Publié : jeu. juin 11, 2020 3:25 pm
Québec a dû gérer les frasques d'André Boisclair
Il a fait l’objet d’une plainte liée à la drogue quand il était délégué du Québec à New York.
Le gouvernement du Québec a dû ramasser les pots cassés et conclure une entente confidentielle avec André Boisclair après une plainte concernant l’utilisation de drogue et la présence de jeunes dans son entourage alors qu’il était délégué général à New York, a appris notre Bureau d’enquête.
Cette plainte, reçue durant son bref mandat en 2012-2013, avait été jugée fondée, a indiqué une source proche du dossier, qui n’a pas souhaité être identifiée.
Les services juridiques du gouvernement du Québec ont traité ce dossier et une entente confidentielle est intervenue avec M. Boisclair.
Le sous-ministre alors en poste au ministère des Relations internationales, Michel Audet, avait annoncé à M. Boisclair qu’il était l’objet d’allégations sur son comportement, nous a-t-on indiqué. Il n’a pas été possible d’en savoir plus sur la situation qui a mené à cette plainte si ce n’est qu’elle était reliée à l’utilisation de drogue et à la présence de jeunes dans son entourage.
M. Boisclair a été arrêté puis accusé d’agression sexuelle armée il y a 10 jours.
Les faits reprochés, qui ne sont pas liés à son séjour new-yorkais, se seraient produits à Montréal il y a six ans, le 8 janvier 2014. À cette époque, M. Boisclair était de retour depuis quelques mois de New York, où il a représenté le Québec à titre de délégué général durant moins d’un an.
Cabinet informé
L’existence d’une plainte contre M. Boisclair avait été communiquée à l’entourage de la première ministre d’alors, Pauline Marois, qui l’avait nommé à New York.
Nicole Stafford, la directrice de cabinet de Mme Marois, a confirmé à notre Bureau d’enquête qu’elle avait été informée.
«J’en ai entendu parler, a-t-elle dit. Je n’ai jamais vu la plainte.»
Mme Stafford soutient n’avoir posé aucune question sur la nature de la plainte contre M. Boisclair. Elle n’a pas été en mesure de dire si cette plainte a contribué à la fin de mandat abrupte de M. Boisclair dans la métropole américaine.
«M. Boisclair est revenu et ça s’est réglé aux Relations internationales», a-t-elle dit, en précisant qu’il n’y a selon elle pas eu de «plainte officielle à la police».
«Dès que M. Boisclair a quitté New York, on n’a pas fait le suivi de ça», a-t-elle ajouté.
M. Boisclair a quitté ses fonctions en septembre 2013 à la suite d’allégations de l’ex-député caquiste Jacques Duchesneau, qui avait établi un lien entre la consommation de cocaïne de M. Boisclair et l’octroi d’un contrat.
Mélange de jeunes prostitués et de drogue
Plusieurs ex-prostitués montréalais ont témoigné que la consommation de drogue était fréquemment associée à leurs relations sexuelles avec André Boisclair.
Les récits que nous avons recueillis de ces quatre jeunes hommes, qui ont participé à des soirées avec lui, vont de 2006 à 2014.
Yves* est un ex-prostitué qui dit avoir vendu ses services à l’ex-chef du Parti québécois de 2005 à 2006. Il a raconté qu’il agissait comme intermédiaire entre M. Boisclair et d’autres jeunes hommes, contactés via des sites de messagerie instantanée. La photo d’Yves, plutôt que celle de M. Boisclair, servait pour créer les profils qu’ils utilisaient pour inviter leurs partenaires à les rejoindre dans le Vieux-Montréal.
«J’allais les chercher en bas de son appartement sur la rue Saint-Pierre et quand ils arrivaient en haut, ils réalisaient qu’on n’était pas tout seuls», dit Yves.
Drogue
Les quatre jeunes hommes affirment que M. Boisclair fournissait de la drogue à tous et que les relations sexuelles étaient parfois violentes.
«À un moment donné, il devenait complètement gelé et là ce n’était plus drôle», se rappelle Yves.
Il se souvient être intervenu lors d’une soirée qui aurait pu mal tourner pour un partenaire que M. Boisclair avait attaché. «J’ai dû aller le détacher, car il ne respirait plus, il était en train de suffoquer», raconte-t-il.
Selon Stéphane*, un autre ex-prostitué, les jeunes hommes dont M. Boisclair retenait les services étaient «des escortes [masculins] payées pour frapper d’autres escortes, des escortes renvoyées parce qu’ils ne sont pas assez violents». Stéphane affirme s’être fait proposer des jeux sexuels violents.
«Il disait qu’il me ferait très mal si je le voulais», affirme-t-il.
La sœur d’un autre prostitué, aujourd’hui décédé, garde un mauvais souvenir de la relation qu’il avait avec M. Boisclair.
«Mon frère semblait sous l’emprise de cette personne-là, dit Samia Thivierge. Il revenait toujours vers lui.»
