Quand Alertes sonne moins fort
Hugo Dumas
Attaque au camion-bélier, groupe clandestin d’extrême droite, meurtre crapuleux à résoudre… Le premier épisode d’Alertes, à TVA, nous avait habilement attrapé dans ses filets policiers.
Deux mois plus tard, hélas, impossible de tirer les mêmes conclusions. Les intrigues de ce nouveau téléroman signé Julie Hivon piétinent, Michaël Abassi (Jade Hassouné) cherche encore à se venger derrière son ordi, ce qui teste les limites de notre patience. Et de nombreux irritants clignotent, en rouge vif, sur le tableau de bord.
À commencer par les tourments de l’enfant-adulte Pascal (Jean-Simon Leduc) par rapport au meurtre de son père, Jacques (Mathieu Dufresne). Plus capable de ses crisettes. Le papa connaissait-il son agresseur à l’époque ? Peu importe, seigneur. Le suspect Sylvain Lanctôt (Louis-Philippe Dandenault) croupit en prison depuis l’assassinat. C’est tout ce qui compte. Et Pascal va-t-il finir par l’écrire, sa maudite lettre, qu’on avance ? Merci.
Par ailleurs, pourquoi ajouter de la musique pseudo-angoissante dans chacune des scènes d’Alertes ? Ça ne sert pas à amplifier le suspense, au contraire. On frôle ici l’agression auditive.
Maintenant, parlons d’Adam Vallières (Marc Beaupré), le personnage pivot qui a gravité dans l’entourage du groupe de métal suprémaciste Perfect Nation.
Depuis son arrestation après l’attentat terroriste, pouf, Adam a complètement disparu. Le papa de la petite Agathe a ressurgi des limbes dans l’épisode de lundi soir, pour mourir empoisonné dans sa cellule. Vite de même, bête de même.
C’est ce qui accroche dans Alertes, cette façon d’insister sur des éléments du récit, de les oublier pendant un mois et d’y revenir avec encore plus d’intensité. Le volet néonazi de la série en est un autre bon exemple. L’équipe de la capitaine Duquette (Sophie Prégent) a découvert la salle de réunion secrète du groupe La Garde, les enquêteurs ont évoqué le mysticisme du soleil noir et ont visionné des vidéos dignes du Ku Klux Klan, pour ne plus en reparler par la suite.
Le meurtre de Marilou Magloire (Chanel Mings), la sœur junkie du sergent-détective Renaud Magloire (Frédéric Pierre), a alors été remis au cœur du scénario. À ce sujet, l’interrogatoire du suspect, Alexis Gagnon (Guillaume Laurin), a été interminable. Première ronde, changement d’enquêteur, deuxième ronde, autre détective, troisième ronde, chaise balancée dans la vitre-miroir. Tout ça pour une résolution prévisible.
Le tourmenté Alexis, ancien patient d’Hugo Champagne (Éric Robidoux), l’ex-conjoint de la psychologue Pénélope (Catherine Bérubé), a bel et bien tué Marilou. Et tous ces gens se connaissaient sans le savoir.
Puis, on revisite l’extrême droite avec le grand retour de l’avocate Rachel Poliquin (Lise Martin), qui défend le groupe de La Garde et adhère à leur vision hitlérienne de la société québécoise. C’est gros, tout ça, très gros.
Gros comme les gestes du leader de La Garde, Gaston Ouellette (Luc Proulx), qui assassine tout ce qui bouge, dont Mathieu Plourde (Matt Simard), un associé d’Adam Vallières censé protéger Corine (Ève Lemieux).
Parlant de Corine, toute l’ambiguïté qui règne autour de cette femme kidnappée est captivante. Sa propre mère, Estelle (Isabelle Vincent), doute de sa version des faits. La police aussi. Même nous, à la maison, on ne sait plus trop où loge Corine. Et la comédienne Ève Lemieux, qui jouait la blonde de Damien dans Fugueuse 2, le rend très bien.
Il n’est pas trop tard pour rebrancher les fils d’Alertes afin que la série résonne de nouveau bien fort dans nos salons. Mais il faut agir rapidement, plus vite que l’Escouade spéciale des personnes disparues (ESPD).
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