Pour la première fois depuis 17 ans
Le fils du bourreau de Beaumont a « revu » son père
Kathleen Frenette / Agence QMI
13/10/2011 04h00
QUÉBEC – Il y a dix-sept ans, Guillaume Gosselin, le fils du bourreau de Beaumont, a vu son père pour la dernière fois. Mercredi, il a enfin pu revoir, en photo, le visage de celui qui lui a fait vivre un véritable enfer.
« Dix-sept ans, c’est long… Ça fait dix-sept ans que j’attends ça… Dix-sept ans, c’est beaucoup de minutes, pis beaucoup d’années, pis là, c’est devant moi. Je pense que j’ai du mal à le réaliser… »
Guillaume Gosselin a regardé intensivement et pendant de longues minutes chacune des photos que le Journal de Québec est parvenu à se procurer grâce à la collaboration d’une personne qui entre et sort fréquemment de la maison de transition où son père a été transféré à sa libération de prison, fin septembre.
À mesure que les images défilaient sur l’écran d’ordinateur, les souvenirs, eux, remontaient, et la peur du petit garçon de sept ans, battu et martyrisé, semblait s’effacer.
« C’est lui? Il n’est pas du tout comme je pensais. Dans mon souvenir, il était plus intimidant que ça, mais vous savez, un manipulateur, il a beau être petit ou gros, il va être capable de manipuler pareil en bout de ligne, et lui, je sais qu’il est fort mentalement parce que ça se voit toujours sur son visage », a mentionné le fils du bourreau en ajoutant que s’il ne voulait plus jamais voir celui qui lui avait donné la vie, il avait tout de même des questions pour lui.
« Je voudrais savoir s’il s’ennuie de ma mère. S’il regrette ce qu’il a fait. Ma mère a perdu ses enfants, elle a perdu la vie à cause de lui, elle n’était plus capable, elle était épuisée. Je voudrais juste savoir s’il est conscient de tout le mal qu’il a fait et de tout ce qu’il a gâché », a-t-il confié.
Pour le jeune homme, aujourd’hui âgé de 22 ans, l’enfance a été plus que douloureuse. Il est d’ailleurs encore marqué par ses blessures, même si le cauchemar est terminé depuis longtemps.
« À chaque fois que quelqu’un dit quelque chose sur son enfance, moi, je ne peux pas parler! Quand mes amis racontent les vacances ou les pique-niques qu’ils faisaient quand ils étaient jeunes, qu’est-ce que vous voulez que je dise, moi? Que je me faisais battre, que mon père m’empêchait de manger pis d’aller aux toilettes pendant des semaines complètes? Mettons que ça “scrape” une ambiance », a raconté Guillaume Gosselin.
« En tout cas, merci, maintenant j’ai une image, pour moi, c’est un gros début, pis c’est ce que je voulais », a-t-il ajouté avant de refermer l’ordinateur, emprisonnant à jamais l’image de son bourreau.
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Le bourreau de Beaumont bientôt de retour dans la société
Non seulement le bourreau de Beaumont pourrait effectuer certaines sorties sans supervision, mais il serait également sur le point de retourner au travail. Selon les informations du Journal de Québec, l’homme de 52 ans devrait, au cours des prochains jours ou des prochaines semaines, commencer à travailler dans le domaine de l’imprimerie.
La nouvelle a laissé son fils sans voix. « Tout le monde a droit à une deuxième chance, mais je ne comprends pas que lui, il va pouvoir recommencer sa vie, comme si de rien n’était, alors que moi, j’ai encore de la misère à commencer la mienne », a confié mercredi Guillaume Gosselin, qui tente de reconstruire sa vie.
Avisé également que son père allait probablement demander en janvier une audition avec la Commission des libérations conditionnelles du Canada pour pouvoir effectuer le reste de sa peine à l’extérieur des murs de la maison de transition, le fils du bourreau a eu un sourire ironique au visage.
« Moi, quand j’étais chez mon père, il ne m’a jamais offert d’aller me faire battre ailleurs. Je suis resté à la même place jusqu’au bout. Au moins, est-ce qu’il pourrait rester là jusqu’à la fin pour que je sache où il se trouve? J’en reviens juste pas », s’est désolé Guillaume Gosselin.
Selon d’autres informations obtenues en fin de journée, le bourreau réussirait également à obtenir certains « privilèges » à l’intérieur de la maison de transition.
« Il a toujours été manipulateur, alors j’imagine que ça ne peut pas changer du jour au lendemain », a conclu le jeune homme.
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