Coronavirus

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Placeress
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Message par Placeress »

Nikki a écrit : Ça vient de l'homme le plus puissant de la planète. J'imagine que finalement, la loi de Darwin va parler .. :/
https://www.journaldequebec.com/2020/04 ... ponsable-1" onclick="window.open(this.href);return false;

Il est épouvantable ... un danger public... mais là, tsé... c'est un joke ... les médias ne l'ont pas compris...
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Lollita
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Re: Coronavirus

Message par Lollita »

comme on dit ...

On le sait toujours après , jamais avant
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Annouk
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Message par Annouk »

Nikki a écrit : [...]


C'est une fausse bonne idée selon moi. Les personnes âgées sont des humains, et les filmer en tout temps dans leur quotidien est aussi indigne que de les négliger tant qu'à moi..
Ça part certainement d'une bonne intention, mais les filmer en tout temps porterait une atteinte épouvantable à leur droit à la vie privée..
:jap:
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liz
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Message par liz »

Placeress a écrit :



Moi aussi, même en étant plongé dedans et en vivant certaines contradiction dans le milieu, je n'aurais pas voulu être ailleurs et encore à ce jour, on a dû laisser partir plusieurs membres de ma gang pour aller travailler ailleurs où ça va moins bien, on met tous l'épaule à la roue et on ajuste au fur et à mesure de l'évolution du dossier. Tout d'un coup y'a un paquet "d'experts" en santé publique qui poussent au Québec sur les médias sociaux et dans le monde... mais comme on se dit dans le milieu, on est bien content d'en avoir des vrais qui décident, même s'il arrive que certaines décisions nous laisse perplexe.

La réalité des résidences pour personnes âgées elle est la même partout dans le monde. Autre élément majeur, est que les habillements de protections ce n'est pas magique comme protection, il faut savoir les utiliser. Même du personne habitué, il a été démontré que la majorité des contaminations pour le personnel de la santé est lors du déshabillage, et ce, pour des gens formés et à l'aise avec ce matériel. Si Monsieur madame tout le monde aurait été dès le départ laissé dans les centres, le nombre de contamination des proches aidant qui ensuite, auraient côtoyé le reste de leur famille, ou tout autre personne pour ensuite revenir dans le centre, ils auraient été un autre vecteur de transmission massif avant et pendant la courbe, donc, aurait grandement augmenté le pic et créer la pagaille encore plus dans la contamination de ces centres. La décision aurait peut-être dû être, et c'est facile à dire après coup, si le proche aidant veut et peut rester auprès de la personne, il doit y rester jour et nuit et ne plus sortir du centre en question.

Bref, on pourra tous faire un post mortem une fois le tout terminé, c'est sur que de mauvaises décisions seront identifiées... mais en gestion crise, quelle quelle soit, il y en a toujours. Les décisions sont prises avec ce qui est connu, dans un contexte totalement inconnu.

J'aime bcp tes 2 messages parce que c'est intéressant d'avoir un point de vue de l'intérieur et qui n'est pas un vidéo hystérique ( je juge pas les filles qui en ont fait, je comprends qu'elles étaient carrément à boutte et ça se voyait/entendait ) ... mais des explications claires et calmes sont plus faciles à suivre en ce qui me concerne. Ma nièce travaille en CHSLD de soir, et tes messages rejoignent pas mal ce qu'elle me disait l'autre jour. Rien de facile mais elle ne voudrait pas être ailleurs. :)

Ta phrase que j'ai surlignée me parle beaucoup et elle en dit long sur ce que les gouvernements doivent gérer depuis des mois. Les points de presse et les questions des journalistes doivent être des cauchemars. Ils font ce qu'ils peuvent, prennent des décisions et les corrigent 2 jours plus tard parce qu'il y a eu de nouveaux développements, etc. .. Je voudrais vraiment pas être à leur place et j'ai souvent de la peine pour eux ...

Bon courage et bonne santé pour la suite Placeress, à toi et à tous tes collègues !
Dernière modification par liz le sam. avr. 25, 2020 11:14 pm, modifié 1 fois.

Redouter l'ironie, c'est craindre la raison - Sacha Guitry
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Placeress
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Message par Placeress »

liz a écrit : [...]



J'aime bcp tes 2 messages parce que c'est intéressant d'avoir un point de vue de l'intérieur et qui n'est pas un vidéo hystérique ( je juge pas les filles qui en ont fait, je comprends qu'elles étaient carrément à boutte et ça se voyait/entendait ) ... mais des explications claires et calmes sont plus faciles à suivre en ce qui me concerne. Ma nièce travaille en CHSLD de soir, et tes messages rejoignent pas mal ce qu'elle me disait l'autre jour. Rien de facile mais elle ne voudrait pas être ailleurs. :)

Ta phrase que j'ai surlignée me parle beaucoup et elle en dit long sur ce que les gouvernements doivent gérer depuis des mois. Les points de presse et les questions des journalistes doivent être des cauchemars. Ils font ce qu'ils peuvent, prennent des décisions et les corrigent 2 jours plus tard parce qu'il y a eu de nouveaux développements, etc. .. Je voudrais vraiment pas être à leur place et j'ai souvent de la peine pour eux ...

Bon courage et bonne santé pour la suite Placeress, à toi et à tous tes collègues !

Merci :) J'ai pas vu la vidéo des hystériques :gla:

Je suis dans un hôpital, donc je te dirais que c'est des endroits très bien protégés généralement et en raison des décisions de distanciations drastiques et surement d'autres éléments qu'on découvrira plus tard, le pic dans les hôpitaux a été moins élevé que prévu..... pour l'instant.... on est pas à l'abris d'autres vagues... on se croise les doigts.
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DePassage
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Message par DePassage »

Dans les CHSLD, un peu de beauté

Le courriel de Mme Diane Trudeau est entré à 13 h 01 vendredi et portait un titre bien simple : « Pas juste du négatif dans les CHSLD »

Je vous écris pour vous transmettre une histoire triste pour moi mais combien réconfortante…

Il s’agissait de sa sœur Nicole, 77 ans. Alzheimer. Morte de la COVID-19 un peu avant minuit, jeudi, au CHSLD Bruchési, rue Rachel à Montréal.

Évidemment, avec la pandémie, Diane, Louise et Aline n’avaient pas pu visiter leur sœur, qu’elles savaient mourante.

