LE DOMAINE BLEU

jaskab  a écrit
Exemple vécu.
Un jeune l'an passé qui piquait des crises de fou.  Je devais le sortir moi-même.  Une fois dans le corridor, il frappait les murs, pleurait, faisait exprès pour se lever le coeur.  Comme la direction est présente 2 demi journées semaines, je devais sortir de la classe fréquemment pour m'assuer qu'il était toujours là.  Car nous sommes responsables des jeunes. Un jeune de 11 ans qui prenait beaucoup de mon temps sur une classe de 16.  Un jeune qui pouvait faire en sorte qu'une journée de classe normale devienne à l'envers. exactement! et je suis sur qu'il y a pleins de prof qui peuvent en conté des histoires de même...

Mamzelle tournesol  a écrit

Dans un deuxième temps, tu sembles dire que les enseignants concernés par l'article du journal n'aime pas leur travail ....  Là je respire et je vais essayer de modérer mes mots ...  Te rends tu comptes que c'est une jugement tout à fait sans fondements que tu poses là?

C`est pas un jugements sans fondement,j`ai juste lu l`article et c`est ce qu`il semble démontrer.En passent c`est drôle,depuis que j`ai passé ce commentaire je suis plus capable de me connecté sur le forum.Je suis présentement sur l`odri d`un ami.

Rupert, va voir le directeur! Le prof t'a jeté hors de la classe parce que tu es sorti des rangs.   --Message edité par sabi le 2004-02-07 21:36:32--

Rupert, tu sembles ne pas voir le problème. Tu penses que le journaliste a exagéré. As-tu lu les messages de Jaskab et de Mamzelle Tournesol entre autres? Elles parlent en toute connaissance de cause!

Sabi  a écritRupert, va voir le directeur! Le prof t'a jeté hors de la classe parce que tu es sorti des rangs.    
very classy!

Merde, je me suis trompée de smiley, j'suis crampée, excuse-moi!  

C'est lui que je voulais  mettre!

Je voudrais juste rajouter aussi, comme l'a dit Rénatane, je crois, qu'un élève ayant un comportemant exagérément déplacé, perturbe toute la classe? Pourquoi pénaliser le groupe jour après jour?

Situation vécue dans une première année : Le prof doit documenter, faire des rapports, prendre l'élève à part plusieurs fois par jour, intervenir verbalement devant tout le monde, arrêter les coups, subir des coups, etc... La direction exige de l'enseignant qu'il s'implique plus auprès de l'enfant et les parents disent que l'école exagère. Un jour, l'enfant est retiré de sa classe, suspendu, ses parents doivent venir le chercher. Les parents arrivent à l'école et refusent de partir avec l'enfant. L'enfant reste là, seul, assis sur une chaise au secrétariat. Personne ne veut de lui... c'est misérablement triste. Un petit de première année.  :/ --Message edité par sabi le 2004-02-07 21:37:28--

pucinette  a écrit
Sur la tonne de profs que j'ai eu je peux dire que y'en a peut-être trois qui fesait vraiment une bonne job .
Je me souviens d'une en particulier j'avais de la difficulté dans une matière et j'avais réussi mon examen au lieu de me féliciter : "T'as tricher je suppose ? " maudite bonne pédagogie  

Y'a pas juste des bons élèves , mais y'a pas juste des bons profs non plus . --Message edité par pucinette le 2004-02-07 19:05:15--

...par chance qu'il y a un syndicat pour les protéger...!  ;)  

Tu ris mais une chance pour vrai

ZazaGabor  a écritJe ne sais juste plus quoi dire...
C'est noir ou blanc.

J'avais écrit quelque chose de très personnel sur ma situation professionnelle, mais je l'ai effacé. En me disant que c'était inutile que je risquais seulement d'augmenter ma vulnérabilité qui est déjà très importante.

Ce «topic» me rejoint trop émotionnellement parlant, alors je vais m'abstenir de le visiter. Bonne poursuite de la discussion.

