Je voudrais qu'on m'efface - Ici.tout.tv Extra
Publié : jeu. mars 11, 2021 10:25 am
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Librement adapté du roman du même nom, Je voudrais qu’on m’efface débarque sur Tou.TV cette semaine. Incursion violente, et assez réaliste, dans un quartier près de chez vous.
Publié le 9 mars 2021 à 11h00Partager
Silvia GalipeauSILVIA GALIPEAU
LA PRESSE
Ça se passe dans Hochelaga-Maisonneuve sous la plume d’Anaïs Barbeau-Lavalette. Mais à l’écran, le réalisateur et coauteur Éric Piccoli a déménagé le récit sous l’autoroute 40, en direct du quartier Saint-Michel, l’un des plus défavorisé et multiculturel en ville. Dans un quartier qu’il connaît bien, d’ailleurs, pour y avoir lui-même grandi.
Si vous cherchiez une petite série légère pour oublier la pandémie, passez votre tour. Mais si les questions de société, notamment la pauvreté, les inégalités et les injustices sociales en général, vous interpellent, vous ne serez pas déçus. Le propos et le jeu sonnent ici si juste qu’on s’y croirait par moments en vrai. Et soyons francs : ça fesse.
« Oui, rit nerveusement au bout du fil le réalisateur, Éric Piccoli. Ce n’est pas de tout repos. Mais c’est ça… »
La série, une production signée Babel Films, tournée presque totalement (et fort heureusement !) prépandémie, se décline en huit épisodes d’une vingtaine de minutes chacun.
S’y déroule une série de petits et gros drames (surtout gros), dans un scénario qu’on pourrait résumer comme suit : « un immeuble sur le bord de la 40, trois familles, un avis d’éviction ».
Ajoutez à cela une bonne dose d’enjeux sociaux (tous les enjeux auxquels vous pouvez penser, en fait : de la drogue à la prostitution en passant par l’analphabétisme du côté des adultes, puis de l’intimidation à la DPJ, en passant par le racisme, du côté des jeunes), toujours sur fond de pauvreté, et vous aurez une bonne idée du portrait.
Avec des parents maganés d’un côté, et des jeunes écorchés de l’autre. Disons que les risques de dérapage sont bien présents. Imminents.
On suit trois jeunes (Mélissa, Eddy et Karine, interprétés ici par Sarah-Maxine Racicot, Malik Gervais-Aubourg et Charlee-Ann Paul) dans leur quotidien tout sauf reposant. Pensez appartements miteux, frigos vides et rendez-vous chez la directrice, entre une insulte crachée au visage ici et un coup de poing bien senti là. Avec des « tabarnak », « crisse de folle » et autres « épais » qui fusent. « Soit tu bouffes, soit tu te fais bouffer », telle est la loi du quartier.
« Saint-Michel, c’est un peu où j’ai traîné toute mon adolescence et mon primaire. Mais on ne parle jamais de tout ça à l’écran », avance le réalisateur, à qui l’on doit une autre série à résonance sociale, Écrivain public.
Malgré la violence du propos et la dureté du portrait, on sent en effet une infinie tendresse dans le regard du réalisateur. Celui-ci a en outre fait preuve d’un très grand souci non seulement du mot, mais surtout du ton juste. « Les nuances des personnages ont été travaillées, développées, développées, développées, et discutées », confirme-t-il. De la mère prostituée au professeur de musique en passant par la coiffeuse haïtienne ou la travailleuse de rue, rien n’a été laissé au hasard. Ça se sent. Et ça s’entend.
« Je raconte certaines réalités, mais je ne suis pas porte-parole, ce sont mes sensibilités, ma tendresse. J’ai fait vérifier auprès de travailleurs de rue, de professeurs, si ce que j’écris, si la manière que je le traduis, et si le résultat final fonctionne. » Parlant de coiffeuse haïtienne, Éric Piccoli a même travaillé en partenariat avec la Maison d’Haïti, question d’éviter le moindre faux pas. « Dès le départ, il m’était important de créer un lien de confiance avec les personnes desquelles je raconte le quotidien. »
Du lot, mentionnons tout de même une série de personnages plus lumineux. On pense aux professeurs (des « héros »), à la travailleuse de rue (un métier « incroyable ! ») et même aux parents, aussi mésadaptés et en mode « survie » soient-ils (Julie Perreault, méconnaissable en prostituée, Shelby Jean-Baptiste, paumée, et surtout Jean-Nicolas Verreault, père analphabète, aussi tendre que maladroit).
« Cette lumière-là était importante, confirme le réalisateur. On ne veut pas faire de pamphlet, mais raconter une situation que souvent on ignore. Ça nous choque, parce que ça existe, mais personne n’en parle, conclut-il. Personne ne voudrait qu’un enfant évolue dans un tel environnement… » Et pourtant… « Est-ce qu’on est à l’aise d’oublier ces jeunes-là ? » lance-t-il. Une question qui sonne et qui résonne, tout au long de la série.
Je voudrais qu’on m’efface, une production de Babel Films, sortira le 10 mars sur ICI Tou.TV. Une série adaptée du livre éponyme d’Anaïs Barbeau-Lavalette et réalisé par Éric Piccoli. Avec Julie Perreault, Shelby Jean-Baptiste, Jean-Nicolas Verreault, Sarah-Maxine Racicot, Malik Gervais-Aubourg et Charlee-Ann Paul.
