Je suis peut etre un peu hors sujet .. mais je trouve ca intéressant pas mal
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Un carrefour international où se rencontrent des citoyens venus de toutes les régions de la planète
«S'il doit y avoir une mondialisation, que ce soit celle de la solidarité et du partage»
Marilyse Hamelin 16 octobre 2004 Éthique et religion
Lieu d'accueil, d'écoute et de compassion pour les fidèles, havre de beauté pour les juifs, musulmans ou bouddhistes qui viennent y méditer, l'oratoire Saint-Joseph accueille chaque année pas moins de deux millions de visiteurs, simples touristes ou pèlerins. Haut lieu de culte catholique à ses débuts, l'institution s'est ouverte au monde et a su s'adapter avec brio aux nouvelles réalités.
À l'époque où, faute de moyens, les églises doivent fermer leurs portes durant le jour, sinon toute la semaine, l'oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal demeure le lieu de culte montréalais par excellence. Ouvert 15 heures par jour, tous les jours, les gens sont sûrs de toujours y trouver une écoute plutôt que de se heurter à des portes closes. Situé en plein coeur de la ville, l'oratoire emploie pas moins de 200 employés, dont — fait intéressant — quelques étudiants qui parlent couramment le chinois, le japonais, le portugais ou encore l'italien, question de répondre à la demande touristique toujours plus importante.
Dotée d'un recteur qui privilégie la «dimension sociale de la croix», c'est-à-dire l'action sociale engagée, l'institution se fait un devoir d'être sensible aux enjeux sociaux du XXIe siècle sans jamais porter de jugement. Issu de Thetford Mines où il a baigné dans l'action communautaire, le père Jean-Pierre Aumont, recteur de l'oratoire, croit que «la foi n'a de sens que si elle aide à mieux vivre. Il faut améliorer la qualité de vie non seulement des individus, mais aussi de la collectivité, en amenant les gens à être responsables d'eux-mêmes et de la société». Citant au passage Kyoto pour illustrer la responsabilisation de la société, il affirme que «s'il doit y avoir une mondialisation, que ce soit celle de la solidarité et du partage».
Pour le père Aumont, avoir la foi est le remède contre l'indifférence. Préoccupé entre autres par les inondations en Haïti, le génocide au Darfour et la guerre en Irak, il affirme que la paix est la seule condition pour la justice et que le terrorisme n'existerait pas s'il n'y avait plus d'injustice dans le monde. L'oratoire, sous la gouverne du père Aumont, se fait donc le porte-étendard d'une Église engagée et tournée vers le monde.
Vocation multiculturelle
À l'image du quartier qui l'entoure, soit Côte-des-Neiges, le quartier le plus multiethnique au Canada, la clientèle de l'oratoire a beaucoup changé ces dernières années. En 17 ans de service, Jean-Pierre Aumont a été témoin de cette transformation. «L'oratoire est un lieu d'intégration extraordinaire où les gens s'apprivoisent, quelle que soit leur origine. C'est un des rares lieux où tant de gens de cultures différentes se côtoient pacifiquement. Juifs, protestants, non-croyants, tous viennent y trouver un lieu de beauté, un havre de paix. Un imam musulman m'a même dit que, pour lui, le frère André est un saint.» S'ajoutent au nombre des visiteurs les communautés culturelles de Montréal traditionnellement chrétiennes comme les Haïtiens, les Portugais, les Italiens ainsi que les travailleurs agricoles mexicains, qui viennent en pèlerinage à l'oratoire tous les étés.
Par ailleurs, la beauté des lieux est ce qui attire la majorité des visiteurs de l'oratoire, les touristes. Et ils viennent de partout: «Dès 8 heures le matin, il faut voir le nombre d'autobus de Chinois qui débarquent ici, c'est étonnant.» L'oratoire a même fait l'objet d'un reportage dans le Times Korea lorsqu'un professeur d'université coréen, de prime abord peu réjoui à l'idée de visiter l'oratoire à l'occasion d'un voyage organisé, a été très impressionné tant par l'architecture du bâtiment que par l'histoire assez inusitée du frère André, et a décidé d'écrire un article sur le sujet.
