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La mort de Freddy Villanueva à Montréal-Nord - Pas d'accusations, mais une enquête publique
Amélie Daoust-Boisvert
Édition du mardi 02 décembre 2008
La certitude a succédé aux rumeurs hier soir au Palais de justice de Montréal, alors que la Couronne a confirmé qu'aucune accusation ne serait portée contre le policier qui a atteint mortellement Fredy Villanueva le 9 août dernier dans l'arrondissement de Montréal-Nord.
Me François Brière, procureur en chef adjoint à Saint-Jérôme, a déclaré que «considérant que le policier croyait sa vie et celle de sa partenaire en péril [...], il était justifié d'utiliser la force mortelle. Rien ne permet de conclure qu'une infraction criminelle a été commise par les deux agents». La décision des six procureurs chargés d'étudier la preuve semble sans équivoque, alors qu'ils se sont penchés sur l'enquête de la Sûreté du Québec comprenant 75 témoignages, dont ceux des deux policiers et des jeunes impliqués, ainsi que des enregistrements vidéo, des conversations téléphoniques, des photos et les rapports des experts en balistique et en pathologie judiciaire.
Selon l'analyse des témoignages, ce jour fatidique, les policiers seraient intervenus contre six individus, dont certains jouaient aux dés, dans le parc Henri-Bourassa. Sous motif que les jeux de hasard sur la place publique constituent une effraction, les policiers leur auraient demandé de s'identifier. S'ensuivit une altercation physique entre l'agent Jean-Loup Lapointe et Danny Villanueva, le frère de Freddy, que le policier a reconnu comme étant membre d'un gang de rue.
Quatre membres du groupe seraient intervenus physiquement et verbalement alors que les policiers tentaient de maîtriser Danny Villanueva au sol. L'agent Lapointe leur aurait ordonné de reculer à plusieurs reprises. Le policier aurait senti une main se diriger vers sa gorge et une autre vers son arme de service. «À cet instant, la peur d'être blessé gravement ou de mourir m'envahit», écrira-t-il plus tard dans son témoignage rapporté par le procureur Brière. «J'ai peur pour ma partenaire. Recevant toujours des coups, j'ai peur de perdre connaissance. Il y a quatre jeunes en bonne forme physique devant moi. Ils sont en position de force et me dominent complètement. Ma partenaire n'est pas en mesure de me défendre. J'ai très peur d'être désarmé. Je ne peux plus attendre d'aide extérieure ou espérer un recul. Nos vies sont directement en danger. Je n'avais pas d'autre alternative que de faire feu.»
Il tire à quatre reprises. Deux balles atteignent mortellement Fredy Villanueva. Les rapports balistiques concluent que le jeune homme était à 38 cm de l'arme lors de son déchargement. Deux autres jeunes ont été blessés. Me Brière affirme qu'aucun témoignage contradictoire ne vient brouiller le déroulement des faits tel qu'il le décrit, et que les agissements des policiers sont conformes aux directives enseignées.
Enquête indépendante
En marge de ces révélations, le ministre de la Justice et de la Sécurité publique Jacques Dupuis a annoncé la tenue d'une enquête publique «pour révéler toutes les circonstances entourant les événements du 9 août 2008». Le juge Jean-Robert Sansfaçon, nommé coroner ad hoc, entendra les témoignages de toutes les personnes rencontrées auparavant par la Sûreté du Québec. «Toute la lumière sera faite», assure le ministre. Mais, qui dit faire la lumière, dit zones d'ombres. Même s'il croit l'enquête policière exhaustive et professionnelle, le ministre estime que l'enquête indépendante révélera «les raisons, les émotions et les motivations» derrière ces actes.
Les enquêtes se suivent, se ressembleront-elles? Le juge Sansfaçon ne pourra pas renverser la décision de la Couronne et porter des accusations criminelles. Il rédigera un rapport et fera ses recommandations. Toutefois, «si un fait nouveau ou un témoignage contradictoire était révélé, un procureur de la Couronne en prendra acte», affirme le ministre Dupuis.
Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a appelé la population à la paix et au calme hier soir, alors qu'une forte présence policière a été déployée à Montréal Nord pour dissuader les manifestants potentiels. Aucun n'incident n'avait été signalé au moment de mettre sous presse.
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