lundi 09 mars 2009
Gagnant de la dernière édition de la Star Academy, Mickels n'a pas vraiment le profil-type de l'émission. Auteur, compositeur et chanteur avant l'émission du groupe Rive Despleen, il entame une nouvelle vie "post-star ac" et nous raconte les anecdotes qui ont parsemé cette expérience et nous parle un peu de la réalisation de son futur album.
Tu es auteur compositeur, tu as des projets avec ton groupe, tu fais de la musique depuis 10 ans (tu en as 25), et tu t’es retrouvé à la Star Ac qui est plutôt faite pour les interprètes. Qu’est-ce qui t’a poussé à participer à cette émission ?
C’est un peu compliqué. Mon père m’a inscrit dans mon dos car il savait que j’aurais dit non. J’avais une barrière envers la télé-réalité, la Star Ac, et tout ce qui va avec. A l’époque je m’occupais de paperasseries pour mon père puisqu’on avait investi dans un studio d’enregistrement, et du coup je faisais moins de musique. Mon père m’a donc inscrit à plusieurs choses, notamment le casting de la comédie musicale Mozart. Je suis d’ailleurs arrivé dans les 2 derniers pour le rôle principal. Le but, c’était de me faire sortir du bureau et de me remettre le pied à l’étrier en espérant que quelqu’un flashe un peu sur moi. Alors je suis allé au casting de Mozart, j’ai passé trois ou quatre auditions, et là, je me fais repérer par la personne qui va devenir mon manager, Bruno Berbérès, le directeur de casting. Après le « non » en finale de Mozart, il m’a dit qu’il voulait m’aider. Entre temps, à la Star Academy, on m’avait dit non ! Je m’étais donc lancé à fond dans Mozart en me disant que je préférais faire mes armes dans une comédie musicale plutôt que dans une émission de télé-réalité. Mais finalement c’était non pour Mozart aussi ! Bruno me rappelle une semaine plus tard en me disant qu’il venait d’être embauché par la star ac pour la deuxieme partie du casting. Je l’informe qu’on m’a déjà dit non une fois. Là-dessus, Bruno, très surpris décide de me représenter à l’équipe d’Endemol et de TF1. Apres visionnage et faisant confiance à Bruno ils décident de me refaire passer le casting. Mais me disent non une deuxième fois ! C’est vrai que ma prestation n’était ni bonne, ni mauvaise, simplement pas investie, et ça ne m’étonne pas du tout d’ailleurs. Bruno était vraiment déçu, il s’était battu pour que je le fasse. Il me rappelle une semaine plus tard et m’explique qui y a eu un miracle ! Dans les dernières minutes de la réunion générale à TF1 pour décider de la dernière ligne, Bruno a insisté pour revisionner mon audition, Nonce Paolini a beaucoup aimé ma prestation, il y a eu un nouveau vote et là vous connaissez la suite ! Comme quoi, c’est vrai qu’il ne faut jamais lâcher dans ce métier !
Tu as donc été imposé par le président de TF1 ?
Pas vraiment imposé, disons plutôt que son avis compte beaucoup ! Mais il n’y a pas que lui, Pascal Nègre m’a dit qu’il avait aussi voté pour moi, car il avait le futur album en tête, et pas seulement l’émission de télé. Il préférait quelqu’un d’assez solide, avec un minimum d’expérience. Evidemment, tout l’aspect télé-réalité de l’émission ne sera pas axé sur moi. J’ai 25 ans, une vie à peu près normale, je ne suis ni clochard ni fils de, et la tranche du milieu ça n’intéresse personne.
Du coup on ne t’a pas vu pendant longtemps, sauf pour accompagner les autres !
Effectivement, pendant un mois ou un mois et demi. Jamais en avant mais accompagnateur officiel. On ne m’a pas vu parce que je n’étais jamais nominé ou pré-nominé, mais que je n’étais pas premier non plus ! Quand on est troisième ou quatrième on fait peu parler de soi. En plus je n’avais pas d’aventure, ou de conflit… En fait je faisais partie de ceux qui étaient choisis pour assurer, notamment sur les primes avec les artistes internationaux, et pas de ceux qui étaient choisis pour leur « personnalité ». J’étais intimement persuadé que j’allais rester un mois maximum, et ça me paraissait déjà beaucoup, mais finalement…
Mais quand vous n’étiez plus que 5 ou 6, il a bien fallu que tu apparaisses en pleine lumière. Qu’est-ce qui selon toi t’a permis d’aller au bout ?
