«J.E.»: le frère et la soeur d'Hélène Martineau ne croient pas à la thèse du suicide
Deux ans après la disparition d’Hélène Martineau, son frère et sa jumelle s’expriment pour la première fois. Ils soulèvent des doutes sur la thèse du suicide avancée par leur beau-frère.
«Si tu veux te suicider, tu n'iras pas mener ta formule d'arrêt de travail chez ton employeur juste avant», lance le frère d’Hélène Martineau qui s’est confié à J.E. pour la toute première fois depuis la disparition de sa sœur il y a bientôt deux ans.
La jumelle de la dame dont on a perdu la trace le 12 avril 2017 a aussi livré un témoignage émotif sur cette affaire mystérieuse.
Hélène Martineau, 48 ans, est originaire du Saguenay. Ergothérapeute à l'hôpital de Jonquière, elle est mère de trois enfants. Malgré les nombreux efforts de recherches, Hélène demeure introuvable tout près de deux ans plus tard.
Pour sa jumelle et son frère, l'absence d'Hélène pèse lourd.
«C'est sûr qu'au début, c'est le choc. Tu ne comprends pas trop ce qui arrive, tout se bouscule. Tu ne vis pas, t'existes on dirait, explique Gilles avec émotion. Pour Hélène, sa famille c'était bien important, ses filles prenaient beaucoup de place dans sa vie.»
Dépression et difficultés personnelles
Pour Gilles et Danièle, l'histoire commence quelques semaines avant la disparition d'Hélène, lorsqu'ils apprennent que leur sœur est en arrêt de travail en raison d'une dépression.
Deux semaines avant sa disparition, Hélène a rendu visite à son frère en Mauricie et s’est confiée sur ses difficultés personnelles.
Danièle et Gilles Martineau, la soeur et le frère d'Hélène Martineau
«C'est ce qu'on s'est rendu compte dans les dernières semaines que ça n'allait vraiment pas. Là elle remettait tout en question. Tout en question, exactement, elle repassait toute sa vie, les étapes, elle était en train de faire un bilan si on veut, pour l'avenir, ce qu'elle envisageait.»
«À la fin, son estime de soi était plus basse, elle était en remise en question. Elle avait besoin de sortir de la maison, il fallait qu'elle fasse quelque chose, donc on suggérait qu'elle vienne chez moi», raconte Danièle.
Le lendemain matin, le 12 avril, Danièle a envoyé un message texte à Hélène vers 8h50, afin de confirmer l'achat de son billet d'avion.
Elle a reçu rapidement une réponse.
«"Je te confirme plus tard, je vais vérifier avec Michel s'il est encore correct". Ça, c'était son texte qu'elle m'a envoyé, puis je n'ai jamais eu d'autres nouvelles après», dit-elle.
Durant cet échange, Hélène est à la maison familiale, en compagnie de deux de ses filles. Elle a pris le petit déjeuner avec la plus jeune qui a quitté pour l'école, vers 9h45.
Voici donc ce que nous savons sur l'emploi du temps d'Hélène Martineau, la journée de sa disparition. Après le départ de ses filles, elle s’est rendue en voiture à l'Hôpital de Jonquière où elle travaillait comme ergothérapeute.
Déjà en arrêt de travail, elle s'y rendait pour remettre son billet de médecin qui prolongeait son congé de maladie.
Ensuite, elle s’est dirigée vers le centre commercial Place du Royaume, secteur Chicoutimi, pour retourner un morceau de vêtement appartenant à sa fille, à la boutique Le Garage.
Dernières images
Nous avons mis la main sur ces images qui sont diffusées pour la toute première fois depuis le 12 avril 2017. On y voit Hélène qui entre dans la boutique vêtue d'un autre manteau que celui qu'elle portait au moment de sa disparition. Il est alors 11h30.
La transaction n’a duré que quelques minutes. On remarque le sourire qu'Hélène adresse à la caissière avant de repartir. Puis Mme Martineau est retournée chez elle à bord de son véhicule.
Une information validée par le voisin immédiat, qui habite le même jumelé que la famille Martineau, sur la rue Montgomery. Il raconte qu'il la suivait en voiture lorsqu'elle est arrivée à la maison à 12h15.
À 12:45, la sœur d'Hélène lui envoie un message, qui demeurera sans réponse.
