Voici une entrevue de David LaHaye sur son rôle dans Mirador:
David La Haye dans Mirador
Prétentieux et malhonnête
Carolyne Marengo
14-01-2010 | 09h28
Un David La Haye maniéré, prétentieux et malhonnête, voilà ce que l’on découvre en écoutant Mirador, la nouvelle télésérie sur le monde des relations publiques de Radio-Canada.
L’acteur réputé incarne pour la première fois un personnage «aussi détestable», de son propre aveu. Reste qu’on aime son extravagance.
Entretien avec le comédien et entrepreneur, qui, rappelons-le, a dû consacrer beaucoup d’énergie ces dernières années à la survie de sa boîte Aviva Communications après avoir été lui-même floué.
Appréhendes-tu la réaction des gens à l’égard de ton personnage dans Mirador?
Non, j’espère seulement qu’ils vont aimer le détester. Il est totalement mal-aimé par son père et il va éventuellement se venger. Son côté flamboyant et caricatural cache une très grande douleur. On va voir comment cela va créer des problèmes profonds avec son père (Gilles Renaud) et son frère (Patrick Labbé). Ce personnage va rendre la réalité dramatique pour la famille.
Cette télésérie s’immisce dans l’univers controversé des relations publiques. Y jouer a-t-il changé ta perception sur ton milieu de travail, dans lequel œuvrent justement des spécialistes des relations publiques?
Oui… Nous, les comédiens, on fait affaire avec les relations de presse; des gens s’occupent de nous mettre en contact avec les journalistes, mais je n’ai jamais fait affaire avec un département de relations publiques. J’ai toujours été curieux à ce sujet. Je savais que ce milieu existait, mais j’ignorais son fonctionnement à l’interne.
J’ai été agréablement surpris par les textes de la série, de voir jusqu’où on va pour manipuler les médias et les gens, pour transformer la vérité sur une situation de scandale. Ce qui s’est passé récemment avec la ville de Montréal, avec Tiger Woods… Il y a beaucoup de «relationnistes publiques» qui travaillent à redorer l’image, contrôler les affaires. C’est un sujet qui me touche beaucoup: l’apparence versus la vérité. Avant même de travailler sur Mirador, j’aimais beaucoup les projets, les séries, les films où il y a une espèce d’interaction entre les pouvoirs politique, médiatique et financier.
Je ne me souviens pas d’avoir vu une série sur les relations publiques. Mirador n’est pas la version québécoise d’une émission américaine. J’espère qu’elle va en inspirer d’autres à l’étranger, qu’elle va voyager.
Dans Mirador, ton personnage est en rivalité avec son frère, soit le personnage campé par Patrick Labbé. As-tu déjà ressenti de l’envie et de la jalousie à ton égard, dans le milieu dans lequel tu travailles?
Oui, on le sent tout le temps. Parfois, les comédiens ne sont pas méchants; ils ont tout simplement envie d’être aimés. Tous les acteurs veulent être aimés! On sent parfois des envies, des amertumes. Pas sur le plateau de Mirador, parce qu’on est pas mal tous contents de nos rôles, mais les gens qui sont plus ou moins satisfaits de leur carrière, qui ont un rôle qu’ils aiment plus ou moins…
Comment compose-t-on avec cette rivalité?
On est habitués, en quelque sorte. Il y a de la compétition, c’est sûr. Entre acteurs de même casting, de même âge, il y a toujours du respect, mais tu sens qu’il peut y avoir (une tension)… Après l’audition, ce n’est pas grave : on a du fun, on va prendre une bière ensemble.
Très honnêtement, s’il y a une audition et qu’on est dix à tenter de décrocher le rôle, je me dis: «c’est moi qui vais l’obtenir!» Tu dois prendre ta place dans ce milieu, sinon tu ne travailles pas. Une grande partie du métier d’acteur est liée à la façon dont tu te comportes dans tes relations avec les autres. Il y a des comédiens très talentueux, qui font pleurer des gens devant les caméras, mais mon dieu que c’est difficile de travailler avec eux! Ils prennent de la place, etc. Mais ce n’était pas le cas sur le plateau de Mirador. C’était plaisant!
Comment avance votre carrière de comédien à l’étranger?
J’ai mis une croix sur ma carrière d’acteur au niveau international. J’ai 43 ans; je sais que je ne peux pas devenir Brad Pitt! Mais je peux continuer à décrocher des rôles. On va voir!
J’œuvre plutôt en production à l’étranger. J’ai une boîte: Aviva Communications. Je voyage beaucoup à travers le monde pour lever des projets en coproduction. On en a plusieurs avec la France, avec l’Italie, avec l’Asie. Je vais aussi en Californie parfois et j’essaie de monter des projets en partenariat. Je ne manque pas de travail en ce moment!
Récemment, vous avez d’ailleurs mis le pied en Thaïlande?
Oui, pour aller préparer le terrain afin de tourner un vidéoclip de DJ Champion, entre autres à Bangkok. Depuis cinq ans, on a fait une centaine de vidéoclips.
Vous investissez-vous dans la production de vidéoclips parce que vous auriez aimé être musicien?
Non, c’est plutôt dans l’idée de créer des images. Nos jeunes réalisateurs font autant de la pub que du vidéoclip et du documentaire. On touche à tout: film, télé, vidéoclip, publicité et production déléguée de projets à l’international...
À la base, avez-vous choisi d’être producteur pour vous assurer une sécurité d’emploi et contrôler un peu une carrière somme toute imprévisible?
Oui, mais aussi pour essayer de faire des choses haut de gamme et créer mes propres projets. Comme c’est le cas en tant qu’acteur, on communique quelque chose à travers une production ou une œuvre en tant que producteur.
•On peut voir David La Haye dans Mirador, les mercredis à 21 h, sur les ondes de Radio-Canada.
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