Tout le monde me voyait perdant. On avait même eu un avis par un ami de Pascal Nègre comme quoi c’était sûrement une fille qui allait gagner cette année… Moi je n’avais vraiment pas conscience du nombre de votes que je pouvais déplacer. Mais je pense qu’une petite région (Charleville-Méziere, les Ardennes), peut avoir un comportement plus chauvin et se mobiliser plus facilement qu’une grosse métropole comme Paris ou Marseille.
C’est sûr que Marseille vibre plus pour l’OM que pour Alice…
C’est sûr. Je pense aussi que certains ont voté pour moi pour que la Star Ac ne soit pas remportée par quelqu’un qui avait encore tout à apprendre. De toute façon, j’ai déjà dit ce que je pensais d’Alice, ça a fait tout un foin d’ailleurs les jours qui ont précédé la finale, mais j’étais juste honnête. On m’a traité d’hypocrite parce que soi-disant je n’en avais jamais parlé avant, mais ce qu’il faut savoir, c’est qu’ils ne gardent que 20 secondes sur les interviews d’une heure qu’on faisait tous les soirs ! Tout ce que tu dis n’est pas forcément passé. S’ils décident de sortir quelque chose à la fin, ça apparaît comme une révélation. En attendant j’ai toujours dit ce que je pensais, de Gauthier par exemple. Que je ne m’entendais pas super bien avec lui, mais que je ne lui en voulais pas, car pour moi c’est un gamin sans repère, un chat sauvage, mais pas méchant, plus que sincère, limite premier degré. Ce que je ne pensais pas d’Alice. Mais je peux me tromper. Et ils ont décidé de passer tout ça à la fin ! Maintenant si Alice veut qu’on se voie pour en parler, il n’y a pas de souci. La question c’était : « pourquoi Alice devrait gagner ? ». Je leur avais répondu que si on était dans une optique télé-réalité, Alice avait toute sa place, mais si on voulait faire avancer quelqu’un d’un point de vue artistique, je méritais plus la victoire. Il y a une phrase que j’ai dite qui résume ce que je pense : « faites-moi perdre devant Johanna, mais pas devant Alice ». Pour moi, Johanna a vraiment quelque chose à faire dans ce métier. Elle a travaillé et retravaillé sa voix, elle a une prestance scénique… Elle est transcendée par la scène, elle a une vraie aura. J’aime aussi beaucoup Edouard, qui a un vrai talent, qui le cultive de plus en plus, ou des gens comme Quentin, graine de champion à 17 ans, notamment au niveau de l’écriture. Je me suis retrouvé à flirter entre deux eaux, celle des auteurs-compositeurs et celle des gens qui ne savaient pas trop ce qu’ils faisaient là. Alors oui, quand on me demande qui doit gagner, je ne vais pas me prononcer pour la télé-réalité… Mais je ne m’attendais pas à cette victoire. Quand j’en parlais avec mes potes avant de faire l’émission, ils me disaient « vas-y, mais de toute façon tu ne gagneras jamais, t’as pas le style ».
En tant que vainqueur de la Star Academy, te voilà donc signé chez Universal, et plus précisément chez Mercury. Quels sont les termes de ton contrat ?
5 albums sur 10 ans. 2 ans par album, le temps de la réalisation, de la sortie, de la promo, des tournées…
Tu vas faire la tournée de la Star Ac ?
Non. J’ai refusé parce que j’avais quantité d’autres choses à faire, et que ça ne faisait pas partie de mes obligations. Ca n’est pas que je renie la Star Ac, je suis très content de l’avoir faite, et je ne regrette rien mais je n’ai pas envie d’y passer ma vie. J’y ai passé déjà trois mois, j’ai pris des risques par rapport aux préjugés qui circulent sur ces émissions et qui vont me coller à la peau pendant encore quelques années sûrement, et peut-être aussi que le public de cette tournée n’est pas vraiment mon public. Mais la principale raison c’est que je préfère être en studio à préparer mon album qu’être en tournée à chanter des reprises.
Justement tu es aujourd’hui en pleine pré-prod de l’album. Tu as les mains libres d’un point de vue artistique ?