Je l'ai lu et je pense pas que quelqu'un se serve de ça contre toi --Message edité par pucinette le 2004-02-08 00:08:40--

Ouf, j'ai pas eu la patience de lire tous les commentaires, mais, au risque de répéter ce qui a déjà été dit, je vous fais part des miens.

JE SUIS ENSEIGNANT AU SECONDAIRE et je peux vous assurer que ce que j'ai lu ressemble à ce que j'ai vécu au début de ma carrière.  J'ai travaillé dans des écoles secondaires (une en particulier, à Verdun) où il ne se passait pas un jour sans qu'il y ait un cas de taxage, de saisie de drogue, de violence, de fille enceinte ou de menace de mort.  Ces années furent un véritable enfer pour moi, mais, chaque jour, je me suis levée quand même. Dieu sait pourquoi?  Je crois que j'ai écrit ma lettre de démission au moins une fois par semaine, mais je retournais quand même et celle-ci se retrouvait dans le fond du bac à recyclage. Je crois que c'est ca qu'on appelle la vocation!

Ce qui est rassurant, c'est qu'avec l'ancienneté, tranquillement, les choses s'arrangent.  On a une meilleure tâche, on a plus d'expérience, plus d'assurance.  Les élèves le ressentent et généralement ca va mieux après.  J'en suis à ma 8e année et je peux vous dire que je commence à être bien seulement depuis deux ans...

De plus, ici on ne parle pas des changements constants d'école (au début on est traité comme de la sous-merde, on ne lance d'une école à l'autre parfois deux ou trois fois par année, toujours dans les pires écoles où personne ne veut aller et avec les pires tâches, voire 2 ou 3 niveaux ou matières).  Le système est très mal fait de ce côté.  Ce sont les nouveaux enseignants, sans expérience, qui héritent de ces classes et de ces tâches!

Cette année, je touche du bois, mes élèves sont très gentils. Pourtant je travaille dans une école réputée pour être difficile... Je ne peux nier qu'ils sont paresseux, ils ne font pas leurs devoirs, s'absentent beaucoup sans raison, ont tendance à placotter, mais rien de très grave.  Il faut dire que j'ai les plus vieux, les 5e secondaire.  Par contre, les résultats sont catastrophiques (j'ai des moyennes parfois de 45%). J'ai beau me fendre en 4 pour les motiver avec des beaux projets, actuels, variés... ils s'en fouttent pour la plupart. Oui, parfois, j'ai le goût de tout foutre en l'air, mais je reste, par passion, je crois.

Un autre commentaire de personne sur le terrain...! Au risque de ne pas paraître subtil   , j'apprécie beaucoup ton commentaire el barto...!

Ton cheminement ressemble étrangement au mien...! J'enseigne depuis 7 ans...et trop souvent à mes débuts je revenais avec un point dans le ventre tellement les élèves venaient me chercher. Avec le temps, l'expérience et l'assurance comme tu le mentionnes si bien...on parvient à instaurer une certaine gestion de classe plus solide.

Pendant mes premières années, ma tâche comportait 5 écoles, je devais me déplacer d'une école à l'autre sur l'heure du dîner...je prenais mon lunch bien souvent sur le fly dans ma voiture...

Pour ce qui est de la clientèle qui laisse souvent à désirer, on n'a pas le choix de se retrousser les manches pis de tenter d'aider les plus "puckés" tout en gardant à l'oeil nos meilleurs qui en demandent toujours plus...!

J'en suis à ma troisième année... Toute jeune

Les 2 premières ont grouillé...

Durant ma première année, j'ai été convoquée à aller en cour 2 fois.  Une fois pour un cas de DPJ.  Je témoignais en présence du père et de la jeune fille.  La jeune fille me faisait confiance mais, honteuse, j'ai dû révéler des confidences qu'elle m'avait faites...  

