Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

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Anya
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Re: Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

Message par Anya »

Libre opinion - Le costume religieux : un signe subversif ?
Raymond Gravel - Prêtre 19 mars 2010 Éthique et religion


Dans Le Devoir du 11 février dernier, on avait droit à un cours de sociologie du vêtement 101 par l'anthropologue athée Daniel Baril, qui affirmait que le costume religieux n'est pas insignifiant sur le plan symbolique et qu'il doit être interdit dans la fonction publique.

Il écrivait: «Le langage non verbal du vêtement religieux ou signe distinctif exprime le fait non seulement que la personne est croyante, mais aussi qu'elle professe telle ou telle religion, avec tout son système de valeurs et de croyances, et qu'elle en fait une interprétation fondamentaliste puisqu'elle place son appartenance religieuse au-dessus de sa fonction professionnelle.»

Dans Le Devoir du 16 mars, nous avons eu droit, cette fois, à l'initiative de monsieur Baril et du sociologue Guy Rocher, à une déclaration signée par une centaine de personnes au moins, et qui réaffirme explicitement que la laïcité exige le retrait de tous les signes religieux dans la sphère publique pour assurer la neutralité de l'État.

Il est vrai que le costume religieux identifie le porteur, mais en quoi est-ce automatiquement une interprétation fondamentaliste que de signifier son appartenance religieuse? Le costume religieux serait-il devenu subversif? Qu'on exige la neutralité de l'État est une chose, mais qu'on oblige les personnes qui y travaillent à faire semblant de l'être, c'est hypocrite et abusif. Nul besoin d'un costume particulier pour pratiquer l'endoctrinement et le prosélytisme: on n'a qu'à lire le collectif Heureux sans Dieu, sous la direction de Daniel Baril et de Normand Baillargeon, paru aux éditions VLB, en 2009, pour s'en convaincre.

Que de mépris à l'endroit des religions en général et du catholicisme en particulier! Après cela, on tente de me faire croire que la déclaration sur la laïcité, initiée par ce même Daniel Baril et signée par Normand Baillargeon, se porte à la défense d'un Québec laïque et pluraliste? Il faut être naïf pour le croire.

Dans une société laïque comme la nôtre, on peut porter un costume ou un signe religieux sans nier la neutralité de l'État et sans enfreindre la liberté des autres. C'est évident que le vêtement et le signe arborés doivent répondre à certains critères de sécurité et de transparence: le niqab et la burqa ne satisfont pas à ces critères. Par ailleurs, on ne peut ni imposer ni interdire le port d'un costume sous prétexte que celui-ci n'exprime pas le modèle social attendu et que les usagers des services publics n'ont pas à être soumis à ce langage non verbal signifié par le costume.

Personnellement, je me méfie davantage du langage verbal des intégristes religieux ou laïques qui font preuve d'intolérance envers tous ceux et celles qui ne partagent pas leurs vues. Je préfère de beaucoup le Manifeste pour un Québec pluraliste publié dans les pages du Devoir au début du mois de février, lequel reconnaît que l'interdiction de signes et de vêtements religieux de la part des représentants de l'État ne répond à aucune nécessité sociale et serait même disproportionnée par rapport aux objectifs de neutralité des services publics.

On peut déplorer certains costumes qui nous apparaissent rétrogrades et inesthétiques: le voile islamique, le turban sikh, la soutane des prêtres, la cornette des soeurs catholiques ou encore l'accoutrement des juifs hassidiques, mais les interdire produirait exactement le contraire du but recherché: ça inciterait plus de gens à les porter. Et, contrairement à ce que laisse entendre la déclaration sur la laïcité, si les religieux et les religieuses catholiques qui oeuvraient dans les établissements de santé et d'enseignement ont accepté de modifier ou d'abandonner leur livrée, ce n'était pas parce que leurs institutions passaient aux mains de l'État et qu'ils voulaient continuer à y travailler. C'est parce qu'il y a eu le concile Vatican II qui les invitait à moderniser leurs habits, car ils ne correspondaient plus au renouveau voulu par le concile. Par ailleurs, ceux-ci ont continué de porter des signes religieux distinctifs jusqu'à aujourd'hui, dans le respect de la diversité religieuse et de la pluralité.