Pour te dire comment ça s’est passé, j’ai eu quinze jours de « vacances » pour passer les fêtes tranquillement. On s’est retrouvé début janvier avec Bertrand Lamblot (directeur artistique chez Mercury) qui est venu au studio. Je lui ai fait écouter 4 ou 5 titres, les plus barrés, pour qu’il voie où ça peut aller. Il écoute et il me dit « l’univers musical me plaît, pas de souci, mais il n’y a pas encore les tubes ». Evidemment, je lui ai fait écouter des titres de 12 minutes… Il m’a fait comprendre qu’il fallait continuer à travailler, et que si jamais on n’avait pas les tubes il pourrait me faire peut-être travailler avec d’autres compositeurs. Je lui ai dit que j’avais 15 titres à poser en maquette et qu’il fallait qu’il me laisse les lui proposer. J’ai travaillé en studio et je les lui ai envoyés il y a quelques jours. Il m’a dit que c’était super, que tout allait bien. Il a envie de me faire confiance, mais c’est vrai qu’il ne peut pas prendre n’importe quel risque. Aujourd’hui, il me tient toujours un discours très positif, il m’a félicité pour le boulot, etc. Il y aura peut-être des co-écritures sur les textes (en français, sauf peut-être un ou deux titres en anglais). Je ne suis pas contre. J’ai déjà pas mal évolué en musique, il me reste du chemin à faire certes, mais je sais que niveau texte, il y a encore beaucoup de boulot, alors ça ne me dérange pas du tout de collaborer avec des gens dont c’est la spécialité. Je vais travailler notamment avec Vincent Baguian pour cultiver un petit côté second degré. J’aime beaucoup son esprit et sa personne.
Comment se passe la préparation de l’album, puisque le maquettage se fait dans ton studio ?
Je bouche les trous du planning pour travailler et élaborer mes maquettes avec mon groupe ! On fera dans la foulée la réalisation de l’album dans ce studio, sauf peut-être s’il y a trop de cordes, s’il faut un orchestre complet, là on aura besoin de plus de place…
Tu as gardé des amis de la Star Ac ?
Oui bien sûr. Au début de l’aventure j’étais surtout ami avec Edouard et Harold. On nous appelait les Trois Mousquetaires, expression que j’avais sorti à l’improviste à un journaliste qui a fait son beurre avec (on a beaucoup de rencontres ou d’interviews au téléphone avec les journalistes à la Star Ac, pendant les « heures CSA » non filmées). Mais Harold est parti très vite. Edouard est resté plus longtemps et c’est vraiment devenu un ami. Avec Johanna on a le même manager et on s’entend très bien. Avec Quentin aussi. Ils sont ensemble d’ailleurs, du coup on se voit souvent tous ensemble, ils passent souvent au studio...
Johanna ne t’en veut pas de l’avoir privée de finale ?
Non. Avant la demi-finale on se disait déjà que le gagnant serait soit Alice soit Gauthier. Mais quand on est tombé l’un contre l’autre, on a vécu une vraie finale avant la lettre (d’ailleurs Philippe Lelièvre l’a dit en direct le soir même). En fait, on voulait surtout partir ! On se disait qu’il y en a un qui devrait rester seul avec les deux autres, sachant qu’on n’avait d’affinité avec aucun des deux. Pour ça elle m’a limite remercié, mais on s’était dit aussi que celui qui arriverait en finale devait tout faire pour gagner !
Avais-tu conscience du décalage entre l’image que tu voulais donner de toi et l’image qui était donné par la production, le montage ?
Je ne voyais pas les images ! En plus ce qui n’aidait pas, c’est que je n’avais jamais vraiment regardé la Star Academy. Comme tout le monde j’étais tombé dessus, mais pas suffisamment pour comprendre le système. Quand tu es d’un côté ou de l’autre, tu ne peux pas voir le rapport. Le seul moyen que j’ai, c’est de regarder toutes les images. Mes parents ont tout enregistré. Peut-être que je regarderai tout ça et là je pourrai te répondre. Mais quand tu es sur place, tu vies ta vie. La seule chose que j’ai essayé de faire, c’est comme quand tu es reçu chez quelqu’un que tu ne connais pas, tu fais attention à ta manière de t’exprimer, tu essayes de présenter le mieux possible, mais sans pousser le bouchon non plus.