Vers minuit, j’ai reçu un appel du Dr Poulin, un médecin spécialiste (anesthésiste) pour m’en informer. Il m’a assurée qu’elle n’a aucunement souffert et m’a décrit ses derniers moments. Ils lui ont allumé une veilleuse, lui ont donné des photos de ses proches, lui ont mis un de ses foulards et de la musique. Elle est partie sur une chanson de Jacques Brel, il lui tenait la main…

À ce stade de la lecture, j’avais déjà les yeux qui me piquaient. Et je me suis rappelé qu’il y avait une chronique à faire sur ces témoignages que j’avais reçus ces derniers temps, sur des CHSLD où ce n’est pas la guerre de 14-18…

Puis j’ai flashé : le Dr Poulin, anesthésiste…

Coudonc, ça me dit de quoi ! Il me semble avoir parlé à un Dr Poulin, il n’y a pas longtemps. Était-il anesthésiste ? C’était quelle chronique, déjà ?

Ah oui, la chronique sur l’hôpital dans l’hôpital à Notre-Dame…

Retrouve la chronique : j’y citais bien un Dr Louis-Pierre Poulin, chef du département d’anesthésie de l’hôpital Notre-Dame…

J’ai fait une capture d’écran du message de Diane Trudeau, je l’ai envoyé au Dr Poulin : « C’est vous ? »

***

Ce n’est pas l’hécatombe partout, même si c’est l’hécatombe à beaucoup d’endroits. On le sait, plus de 80 % des victimes québécoises de la COVID-19 habitaient un CHSLD.

Ce n’est pas l’hécatombe partout, mais il faut parler de l’hécatombe, de la même manière qu’on parle des avions qui tombent davantage que des avions qui se posent sans problème. Mais, oui, il y a des CHSLD où les avions se posent en douceur.

Josée Lavoie, début avril : « M. Lagacé, même dans ce sale temps, il y a des gens avec du cœur : les employés du CHSLD Rimouski… »

Le père de Mme Lavoie souffrait de démence. Vint le confinement. Puis vint le début de la fin pour M. Lavoie. Sa famille ne pouvait pas être à son chevet.

Le personnel, dit Josée Lavoie, « a été extraordinaire ». On mettait le téléphone à l’oreille du mourant trois fois par jour, pour que Mme Lavoie lui parle. « Le conseiller spirituel est resté près de lui à lui parler, à lui caresser le bras pour le calmer, pour qu’il soit serein à l’intérieur. Les soins spirituels ne sont pas des bondieuseries, c’est un vrai accompagnement de douceur, de bonté. »

Gaétan Lavoie est décédé le 1er avril, à l’âge de 89 ans.

J’ai voulu faire une chronique, j’ai attendu une autorisation du CISSSBSL pour permettre à l’intervenant en soins spirituels Jean-François Couillard de me parler…

Le CISSSBSL a finalement tranché : même si Josée Lavoie permettait à M. Couillard de me parler des derniers moments de son père, ces informations étaient confidentielles et il n’était pas question de laisser l’intervenant me raconter de quoi est fait ce petit supplément d’âme qui lui a fait flatter le bras de Gaétan Lavoie au CHSLD Rimouski, au début du printemps dernier…

Il n’y a pas eu de chronique, mais que M. Couillard sache qu’il a fait grand bien aux deux enfants de Gaétan Lavoie, Luc et Josée. Savoir qu’un proche est mort seul est un grand trou noir. M. Couillard a allumé des réverbères au chevet de M. Lavoie.

***

J’ai fini par recevoir la réponse du Dr Louis-Pierre Poulin : « Oui. On fait comme on peut dans les circonstances… »

J’avais parlé à Mme Diane Trudeau entre-temps. Elle m’avait dit le profond tourment de ses sœurs et elle en sachant que Nicole était malade et qu’elle serait peut-être seule pour le grand voyage…

« Ça nous a fait paniquer. Et puis, on ne pouvait pas lui parler au téléphone, Nicole avait un problème d’audition. Alors quand le Dr Poulin a appelé, vers minuit, pour nous dire comment ça s’était passé, pour nous dire qu’il était là avec elle quand elle est décédée… Je ne peux pas vous dire à quel point ça nous a fait du bien… »

À ce point-là de la conversation, au bout du fil, Mme Trudeau pleurait. Je n’ai pas honte de dire que moi aussi.

« Il y a tellement de choses négatives qui se disent sur les CHSLD, monsieur Lagacé, je voulais vous dire que tout n’est pas négatif. Ce médecin, il a fait une différence. »

***

Il n’y a pas que du négatif en CHSLD. Il y a de belles choses, aussi, de la beauté. Peut-être même qu’il y a surtout de la beauté, allez savoir.

Il faut aussi parler des choses moins belles, il faut parler des crashs du système. Mais il y a du beau. Il faut le dire.

Tenez, l’autre jour, au CHSLD de Laval, le personnel a souligné le 91e anniversaire de M. Benoit Beauchesne…

On lui a monté une table dans la chambre qu’il habite avec son épouse Rita Lachance. Il y avait un gâteau de fête, un petit verre de rouge…

Et le personnel du CHSLD de Laval – où on ne recense aucun cas de COVID-19 – est venu chanter Bonne fête pour M. Beauchesne. Un iPad a été installé sur la table et Michèle Beauchesne, la fille du couple, a pu être « là », avec son frère.

Michèle Beauchesne m’a envoyé la photo des agapes : « Je trouve important, m’a-t-elle dit, que les bons coups soient soulignés. »

C’est fait.

***

Le Dr Poulin s’est enrôlé dans les CHSLD. Il a entendu l’appel du PM, il a dit oui.

C’est ainsi que jeudi soir, il était au CHSLD Bruchési. Comme il a été dans d’autres résidences pour vieux, avant. Pour donner un coup de main.

Tout de suite, il tient à me dire ceci : « Je n’ai que des louanges à faire aux gens qui travaillent dans les CHSLD. Prenez Bruchési. C’est un tout petit centre. Les employés connaissent les résidants. Ils travaillent si fort… Ils sont fatigués, il y a tellement de malades… Ils étirent leurs shifts en se disant : “Si je ne reste pas, les résidants vont être seuls…” »

Parlez-moi de Mme Trudeau, doc…

Il me répond en parlant encore du personnel, des infirmières, des préposées, des infirmières auxiliaires, de Yahi, de Marie-Ketthia qui a fait un quart de 16 heures le soir de la mort de Mme Trudeau, il me parle de Joséphine, de Marlène, de Laurieane…

« Elles travaillent tellement fort, lance-t-il. Un exemple : donner les médicaments. On dit ça, “donner les médicaments”, mais quand les patients sont fragiles et ont 80, 85 ans, ça ne se fait pas vite, vite, donner les médicaments. Il faut prendre son temps. Un patient a besoin de prendre sa pilule avec du pouding, une autre a de la difficulté à avaler… Elles le font en flattant leurs cheveux… Mais ça prend du temps. »

Lui, il avait un peu de temps.

Nicole Trudeau est morte de la COVID-19 jeudi dernier, au CHSLD Bruchési à Montréal.