Une autre fois aussi à cause d'un cas qui est arrivé durant cette première année encore.  Un élève avait passé une corde autour du cou d'un autre élève.  Ce même élève m'a menacé, après ce geste, de me mettre le poing à la figure.   J'ai témoigné au tribunal de la jeunesse.  Interrogatoire, contre interrogatoire... tout cela devant les 2 partis en cause.

C'était rendu qu'à chaque fois qu'un char de police s'approchait de l'école, mes jambes venaient molles.  Je me demandais: quoi encore... je vais témoigner pour quoi cette fois-ci...

Une autre réalité déplaisante.  Surtout quand tu enseignes à la soeur de celui contre qui tu as témoigné à la cour (l'histoire de la corde) et que, inévitablement, tu dois appeler les parents de cette fille durant l'année pour mauvais comportement.

Enseigner ne se résume pas à préparer et donner des cours.  Ça ne se résume pas à faire de la petite discipline quotidienne.  Quand un gros cas se présente, tu dois continuer à te tenir droit et fort pour le reste de la classe.

Cette année, j'ai un super beau groupe    12 gars, 2 filles.  Aucune impolitesse, violence, cas lourd.  Je reviens chez moi tellement légère à tous les soirs

Vous me semblez des jeunes professeurs ici, mais peut-être pouvez vous répondre a mes questions...

Je me demandais ... savez vous quand la mentalité des élève à changé?  Quand ils ont commencé à devenir irrespectueux?  Qu'est-ce qui a changé pour en arriver à ça (outre les budgets qui diminuent, j'aimerais une autre raison).  Est-ce que c'est un problème de génération (ou de la génération/parents qui élèvent ces enfants âgés de 15-16 ans)

Finalement, j'ai 22 ans, mais je veux des enfants dans 3-4 ans ... pensez-vous que si je passe mes soirées avec eux, en les aidant a faire leur devoir, à les écouter etc etc ça va avoir un impact réel sur son comportement en classe? (pas que je compte pas le faire, mais pas curiosité).  Moi j'ai peur que mon enfant soit une bolle et ait de bon résultat, je veux pas qu'il se fasse écoeurer (mon chum et moi on a passé par là)

Intégrale

1. Leur donner le goût du dépassement.
2. Les pousser à aimer d'autres choses que les jeux vidéos et le clavardage.
3. Ouvrir leur esprit sur le monde.
4. Les encadrer dans leur cheminement scolaire.
5. Ne pas leur donner toujours raison (ne pas en faire des enfants roi)
6. Être là pour eux, les écouter, mais pas toujours les approuver.
7. Les sensibiliser à la langue française.

Ce n'est pas une recette miracle, mais si tous les parents s'inquiétaient de l'avenir de leurs enfants ou prenaient le temps de s'en occuper, il y aurait sûrement moins de problèmes... Un ado reste un ado, mais si on ne les remet jamais à leur place, ils prennent toute la place.

En passant, selon ce que j'observe, les élèves qui ont de bonnes notes ne se font pas écoeurés. Ce sont plutôt les gênés, les zélés ou ceux qui ont un handicap quel qu'il soit (laideur, grosseur, complexe, manque d'assurance). C'est malheureux, mais c'est la réalité.

À mon avis, les deux (les notes et la personnalité) sont très dissociables...

El Barto  a écritEn passant, selon ce que j'observe, les élèves qui ont de bonnes notes ne se font pas écoeurés. Ce sont plutôt les gênés, les zélés ou ceux qui ont un handicap quel qu'il soit (laideur, grosseur, complexe, manque d'assurance). C'est malheureux, mais c'est la réalité.

À mon avis, les deux (les notes et la personnalité) sont très dissociables...  

J'imagine, c'est cruel un ado (j'étais pas parfaite non plus   ).  
Je me suis pas fait écoeurer dans le style pointé du doigt et rire de moi, mais plutot, "ben on le sais ben que t'a eu 95% pis que c'est facile pour toi" blabla... juste asser pour que tu te sente cheap d'avoir des bonnes notes.  Mon chum lui ne répondait pas a des pages complète d'examen et avait 50% pour après avoir 100% dans l'examen suivant, juste pour avoir une moyenne dite "normale".