Tu n’étais pas comme certains participants, dans le pathos ou le caprice…
Certes, mais certaines réactions peuvent paraître fausses mais sans l’être, je pense surtout à ce qui peut se passer au moment du prime, quand quelqu’un doit partir. Je n’étais pas dans les larmes sur commande, mais quand Edouard est parti, j’ai vraiment eu l’impression qu’il me laissait seul en prison, et ça m’a tiré les larmes. Parce que c’est très perturbant d’être à ce point en dehors du monde réel. Certes, on est nourri logé blanchi, mais quand tu le vis, tu te rends compte que tu perds tous tes repères. La seule personne qui te ramène à la réalité c’est la psy qu’on voit toutes les semaines, pour savoir comment on appréhende la suite ou qui gère quand des soucis arrivent à nos proches. Un très bon ami à moi est décédé pendant l’émission. C’est la psy qui décide s’il faut que l’élève sorte, pour aller à l’enterrement par exemple. Moi, on ne m’a prévenu qu’à la fin. La psy jugeait que j’étais assez mature pour supporter ça, mais les parents de mon ami ainsi que les miens ont pensé à l’aspect médiatique et ils avaient complètement raison. Il ne fallait surtout pas que ça devienne une information publique, un coup médiatique à partir du simple fait qu’on informe une personne privée qu’il vient de perdre un ami. Il ne fallait surtout pas rentrer là-dedans.
Les ventes de disques des gagnants de la Star Ac n’ont globalement fait que baisser année après année depuis Jenifer. Te sens-tu capable d’inverser la tendance ?
Je le souhaite ! Pas par rapport aux précédents gagnants, mais avant tout pour réussir, comme tout le monde je pense. Quentin Mosimann a relancé un peu les ventes néanmoins. Pas plus tard qu’hier j’étais chez Picard. Une dame m’arrête, me félicite, etc. Elle me dit que je suis le premier depuis Grégory Lemarchal qui a réussi à transmettre quelque chose. On me le dit souvent en fait. Ca m’encourage. Pascal Nègre et Bertand Lamblot m’ont dit que c’était la première fois depuis les débuts de la Star Ac qu’ils signaient avec un artiste, qu’ils allaient vivre un truc nouveau, car d’habitude ils doivent décider de qui va composer, écrire, réaliser, dans quel studio etc. Moi je leur fournis tout sur un plateau ! C’est un vrai travail d’équipe car je leur soumets plein de propositions et on en discute, comme un contrat d’artiste normal (contrat signé entre la maison de disque et l’artiste, sans l’intermédiaire de structures de production, contrairement aux contrats de licence ou de distribution, NDLR). D’habitude le gagnant de la Star Ac est fourré dans les bureaux d’Universal tous les jours, parce qu’il est paumé. On lui présente des compositeurs, on l’envoie en studio… Je pense que mon album aura moins une étiquette de « produit », il me correspondra de toute façon beaucoup plus que ceux des précédents gagnants de la Star Ac, puisque j’aurai composé et écrit la totalité ou presque des titres. Sachant qu’il n’y aura que des compositions originales je suis prêt à accepter le fait que ça se vende moins facilement.
Du coup est-ce que la maison de disques a intérêt à travailler ton album avec ses réseaux habituels (partenariat NRJ, promo dans la presse people…) ?
Les radios visées sont Virgin, RTL2 et NRJ pour différents créneaux. Il y a l’optique matraquage, et l’optique plus classe où tu passes entre Pink Floyd et Radiohead, pour un public plus âgé. Pascal Nègre m’a dit qu’il ne fallait pas que je tombe dans le piège de la presse people. J’ai joué le jeu à la sortie parce que ça faisait partie du deal, mais dès que je n’ai plus eu d’obligations j’ai refusé les apparitions, les séances de dédicaces, même bien rémunérées. Je m’étais fixé comme règle de ne rien faire qui ne soit que pour l’argent.
Normal, quand on vient de gagner 500.000 euros ! Qu’en as-tu fait d’ailleurs ?
Ouh la, c’est un peu un mythe ça… Effectivement on les touche, mais sur 10 ans, ce sont des avances qu’on renégocie au fur et à mesure. Mais si je meure ma famille doit les toucher intégralement ! (rires) En attendant, avec la première avance j’ai pu m’acheter une voiture, mais le reste va surtout servir à investir dans l’immobilier, et bien sûr à acheter quelques guitares (et une belle bague de fiançailles !).
« Mickels » c’est un pseudo ?
Et non, c’est mon prénom ! Ca se prononce « maïkeuls ». Mes parents voulaient m’appeler Michael pour Michael Corleone, le fils le plus sage de la famille (au départ). Pour l’orthographe, ma mère était dans le gaz et mon père a demandé à une amie présente à la maternité comment s’écrivait « Michael » à l’américaine, et voilà ce qu’elle lui a répondu ! Mais j’en ai trouvé d’autres qui portent ce prénom, surtout aux Etats-Unis.