« Normalement, la famille de Mme Trudeau aurait été là… »

L’époque étant tout sauf normale, les proches de Nicole Trudeau ne seraient pas au chevet de leur sœur. La fin approchait, le Dr Poulin le savait. Rien ne garantissait que le personnel serait là, à la fin, avec Mme Trudeau, justement parce que le personnel a peu de temps…

Le Dr Poulin a décidé que lui, il y serait, il serait au chevet de Mme Trudeau.

« Dans mes valeurs personnelles, c’est un moment exceptionnel, la mort. Chaque personne devrait avoir droit au petit cocon que, normalement, elle aurait, à la fin… »

Le Dr Poulin, avec le personnel, a donc peigné Mme Trudeau, l’a lavée. On lui a enfilé une belle robe.

Il lui a passé autour du cou ce foulard qu’elle avait dans ses affaires. Il a ouvert l’album de photos de famille, tout près de Mme Trudeau, pour qu’elle puisse voir les photos de ceux qu’elle avait aimés et qui l’avaient aimée.

Il lui a parlé.

Ils ont prié : « Vous êtes croyante, alors je crois avec vous… »

Le Dr Poulin a trouvé un CD de Jacques Brel, dans les affaires de Mme Trudeau. Il l’a mis dans le lecteur. Il a allumé une veilleuse.

Lui a tenu la main.

Nicole Trudeau est morte un peu avant minuit.

Le Dr Poulin a appelé Diane Trudeau pour lui raconter les derniers moments sur Terre de Nicole. Il l’a rassurée : votre sœur n’est pas morte seule. Et, a-t-il ajouté, elle n’a pas souffert, je vous le garantis…

Diane Trudeau : « Cet appel, quoiqu’immensément triste, a été tellement réconfortant, sachant qu’elle n’est pas partie seule… »

Mme Trudeau m’a envoyé, après, une photo de sa sœur Nicole. Avec des remerciements pour Fatima, Sylvie et Chantal.

Nicole Trudeau est décédée le jeudi 23 avril.

Pour le Dr Louis-Pierre Poulin, c’est une date significative : sa sœur Gaby est décédée un 23 avril, il y a plusieurs années. « J’ai écrit à mes parents, le lendemain, me dit l’anesthésiste. Je leur ai dit que je venais d’envoyer de la visite à Gaby… »

Au bout du fil, Louis-Pierre Poulin insiste encore : « Il faut dire qu’il y a de l’humanité dans les CHSLD, il faut dire que le monde travaille fort, avec humanité… »

C’est dit.

Source, chronique de Patrick Lagacé : https://www.lapresse.ca/covid-19/202004 ... beaute.php
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nancy31f
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Message par nancy31f »

Nikki a écrit : [...]


C'est une fausse bonne idée selon moi. Les personnes âgées sont des humains, et les filmer en tout temps dans leur quotidien est aussi indigne que de les négliger tant qu'à moi..
Ça part certainement d'une bonne intention, mais les filmer en tout temps porterait une atteinte épouvantable à leur droit à la vie privée..
oui je sais mais caline avec tous ces deces :(
"La vie serait bien plus heureuse si nous naissions à 80 ans et nous approchions graduellement de nos 18 ans"
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nancy31f
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Message par nancy31f »

DePassage a écrit : Dans les CHSLD, un peu de beauté

Le courriel de Mme Diane Trudeau est entré à 13 h 01 vendredi et portait un titre bien simple : « Pas juste du négatif dans les CHSLD »

Je vous écris pour vous transmettre une histoire triste pour moi mais combien réconfortante…

Il s’agissait de sa sœur Nicole, 77 ans. Alzheimer. Morte de la COVID-19 un peu avant minuit, jeudi, au CHSLD Bruchési, rue Rachel à Montréal.

Évidemment, avec la pandémie, Diane, Louise et Aline n’avaient pas pu visiter leur sœur, qu’elles savaient mourante.

Vers minuit, j’ai reçu un appel du Dr Poulin, un médecin spécialiste (anesthésiste) pour m’en informer. Il m’a assurée qu’elle n’a aucunement souffert et m’a décrit ses derniers moments. Ils lui ont allumé une veilleuse, lui ont donné des photos de ses proches, lui ont mis un de ses foulards et de la musique. Elle est partie sur une chanson de Jacques Brel, il lui tenait la main…

À ce stade de la lecture, j’avais déjà les yeux qui me piquaient. Et je me suis rappelé qu’il y avait une chronique à faire sur ces témoignages que j’avais reçus ces derniers temps, sur des CHSLD où ce n’est pas la guerre de 14-18…

Puis j’ai flashé : le Dr Poulin, anesthésiste…

Coudonc, ça me dit de quoi ! Il me semble avoir parlé à un Dr Poulin, il n’y a pas longtemps. Était-il anesthésiste ? C’était quelle chronique, déjà ?

Ah oui, la chronique sur l’hôpital dans l’hôpital à Notre-Dame…

Retrouve la chronique : j’y citais bien un Dr Louis-Pierre Poulin, chef du département d’anesthésie de l’hôpital Notre-Dame…

J’ai fait une capture d’écran du message de Diane Trudeau, je l’ai envoyé au Dr Poulin : « C’est vous ? »

***

Ce n’est pas l’hécatombe partout, même si c’est l’hécatombe à beaucoup d’endroits. On le sait, plus de 80 % des victimes québécoises de la COVID-19 habitaient un CHSLD.

Ce n’est pas l’hécatombe partout, mais il faut parler de l’hécatombe, de la même manière qu’on parle des avions qui tombent davantage que des avions qui se posent sans problème. Mais, oui, il y a des CHSLD où les avions se posent en douceur.

Josée Lavoie, début avril : « M. Lagacé, même dans ce sale temps, il y a des gens avec du cœur : les employés du CHSLD Rimouski… »

Le père de Mme Lavoie souffrait de démence. Vint le confinement. Puis vint le début de la fin pour M. Lavoie. Sa famille ne pouvait pas être à son chevet.

Le personnel, dit Josée Lavoie, « a été extraordinaire ». On mettait le téléphone à l’oreille du mourant trois fois par jour, pour que Mme Lavoie lui parle. « Le conseiller spirituel est resté près de lui à lui parler, à lui caresser le bras pour le calmer, pour qu’il soit serein à l’intérieur. Les soins spirituels ne sont pas des bondieuseries, c’est un vrai accompagnement de douceur, de bonté. »

Gaétan Lavoie est décédé le 1er avril, à l’âge de 89 ans.