Les costumes et les signes religieux au Québec sont inoffensifs lorsqu'ils ne sont que des symboles religieux. Là où ils deviennent subversifs, c'est lorsqu'ils sont utilisés à des fins politiques, par des intégristes qui s'opposent à la laïcité de la société québécoise et qui nient les valeurs culturelles et religieuses de la majorité. Sans même s'en rendre compte, certains signataires de cette déclaration sur la laïcité font le jeu de ces intégristes en voulant retirer tout symbole religieux traditionnel de l'espace public, comme s'il fallait nier nos racines et oublier nos origines. Le crucifix sur le mur de l'Assemblée nationale n'est pas dangereux; mais l'endoctrinement idéologique de certains groupes religieux ou athées l'est beaucoup plus. Peut-être devrait-on s'en méfier davantage.

***
Raymond Gravel - Prêtre

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Anya
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Re: Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

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Accommodements raisonnables
Le gouvernement Charest impose des limites
La Presse Canadienne
24/03/2010 10h55

QUÉBEC - Les musulmanes portant la burqa ou le niqab devront se résoudre à découvrir leur visage si elles veulent transiger avec l'État.

Déposé mercredi à l'Assemblée nationale, un projet de loi de la ministre de la Justice, Kathleen Weil, introduit des balises et des limites précises aux demandes d'accommodement raisonnable dans l'administration publique.

En outre, la pièce législative confirme la pratique générale voulant que les membres du personnel des établissements publics _ comme la SAAQ ou la RAMQ _ et les personnes à qui des services sont fournis, doivent avoir le "visage découvert".

Lorsqu'un accommodement implique un aménagement à cette pratique, il doit être refusé si des motifs liés à la communication ou à l'identification le justifient, a indiqué la ministre Weil, en Chambre.

Aussi, en vertu du projet de loi, tout accommodement sera subordonné au respect de la Charte des droits, notamment au droit à l'égalité entre les femmes et les hommes et au principe de la neutralité religieuse de l'Etat.

http://fr.canoe.ca/infos/quebeccanada/a ... 05531.html" onclick="window.open(this.href);return false;
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Cass!
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Re: Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

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BRAVO!
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Thewinneris
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Message par Thewinneris »

Anya a écrit : Accommodements raisonnables
Le gouvernement Charest impose des limites
La Presse Canadienne
24/03/2010 10h55

QUÉBEC - Les musulmanes portant la burqa ou le niqab devront se résoudre à découvrir leur visage si elles veulent transiger avec l'État.

Déposé mercredi à l'Assemblée nationale, un projet de loi de la ministre de la Justice, Kathleen Weil, introduit des balises et des limites précises aux demandes d'accommodement raisonnable dans l'administration publique.

En outre, la pièce législative confirme la pratique générale voulant que les membres du personnel des établissements publics _ comme la SAAQ ou la RAMQ _ et les personnes à qui des services sont fournis, doivent avoir le "visage découvert".

Lorsqu'un accommodement implique un aménagement à cette pratique, il doit être refusé si des motifs liés à la communication ou à l'identification le justifient, a indiqué la ministre Weil, en Chambre.

Aussi, en vertu du projet de loi, tout accommodement sera subordonné au respect de la Charte des droits, notamment au droit à l'égalité entre les femmes et les hommes et au principe de la neutralité religieuse de l'Etat.

http://fr.canoe.ca/infos/quebeccanada/a ... 05531.html" onclick="window.open(this.href);return false;

Sur ce coup-là, je dis bravo au gouvernement Charest! :gla: Incroyable!

Il faut dire aussi que l'égalité entre les hommes et les femmes est inscrit également dans la charte des droit, mais le problème c'est que ça entrait en conflit avec la liberté de religion qui en menait très large sur le dos des femmes! Bien contente de cet éclaircisement!