L’album portera-t-il le nom de ton groupe (Rive Despleen), le tien, ou bien les deux ?
Je préfèrerais que ça soit « Rive Despleen » tout court mais le nom n’est pas assez connu. Mais je suis content parce que l’image du groupe est vraiment présente auprès des gens qui me soutiennent, notamment sur les forums, etc. Je ne sais pas comment la maison de disque va gérer ça en termes de marketing, mais si on ne peut pas avoir le nom du groupe seul j’aimerais au moins que ça soit « Mickels Rea & Rive Despleen », et peut-être imposer le nom du groupe après. En tout cas mes musiciens s’en foutent, ils veulent juste jouer. C’est plus moi qui tiens à l’image du groupe. Et puis c’est un risque auquel on s’était préparé bien avant. Certaines des personnes qui auraient pu me faire refuser la Star Ac étaient notamment mon groupe puisque je m’étais investi avec eux. Mais ils étaient pour, alors qu’ils viennent d’une culture plus rock que moi finalement. Avec le recul ils sont contents que j’aie fait la Star Ac plutôt que la comédie musicale Mozart !
Est-ce que tu as un conseil à donner à un jeune artiste pour réussir ?
Quand tu as l’impression que tu as avancé, dis-toi que ce n’est que le début ! Il faut bien être conscient qu’on a choisi la voie la plus difficile de réussite professionnelle, car c’est la plus aléatoire. Au début j’avais l’impression que le moindre moment que je ne passais pas à faire de la musique était du temps perdu. Je m’en suis même rendu malade, j’étais coupé du monde… Un peu le cliché du mec qui ne sait pas comment faire pour y arriver et qui s’enferme dans le travail, mais un peu trop. Si j’ai un conseil à donner, c’est surtout aux gens qui entourent pour qu’ils soutiennent. Le soutien ça n’est pas la complaisance. Mes parents m’ont souvent dit « c’est pas mal ». A chacun de savoir que « c’est pas mal » n’est pas « c’est très bien ». Les proches doivent t’aider à prendre conscience de ton potentiel et à aller plus loin, en évitant la complaisance. Et puis le travail… Très vite j’ai eu la passion des instruments, batterie, guitare, piano, chant… J’ai pris une année de chant au conservatoire de Charleville et 5 ans de guitare au conservatoire donc c’est sûr, j’ai bossé. Le travail est tout. Le talent, ce qui fait que tu vas faire passer quelque chose sur scène, c’est un point de départ, mais derrière il n’y a que du travail. Une personne en particulier m’a ouvert les oreilles, et m’a permis de casser ce mur du solfège, un peu rébarbatif. J’ai passé le cap grâce à José Souc, guitariste hors pair (il a notamment joué pour Ella Fitzgerald) que j’ai rencontré via les ateliers Alice Donna quand je suis arrivé à Paris. Il m’a fait aimer la théorie musicale. Tu cherches la bonne combinaison comme s’il y avait une réponse. C’est ça la passion. Quand on faisait des dictées harmoniques, j’en pleurais si je ne trouvais pas l’accord ! Quand je compose, je suis en permanence en confrontation avec la musique. Tu ne peux avoir ça que quand tu as passé le cap, que tu es vraiment passionné. Certains disent très vite qu’ils sont passionnés, parce qu’ils prennent quelques cours de guitare, mais la vraie passion, celle qui te fait te taper la tête contre les murs, elle arrive plus tard, si elle arrive. Avant, tu peux faire machine arrière. Après c’est devenu impossible. Alors au quotidien, tu as des problèmes pour t’accorder du temps, ne serait-ce que pour faire du sport, partir en vacances… Tu es avec quelqu’un que tu aimes, mais le temps où tu la vois te paraît suffisant. J’ai de la chance car elle me comprend (je ne sais pas comment elle fait d’ailleurs !) et elle a réussi à me rendre raisonnable. C’est comme dans la drogue, il faut aller au fond pour s’apercevoir que le fond, c’est pas bien. Mais une fois que tu as touché ce fond-là qui n’est plus constructif ni créatif, tu reviens à des normes un peu plus raisonnables, avec toujours autant de passion, mais que tu arrives à canaliser. Et là, quand tu lâches les chevaux, tu peux devenir bon.
Interview réalisée par Fabrice
© 2009 SING CITY
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