Une légende
Homme de peu d'éducation, malade presque toute sa vie, l'histoire d'Alfred Bessette, dit frère André, a marqué l'imaginaire des Québécois, surtout en raison de la réputation de thaumaturge du religieux. La première de ces guérisons «miraculeuses», bien que cela ne soit pas reconnu comme tel par la science, aurait eu lieu en 1878 au Collège Notre-Dame. Le frère André y était simple portier à l'époque. À force de «guérir» les malades et de leur tendre une oreille pleine de compassion, les gens se sont mis à affluer. Au bout d'un moment, il a fallu construire une petite chapelle en face du collège, à l'emplacement actuel de l'oratoire. Étant donné que la foule des fidèles était toujours plus importante, la chapelle fut agrandie à quatre reprises, puis remplacée par la crypte, qui permettait d'accueillir 1000 personnes en 1916, mais déjà c'était insuffisant. Les travaux de construction de la basilique débutèrent en 1924 pour se terminer 42 ans plus tard.
Pour Jean-Pierre Aumont, la guérison des malades peut être attribuée au frère André, mais elle peut aussi être expliquée par les soins médicaux. «Je crois que c'est un peu des deux, l'action conjointe des soins médicaux et de la confiance en frère André; c'est cette confiance qui permet la guérison.»
Selon le père Aumont, ce qui guidait les gens vers le frère André, c'était surtout sa grande écoute. «S'il y a quelque chose qui est important dans la vie, c'est d'être écouté. Aujourd'hui, les gens se confient sur les lignes ouvertes, vont voir des psychologues, mais ne trouvent pas les réponses à leur quête de sens. Dans l'esprit des gens, le frère André est toujours vivant et cela permet à un dialogue intime de s'installer entre le frère André et eux. Le frère André rappelle aux gens qu'ils sont "aimables" quels qu'ils soient et même s'ils ont du mal à s'aimer eux-mêmes. Ils ont la certitude d'être aimés de Dieu.»
Un saint très populaire
Ce lien de confiance que les fidèles entretiennent encore aujourd'hui avec le frère André, ils l'ont aussi avec saint Joseph, le saint vers lequel le frère André renvoyait les gens. Il faut croire que ce saint est encore très présent à l'esprit des 25 000 fidèles qui se donnent rendez-vous tous les 19 mars pour la fête de saint Joseph à l'oratoire. «Ce jour-là, ça déborde, on est obligé de refuser des gens», de dire fièrement Jean-Pierre Aumont.
Des témoignages sur cette relation particulière qu'entretiennent les gens avec saint Joseph, le père Aumont en reçoit presque tous les jours. «La semaine dernière, un homme d'affaires de la région m'a confié posséder une statue à l'effigie de saint Joseph. Lorsqu'il n'arrive pas à résoudre un dossier, il le place sous la statue et, comme de fait, une solution finit toujours par tomber du ciel.» Selon le père Aumont, les interventions de saint Joseph se manifestent toujours à travers des situations que l'on pourrait attribuer au hasard, mais elles répondent toujours à un besoin bien précis. «Même sainte Thérèse d'Avila a dit avoir toujours obtenu de saint Joseph ce qu'elle lui avait demandé», renchérit-il.
«Les gens qui entretiennent ce lien privilégié avec saint Joseph et le frère André, qu'ils soient médecins ou simples ouvriers, ont tous un point en commun: ce sont des gens qui vivent dans la confiance et non dans la peur. Ce sont des gens tournés vers les autres, conscients de ce qu'ils sont, autant de leurs forces que de leurs faiblesses. Leur dialogue avec le frère André les aide à affronter les épreuves de la vie, plutôt que de les fuir.»
Espace vert de la foi
À l'instar des parcs et autres lieux de détente, l'oratoire est un lieu de paix qui permet aux gens de se ressourcer, de prendre le temps de réfléchir. «L'oratoire est un lieu ouvert, accessible gratuitement, où l'on peut méditer en compagnie de gens qui sont différents de nous. Tout le monde y est accueilli; peu importe l'apparence physique ou les limites intellectuelles, on est là pour répondre à la multiplicité des besoins.»
Selon Jean-Pierre Aumont, l'oratoire joue un rôle essentiel dans la santé psychologique et spirituelle des gens, ce qui aurait un impact sur leur santé globale. «Apprendre à prendre conscience des autres et à en prendre soin, ça fait partie de l'expérience spirituelle qui donne un sens à la vie.»
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