Mais il ne faut pas oublier tous les ravages que ce gouvernement fait dans le domaine de l'éducation par exemple, qui est en train de devenir une vraie tour de babel d'accommodement dans tous les sens!
Dernière modification par Thewinneris le mer. mars 24, 2010 11:54 am, modifié 4 fois.
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Cass!
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Re: Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

Message par Cass! »

Idem dans le monde de la petite enfance ou le besoin des parents prime sur les besoins des enfants, je dis bravo pour ca mais il ne faudriat pas autent lui remettre un trophé hen...
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Thewinneris
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Message par Thewinneris »

Cass! a écrit : Idem dans le monde de la petite enfance ou le besoin des parents prime sur les besoins des enfants, je dis bravo pour ca mais il ne faudriat pas autent lui remettre un trophé hen...
:jap: Oui c'est bon de le rappeller!
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Re: Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

Message par mouscha »

à Placeress
J'ai écrit:"C'est ce que je pense. Mais je me demande en quoi un foulard peut te rapprocher de Dieu. Quand j'étais obligée de porter un chapeau ou une mantille à léglise, je ne me sentais pas plus proche de Dieu pour autant. Et je me suis pas sentie plus loin de lui quand ça n'a plus été obligatoire non plus (quand j'étais pratiquante)."

Bin c'est ça Placeress, je pose la question parce que, personnellement, je ne connais pas la réponse. Je cherche à comprendre là. Si quelqu'un/une pouvait m'éclairer j'aimerais ça.
mouscha
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Re: Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

Message par mouscha »

Anya a écrit : Lettres - Le foulard pas toujours islamique
Normande Poirier - Québec 23 mars 2010
Actualités en société

Selon les propos de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) rapportés dans Le Devoir du 18 mars 2010, «le port du hidjab ne comporte pas nécessairement un sens religieux, et il appartient à la personne qui le porte de lui conférer un sens ou non». Est-ce à dire que le foulard, n'étant plus considéré nécessairement comme un signe d'appartenance à l'islam, les plaintes de discrimination pour motif religieux fondées sur une interdiction de porter le voile ne seront plus recevables par la Commission? On pourrait penser: voilà une bonne chose de réglée!

Ne sautons pas aux conclusions. La CDPDJ précise bien que c'est à la personne qui porte le foulard de lui conférer un sens ou non. La signification du foulard est une affaire personnelle. Par exemple, pour occuper un poste à la fonction publique, ou dans une institution d'État, par souci de se conformer aux exigences de laïcité (si de telles exigences sont instaurées), la personne portant foulard décrétera que le foulard n'est pas un symbole religieux pour elle. Par ailleurs, en d'autres circonstances, celles qui se verraient interdire le port du foulard pourraient porter plainte à la Commission des droits et libertés alléguant le sens religieux qu'elles donnent au foulard et la discrimination fondée sur la religion dont elles sont victimes. C'est gagnant à tout coup.

http://www.ledevoir.com/societe/actuali ... -islamique" onclick="window.open(this.href);return false;
Et c'est comme ça que ça passe, en lui donnant la signifaication que la personne veut bien lui donner dépendant de la situation dans laquelle elle se trouve.
mouscha
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Re: Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

Message par mouscha »

Thewinneris a écrit : [...]



Sur ce coup-là, je dis bravo au gouvernement Charest! :gla: Incroyable!

Il faut dire aussi que l'égalité entre les hommes et les femmes est inscrit également dans la charte des droit, mais le problème c'est que ça entrait en conflit avec la liberté de religion qui en menait très large sur le dos des femmes! Bien contente de cet éclaircisement!

Mais il ne faut pas oublier tous les ravages que ce gouvernement fait dans le domaine de l'éducation par exemple, qui est en train de devenir une vraie tour de babel d'accommodement dans tous les sens!
Et le conflit demeurera tant que le principe de l'égalité entre les hommes et les femmes n'aura pas préséance sur celui de la liberté de religion.
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Thewinneris
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Re: Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

Message par Thewinneris »

mouscha a écrit : [...]


Et le conflit demeurera tant que le principe de l'égalité entre les hommes et les femmes n'aura pas préséance sur celui de la liberté de religion.

J'ose espérer que le projet de loi mentionné dans l'article plus haut puisse résoudre ce conflit!
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Frasie
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Message par Frasie »

Lison48 a écrit : Ah non, pas ma fille !!!


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Elle est bonne :lol: :lol: :lol:
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Re: Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

Message par Thewinneris »

Voici un texte du blog de Richard Martineau:

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24 Mars 2010
20:30 pm, Richard Martineau / Franc-parler, 165 mots
Voile intégral interdit
Jean Charest a annoncé aujourd'hui que le voile intégral ne sera pas toléré dans les services publics, d'un côté comme de l'autre du comptoir.