«Je l'ai textée pour lui demander: ça va tu? Je n'ai pas eu de nouvelles, puis après ça je n'en ai pas eu. C'était la dernière fois. Le dernier texte que je lui ai envoyé, mais je n'ai pas eu d'autres nouvelles après ça,»
C'est sa fille Myriam qui constate en premier son absence en début de soirée. Sur l'heure du souper, sa mère n'est pas à la maison, mais son cellulaire, son sac et son portefeuille s'y trouvent.
«Tous ses effets étaient là, mais personne ne l'a vu sortir. Personne parmi les gens qui ont des caméras de surveillance dans leur cour. Ça a été vérifié et demandé, personne ne l'a vue», explique Gilles.
«C'est Michel qui m'a appelée pour me dire qu'elle était manquante, et que les démarches étaient commencées avec les policiers», ajoute Danièle.
La thèse du suicide mise en doute
Si plusieurs éléments leur laissaient croire à un suicide au départ, les proches d'Hélène doutent de cette thèse, deux ans plus tard. Jamais leur sœur n'est partie sans donner de nouvelles à ses proches.
En plus d'être sans nouvelle de leur sœur, Gilles et Danièle doivent composer avec le fait que leur beau-frère, Michel Larouche, est suspecté par les policiers, d'avoir tué sa conjointe.
«On sait tous que c'est le conjoint qui est suspect, ça, c'est depuis le début qu'on est obligé de vivre avec ça. Mais il faut tout regarder, je ne peux pas me mettre la tête dans le sable et faire semblant qu'il n'y a rien. Faut tout envisager», insiste Gilles.
Michel Larouche est toujours considéré comme suspect. Il nie toujours avoir tué sa femme.
«On a pris une décision thérapeutique qu'elle aille se ressourcer, mais jamais ça n’a été associé à une fin de couple», dit-il en insistant sur le fait qu’il n’était pas question de séparation.
Michel Larouche est professeur de physique au Cégep de Jonquière. L'homme de 52 ans n'a aucun antécédent judiciaire.
l nous confirme que sa femme souffrait d'une dépression, mais que lui aussi traversait des moments très difficiles au point de se rendre lui-même à l'hôpital de Chicoutimi quelques jours avant la disparition de femme.
«Oui j’ai séjourné volontairement à l’hôpital. [...] J'étais dépressif, grandement dépressif!», explique-t-il.
«J’avais l'impression que j'allais perdre ma blonde même si on ne se séparait pas», ajoute M. Larouche.
Trois interrogatoires et un test du polygraphe
Michel Larouche prétend qu’il n’a pas vu sa conjointe le 12 avril. Nos informations nous indiquent que Michel Larouche a quitté la maison de ses parents, à pied pour se rendre à la piscine du Foyer des loisirs vers 12h30.
Il a nagé jusqu'a 13h15 puis il s'est rendu à la Pizzeria Davis pour dîner, il a payé son repas vers 14h15. Ensuite direction pharmacie, voisine du restaurant. Il était environ 14h45 quand il a quitté. Personne ne peut confirmer ce que le suspect a fait entre 15h00 et 17h45
Il a toujours raconté avoir fait une sieste chez ses parents, mais ceux-ci n'étaient pas présents pour le confirmer.
L’homme a subi trois interrogatoires de plusieurs heures où les policiers l'ont confronté sur plusieurs aspects de sa relation avec Hélène. Une lettre écrite par Hélène a d'ailleurs été retrouvée dans les poubelles et constitue un élément important pour les enquêteurs.
Et au sujet du polygraphe qu’il a échoué, Michel Larouche lance :
«Si je l'ai vraiment échoué, c'est parce que l'appareil n'a pas fait la différence entre mon sentiment de culpabilité que j'avais et que j'ai encore.»
«J'ai renié ma promesse solennelle d'être avec ma blonde dans les moments difficiles que les moments de bonheur puis quand il y a eu des moments difficiles, j'ai fui chez mes parents.»
La Sûreté du Québec a érigé un poste de commandement jeudi de 14h à 22h30 au centre commercial Place du Royaume. Les policiers seront encore sur place vendredi matin dans l’espoir d’obtenir de nouvelles informations.
Les photos qui ont été diffusées dans l’émission jeudi soir pourraient permettre de comprendre ce qui s’est passé.
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