Entrevue avec Alex Nevsky dans La Presse du 14 novembre 2016. Il parle entre sutres de son rôle à La Voix et de ses difficultés avec le vedettariat.
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Alex Nevsky, la star ambivalente
Véronique Lauzon
La Presse
Alex Nevsky a beau avoir reçu un disque d'or et trois Félix pour son deuxième album, Himalaya mon amour, c'est dans un local étroit du boulevard Saint-Laurent qu'il lance son nouvel album, Nos eldorados.
L'auteur-compositeur-interprète occupe cet espace pendant une semaine: «On s'attend à ce que je fasse un lancement au Club Soda, que ce soit plein et que tout le monde soit invité. Je ne crois pas que le fun est là. Le fun est vraiment dans les trucs différents. C'est une volonté de continuer de faire de l'art», dit le principal intéressé, qui s'est approprié ce lieu de création pour lancer son nouvel opus.
Les thèmes de cet album, conçu avec ses amis Alex McMahon et Gabriel Gratton, sont notamment l'amitié, la mort et - surtout - l'amour.
«J'ai écrit cet album entre deux peines d'amour et un début d'amour. C'est écrit sur deux ans. Je suis tanné d'accumuler des peines d'amour et des débuts d'amour, mais ça fait de belles chansons.»
Au cours de l'entrevue, trois personnes viennent l'aborder: une femme dans la quarantaine, dont l'intention est de discuter, de prendre des photos et d'avoir un autographe; une professeure, présente avec ses étudiants; enfin, une adolescente venue s'asseoir très (très!) près de l'artiste. «Ils sentent bon, tes cheveux», lui lance-t-elle.
Chanteur populaire
Alex Nevsky est devenu un artiste populaire, même si le terme ne lui fait pas trop plaisir: «Je n'embarque pas dans la game. J'ai embarqué dans la game télé avec La voix junior, mais en restant qui je suis. Mais oui, je suis rendu un chanteur populaire et ça me fout la trouille parce que le regard des gens change beaucoup», dit l'interprète de Polaroid, On leur a fait croire et Les coloriés.
«En ce moment, lorsque je fais des entrevues, tout le monde me parle de La voix. La voix, La voix... Pis je me dis: "Hey man, je sors un disque. Ça fait deux ans que je travaille là-dessus..."»
«La voix ne m'a pas formé comme individu ou comme artiste, poursuit l'auteur-compositeur-interprète. Je vais juste mettre mes fesses sur un siège, parler à des enfants, faire de la musique et monter des numéros. Mais on dirait que, pour tout le monde, ça a changé mon rapport à l'artistique. Et j'ai un peu de la difficulté avec ça.»
Son morceau préféré de l'album est L'enfer c'est les autres, où il chante: «Mon ego gonflé/par des hits radios/des disques dorés/pour Eldorado.»
«Lorsque j'ai écrit cette chanson, j'étais au chalet, pas mal en déprime. J'avais eu une année [2015] un peu tough: beaucoup de réussites, mais aucun temps pour vivre, pour comprendre qui je suis, où je vais. J'avais un horaire chargé, je devais suivre ça et j'ai frappé un mur cet hiver où je me suis dit que j'étais peut-être pas mal proche d'une dépression», confie le chanteur.
Le son de sa montre intelligente le coupe dans sa lancée, lui rappelant qu'il a une entrevue. «J'haïs ça! Je n'en veux plus de cette montre! C'est l'enfer! Mon équipe gère mon agenda et m'envoie mes rendez-vous là-dessus. Attends, je vais l'éteindre.»
À propos de L'enfer c'est les autres, le chanteur poursuit: «C'était une période de remise en question et de travail sur l'ego. [...] Je n'ai pas un gros ego, mais j'ai peur d'en développer un. Je vois le monde dans lequel j'évolue et je n'en suis pas le plus grand fan. La dynamique des tapis rouges, du flafla, ce n'est pas pour moi», dit celui qui a été sacré interprète de l'année au gala de l'ADISQ 2014.
Le 3770 boulevard Saint-Laurent est à l'image de la vision artistique d'Alex Nevsky: un lieu de création où l'amour éclabousse les murs et où l'artiste peut rencontrer son public en toute intimité. Pour s'imprégner de l'univers de son troisième album, il est possible de visiter cet espace jusqu'à ce soir.
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