Mais le hidjab, de même que les autres signes religieux ostentatoires (croix, kippa), seront permis...

Croyez-vous que ce projet de loi réglera la question une fois pour toutes?

Cette décision vous satisfait-elle?

« Un accommodement ne peut être accordé que s'il est raisonnable, et il cesse d'être raisonnable lorsqu'il impose une contrainte excessive au ministère ou à l'organisme eu égard aux coûts qui s'y rattachent, à ses effets sur le bon fonctionnement de l'organisme ou sur les droits d'autrui » a expliqué la ministre de la Justice.

Tout cela est bien beau.

Mais comment le gouvernement définit le mot RAISONNABLE? Qu'est-ce qu'une contrainte EXCESSIVE? Et à partir de quel point juge-t-on qu'un accommodement entrave le BON fonctionnement d'un organisme?

Tout cela demeure très flou...

J'ai l'impression que l'on continue de tâtonner dans le brouillard...
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Ça porte à réfléchir sur qu'est-ce qu'ils entendent comme étant raisonnable? Comme disait quelqu'un, On dirait qu'ils nous en passent une à chaque fois que ce mot "RAISONNABLE" est inclus quelque part! C'est d'un flou...
Dernière modification par Thewinneris le jeu. mars 25, 2010 12:18 am, modifié 4 fois.
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Anya
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Re: Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

Message par Anya »

Michel C. Auger
24 mars 2010

Laïcité : « Mettre ses culottes »

On va avoir un beau débat de société. Un débat sur les valeurs fondamentales de la société québécoise, sa manière d'intégrer les nouveaux arrivants et, aussi, un débat sur des questions importantes comme la définition de la laïcité et, oui, la tolérance. Un débat qui risque fort de ne pas avoir une issue aussi évidente que certains ne le croient.

Avec le projet de loi 94, le gouvernement Charest n'ébranle certainement pas les colonnes du temple. Il ne fait que codifier, dans une large mesure, la situation qui fait consensus dans la société québécoise. Mais c'est peut-être précisément ce qu'il fallait pour changer le cours du débat.

Pour dire les choses crûment, jusqu'ici on n'a guère entendu que les tenants d'une laïcité intégrale. Du code de vie d'Hérouxville à la récente « Déclaration des intellectuels pour la laïcité », ils ont été tout seuls sur la glace, essentiellement parce que le gouvernement Charest n'avait pas voulu s'y présenter.

La neutralité de l'État

À partir de maintenant, on va découvrir qu'il y a beaucoup plus de gens qu'on ne le croit à avoir de grandes réserves quant à la laïcité intégrale. Des Québécois qui croient que les libertés fondamentales incluent les libertés de conscience et de religion et qui croient que toute forme de comportement religieux n'est pas assimilable à l'intégrisme, comme on l'a trop facilement laissé entendre depuis quelque temps.

Cette fois, on ne peut pas accuser le gouvernement Charest de ne pas avoir – selon l'expression consacrée – « mis ses culottes ». Sauf que ce ne sont pas nécessairement les culottes que certains auraient voulues. Mais c'est certainement une vision des droits fondamentaux qui se défend.

Le simple fait d'avoir une foi ou d'adopter un comportement religieux n'est ni criminel ni antisocial, et il n'a donc aucune raison d'être banni ou stigmatisé dans notre société où l'État est neutre. Ce qui signifie que l'État, en tant qu'institution, ne favorise ni ne défavorise une religion plutôt qu'une autre.

L'État est neutre en matière religieuse, précisément pour que ses citoyens aient le droit d'être ce qu'ils sont : athées, pratiquants, agnostiques ou indifférents. La laïcité n'est pas le droit de l'État d'imposer l'absence de religion – ça, c'était la version soviétique –, mais c'est plutôt le droit du citoyen de savoir que l'État ne prendra pas fait et cause pour une religion et contre toutes les autres.

Le bon jugement des citoyens

Et, en 2010, on peut très certainement faire confiance au bon jugement des citoyens en ces matières. Les Québécois ne sont guère à risque de penser qu'ils sont désormais dans une théocratie parce que le fonctionnaire qui les sert à un guichet de la SAAQ ou dans un hôpital porte une kippa ou une croix dans le cou.