Librement adapté du roman du même nom, Je voudrais qu’on m’efface débarque sur Tou.TV cette semaine. Incursion violente, et assez réaliste, dans un quartier près de chez vous.
Publié le 9 mars 2021 à 11h00Partager
Silvia GalipeauSILVIA GALIPEAU
LA PRESSE
Ça se passe dans Hochelaga-Maisonneuve sous la plume d’Anaïs Barbeau-Lavalette. Mais à l’écran, le réalisateur et coauteur Éric Piccoli a déménagé le récit sous l’autoroute 40, en direct du quartier Saint-Michel, l’un des plus défavorisé et multiculturel en ville. Dans un quartier qu’il connaît bien, d’ailleurs, pour y avoir lui-même grandi.
Si vous cherchiez une petite série légère pour oublier la pandémie, passez votre tour. Mais si les questions de société, notamment la pauvreté, les inégalités et les injustices sociales en général, vous interpellent, vous ne serez pas déçus. Le propos et le jeu sonnent ici si juste qu’on s’y croirait par moments en vrai. Et soyons francs : ça fesse.
« Oui, rit nerveusement au bout du fil le réalisateur, Éric Piccoli. Ce n’est pas de tout repos. Mais c’est ça… »
La série, une production signée Babel Films, tournée presque totalement (et fort heureusement !) prépandémie, se décline en huit épisodes d’une vingtaine de minutes chacun.
S’y déroule une série de petits et gros drames (surtout gros), dans un scénario qu’on pourrait résumer comme suit : « un immeuble sur le bord de la 40, trois familles, un avis d’éviction ».
Ajoutez à cela une bonne dose d’enjeux sociaux (tous les enjeux auxquels vous pouvez penser, en fait : de la drogue à la prostitution en passant par l’analphabétisme du côté des adultes, puis de l’intimidation à la DPJ, en passant par le racisme, du côté des jeunes), toujours sur fond de pauvreté, et vous aurez une bonne idée du portrait.
Avec des parents maganés d’un côté, et des jeunes écorchés de l’autre. Disons que les risques de dérapage sont bien présents. Imminents.
On suit trois jeunes (Mélissa, Eddy et Karine, interprétés ici par Sarah-Maxine Racicot, Malik Gervais-Aubourg et Charlee-Ann Paul) dans leur quotidien tout sauf reposant. Pensez appartements miteux, frigos vides et rendez-vous chez la directrice, entre une insulte crachée au visage ici et un coup de poing bien senti là. Avec des « tabarnak », « crisse de folle » et autres « épais » qui fusent. « Soit tu bouffes, soit tu te fais bouffer », telle est la loi du quartier.
« Saint-Michel, c’est un peu où j’ai traîné toute mon adolescence et mon primaire. Mais on ne parle jamais de tout ça à l’écran », avance le réalisateur, à qui l’on doit une autre série à résonance sociale, Écrivain public.
Malgré la violence du propos et la dureté du portrait, on sent en effet une infinie tendresse dans le regard du réalisateur. Celui-ci a en outre fait preuve d’un très grand souci non seulement du mot, mais surtout du ton juste. « Les nuances des personnages ont été travaillées, développées, développées, développées, et discutées », confirme-t-il. De la mère prostituée au professeur de musique en passant par la coiffeuse haïtienne ou la travailleuse de rue, rien n’a été laissé au hasard. Ça se sent. Et ça s’entend.
« Je raconte certaines réalités, mais je ne suis pas porte-parole, ce sont mes sensibilités, ma tendresse. J’ai fait vérifier auprès de travailleurs de rue, de professeurs, si ce que j’écris, si la manière que je le traduis, et si le résultat final fonctionne. » Parlant de coiffeuse haïtienne, Éric Piccoli a même travaillé en partenariat avec la Maison d’Haïti, question d’éviter le moindre faux pas. « Dès le départ, il m’était important de créer un lien de confiance avec les personnes desquelles je raconte le quotidien. »
Du lot, mentionnons tout de même une série de personnages plus lumineux. On pense aux professeurs (des « héros »), à la travailleuse de rue (un métier « incroyable ! ») et même aux parents, aussi mésadaptés et en mode « survie » soient-ils (Julie Perreault, méconnaissable en prostituée, Shelby Jean-Baptiste, paumée, et surtout Jean-Nicolas Verreault, père analphabète, aussi tendre que maladroit).
« Cette lumière-là était importante, confirme le réalisateur. On ne veut pas faire de pamphlet, mais raconter une situation que souvent on ignore. Ça nous choque, parce que ça existe, mais personne n’en parle, conclut-il. Personne ne voudrait qu’un enfant évolue dans un tel environnement… » Et pourtant… « Est-ce qu’on est à l’aise d’oublier ces jeunes-là ? » lance-t-il. Une question qui sonne et qui résonne, tout au long de la série.
Je voudrais qu’on m’efface, une production de Babel Films, sortira le 10 mars sur ICI Tou.TV. Une série adaptée du livre éponyme d’Anaïs Barbeau-Lavalette et réalisé par Éric Piccoli. Avec Julie Perreault, Shelby Jean-Baptiste, Jean-Nicolas Verreault, Sarah-Maxine Racicot, Malik Gervais-Aubourg et Charlee-Ann Paul.