Quentin Mosimann en interview
Actuellement en tournée, Quentin Mosimann continue sa route en faisant fi de ses détracteurs. Tout en collaborant avec d'autres artistes, il a commencé à travailler sur son deuxième album. Son parcours, son album, ses concerts, ses projets mais également l'Eurovision et la loi Hadopi, Quentin Mosimann n'élude aucune question. Interview.
Bonjour Quentin. Quel bilan fais-tu de ton premier album ? (Nikolas Lenoir, journaliste) ?
Quentin Mosimann : Il a été disque d’or très vite et pour un mec qui ne sort pas des premières éditions de la Star Ac, c’est quand même pas mal. Cela m’a beaucoup touché. Je pense avoir fait l’album que je voulais et surtout je pense avoir fait un bon album en peu de temps. Le facteur temps a été déterminant et c’est un peu ça qui m’a manqué. J’ai besoin de temps pour faire mes compos et nous avons trouvé un juste milieu en faisant des reprises. Cela m’a permis de boucler l’album en trois mois, les arrangements, le travail avec trente musiciens et les quelques remixes réalisés par des DJ’s réputés. Le disque d’or m’a permis de faire une tournée avec de surcroît, des dates qui sont complètes.
Les internautes débattent beaucoup des ventes de ton album. C’est un sujet récurrent et je te pose directement la question. Quel est le nombre des ventes effectives de cet opus ?
Je vais clore tout de suite le sujet. Avec la réédition, j’en suis à 98.000 exemplaires vendus. Je suis donc très, très proche des 100.000.
Amandine Bourgeois a récemment déclaré avoir dû batailler pour échapper à un album de reprises. Comment as-tu réussi à imposer la démarche inverse ?
C'était aussi un deal par rapport aux contraintes de temps. C’est en effet une démarche inverse mais j’ai plus imposé les arrangements que les reprises. C’était aussi un deal par rapport aux contraintes de temps. Quand on sort de la Star Ac, la médiatisation est à prendre rapidement et il faut donc faire un disque très vite. À l’époque, il y avait sur mon MySpace une reprise de Téléphone "Ça, c’est vraiment toi". Nous avons ainsi eu l’idée de reprendre des titres des années 80. C’est un pôle fédérateur car les jeunes, les adultes, les personnes plus âgées connaissent ces chansons. Cela explique certainement que cela ait bien marché.
Tu sembles très attentif à ton image. Comment la gères-tu ?
J’ai imposé des personnes, un management et une technique particulière de marketing. De l’album aux vidéos que je mets en ligne en passant par les polices d’écriture et les médias, je gère mon image de A à Z. Cela peut déplaire à la maison de disques car parfois, c’est un peu à outrance mais je pense que l’on est jamais mieux servi que par soi-même.
Pourquoi avoir sorti une réédition de ton album ?
J’en avais terriblement envie. J’étais en train de m’enfoncer dans l’album de jazz. Quand la maison de disques m’a proposé une réédition, j’ai tout de suite accepté.
On retrouve des inédits dans ce premier album bis. Pourquoi n’as-tu pas attendu de faire un deuxième opus entièrement constitué de titres nouveaux ?
L’impatience. Pendant toute l’année, je vais travailler sur le deuxième album et c’est très excitant. J’ai le temps de le préparer. C’est une étape vraiment géniale.
As-tu déjà une idée de période de sortie ?
Je ne peux pas trop m’avancer mais je pense qu’il sortira début d’année prochaine.
Peux-tu révéler quelques infos sur cet opus ?
Ce sont les mêmes influences très pop, très jazzy. Des chansons existent déjà et je peux dire qu’il y a de bonnes bases.
Envisages-tu aller dans la direction du single « Ose » par exemple ?
Il y a en effet une chanson qui sera dans cet esprit et qui s’appelle "Gueule d’ange". Elle sera très certainement sur l’album.
Tu sais chanter avec un micro et on a pu découvrir dans le clip d’"Ose" que tu es aussi très à l’aise avec une brosse à cheveux. Comment as-tu eu l’idée de ce clip ?
(Rires) Il n’y a pas eu d’idée. Beaucoup de gens le disent trop scénarisé. Le public ne le sait peut-être pas mais je n’étais pas au courant que ces vidéos allaient allaient finir clip. Je fais le fou tout le temps et je ne montre que ce que je veux montrer. Pour la scène d'"Ose", je suis dans ma salle de bains, je me prépare vraiment pour aller mixer et j’ai mon ordi sur le bord de la baignoire car je dois travailler mes textes, préparer les répétitions…
Retrouvez le clip de Quentin Mosimann, "Ose" :
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Tu viens de sortir "Exercices de mate". Comment est née cette chanson ?
J’ai craqué sur ce texte de Christian Bouclier mis en musique par François Bernheim. Du début à la fin, on se marre. C’est sur Charts In France d’ailleurs que j’ai lu le commentaire d’un internaute disant que le texte était trop nul et qu’il ne comprenait rien. J’ai eu de la peine pour ce monsieur et je me suis dit que s’il avait un minimum de culture, il aurait compris par exemple le jeu de mots sur Paris avec Bastille et Nation. Il faut avoir une certaine culture.
Est-ce que tu es un mateur ?
Oui, bien sûr. (Rires) Je suis un mec de 21 ans et je regarde. Je suis un mateur et les gens le comprendront comme ils le veulent.
Tu parlais précédemment d’un commentaire que tu as lu. Es-tu sensible à ce que tu peux lire à ton sujet ?
Je regarde très rarement les commentaires. Certains mecs qui laissent des commentaires totalement pourris sont en fait des jaloux ou des gens enfermés dans une petite vie minable.