Le « tout ou rien », dans ces matières, n'est pas un bon guide. Le rapport Bouchard-Taylor avait certainement raison de dire que le président de l'Assemblée nationale ou un juge n'a pas à porter de signe religieux. Mais c'est parce qu'il s'agit ici des plus hautes fonctions de l'État.

La même règle serait totalement discriminatoire pour le moindre fonctionnaire, l'humble infirmier ou une modeste bibliothécaire scolaire. Ne serait-ce que pour l'exclusion que cela impliquerait pour des citoyens qui ne font rien d'autre que ce que reconnaissent leurs droits fondamentaux. D'ailleurs, quel serait l'intérêt pour un Québec qui a besoin d'intégrer ses immigrants de leur fermer les portes des secteurs publics et parapublics, simplement parce qu'ils voudraient démontrer une forme d'appartenance religieuse?

Le « tout ou rien » et la « tolérance zéro » sont une bonne politique quand il s'agit de réprimer les comportements criminels. Pas lorsqu'on parle d'un droit qui est reconnu universellement, dans la Charte québécoise des droits et libertés de la personne comme dans la Déclaration universelle des droits de l'homme de l'ONU.

L'exclusion est pourtant de mise, selon le projet de loi 94. Mais dans un seul cas très précis et limité à ceux qui – selon la belle expression de la députée péquiste Louise Beaudoin – « s'auto-excluent » de la société. Un voile intégral est, effectivement, une sorte de refus de vivre avec les autres. Il est difficile à justifier quand on demande des services de la collectivité et, encore bien plus, quand on veut travailler en son nom.

Pour le reste, le débat de société est lancé et il promet d'être passionnant. Sauf que, maintenant, il y a deux options sur la table et que cela va changer fondamentalement les enjeux.

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Anya
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Re: Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

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Re: Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

Message par Anya »

Publié le 25 mars 2010 à 00h00 | Mis à jour à 00h00
Enfin, le gros bon sens

Michèle Ouimet
La Presse

Le projet de loi sur les accommodements raisonnables déposé hier à l'Assemblée nationale interdit peu et permet beaucoup. Trop, peut-être.

Commençons par les interdits : le voile intégral, burqa et niqab, qui cache tout le visage, sauf les yeux. Il sera banni de «l'administration gouvernementale», c'est-à-dire des écoles, cégeps, universités, centres de la petite enfance, CLSC, hôpitaux, bureaux du gouvernement, etc.

Les fonctionnaires devront donc travailler à visage découvert. Les personnes qui reçoivent des services n'auront pas le droit, non plus, de porter le voile intégral.

Si la loi est adoptée, les Naema de ce monde devront donc enlever leur voile si elles vont à l'hôpital, à l'école ou dans un bureau de la Régie de l'assurance maladie. Naema, c'est cette femme en niqab expulsée d'un cours de français au cégep Saint-Laurent.

Le premier ministre Jean Charest avait promis d'être ferme sur la question du niqab. Il a tenu sa promesse.

Il a résisté à l'envie de bannir le voile intégral de l'espace public. Un bon point. Les femmes en niqab pourront donc se promener librement dans la rue ou l'autobus sans risquer de se faire arrêter ou coller une contravention.

Les femmes qui portent le voile intégral ne pourront plus suivre les cours de français destinés aux immigrés. Des cours pour adultes, faut-il le préciser. Dommage. C'est la seule exception que le gouvernement aurait dû prévoir.

Car ces femmes n'accepteront probablement jamais d'enlever leur voile. Elles vont donc rester chez elles, isolées. Comment pourront-elles apprendre le français, une des clés de l'intégration?

Mais bon, Jean Charest est sorti de sa léthargie. Et ce qu'il propose respire le gros bon sens. Et Dieu sait qu'on en a manqué, de gros bon sens, pendant l'interminable crise des accommodements raisonnables.

***

Voyons ce qui est permis, maintenant. Tout, absolument tout. Je parle des signes religieux. Hijab (foulard), turban sikh, croix, kippa (calotte juive). Un juge pourra porter un turban, une policière le hijab, un gardien de prison une grande croix.

Sans oublier les enseignants, les fonctionnaires, les infirmières et les éducatrices dans les centres de la petite enfance. Tout est permis. Ou plutôt, rien n'est interdit. Car le projet de loi ne parle pas des signes religieux. Il précise que tous doivent avoir le visage découvert. Point.