Enfin bref, là n'est pas le sujet  

integrale  a écritVous me semblez des jeunes professeurs ici, mais peut-être pouvez vous répondre a mes questions...

Je me demandais ... savez vous quand la mentalité des élève à changé?  Quand ils ont commencé à devenir irrespectueux?  Qu'est-ce qui a changé pour en arriver à ça (outre les budgets qui diminuent, j'aimerais une autre raison).  Est-ce que c'est un problème de génération (ou de la génération/parents qui élèvent ces enfants âgés de 15-16 ans)

Finalement, j'ai 22 ans, mais je veux des enfants dans 3-4 ans ... pensez-vous que si je passe mes soirées avec eux, en les aidant a faire leur devoir, à les écouter etc etc ça va avoir un impact réel sur son comportement en classe? (pas que je compte pas le faire, mais pas curiosité).  Moi j'ai peur que mon enfant soit une bolle et ait de bon résultat, je veux pas qu'il se fasse écoeurer (mon chum et moi on a passé par là)

La mentalité des élèves a toujours été pareilles. Je suis de la génération des nouveaux de la polyvalente. Crois moi c'était le bordel total. En 1968 je me souviens très bien d'un cours de géographie où notre jeune enseigante française parlait carrément seule devant la classe. Tous les jeunes se mettaient en rond par gang et jasaient. La conne en avant parlait seule. J'en était mal. A mon examen de fin d'étape j'étais arriver en retard, ben elle m'a remis une copie et j'ai fait l'examen sur le coin de son bureau en 10 minutes je vous le jure.

Des tough il y en avait. Voyons donc ils avaient redoubler 3 fois au primaire, en 8ième année (secondaire 2)ils avaient17-18 ans. Des histoires de gars donnant la volée au prof, c'est arrivé en 1970.

Ma fille est en secondaire 5, au public. Surveillé, je dirais 50 fois plus que je l'étais. Je dois me retenir quelquefois de lui raconter ce qui pouvait se passer dans mes classes. Elle est à son affaire, réussi très bien, son groupe est pareil. Ils ont de l'ambition, leur programme est beaucoup plus charger qu'il pouvait être en mon temps. Je suis souvent impressionée par les travaux qu'elle fait.

J'en aurai à vous raconter le foleries que nous pouvions faire, ça n'avait pas d'allure.

Et puis là en première page du journal, c'est l'enfer pour les enseignant.

C'est bien le journal de Montréal ça. Du vrai beau sensasionalisme. Ben oui des tout croches c'est pas nouveau, j'ai 49 ans et j'en ai vu en masse.

Oui les profs, votre job n'est pas facile, je le comprend.

Serait-il possible de dire qu'il y a aussi une belle gang de jeune qui vont réussir et qui sont correct.

Ben dire ça, il n'y aura pas de nouvelles en première page.

El Barto, je voudrais juste rajouter, (faire d'autre chose que le clavardage). Bien ma fille de 16 ans m'a fait remarquer que je passait pas mal de temps sur les forums.

Et oui, nous ne sommes parents mais pas sans fautes.

Ce ne sera pas en première page, mais oui, c'est vrai qu'il y a encore des jeunes intéressés... Moi, ce qui me fait chaud au coeur, c'est quand ils reviennent me voir, plus tard, deux ans après, et qu'ils me racontent comment ils vont, ce qu'ils font... Ils se débrouillent bien pour la plupart.  Certains se réveillent au Cégep, d'autres vont travailler et se rendent compte que la vie, c'est pas une partie de carte.  

J'ai été juge à l'Expo sciences cette semaine et il y avait là des jeunes plein de passion... très articulés. Oui, il y en a, mais parfois on a tendance à les oublier parce que les autres prennent toute la place.