ans, Zainab a fréquenté un garçon à l'insu de ses parents. Un jour, alors que toute la famille était absente, elle a invité le jeune homme à la maison. Hamed serait arrivé pratiquement sur leurs talons. À la demande de Zainab, le garçon est vite allé se cacher dans le garage. Mais Hamed l'a trouvé, et l'a mis dehors. Par la suite, Zainab aurait été retirée de l'école et confinée à la maison pendant près d'un an, selon le discours d'ouverture de la procureure de la Couronne.

Le 1er mai 2009, à l'incitation de sa mère Tooba, Zainab a quitté la ressource pour femmes en difficulté où elle vivait depuis deux semaines, et est revenue à la maison. Sa mère lui aurait promis qu'elle pourrait se marier au jeune homme qu'elle fréquentait à ce moment. Le 18 mai, une cérémonie religieuse a en effet été organisée dans une mosquée. Le lendemain, c'était la fête de mariage dans un restaurant. Le garçon s'y est présenté seul, sans aucun membre de sa famille pour l'accompagner. Il faut dire que la famille du garçon était elle-même contre ce mariage.

Tooba et Hamed ont fait comprendre à Zainab qu'elle s'apprêtait à commettre une grosse erreur. Zainab s'est laissée convaincre. Elle a dit au garçon que ce mariage affecterait la réputation de sa famille, et tous deux ont convenu d'annuler le mariage. Le même jour, des tractations ont été entreprises pour marier Zainab à un parent de Tooba. Pour Zainab, c'était le moyen de quitter la maison familiale, et elle a accepté. Le mariage devait avoir lieu assez rapidement, au début de l'été.

«Zainab était pressée de rentrer à Montréal pour se marier,», a fait valoir Mohammad Shafia, lorsqu'il a été interrogé par un policier de Kingston, le 30 juin 2009, quelques heures après la découverte des corps dans l'écluse.

Zainab se trouvait à la place du passager en avant dans la Nissan submergée. Elle flottait le dos au plafond.

Image
Rona et Sahar, photographiées à l'aide d'un téléphone portable dans une chambre d'hôtel lors du périple à Niagara Falls, quelques jours avant leur mort tragique


SAHAR

Née le 22 octobre 1991, troisième enfant de la famille Shafia. Morte à 17 ans.

Quarante jours après avoir accouché de Sahar, sa mère, Tooba, l'a donnée en cadeau à Rona, première épouse stérile de Mohammad Shafia. «Tiens, elle est à toi. Tu vas t'en occuper», aurait dit Tooba.

Rona était folle de joie.

À Montréal, Sahar fréquentait une école de Saint-Léonard, et envisageait de devenir gynécologue. Elle avait un petit ami d'origine latino-américaine, qu'elle voyait secrètement. Sachant que ses parents seraient contre cette relation, elle envisageait de partir avec le garçon pour aller s'établir dans son pays à lui.

Sahar s'était confiée à certains professeurs à l'école, au sujet de la violence à la maison et du manque de liberté. Ses parents l'empêchaient parfois de venir à l'école et cela pouvait durer des jours. Elle se plaignait aussi que parfois, elle se sentait bien seule à la maison, car personne ne lui parlait. À certains moments, Sahar paraissait suicidaire.

Dans son journal, Rona raconte un de ces épisodes suicidaires, qui faisait suite à une querelle entre Sahar et sa mère Tooba, pour une question d'épluchage de patates. Fâchée que Sahar ait demandé à Geeti de lui apporter le sac de patates à éplucher, Tooba aurait vertement réprimandée Sahar, en lui disant qu'elle se servait des autres pour arriver à ses fins. Peu de temps après, Sahar a fait une mixture avec des comprimés pour purifier l'eau et l'a avalée. Affolée, Rona criait et se frappait elle-même en disant pourquoi tu as fait ça?

Rona a noté dans son journal que Tooba lui a répondu:

«Elle peut aller chez le diable. Laisse là se tuer.»

Rona et Sahar ont développé des liens très serrés qui ont perduré. Lors de la découverte de la Nissan au fond de l'écluse, elles étaient assises côte à côte sur la banquette arrière.

Image
Geeti

GEETI

Née le 30 novembre 1995. Sixième enfant de la famille Shafia. Morte à 13 ans.

Geeti la rebelle, qui défiait l'autorité, quelle qu'elle soit. Elle rentrait tard à la maison, s'est fait prendre à voler dans un magasin. À l'école, c'était la catastrophe. «Pas motivée, elle séchait des cours, si bien que lors du dernier semestre, elle a échoué trois des quatre matières enseignées. Il est aussi arrivé que les autorités de l'école la retournent à la maison, parce qu'elle portait des vêtements inappropriés et trop révélateurs.

Geeti voulait quitter la maison familiale le plus vite possible. Elle demandait à être placée par la Direction de la protection de la jeunesse. Elle en avait fait part à un travailleur de la DPJ, à la police, et à l'école. Même sa mère Tooba était au courant et ne savait plus quoi faire avec cette enfant. Secrètement, Geeti planifiait aussi de partir avec Sahar quand celle-ci quitterait la maison.

Geeti, la plus jeune des quatre victimes, flottait au-dessus de la place du conducteur dans la Nissan submergée. Son corps était entremêlé avec celui de sa soeur aînée, Zainab, a expliqué le policier plongeur qui a remonté les corps.

http://www.cyberpresse.ca/actualites/qu ... cueil_POS4" onclick="window.open(this.href);return false;

Publié : mar. nov. 01, 2011 2:19 pm
par Fanfoi
Consult1 a écrit : [...]