«Est-ce que ça signifie que tous les signes religieux seront permis? ai-je demandé à la ministre de la Justice, Kathleen Weil.

- Oui», a-t-elle répondu.

Pourtant, le rapport Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables précisait qu'il fallait faire une exception pour les juges, les policiers, les gardiens de prison... et le président de l'Assemblée nationale, car, dans leur cas, «l'apparence d'impartialité s'impose au plus haut point».

Surtout les juges. Est-ce qu'un accusé musulman pourra croire à la neutralité d'un juge juif? demandent les commissaires Bouchard et Taylor dans leur rapport-fleuve.

Le gouvernement aurait dû prévoir ces exceptions.

Il a fait le pari de la laïcité ouverte - un peu trop ouverte - et il a tourné le dos au modèle français, jugé trop rigide.

La présidente du Conseil du statut de la femme, Christiane Pelchat, n'est pas d'accord. Elle croit qu'il faut interdire les signes religieux ostentatoires. Comme en France.

Mais qu'est-ce qui est ostentatoire? Gros problème de définition en vue. Les petites croix seront tolérées, mais pas les grandes? À partir de quelle grosseur la croix sera-t-elle jugée ostentatoire? Et la kippa? C'est la dictature du ruban à mesurer. Non merci.

***

Le projet de loi ne compte que 10 articles, mais 10 articles importants qui établissent les grands principes qui guideront le Québec : l'égalité entre les hommes et les femmes et la neutralité religieuse de l'État. Toute demande d'accommodement sera subordonnée à ces deux principes.

Banal, direz-vous? Peut-être, mais le gouvernement coule ces principes dans une loi. Ce qui n'est pas rien.

Le projet de loi donne aussi la recette des accommodements raisonnables. Un accommodement sera accordé seulement s'il n'exerce pas de contrainte excessive sur l'organisme et s'il ne nuit pas à son bon fonctionnement ou aux droits d'autrui.

Mais tout ne sera pas réglé pour autant. Le Québec continuera à se poser des questions. Peut-on dire oui à des cours de natation non mixtes? Le menu des cafétérias doit-il tenir compte des interdits religieux? Doit-on exclure les hommes des cours prénatals?

Sauf que, à la prochaine crise, il y aura des balises.

Et ça, ça fait toute la différence.

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Re: Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

Message par Malike »

On parle beaucoup de la fonction publique, des services gouvernementaux mais qu'en est-il du privé. Est-ce qu'on va pouvoir, comme consommateur, refuser de se faire servir par une personne portant le niqab par exemple? Un propriétiaire pourrait-il refuser de louer à une telle personne qui refuse de se montrer à découvert sans se faire poursuivre pour discrimination? Dans l'fond y a pas que les fonctionnaires qui ont besoin de savoir à qui ils ont affaires, commercants et consommateurs aussi.
Qu'on se le dise : Chacun sa connerie!! - Claude Dubois ;)
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Anya
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Re: Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

Message par Anya »

Enquête sur une auteure
Mise à jour le jeudi 25 mars 2010 à 13 h 20

L'auteure du pamphlet anti-islamiste Ma Vie à contre-Coran, Djemila Benhabib , dénonce l'absence de recours véritables pour les citoyens qui, comme elle, se retrouvent dans la ligne de mire du Service canadien du renseignement de sécurité.

C'est en consultant son dossier de crédit, en 2007, que Djemila Benhabib a découvert que les services secrets canadiens l'avaient vérifié.

Mme Benhabib a par la suite demandé des éclaircissements au service de renseignements, mais ce dernier a refusé de les lui fournir.

Elle s'est tournée alors vers le Comité de surveillance du SCRS, qui doit veiller à ce que la loi soit respectée, pour porter plainte. Après deux ans d'enquête, le comité lui remet son rapport.

Mais Mme Benhabib n'a pas trouvé de réponses à ses interrogations, puisque des passages ont été censurés.

« On n'a absolument rien, rien appris parce que tout le rapport est caviardé [...] Voilà ce que ça donne, des pages qui sont complètement blanchies », a-t-elle déclaré.