Un article t’annonçant remplacer Patricia Kaas à l’Eurovision a été mis en ligne le 1er avril. Quelle a été ta réaction ?
J’ai vraiment beaucoup aimé. C’était très drôle et cela a ensuite provoqué un vrai buzz.
Aimerais-tu faire l’Eurovision ?
Cela pourrait en effet m’intéresser mais si j’y vais, ce sera pour gagner. Je ne vise personne mais je n’irai pas à l’Eurovision avec une chanson absolument inadaptée. Je n’y participerai pas pour faire ma promo.
On retrouve sur ton MySpace des remixes de Coldplay et de Jason Mraz. Comment choisis-tu ces morceaux ?
Je vais sur les sites de classement. Je regarde ce qui est en haut des tops, j’écoute ce qui me plaît et je fais mes remixes. C’est réalisé dans mon studio d’enregistrement et c’est principalement destiné aux clubs. Il n’y a pas de but commercial. C’est fait pour kiffer et danser.
Tu as un peu deux casquettes, le chanteur Quentin Mosimann et le DJ John Louly. Envisages-tu de favoriser l’une des deux ?
Pas du tout. Le temps me dira peut-être l’inverse mais en tout cas, je souhaite me concentrer sur Quentin Mosimann pour la chanson et Mosimann pour l’électro. John Louly va faire une hibernation, Mosimann prend le relai.
Que penses-tu de la scène électro française ?
Elle est très bonne. Des artistes tels que Martin Solveig, Christian Sims, John Revox, Justice et David Guetta entre autres montrent le talent de la scène française. Avec les Allemands et les Américains, les Français sont d'ailleurs les plus côtés.
Tu fais actuellement ta première tournée solo. Comment définis-tu ton public ?
J’ai l’impression d’avoir plusieurs publics. En clubs, mon public est énormément composé de garçons alors qu’en concerts, je retrouve plus des jeunes filles et des femmes. C’est intéressant car je touche les moins de 18 ans et les plus de 40 ans en concerts et en clubs, je retrouve essentiellement des gens entre 20 et 40 ans. C’est assez complémentaire et particulier.
Quel rapport entretiens-tu avec ton public ?
C’est un rapport très privilégié. Je tiens beaucoup à l’interaction que nous avons.
Que proposes-tu sur scène ?
La différence et l’atypicité. Je ne sais pas si ce mot existe mais je l’aime bien. Je prends le risque. (Rires)
Prévois-tu des inédits, des arrangements particuliers pour les concerts ?
Ca change tout le temps. J'aime apporter des choses différentes à chaque fois. Chaque concert est unique.
Lors d’un séjour à Sarajevo l’été dernier, j’ai vu ton clip diffusé en boucle parmi d’autres sur les écrans d’un Sam Shop, une enseigne très connue de vêtements et de produits cosmétiques. J’étais surpris d’y entendre un artiste français. As-tu une volonté précise d’exporter ta musique ?
Il devait s’agir de la version électro de "Cherchez le garçon". Il est vrai que mes titres électros voyagent pas mal et je ne m’en rends pas toujours très bien compte. Je viens de signer un remix en Allemagne et en Suisse avec DJ Antoine. Je continue de travailler en France mais j’ai aussi des projets sur Ibiza et Miami notamment.
Retrouvez le clip de Quentin Mosimann, "Cherchez le garçon" :
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As-tu des envies de collaborations ?
C'est toujours un plaisir de remixer d'autres artistes. J’ai toujours envie de collaborations. Je travaille beaucoup dans mon coin mais c’est toujours un plaisir de remixer d’autres artistes. Il y a des artistes que j’aime et avec lesquels j’aimerais travailler mais je ne le dis pas encore. DJ Antoine faisait partie de mes envies et cela s’est réalisé. Je touche donc du bois pour la suite.
As-tu le sentiment d’être totalement affranchi de l’émission par laquelle tu es passé ?
Je ne pense pas que l’on peut vraiment s’en affranchir. Il y aura toujours quelqu’un pour me rappeler d’où je viens. Si on n’assume pas cette émission, il faut surtout ne pas la faire. Je vis en l’assumant et j’en suis fier.
Que penses-tu de certains qui sont passés par cette émission et qui désormais la dénigrent ?
Après deux ans, je peux comprendre que mon nom y soit encore associé. Si dans deux ans, on me parle encore de la Star Ac, je dirai que j’ai fait beaucoup de choses depuis. Je ne renierai pas ce programme mais il faut aussi que le public le dépasse.
Tu es un artiste et tu es très familier avec Internet. Que penses-tu de la loi Hadopi ?
Je suis très partagé sur la réponse apportée par cette loi. C’est certainement la question la plus difficile que l’on peut me poser. Je n’ai pas vraiment d’avis en fait. Je me sens assez loin de ça et je reconnais que le débat autour de cette loi m’ennuie rapidement. Il y a des opportunistes qui sont prêts à tout pour se faire du fric même si pour cela, ils doivent mettre de côté des convictions. Il y a également des personnes qui se battent pour cette loi en défendant de vraies valeurs. J'ai peur des profiteurs qui vont se servir du système mis en place par Hadopi. Le débat est nécessaire mais je suis très partagé sur la réponse apportée par cette loi.
Quelle est ta façon d’acheter la musique ?
Je n’achète plus beaucoup de CD. Je vais beaucoup sur iTunes. Je peux comprendre quelqu’un qui n’a pas d’argent et qui a eMule chez lui. On donne des moyens aux gens pour télécharger de façon plus ou moins légale et en même temps, si on ne fait rien, si on ne pose pas des interdictions, on va dans un mur.
Quel message aimerais-tu transmettre à ton public et aux internautes ?
Carpe Diem.
le samedi 13 juin 2009