J’ai voulu faire une chronique, j’ai attendu une autorisation du CISSSBSL pour permettre à l’intervenant en soins spirituels Jean-François Couillard de me parler…

Le CISSSBSL a finalement tranché : même si Josée Lavoie permettait à M. Couillard de me parler des derniers moments de son père, ces informations étaient confidentielles et il n’était pas question de laisser l’intervenant me raconter de quoi est fait ce petit supplément d’âme qui lui a fait flatter le bras de Gaétan Lavoie au CHSLD Rimouski, au début du printemps dernier…

Il n’y a pas eu de chronique, mais que M. Couillard sache qu’il a fait grand bien aux deux enfants de Gaétan Lavoie, Luc et Josée. Savoir qu’un proche est mort seul est un grand trou noir. M. Couillard a allumé des réverbères au chevet de M. Lavoie.

***

J’ai fini par recevoir la réponse du Dr Louis-Pierre Poulin : « Oui. On fait comme on peut dans les circonstances… »

J’avais parlé à Mme Diane Trudeau entre-temps. Elle m’avait dit le profond tourment de ses sœurs et elle en sachant que Nicole était malade et qu’elle serait peut-être seule pour le grand voyage…

« Ça nous a fait paniquer. Et puis, on ne pouvait pas lui parler au téléphone, Nicole avait un problème d’audition. Alors quand le Dr Poulin a appelé, vers minuit, pour nous dire comment ça s’était passé, pour nous dire qu’il était là avec elle quand elle est décédée… Je ne peux pas vous dire à quel point ça nous a fait du bien… »

À ce point-là de la conversation, au bout du fil, Mme Trudeau pleurait. Je n’ai pas honte de dire que moi aussi.

« Il y a tellement de choses négatives qui se disent sur les CHSLD, monsieur Lagacé, je voulais vous dire que tout n’est pas négatif. Ce médecin, il a fait une différence. »

***

Il n’y a pas que du négatif en CHSLD. Il y a de belles choses, aussi, de la beauté. Peut-être même qu’il y a surtout de la beauté, allez savoir.

Il faut aussi parler des choses moins belles, il faut parler des crashs du système. Mais il y a du beau. Il faut le dire.

Tenez, l’autre jour, au CHSLD de Laval, le personnel a souligné le 91e anniversaire de M. Benoit Beauchesne…

On lui a monté une table dans la chambre qu’il habite avec son épouse Rita Lachance. Il y avait un gâteau de fête, un petit verre de rouge…

Et le personnel du CHSLD de Laval – où on ne recense aucun cas de COVID-19 – est venu chanter Bonne fête pour M. Beauchesne. Un iPad a été installé sur la table et Michèle Beauchesne, la fille du couple, a pu être « là », avec son frère.

Michèle Beauchesne m’a envoyé la photo des agapes : « Je trouve important, m’a-t-elle dit, que les bons coups soient soulignés. »

C’est fait.

***

Le Dr Poulin s’est enrôlé dans les CHSLD. Il a entendu l’appel du PM, il a dit oui.

C’est ainsi que jeudi soir, il était au CHSLD Bruchési. Comme il a été dans d’autres résidences pour vieux, avant. Pour donner un coup de main.

Tout de suite, il tient à me dire ceci : « Je n’ai que des louanges à faire aux gens qui travaillent dans les CHSLD. Prenez Bruchési. C’est un tout petit centre. Les employés connaissent les résidants. Ils travaillent si fort… Ils sont fatigués, il y a tellement de malades… Ils étirent leurs shifts en se disant : “Si je ne reste pas, les résidants vont être seuls…” »

Parlez-moi de Mme Trudeau, doc…

Il me répond en parlant encore du personnel, des infirmières, des préposées, des infirmières auxiliaires, de Yahi, de Marie-Ketthia qui a fait un quart de 16 heures le soir de la mort de Mme Trudeau, il me parle de Joséphine, de Marlène, de Laurieane…

« Elles travaillent tellement fort, lance-t-il. Un exemple : donner les médicaments. On dit ça, “donner les médicaments”, mais quand les patients sont fragiles et ont 80, 85 ans, ça ne se fait pas vite, vite, donner les médicaments. Il faut prendre son temps. Un patient a besoin de prendre sa pilule avec du pouding, une autre a de la difficulté à avaler… Elles le font en flattant leurs cheveux… Mais ça prend du temps. »

Lui, il avait un peu de temps.

Nicole Trudeau est morte de la COVID-19 jeudi dernier, au CHSLD Bruchési à Montréal.

« Normalement, la famille de Mme Trudeau aurait été là… »

L’époque étant tout sauf normale, les proches de Nicole Trudeau ne seraient pas au chevet de leur sœur. La fin approchait, le Dr Poulin le savait. Rien ne garantissait que le personnel serait là, à la fin, avec Mme Trudeau, justement parce que le personnel a peu de temps…

Le Dr Poulin a décidé que lui, il y serait, il serait au chevet de Mme Trudeau.

« Dans mes valeurs personnelles, c’est un moment exceptionnel, la mort. Chaque personne devrait avoir droit au petit cocon que, normalement, elle aurait, à la fin… »

Le Dr Poulin, avec le personnel, a donc peigné Mme Trudeau, l’a lavée. On lui a enfilé une belle robe.

Il lui a passé autour du cou ce foulard qu’elle avait dans ses affaires. Il a ouvert l’album de photos de famille, tout près de Mme Trudeau, pour qu’elle puisse voir les photos de ceux qu’elle avait aimés et qui l’avaient aimée.

Il lui a parlé.

Ils ont prié : « Vous êtes croyante, alors je crois avec vous… »

Le Dr Poulin a trouvé un CD de Jacques Brel, dans les affaires de Mme Trudeau. Il l’a mis dans le lecteur. Il a allumé une veilleuse.

Lui a tenu la main.

Nicole Trudeau est morte un peu avant minuit.

Le Dr Poulin a appelé Diane Trudeau pour lui raconter les derniers moments sur Terre de Nicole. Il l’a rassurée : votre sœur n’est pas morte seule. Et, a-t-il ajouté, elle n’a pas souffert, je vous le garantis…

Diane Trudeau : « Cet appel, quoiqu’immensément triste, a été tellement réconfortant, sachant qu’elle n’est pas partie seule… »

Mme Trudeau m’a envoyé, après, une photo de sa sœur Nicole. Avec des remerciements pour Fatima, Sylvie et Chantal.

Nicole Trudeau est décédée le jeudi 23 avril.

Pour le Dr Louis-Pierre Poulin, c’est une date significative : sa sœur Gaby est décédée un 23 avril, il y a plusieurs années. « J’ai écrit à mes parents, le lendemain, me dit l’anesthésiste. Je leur ai dit que je venais d’envoyer de la visite à Gaby… »

Au bout du fil, Louis-Pierre Poulin insiste encore : « Il faut dire qu’il y a de l’humanité dans les CHSLD, il faut dire que le monde travaille fort, avec humanité… »

C’est dit.