* Noms fictifs
https://www.journaldequebec.com/2020/06 ... s-frasques
Il a fait l’objet d’une plainte liée à la drogue quand il était délégué du Québec à New York.
Le gouvernement du Québec a dû ramasser les pots cassés et conclure une entente confidentielle avec André Boisclair après une plainte concernant l’utilisation de drogue et la présence de jeunes dans son entourage alors qu’il était délégué général à New York, a appris notre Bureau d’enquête.
Cette plainte, reçue durant son bref mandat en 2012-2013, avait été jugée fondée, a indiqué une source proche du dossier, qui n’a pas souhaité être identifiée.
Les services juridiques du gouvernement du Québec ont traité ce dossier et une entente confidentielle est intervenue avec M. Boisclair.
Le sous-ministre alors en poste au ministère des Relations internationales, Michel Audet, avait annoncé à M. Boisclair qu’il était l’objet d’allégations sur son comportement, nous a-t-on indiqué. Il n’a pas été possible d’en savoir plus sur la situation qui a mené à cette plainte si ce n’est qu’elle était reliée à l’utilisation de drogue et à la présence de jeunes dans son entourage.
M. Boisclair a été arrêté puis accusé d’agression sexuelle armée il y a 10 jours.
Les faits reprochés, qui ne sont pas liés à son séjour new-yorkais, se seraient produits à Montréal il y a six ans, le 8 janvier 2014. À cette époque, M. Boisclair était de retour depuis quelques mois de New York, où il a représenté le Québec à titre de délégué général durant moins d’un an.
Cabinet informé
L’existence d’une plainte contre M. Boisclair avait été communiquée à l’entourage de la première ministre d’alors, Pauline Marois, qui l’avait nommé à New York.
Nicole Stafford, la directrice de cabinet de Mme Marois, a confirmé à notre Bureau d’enquête qu’elle avait été informée.
«J’en ai entendu parler, a-t-elle dit. Je n’ai jamais vu la plainte.»
Mme Stafford soutient n’avoir posé aucune question sur la nature de la plainte contre M. Boisclair. Elle n’a pas été en mesure de dire si cette plainte a contribué à la fin de mandat abrupte de M. Boisclair dans la métropole américaine.
«M. Boisclair est revenu et ça s’est réglé aux Relations internationales», a-t-elle dit, en précisant qu’il n’y a selon elle pas eu de «plainte officielle à la police».
«Dès que M. Boisclair a quitté New York, on n’a pas fait le suivi de ça», a-t-elle ajouté.
M. Boisclair a quitté ses fonctions en septembre 2013 à la suite d’allégations de l’ex-député caquiste Jacques Duchesneau, qui avait établi un lien entre la consommation de cocaïne de M. Boisclair et l’octroi d’un contrat.
Mélange de jeunes prostitués et de drogue
Plusieurs ex-prostitués montréalais ont témoigné que la consommation de drogue était fréquemment associée à leurs relations sexuelles avec André Boisclair.
Les récits que nous avons recueillis de ces quatre jeunes hommes, qui ont participé à des soirées avec lui, vont de 2006 à 2014.
Yves* est un ex-prostitué qui dit avoir vendu ses services à l’ex-chef du Parti québécois de 2005 à 2006. Il a raconté qu’il agissait comme intermédiaire entre M. Boisclair et d’autres jeunes hommes, contactés via des sites de messagerie instantanée. La photo d’Yves, plutôt que celle de M. Boisclair, servait pour créer les profils qu’ils utilisaient pour inviter leurs partenaires à les rejoindre dans le Vieux-Montréal.
«J’allais les chercher en bas de son appartement sur la rue Saint-Pierre et quand ils arrivaient en haut, ils réalisaient qu’on n’était pas tout seuls», dit Yves.
Drogue
Les quatre jeunes hommes affirment que M. Boisclair fournissait de la drogue à tous et que les relations sexuelles étaient parfois violentes.
«À un moment donné, il devenait complètement gelé et là ce n’était plus drôle», se rappelle Yves.
Il se souvient être intervenu lors d’une soirée qui aurait pu mal tourner pour un partenaire que M. Boisclair avait attaché. «J’ai dû aller le détacher, car il ne respirait plus, il était en train de suffoquer», raconte-t-il.
Selon Stéphane*, un autre ex-prostitué, les jeunes hommes dont M. Boisclair retenait les services étaient «des escortes [masculins] payées pour frapper d’autres escortes, des escortes renvoyées parce qu’ils ne sont pas assez violents». Stéphane affirme s’être fait proposer des jeux sexuels violents.
«Il disait qu’il me ferait très mal si je le voulais», affirme-t-il.
La sœur d’un autre prostitué, aujourd’hui décédé, garde un mauvais souvenir de la relation qu’il avait avec M. Boisclair.
«Mon frère semblait sous l’emprise de cette personne-là, dit Samia Thivierge. Il revenait toujours vers lui.»
* Noms fictifs
https://www.journaldequebec.com/2020/06 ... s-frasques