Son conjoint, Gilles Toupin, un ancien journaliste à La Presse, s'interroge : « Pourquoi les services de renseignement sont allés fricoter dans les affaires personnelles de ma femme? C'est une question très simple et après plusieurs années, nous sommes toujours au même point de départ. Est-ce que nous vivons dans un État de droit? »

Le Comité de surveillance conclut que le SCRS avait le droit de vérifier le dossier de crédit de Mme Benhabib, mais sans donner de raisons.

« Moi, je ne sais absolument pas ce qu'on me reproche et par conséquent, je n'ai pas pu réagir », déplore l'auteure.

Le Comité de surveillance ne veut pas accorder d'entrevue à la caméra. Au téléphone, Sylvie Roussel, avocate principale au Comité de surveillance, a indiqué que les enquêtes étaient « tenues au secret », précisant que le Comité « tente toujours de relâcher le plus d'informations possible. »

Pour Audrey Brousseau, une avocate qui a défendu des causes liées à la sécurité nationale, il n'y a pas de véritable recours contre le SCRS. Et la communauté arabe et musulmane est particulièrement visée. La preuve, selon elle : le site Internet du Comité de surveillance s'affiche en français, en anglais et en arabe.

« Je le vois comme un signal que le Comité de surveillance reconnaît que les activités du SCRS sont teintées de profilage racial, ethnique et religieux », a-t-elle déclaré.

Pour Djemila Benhabib, cette histoire n'est pas terminée.

Il y a plus de trois ans, une Commission d'enquête recommandait une réforme des organismes qui surveillent les services de sécurité au pays. Et, depuis trois ans, le gouvernement Harper ne cesse de répéter que cette réforme s'en vient.

D'après un reportage de Brigitte Bureau
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Rénatane
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Re: Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

Message par Rénatane »

Malike a écrit : On parle beaucoup de la fonction publique, des services gouvernementaux mais qu'en est-il du privé. Est-ce qu'on va pouvoir, comme consommateur, refuser de se faire servir par une personne portant le niqab par exemple? Un propriétiaire pourrait-il refuser de louer à une telle personne qui refuse de se montrer à découvert sans se faire poursuivre pour discrimination? Dans l'fond y a pas que les fonctionnaires qui ont besoin de savoir à qui ils ont affaires, commercants et consommateurs aussi.
Un commerçcant pourra t-il exiger de voir le visage de tous ses clients qui entre dans son commerce ?
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Gillo
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Re: Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

Message par Gillo »

De toute façon ça ne va pas très loin. Si je me fais virer de bord avec mes enfants à la piscine parce que les mâles y sont interdit à cause de ceux qui s'y trouvent, que se passera t-il?

Ça dépasse la simple question vestimentaire.
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Anya
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Re: Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

Message par Anya »

Accomodements raisonnables
Les citoyens pourront s’exprimer
Mise à jour : 25/03/2010 16h58


Bonne nouvelle pour ceux qui s’ennuient des audiences de Bouchard-Taylor: l’Assemblée nationale offre aux citoyens qui le désirent la chance de s’exprimer en commission parlementaire au sujet de la loi qui encadrera les demandes d’accommodements raisonnables.

Les personnes intéressées ont jusqu’au 7 mai prochain pour faire parvenir un mémoire ou une demande d’intervention. Les personnes sélectionnées se présenteront devant la Commission des institutions de l’Assemblée nationale, à Québec. Les témoignages sur cette question débuteront le 18 mai prochain. La durée des auditions publiques dépendra de la réponse du public.

La douzaine de députés membres de la Commission, notamment le péquiste Bernard Drainville, le libéral Gerry Sklavounos et, exceptionnellement, la ministre de la Justice Kathleen Weil, choisiront eux-mêmes les personnes et organismes qui seront appelés à témoigner. Aucun critère précis n’est déterminé pour la sélection. Cependant, selon Yannick Vachon, secrétaire de la Commission, «souvent, les députés essaient d’entendre le maximum de gens possible».

http://lcn.canoe.ca/lcn/infos/national/ ... 65805.html" onclick="window.open(this.href);return false;

Loi qui encadrera les demandes d’accommodements raisonnables.
http://lcn.canoe.ca//infos/national/arc ... 05303.html" onclick="window.open(this.href);return false;
Dernière modification par Anya le jeu. mars 25, 2010 5:33 pm, modifié 1 fois.
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