Source, chronique de Patrick Lagacé : https://www.lapresse.ca/covid-19/202004 ... beaute.php
Quel bon medecin ce M Poulin jsuis allée googler beau bonhomme
"La vie serait bien plus heureuse si nous naissions à 80 ans et nous approchions graduellement de nos 18 ans"
Mark Twain




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nancy31f
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Message par nancy31f »

À la défense de François Legault




On casse de plus en plus de sucre sur le dos de François Legault.
Je comprends que nous sommes tannés, frustrés, que notre mèche s’est raccourcie.
Je comprends qu’il est douloureux de voir tous ces vieux mourir si misérablement.
Je comprends qu’on veut voir du progrès, et que telle ou telle décision est discutable.
Recadrons cependant les affaires.
Faits
Legault est au pouvoir depuis... 19 mois.

Nous savions depuis des années que le personnel dans les CHSLD était insuffisant.

Nous avions été prévenus depuis des années qu’un virus terrible s’en venait.
Qui a été aux commandes du réseau de la santé pendant de longues, longues, longues années ?
Le trio Charest-Couillard-Barrette.
Voilà la vérité crue, nette, massive, irréfutable, granitique.
En passant, deux d’entre eux étaient des médecins spécialistes.
Il y a 9500 absents dans le réseau de la santé : 4000 sont infectés, et 5500 ne peuvent pas ou ne veulent pas travailler,
dont certains par peur.


Nous savions depuis des années que le personnel dans les CHSLD était insuffisant.

Nous avions été prévenus depuis des années qu’un virus terrible s’en venait.

Qui a été aux commandes du réseau de la santé pendant de longues, longues, longues années ?
Le trio Charest-Couillard-Barrette.
Voilà la vérité crue, nette, massive, irréfutable, granitique.
En passant, deux d’entre eux étaient des médecins spécialistes.
Il y a 9500 absents dans le réseau de la santé : 4000 sont infectés, et 5500 ne peuvent pas ou ne veulent pas travailler,
dont certains par peur.
La faute de Legault ?
Il y a, au Québec, 10 349 médecins spécialistes. Legault lance un appel suppliant à ceux qui se retrouvent soudainement
avec du temps libre.
Il en vient... 350.
La faute de Legault ?
Que voulez-vous que Legault fasse ? Qu’il leur mette un revolver sur la tempe pour les forcer à travailler?



suite..

https://www.journaldemontreal.com/2020/ ... t#cxrecs_s
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joanna
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Message par joanna »

nancy31f a écrit : [...]
Quel bon medecin ce M Poulin jsuis allée googler beau bonhomme
J'ai lu cet article cette nuit et j'ai trouvé ça tellement touchant la bonté de ce médecin. Je viens d'aller sur Google aussi, c'est vrai qu'il est beau, il a la bonté écrit sur le visage. Il semble jeune mais il a une feuille de route impressionnante.

C'est réconfortant pour les soeurs de la dame ce qu'il a fait pour elle afin qu'elle quitte en paix bien entourée. Ce médecin est vraiment dans son élément, il ne fait pas que soigner ses patients avec des médicaments.
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Placeress
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Message par Placeress »

Avancer dans le noir


Mais je ne sais pas où trouver la personne qui « sait ».

Acceptons tout de suite ceci : on va avancer dans le noir, éclairés par des mouches à feu…

Depuis le début, les autorités politiques dans le monde disent s’appuyer sur les données de la science pour combattre la pandémie.

Jusqu’ici, c’était relativement facile : restez chez vous, disait la science. Il y a une bibitte dehors, évitez-la. Parfait. Facile à comprendre, facile à expliquer, facile à prouver.
À quelques nuances, délinquances et coups de gueule près, c’est ce que le monde entier a fait. S’enfermer.
Aller en sens inverse, déconfiner, est beaucoup plus compliqué. Même en se fondant sur la science. J’allais dire : surtout en se fondant sur la science.
Parce que… la science elle-même se gratte la tête.
Et pour résoudre l’équation politique, pour prendre la bonne décision, il y a pas mal plus de données à considérer. Et pas mal plus d’opinions divergentes.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE
« Il faut un plan de déconfinement qui repose sur un certain nombre de principes », écrit notre chroniqueur.
***
Ces derniers jours, on a mis en opposition dans les médias les propos de François Legault et ceux de la responsable de la Santé publique fédérale.
Parce que François Legault a justifié en partie la réouverture de l’économie et de la société par la nécessité d’acquérir une « immunité de groupe ». D’avoir dans les rues assez de gens ayant eu le virus pour avoir les anticorps suffisants.
Le lendemain, la Dre Theresa Tam disait que rien ne permet de s’appuyer sur l’immunité de groupe pour justifier un « déconfinement ». Elle s’appuyait elle-même sur les prises de position de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La preuve n’est pas faite avec ce nouveau virus que l’attraper une fois, c’est s’en protéger.
Ni l’OMS ni la Dre Tam n’ont dit qu’il n’y aurait pas d’immunité de groupe. C’est normalement le cas, et on espère que ce soit le cas pour ce coronavirus aussi.
Ils ont simplement dit : on ne le sait pas encore. On a rapporté des cas de gens « guéris » qui ont développé la maladie une deuxième fois. Même maladie qui a ressurgi, ou deuxième infection séparée ? Ce n’est pas clair encore.
Leur job est donc de dire au monde : on n’a pas la preuve que c’est comme la varicelle. Vous ne pouvez pas fonder vraiment votre politique de réouverture là-dessus.