La couronne a déjà prouvé que c'est la voiture des parents qui a poussé l'autre auto dans le canal..., ce qui est déjà un meurtre au 2e degré avec perpétuité minimum 15 ans. Ce n'est pas comme un gars qui sort un couteau de sa poche pendant une bagarre...
Parfait. On mets l'auto en tôle pour 15 ans.

Sérieusement, ont-ils prouvé qui la conduisait?

Publié : mar. nov. 01, 2011 3:58 pm
par Anya
Procès Shafia: le père, la mère et le fils avaient tous la même réaction
01 novembre 2011 à 13h08 | Mis à jour à 15h27

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Christiane Desjardins
La Presse

(Kingston, Ontario) Alors que presque la moitié de leur famille venait de périr d'un coup dans l'écluse de Kingston Mills, le 30 juin 2009, Mohammad Shafia, son épouse Tooba et leur fils Hamed ne cherchaient nullement à comprendre ce qui s'était passé, et s'en tenaient à une version imprécise, mais à peu près identique des événements ayant entouré la disparition des quatre victimes.

C'est ce qui se dégage des quatre interrogatoires vidéo que la Couronne a fait jouer une à la suite de l'autre, depuis vendredi dernier, au procès des trois Shafia accusés d'avoir tué avec préméditation quatre femmes de leur famille. Ces interrogatoires ont été réalisés le 30 juin 2009, au poste de police de Kingston. Les parents Shafia et leur fils Hamed s'y étaient rendus vers 12h30, pour signaler la disparition de Zainab, 19 ans, Sahar, 17 ans, Geeti, 13 ans, et de leur «tante» ou «cousine» Rona, 53 ans, ainsi que le deuxième véhicule de la famille, une Nissan noire.

Au poste de police, on venait d'apprendre qu'une Nissan noire avec des cadavres à bord venait justement d'être trouvée au fond de l'écluse de Kingston Mills. L'enquêteur Geoff Dempster qui s'apprêtait à se rendre à l'écluse a plutôt décidé de s'occuper de la famille au poste de police. Avec beaucoup d'égards, M. Geoff a d'abord interrogé le père, Mohamamad Shafia.

Selon la version de celui-ci, la famille de dix, qui rentrait à Montréal après un voyage à Niagara Falls, s'était arrêtée au Kingston Motel East, vers 1h30 dans la nuit, afin de dormir. La famille voyageait à bord de deux voitures: une Lexus et une Nissan noire. Une fois sur place, l'aînée des filles, Zainab, avait demandé la clé de la Nissan pour sortir ses vêtements. Le lendemain matin, le père avait constaté que la Nissan, Zainab, deux de ses soeurs et sa tante n'étaient plus là. Hamed non plus n'était pas là, car il avait décidé de poursuivre la route jusqu'à Montréal seul, avec la Lexus, parce qu'il avait du travail à faire.

Ensuite, le policier a interrogé le fils, Hamed, qui avait alors 18 ans. Certaines des réponses du garçon étaient déroutantes et le policier a commencé à se montrer sceptique. M. Dempster était notamment fort intrigué par le fait que le garçon était parti en pleine nuit à Montréal avec la Lexus de son père, pour revenir à Kingston quelques heures plus tard, avec un véhicule différent: une Pontiac Montana. Mohammad expliquait ce voyage par le fait qu'il voulait aller récupérer son ordinateur à Montréal. Le fils n'avait pas de véritable réponse pour expliquer ce changement de voiture. «La Lexus est une grosse voiture. Si je l'abîmais, mon père ne serait pas content», a dit Hamed.

L'enquêteur a ensuite interrogé la mère, Tooba, qui s'en est tenue à la version de la clé de la Nissan donnée à Zainab. L'enquêteur Dempster était de plus en plus sceptique.

«Mon travail est de trouver la vérité. Je n'arrêterai pas tant que je ne l'aurai pas trouvé», a prévenu l'enquêteur, à un certain moment.

«Je ne peux pas dire ce que je ne sais pas», s'est défendue la mère.

La quatrième vidéo présentée est le second interrogatoire de Hamed, qui a eu lieu en fin de soirée, toujours le 30 juin 2009. Cette fois, l'enquêteur Dempster est beaucoup moins conciliant. Il confronte Hamed sur le fait que ce dernier a rapporté une collision le matin même à la police de Montréal, avec la Lexus de son père. En fait, Hamed a foncé dans le parapet d'un stationnement pratiquement désert. Il a appelé la police pour rapporter la collision. Mais il n'avait pas rapporté cet incident lors de son premier interrogatoire avec M. Dempster.

«Je ne voulais pas que vous alliez le dire à mon père», a rétorqué Hamed.

Rappelons que l'avant de la Lexus était endommagé, et que des pièces d'un de ses phares ont été trouvées au bord de l'écluse de Kingston Mills.

Le procès se poursuit cet après-midi à Kingston, avec la suite de l'interrogatoire du détective Dempster.

http://www.cyberpresse.ca/actualites/qu ... action.php" onclick="window.open(this.href);return false;

Publié : mer. nov. 02, 2011 1:40 am
par Consult1
Fanfoi a écrit : [...]


Parfait. On mets l'auto en tôle pour 15 ans.

Sérieusement, ont-ils prouvé qui la conduisait?
:lol: :lol: J'imagine que le terme "raisonnable" dans l'expression "hors de tout doute raisonnable" exclut Rael ou le saint-Esprit.