SAINT-JÉRÔME - Après s'être fait tromper par sa femme et par un très bon ami, voler sa femme, exclure de sa maison, Guy Turcotte se sentait catapulté hors de sa famille et isolé de ses enfants, quelques heures avant de les poignarder avec acharnement, en février 2009.
Au cours d'une troisième journée à la barre des témoins à témoigner pour sa propre défense, Guy Turcotte a continué d'expliquer le crescendo d'émotions et de tristesse qui l'ont mené à assassiner ses enfants, le 20 février 2009, à Piedmont.
Un mois plus tôt, il s'était séparé de son épouse, Isabelle Gaston, qui avait entrepris une relation secrète avec son entraîneur, Martin Huot, qui était aussi un bon ami de l'accusé.
Depuis lundi, Turcotte, 39 ans, décrit la relation qui était devenue orageuse avec Mme Gaston, à la suite de la naissance de leurs enfants, Olivier et Anne-Sophie.
Son témoignage est lent, long, détaillé et parsemé de plusieurs sanglots. Les termes «mal», «down», «déprimé», déchiré«, »triste«, »colère" reviennent sans cesse.
Les 24 heures précédant le drame ont fait l'objet de nombreuses questions de la part de son avocat, Me Pierre Poupart.
Incapable d'accepter
Ainsi, le 19 février, veille du drame, Turcotte et Gaston ont eu une dispute au cours de laquelle son ex-conjointe aurait préféré faire garder leurs enfants par un autre que lui, advenant qu'elle soit appelée en urgence, à l'hôpital où elle travaille.
Dans l'esprit de Turcotte, cela signifiait que c'est son nouvel amant, Martin Huot, qui garderait ses enfants à sa place ; inconcevable, pour lui.
«Je suis incapable d'accepter que ce soit d'autres que moi, quand je suis disponible, dit-il. Martin prend de plus en plus de place, moi, de moins en moins.»
Turcotte a très mal dormi, cette nuit-là.
Le lendemain matin, très tôt, il a décidé de se rendre au gym, mais il est passé devant la maison familiale de Prévost pour vérifier si Isabelle y était.
Sa voiture n'y était pas, mais la voiture de Martin s'y trouvait. Turcotte a pris le mors aux dents.
Comme un niaiseux
"Ça me fâche, que ce soit lui qui soit là, avec mes enfants, dit-il.
J'ouvre la porte. J'arrive face à face avec Isabelle. Je ne comprends plus rien. Je me retourne, je vois l'auto d'Isabelle chez le voisin d'en face. Je me rends compte que je viens de rentrer comme un niaiseux."
Isabelle était furieuse et lui a dit qu'il était chez elle et qu'il devait cesser de tenter de contrôler sa vie. Elle a menacé de faire changer le nom de famille des enfants et, même, de déménager avec eux dans une ville lointaine, dit-il.
«Je vois ça comme si je me fais catapulter, expulser de ma famille», dit Turcotte.
Plus tard en après-midi, un autre épisode s'est ajouté : lors d'une conversation téléphonique avec Isabelle Gaston, il a appris qu'elle avait fait changer les serrures de sa maison et qu'elle avait appelé un avocat.
Ce maudit Martin-là!
«J'ai l'impression que la dernière affaire qu'elle peut m'enlever, elle me l'enlève encore. »
«Tu veux la guerre ? Tu vas l'avoir !», lui ditil.
Dans son esprit, il appellerait, lui aussi, un avocat.
«Ce maudit Martinlà, je vais m'organiser pour qu'il ne mette plus les pieds là», a-t-il expliqué lors de son témoignage.
S'il était, à ce moment, très fâché, sa colère a été de très courte durée, a-t-il dit: dans la voiture, Olivier lui a demandé d'aller louer des films chez Vidéo Zone. Ils en sont sortis avec des films de Tigrou et Winnie, Caillou et Les mystérieuses cités d'or. Il était 16 h 20, environ, quatre heures avant de commettre l'irréparable.
C'est aujourd'hui que Turcotte doit faire le récit de la «partie plus névralgique de l'affaire », a dit son avocat, soit les moments où il a poignardé à mort ses enfants d'une vingtaine de coups de couteau chacun.
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