On connaît encore assez mal ce virus. La liste des symptômes est assez extraordinaire, quand on y pense. Ça va de… rien du tout à une toux persistante en passant par la fièvre, les courbatures, les maux de ventre, l’écoulement nasal, les migraines… Qui l’a, qui ne l’a pas, qui l’a eu… En vérité, on n’en a aucune foutue idée le moindrement précise.
Revenons donc à cette contradiction apparente entre le discours de M. Legault et celui de la Dre Tam.
On raffole de ces trucs, journalistiquement parlant : une chicane, une divergence de points de vue, youppi ! Et en prime, Ottawa-Québec…
Mais M. Legault a insisté sur deux points. Premièrement, on ne peut pas confiner les gens éternellement et les faire sortir d’un seul coup. Deuxièmement, la réouverture se fera progressivement.
Qui dira le contraire ?
L’Association des pédiatres du Québec a pris position : il faut déconfiner les enfants. Autant il fallait procéder au confinement, autant on est au point où les risques de cet enfermement commencent à dépasser les avantages.
Nulle part dans leur communiqué n’est-il question d’immunité de groupe. On la souhaite. Mais on ne le sait pas. Les impératifs généraux de santé des enfants commandent néanmoins de les remettre progressivement en contact avec les autres enfants, dit l’association. Santé mentale, alimentation à l’école, socialisation, stress, sécurité… Tout ça n’est pas négligeable.
Autrement dit, même sans preuve de l’immunité de groupe, un chemin vers la réouverture de la société est souhaitable. L’incertitude scientifique va cohabiter avec cette décision.
***
Évidemment, il faut y aller prudemment. Ça aussi, c’est le travail de la Santé publique fédérale de le rappeler. Parce qu’à partir de maintenant, on entre dans un débat d’opportunité politique. Et d’une province à l’autre, d’une région à l’autre, les pressions et les techniques pour rouvrir l’économie vont inévitablement diverger.
Il faut un plan qui repose sur un certain nombre de principes. Si on a confiné la planète, ce n’est pas parce que ce virus est le plus mortel jamais vu. C’est parce qu’il est extrêmement contagieux et sournois ; et qu’il risque de faire exploser les systèmes de santé.
Avant de rouvrir, donc, il faut que ces systèmes soient sous contrôle.

On ne peut plus se fier ici au nombre de « cas » positifs. Au Québec, on a diminué radicalement le nombre de tests. Ils ne sont plus accessibles à la population générale. Le nombre de « nouveaux cas » rapportés quotidiennement, les courbes qu’on en tire : ça ne sert absolument à rien d’un point de vue statistique. Est-ce que la courbe des cas s’aplatit ? Impossible de l’affirmer.
Si on se concentre sur le nombre d’hospitalisations, difficile de prétendre qu’on a aplati la courbe. Dimanche, on rapportait 1518 hospitalisations, une hausse de seulement neuf cas. C’est tout de même 50 % de plus qu’il y a 10 jours. Les cas aux soins intensifs (215) sont stables depuis plusieurs jours. Mais on n’assiste pas à une diminution. Il y a des éclosions dans des hôpitaux (je n’ai rien dit des centres de soins de longue durée).
Est-on vraiment au point de bascule ? Pas sûr.
Aux États-Unis, où les États ont le dernier mot, la Maison-Blanche a émis des lignes directrices pour la réouverture. Malgré le discours enthousiaste du président Trump, ce plan est prudent. Avant même de passer à la première phase (qui ne comprend pas le retour en classe), le gouvernement américain exige une diminution constante des cas rapportés sur une période de 14 jours et une situation maîtrisée dans les hôpitaux.
On n’y est pas encore, de toute évidence.
***
Mais si on ne connaît pas les dates et les adresses du déconfinement, c’est une très bonne chose de commencer à en parler, de dire sur quels principes on s’appuiera, comment et pourquoi on le fera. Parce qu’il faudra le faire.

Même si personne n’a toutes les réponses. Même s’il faut apprendre à vivre avec le risque.

Yves Boisvert, La Presse


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Placeress
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Message par Placeress »

Incertitude et gérants d’estrade


Je me souviens qu’adolescent je regardais les parties de hockey du Canadien de Montréal à la télévision avec mon père. Moi-même amateur et jouant alors dans l’équipe des pee-wee de Montmorency, j’étais toujours un peu irrité d’entendre mon père parler au téléviseur en disant : « mais passe la puck ! »… Je lui rappelais que les joueurs ne l’entendaient pas et que ce n’était pas lui l’entraîneur de l’équipe ; que ce dernier faisait de son mieux en parlant directement à ses joueurs, dont il connaissait mieux les forces et les faiblesses. D’autant plus que ses décisions doivent se prendre en une fraction de seconde quand le joueur regarde ses coéquipiers et décide — dans l’instant — s’il doit faire ou non une passe.

Tout cela me revient à l’esprit en écoutant et en lisant les journalistes et les chroniqueurs habitués à parler de tout — et souvent de rien — et qui, avec une curieuse assurance, avancent leurs solutions spontanées de gros bon sens face à une pandémie d’une ampleur absolument imprévue par les meilleurs experts du monde entier.

Ce qui frappe le plus dans ce bruit ambiant de solutions contradictoires — le retour du « y a qu’à faire ceci, y a qu’à faire cela » — est l’absence totale de prise en compte de la temporalité des prises de décision en situation d’incertitude et même d’ignorance. On inverse alors allègrement, et sans s’en rendre compte, la temporalité : sachant maintenant ce qu’on ignorait il a deux semaines, on demande aujourd’hui, de manière inquisitoriale, pourquoi autant de lits d’hôpitaux ont été libérés, alors qu’il n’y en a qu’un peu plus de 1000 qui sont occupés.

C’est là inverser la flèche du temps et oublier qu’au tout début de nombreux experts pensaient même que ce pourrait n’être qu’une « gripette ». Un peu plus tard, voyant les lits d’hôpitaux des autres pays déborder, on a donc réagi rapidement pour en libérer des milliers en envisageant le pire, seule façon éthique de planifier la santé publique. Or, seul le temps permet d’acquérir des connaissances qui dans ce cas ont évolué à la vitesse de l’éclair et ont donc changé au fil des semaines.

Maintenant qu’on voit ce qui arrive dans les CHSLD et autres institutions pour personnes âgées, nos experts improvisés demandent pourquoi on n’a pas concentré plus tôt les actions en ces lieux. Oubliant là encore une fois que personne ne pouvait prévoir la virulence de ce nouveau virus. En somme, comme on le dit bien en anglais : « damned if you do, damned if you don’t ». Le cas des écoles est analogue : si on ouvre et que la COVID repart, on criera qu’il aurait fallu les garder fermer… ; si on les garde fermées par principe de précaution sanitaire, on dira plus tard que finalement on aurait dû les rouvrir plus tôt… Et ne parlons pas des masques…

La temporalité de la science

Ce que la crise mondiale de la COVID-19 montre clairement pourtant — mais que trop de commentateurs s’évertuent à ignorer —, c’est que la situation est totalement inusitée et que les connaissances prennent du temps à se construire. Ainsi, le fameux indice de transmission de l’épidémie, R0, était évalué en janvier à environ 2,5 ou 3, mais il est depuis quelques jours situé plutôt autour de 4 ou 5. Il est donc infiniment plus virulent, exigeant ainsi une révision sérieuse de ses conséquences.

Or, malgré les incertitudes et les ignorances, il faut bien agir « au temps T » avec les connaissances du temps T et non pas celles à venir du temps T + 1. Évidemment, les décisions au temps T + 2 seront revues à la lumière des nouvelles informations obtenues, donnant alors des arguments à nos gérants d’estrade pour dire « ah ! pourquoi ne pas avoir fait cela au temps T » ? Oubliant encore une fois la temporalité des connaissances et que l’avenir n’est pas prévisible, même par les gourous de l’IA avec leurs algorithmes prétendument intelligents.

Ce que d’aucuns appelleront bientôt des « erreurs » — et qu’une flopée d’avocats toujours à la recherche d’une cause « juste » utiliseront pour poursuivre les hôpitaux et responsables des soins de santé — n’est en fait que le reflet d’une incontournable réalité : toute prise de décision se fait sur la base de connaissances limitées et en temps réel, et non pas après la fin de la partie.

Sachant cela, on ne peut que compatir avec ceux et celles qui ont la lourde responsabilité actuelle de prendre de telles décisions en situation d’incertitude et qui doivent au jour le jour réagir aux nouvelles données. Tout comme le joueur sur la glace qui doit décider ici et maintenant s’il doit passer la rondelle ou tenter lui-même de viser le but. Sachant, bien sûr, qu’après la partie, ils devront supporter les discours des gérants d’estrade qui leur diront alors ce qu’ils auraient dû faire.

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Jannic
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Message par Jannic »

Placeress a écrit : Incertitude et gérants d’estrade


Je me souviens qu’adolescent je regardais les parties de hockey du Canadien de Montréal à la télévision avec mon père. Moi-même amateur et jouant alors dans l’équipe des pee-wee de Montmorency, j’étais toujours un peu irrité d’entendre mon père parler au téléviseur en disant : « mais passe la puck ! »… Je lui rappelais que les joueurs ne l’entendaient pas et que ce n’était pas lui l’entraîneur de l’équipe ; que ce dernier faisait de son mieux en parlant directement à ses joueurs, dont il connaissait mieux les forces et les faiblesses. D’autant plus que ses décisions doivent se prendre en une fraction de seconde quand le joueur regarde ses coéquipiers et décide — dans l’instant — s’il doit faire ou non une passe.

Tout cela me revient à l’esprit en écoutant et en lisant les journalistes et les chroniqueurs habitués à parler de tout — et souvent de rien — et qui, avec une curieuse assurance, avancent leurs solutions spontanées de gros bon sens face à une pandémie d’une ampleur absolument imprévue par les meilleurs experts du monde entier.

Ce qui frappe le plus dans ce bruit ambiant de solutions contradictoires — le retour du « y a qu’à faire ceci, y a qu’à faire cela » — est l’absence totale de prise en compte de la temporalité des prises de décision en situation d’incertitude et même d’ignorance. On inverse alors allègrement, et sans s’en rendre compte, la temporalité : sachant maintenant ce qu’on ignorait il a deux semaines, on demande aujourd’hui, de manière inquisitoriale, pourquoi autant de lits d’hôpitaux ont été libérés, alors qu’il n’y en a qu’un peu plus de 1000 qui sont occupés.

C’est là inverser la flèche du temps et oublier qu’au tout début de nombreux experts pensaient même que ce pourrait n’être qu’une « gripette ». Un peu plus tard, voyant les lits d’hôpitaux des autres pays déborder, on a donc réagi rapidement pour en libérer des milliers en envisageant le pire, seule façon éthique de planifier la santé publique. Or, seul le temps permet d’acquérir des connaissances qui dans ce cas ont évolué à la vitesse de l’éclair et ont donc changé au fil des semaines.

Maintenant qu’on voit ce qui arrive dans les CHSLD et autres institutions pour personnes âgées, nos experts improvisés demandent pourquoi on n’a pas concentré plus tôt les actions en ces lieux. Oubliant là encore une fois que personne ne pouvait prévoir la virulence de ce nouveau virus. En somme, comme on le dit bien en anglais : « damned if you do, damned if you don’t ». Le cas des écoles est analogue : si on ouvre et que la COVID repart, on criera qu’il aurait fallu les garder fermer… ; si on les garde fermées par principe de précaution sanitaire, on dira plus tard que finalement on aurait dû les rouvrir plus tôt… Et ne parlons pas des masques…

La temporalité de la science

Ce que la crise mondiale de la COVID-19 montre clairement pourtant — mais que trop de commentateurs s’évertuent à ignorer —, c’est que la situation est totalement inusitée et que les connaissances prennent du temps à se construire. Ainsi, le fameux indice de transmission de l’épidémie, R0, était évalué en janvier à environ 2,5 ou 3, mais il est depuis quelques jours situé plutôt autour de 4 ou 5. Il est donc infiniment plus virulent, exigeant ainsi une révision sérieuse de ses conséquences.

Or, malgré les incertitudes et les ignorances, il faut bien agir « au temps T » avec les connaissances du temps T et non pas celles à venir du temps T + 1. Évidemment, les décisions au temps T + 2 seront revues à la lumière des nouvelles informations obtenues, donnant alors des arguments à nos gérants d’estrade pour dire « ah ! pourquoi ne pas avoir fait cela au temps T » ? Oubliant encore une fois la temporalité des connaissances et que l’avenir n’est pas prévisible, même par les gourous de l’IA avec leurs algorithmes prétendument intelligents.

Ce que d’aucuns appelleront bientôt des « erreurs » — et qu’une flopée d’avocats toujours à la recherche d’une cause « juste » utiliseront pour poursuivre les hôpitaux et responsables des soins de santé — n’est en fait que le reflet d’une incontournable réalité : toute prise de décision se fait sur la base de connaissances limitées et en temps réel, et non pas après la fin de la partie.

Sachant cela, on ne peut que compatir avec ceux et celles qui ont la lourde responsabilité actuelle de prendre de telles décisions en situation d’incertitude et qui doivent au jour le jour réagir aux nouvelles données. Tout comme le joueur sur la glace qui doit décider ici et maintenant s’il doit passer la rondelle ou tenter lui-même de viser le but. Sachant, bien sûr, qu’après la partie, ils devront supporter les discours des gérants d’estrade qui leur diront alors ce qu’ils auraient dû faire.

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Merci pour tes deux derniers textes, Placeress :)
Capuchino
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Message par Capuchino »

Placeress a écrit : Incertitude et gérants d’estrade


Je me souviens qu’adolescent je regardais les parties de hockey du Canadien de Montréal à la télévision avec mon père. Moi-même amateur et jouant alors dans l’équipe des pee-wee de Montmorency, j’étais toujours un peu irrité d’entendre mon père parler au téléviseur en disant : « mais passe la puck ! »… Je lui rappelais que les joueurs ne l’entendaient pas et que ce n’était pas lui l’entraîneur de l’équipe ; que ce dernier faisait de son mieux en parlant directement à ses joueurs, dont il connaissait mieux les forces et les faiblesses. D’autant plus que ses décisions doivent se prendre en une fraction de seconde quand le joueur regarde ses coéquipiers et décide — dans l’instant — s’il doit faire ou non une passe.

Tout cela me revient à l’esprit en écoutant et en lisant les journalistes et les chroniqueurs habitués à parler de tout — et souvent de rien — et qui, avec une curieuse assurance, avancent leurs solutions spontanées de gros bon sens face à une pandémie d’une ampleur absolument imprévue par les meilleurs experts du monde entier.

Ce qui frappe le plus dans ce bruit ambiant de solutions contradictoires — le retour du « y a qu’à faire ceci, y a qu’à faire cela » — est l’absence totale de prise en compte de la temporalité des prises de décision en situation d’incertitude et même d’ignorance. On inverse alors allègrement, et sans s’en rendre compte, la temporalité : sachant maintenant ce qu’on ignorait il a deux semaines, on demande aujourd’hui, de manière inquisitoriale, pourquoi autant de lits d’hôpitaux ont été libérés, alors qu’il n’y en a qu’un peu plus de 1000 qui sont occupés.

C’est là inverser la flèche du temps et oublier qu’au tout début de nombreux experts pensaient même que ce pourrait n’être qu’une « gripette ». Un peu plus tard, voyant les lits d’hôpitaux des autres pays déborder, on a donc réagi rapidement pour en libérer des milliers en envisageant le pire, seule façon éthique de planifier la santé publique. Or, seul le temps permet d’acquérir des connaissances qui dans ce cas ont évolué à la vitesse de l’éclair et ont donc changé au fil des semaines.

Maintenant qu’on voit ce qui arrive dans les CHSLD et autres institutions pour personnes âgées, nos experts improvisés demandent pourquoi on n’a pas concentré plus tôt les actions en ces lieux. Oubliant là encore une fois que personne ne pouvait prévoir la virulence de ce nouveau virus. En somme, comme on le dit bien en anglais : « damned if you do, damned if you don’t ». Le cas des écoles est analogue : si on ouvre et que la COVID repart, on criera qu’il aurait fallu les garder fermer… ; si on les garde fermées par principe de précaution sanitaire, on dira plus tard que finalement on aurait dû les rouvrir plus tôt… Et ne parlons pas des masques…

La temporalité de la science

Ce que la crise mondiale de la COVID-19 montre clairement pourtant — mais que trop de commentateurs s’évertuent à ignorer —, c’est que la situation est totalement inusitée et que les connaissances prennent du temps à se construire. Ainsi, le fameux indice de transmission de l’épidémie, R0, était évalué en janvier à environ 2,5 ou 3, mais il est depuis quelques jours situé plutôt autour de 4 ou 5. Il est donc infiniment plus virulent, exigeant ainsi une révision sérieuse de ses conséquences.

Or, malgré les incertitudes et les ignorances, il faut bien agir « au temps T » avec les connaissances du temps T et non pas celles à venir du temps T + 1. Évidemment, les décisions au temps T + 2 seront revues à la lumière des nouvelles informations obtenues, donnant alors des arguments à nos gérants d’estrade pour dire « ah ! pourquoi ne pas avoir fait cela au temps T » ? Oubliant encore une fois la temporalité des connaissances et que l’avenir n’est pas prévisible, même par les gourous de l’IA avec leurs algorithmes prétendument intelligents.

Ce que d’aucuns appelleront bientôt des « erreurs » — et qu’une flopée d’avocats toujours à la recherche d’une cause « juste » utiliseront pour poursuivre les hôpitaux et responsables des soins de santé — n’est en fait que le reflet d’une incontournable réalité : toute prise de décision se fait sur la base de connaissances limitées et en temps réel, et non pas après la fin de la partie.

Sachant cela, on ne peut que compatir avec ceux et celles qui ont la lourde responsabilité actuelle de prendre de telles décisions en situation d’incertitude et qui doivent au jour le jour réagir aux nouvelles données. Tout comme le joueur sur la glace qui doit décider ici et maintenant s’il doit passer la rondelle ou tenter lui-même de viser le but. Sachant, bien sûr, qu’après la partie, ils devront supporter les discours des gérants d’estrade qui leur diront alors ce qu’ils auraient dû faire.

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Je suis tellement d'accord avec lui. Même les experts médicaux ne s'entendent pas parce que ce virus est trop récent et qu'ils ne le connaissent pas suffisamment. L'expression qu'on entend souvent ces temps-ci à l'effet qu'on construit l'avion pendant qu'elle vole reflète pas mal les difficultés de prendre toujours les bonnes décisions au bon moment. Je ne voudrais pas être à leur place à ceux qui doivent justement en prendre des décisions. Ils ne doivent pas toujours bien dormir.
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joanna
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Message par joanna »

Une belle vidéo de circonstance à voir et écouter. :(

https://www.youtube.com/watch?v=6J37usbyk5U" onclick="window.open(this.href);return false;
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Lucky Luke
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Message par Lucky Luke »

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Message par lorraine48 »

joanna a écrit : Une belle vidéo de circonstance à voir et écouter. :(

https://www.youtube.com/watch?v=6J37usbyk5U" onclick="window.open(this.href);return false;
j ai pleuré en l écoutant
si l on voyageait a la vitesse de la lumière le temps s arrêterait
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lorraine48
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Message par lorraine48 »

Lucky Luke a écrit : [youtube]https://www.youtube.com/watch?v=OJ8to3moT1s[/youtube]
que c est triste je n ai pas hâte d être rendu là je voudrais mourir avant
si l on voyageait a la vitesse de la lumière le temps s arrêterait
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nancy31f
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Message par nancy31f »

ya un cas positif a la job a mon fils et belle fille qui travaillent au meme endroit c une usine de biscuit

ils vont se faire tester

mais a leur job yon pas fermé juste nettoyé

jlui ai dis d`ecrire a Tva nouvelle ce qu`elle a fait
j`attend des nouvelles
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nancy31f
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Message par nancy31f »

Une préposée dans la trentaine meurt de la COVID-19


Une préposée aux bénéficiaires travaillant dans les Laurentides est décédée lundi de la COVID-19.
La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) a confirmé mardi matin la mort de Stéphanie Tessier.


«Perdre un proche est difficile, mais cela l’est d’autant plus dans les circonstances», a affirmé le syndicat par communiqué soulignant qu’il s’agit d’une mort de trop.

Âgée dans la trentaine, Stéphanie Tessier était hospitalisée depuis deux semaines. Elle avait contracté la COVID-19. Le syndicat ignorait si elle l’avait contracté au travail, mais il a affirmait qu’au CHSLD où elle travaillait, des résidents étaient atteints de la COVID-19 tout comme huit membres du personnel.

https://www.journaldemontreal.com/2020/ ... e-preposee
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